Un chantier titanesque pour permettre à Notre-Dame de redevenir la plus belle
Hommage à Azzedine Hedna, l’échafaudeur aimé de tous, mort le 8 novembre à un mois de la réouverture. Le Franco-Marocain de 64 ans était manutentionnaire sur le chantier de reconstruction de la cathédrale. Azzedine Hedna était l’un des manutentionnaires de la firme Europe Échafaudages. L’un de ces métiers techniques essentiels au chantier du siècle, où aux côtés des métiers d’arts, charpentiers et tailleurs de pierre, œuvraient de nombreux intérimaires, travailleurs parfois sans papiers, souvent originaires du Maroc, de Côte d’Ivoire ou du Mali. Présent sur le chantier de Notre-Dame avant l’incendie, Azzedine Hedna en avait posé l’échafaudage, avant d’œuvrer, après le drame, sur le second, le plus grand d’Europe, cette chrysalide de métal qu’il connaissait par cœur. Il la parcourait de bas en haut, en long, en large et en travers, au rythme d’une vingtaine de kilomètres par jour, inséparable de son talkie-walkie, au côté de son frère Akim, lui aussi membre du chantier. « Quand je pense à l’aventure humaine de Notre-Dame, c’est lui qui la symbolise le mieux, se remémore l’anthropologue Camille Colonna, qui l’avait rencontré à cette occasion. C’était le rayon de soleil du chantier, une véritable boule d’énergie. Il connaissait tout le monde, et appelait chacun par son prénom, il était ami avec la femme de ménage comme avec le général Georgelin. Azzedine Hedna disait : « Je bosse comme un fou, mais la vie, c’est trop court, il faut en profiter. L’important, c’est les gens avec qui on travaille, tous ces gens que je suis tellement heureux d’avoir rencontrés grâce à la cathédrale. » À quelques semaines de la réouverture de la cathédrale, l’échafaudeur espérait prendre une retraite bien méritée. Son décès inattendu, la nuit du vendredi 8 novembre, a laissé un grand vide sur le chantier, qui lui a organisé une cérémonie sur la base-vie.