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Un formidable hymne à la vie

Publié le par Michel Monsay

Un formidable hymne à la vie

Changer notre vision du quatrième âge. C'est l'électrochoc salutaire qu'offre Septième Ciel. La coscénariste et réalisatrice Alice Vial, César du meilleur court-métrage pour Les Bigorneaux, portrait d'une jeune femme atteinte de ménopause précoce, montre que la vie peut vibrer comme jamais à l'approche de la mort. Les cheveux blancs ne transforment pas automatiquement une âme anticonformiste en vieux sage. L'esprit de rébellion, la curiosité se moquent du temps qui passe. La vieillesse est peu montrée à l'écran. La série rappelle qu'on peut tomber amoureux à n'importe quel moment de son existence. Redevenir un ado, être saisi par cette fébrilité reste à portée de main. Tant que l'on respire, rien n'est joué. Cocasse et pédagogique, Septième Ciel manie délicatesse et vulnérabilité, mais aussi montre que plus on osera filmer des corps âgés, moins on sera mal à l'aise. Féodor Atkine et Sylvie Granotier sont irrésistibles et semblent ravis de raconter une telle passion, un genre qu'on ne leur propose plus. Alice Vial a trouvé le bon dosage entre sensualité et pudeur dans les scènes d'amour, sa caméra ne montre rien de gratuit ni de provocant, mais sans non plus être timide et gênée. En nous déroulant cette histoire d’amour, il est vrai assez inhabituelle, et en choisissant de nous faire rire avec des scènes parfois loufoques et souvent hilarantes, Clémence Azincourt et Alice Vial lèvent avec beaucoup de subtilité et de tendresse le voile sur l’amour des plus âgés. Sans tabou, elles questionnent leur désir sexuel, leur libido, la fatigue des corps et plus généralement leur vie, leurs envies. Elles n’hésitent pas non plus à dénoncer l’infantilisation des plus de 70 ans et la façon dont certains pensionnaires sont traités dans les maisons de retraite, même si celle qui est dépeinte ici est presque idyllique par rapport à ce qui existe. Une série avec des personnes âgées dans un Ehpad, ce n’est pas forcément le genre de scénario que les chaînes se battent pour produire. Et pourtant, Septième Ciel diffusée sur OCS, est charnelle, tendre, drôle et nous touche tout au long des dix épisodes.

Septième ciel est à voir ici sur OCS pour 10,99, un mois d'abonnement sans engagement pour profiter de cette série et des autres programmes des chaînes OCS.

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D'autres vies que la sienne

Publié le par Michel Monsay

D'autres vies que la sienne

Libre adaptation du livre Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas, le film d’Emmanuel Carrère affirme une justesse à la matière et à l’esprit. Mais ce qui en fait un film remarquable est qu’il interroge les relations que la fiction peut entretenir avec le réel. Le cinéaste cherche dans Ouistreham un rapport au langage, celui d’une journaliste qui veut, par ses mots, rendre visibles celles qui sont invisibles, mais aussi son propre langage cinématographique, celui d’une intimité plutôt qu’une distance relative. Sans sombrer dans le misérabilisme, le film embrasse de manière frontale la réalité de ces vies à travers les gestes répétitifs qui usent prématurément les corps, les journées fragmentées qui détruisent les vies de famille, tout en soulignant l’humanité, la solidarité de ce chœur de femmes où malgré tout les rires et la joie sont bien présents. L'interprétation est aussi une grande force de Ouistreham, elle est menée par une merveilleuse Juliette Binoche, juste et effacée, entourée de non-professionnelles énergiques, lumineuses et bouleversantes qui irradient de justesse. Fidélité donc à la matière de l’œuvre de Florence Aubenas car Ouistreham est ce portrait documentaire, ni sang, ni coup de poings, ni violence, mais une suite de petits incidents quotidiens qui composent la matière même du film, auxquels ces femmes font face avec dignité. Ouistreham est un film, par sa justesse et son questionnement, nécessaire, profond et lumineux. Cheminant sur une ligne de crête entre fiction et documentaire, entre cinéma social et introspection, Emmanuel Carrère signe un film puissant sur les laissés-pour-compte de la société, où il donne à voir avec une impressionnante précision réaliste les conditions de vie de ces femmes de ménage, contraintes d'accepter l'inacceptable pour des rémunérations indécentes.

Ouistreham est à voir ici pour 2,99 € en location ou sur toute autre plateforme de VOD.

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Quatre chefs-d'œuvre pour la Saint Valentin

Publié le par Michel Monsay

Quatre chefs-d'œuvre pour la Saint Valentin
Quatre chefs-d'œuvre pour la Saint Valentin
Quatre chefs-d'œuvre pour la Saint Valentin
Quatre chefs-d'œuvre pour la Saint Valentin

Double portrait au verre de vin (1917-1918), de Marc Chagall. Marc Chagall se représente ici juché sur les épaules de sa femme, Bella Rosenfeld, épousée en 1915, dans des couleurs d’une vivacité aussi intense que leurs sentiments. Toute la composition respire la gaieté, l’équilibre magique des êtres, jusqu’au verre de vin brandi par le marié et sa main espiègle sur l’œil de sa compagne. Plénitude, légèreté, avenir solaire, seule la mort de Bella, en 1944 lors de leur exil à New York durant la guerre, séparera ce merveilleux couple en apesanteur.

La Fiancée du vent, 1913, Oskar Kokoschka. Elle dort paisiblement, il ne trouve pas le sommeil, les mains nouées. Le tourbillon qui les emporte semble autant les protéger, tel un cocon, que les broyer dans un maelström terrifiant. À l’image de la relation entre la belle Alma Mahler, veuve du compositeur, pianiste, compositrice elle-même, et le peintre. Leur histoire prendra fin en 1914 après un an de passion orageuse. Terrassé, Kokoschka, enfant terrible de l’expressionnisme, qui commença sa carrière sous les auspices de Klimt, fixe dans cette toile poignante autant la force de la passion que la douleur de la rupture, dans des coups de pinceau torturés et des déclinaisons de bleu, couleur de la tristesse.

Sur la route d’Anacapri, 1922, Gerda Wegener. Quand ils se marient à Copenhague, en 1904, à la sortie de l’école des Beaux-Arts, Gerda Wegener est portraitiste et son époux, Einar, peintre paysagiste. Mais un jour où l’un de ses modèles lui fait faux bond, Gerda demande à Einar de poser pour elle habillé en femme. C’est la révélation. Dans la peau de son double qu’il prénomme Lili, celui-ci découvre son identité féminine et décide de changer de sexe, avec l’aide de son épouse. Commence alors l’aventure d’une vie et d’une œuvre intimement confondues où, sous le pinceau de Gerda, Lili s’épanouit en belle jeune femme aux toilettes sophistiquées. Gerda elle-même se met souvent en scène aux côtés de son époux transgenre. En 1930, après une opération chirurgicale financée par Gerda, Lili devient physiquement et légalement une femme et prend le nom de Lili Ilse. Leur mariage est aussitôt annulé par les autorités.

Psyché ranimée par le baiser de l’Amour (1787-1793), d’Antonio Canova. Le marbre blanc, au grain fin et lisse, l’harmonie du mouvement des bras expriment dans ce chef-d’œuvre exceptionnel de Canova un sentiment d’amour d’une grâce et d’une perfection rares.

Publié dans Chroniques

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Formidable Julia Simon

Publié le par Michel Monsay

Formidable Julia Simon
Formidable Julia Simon
Formidable Julia Simon

À 26 ans, la biathlète française Julia Simon est devenue ce dimanche, pour la première fois de sa carrière en course individuelle, championne du monde de biathlon sur la poursuite (10 km) à Oberhof en Allemagne. C'est la consécration d’un hiver où elle est leader du classement général de la Coupe du monde et a pris désormais une nouvelle dimension. Ce titre a été acquis au prix d’une folle remontée, Julia Simon, partie en dixième position, devait combler plus d’une minute de retard sur la tête de la course : Pour l'épreuve de la poursuite, les biathlètes s’élancent avec les retards enregistrés sur la gagnante du sprint qui s'est déroulé deux jours avant. La Savoyarde a accompli cet exploit grâce à sa rapidité sur les skis et un tir presque parfait (19/20). Il lui reste deux courses individuelles et deux relais lors de ces championnats du monde pour continuer de nous faire vibrer et nous éblouir par son talent.

Ci-dessous un résumé de la course :

Formidable Julia Simon
Formidable Julia Simon
Formidable Julia Simon

Publié dans Chroniques

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Une symphonie en Cate majeure

Publié le par Michel Monsay

Une symphonie en Cate majeure

Réalisateur rare à qui l'on doit deux très bons films, In the bedroom et Little children, Todd Field signe avec TÁR un grand film symphonique, inclassable et inquiétant, porté par une composition magistrale de Cate Blanchett. Nulle autre n’aurait pu incarner avec cette prestance, ce niveau de précision et de férocité un tel personnage. Elle interprète une cheffe d’orchestre, tout autant magnétique, fascinante, admirable qu’orgueilleuse, manipulatrice et méprisable. Elle habite son rôle avec une grâce et une force immenses, jouant autant sur la voix, les costumes, le pas, les mimiques du visage et du corps, que les dialogues où se mêlent subtilement les non-dits et la cruauté. Elle incarne une sorte de monstre de génie et de détestation qui n’a jamais peur d’humilier ses élèves et de réduire à rien ceux qu’elle cherche à écarter de son destin hors norme. En même temps, Lydia TÁR est aussi une femme perturbée, touchante, qui ne parvient pas à se départir de sa sensibilité et de la lutte qu’elle mène depuis toujours pour parvenir à un art pur, immense, profondément inscrit dans sa chair et sa vie. La puissance naturelle et sidérante de son interprétation lui a déjà valu le Prix d'interprétation à la Mostra de Venise et un Golden Globe, en attendant peut-être le troisième Oscar de sa carrière. TÁR est un film impitoyable, incommode mais heureusement exigeant. De cette exigence que l’on a vu disparaître dans le cinéma d’auteur américain, égaré en postures morales et manichéisme facile. Le film commence à la façon d'un documentaire sur le monde de la musique classique, l'exigence, la quête de perfection. Puis, doucement, il se laisse contaminer par un venin plus inquiétant, et à l'impressionnante lumière crépusculaire du directeur de la photo Florian Hoffmeister, s'ajoute un fascinant travail sonore. D’emblée, ce qui frappe, c’est la singularité de la mise en scène, sa rigueur, son austérité, sa composition en longs plans d’une netteté chirurgicale, dans une palette glaçante, mortuaire, entre le noir et le gris. On comprend que Todd Field va nous emmener loin, très loin. C'est aussi un film qui montre comment la création et le talent, le pouvoir et ses abus n’ont ni sexe ni genre. Remarquable sur bien des plans, TÁR est un film froid et contrôlé à l’image de son héroïne, avec une cohérence entre le fond et la forme, propre aux très grandes œuvres.

Publié dans Films

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Magistral, cruel, flamboyant

Publié le par Michel Monsay

Magistral, cruel, flamboyant

Babylon est un film jouissif, excessif, énorme, féroce, constitué d’une multitude de références et d’une mise en abyme perpétuelle. Sexe et amour, drogue et sobriété, égo et altruisme, créativité et trahison sont au cœur de Babylon, mais c'est est avant tout un film sur l’image, sur le son, sur la musique, et sur son rapport à ces éléments. En situant son film au passage du cinéma muet au parlant, le génial Damien Chazelle continue à explorer son obsession pour la relation entre l’image et le son, et la nature du jazz. En huit ans, ce cinéaste franco-américain nous a époustouflé en quatre films : Whiplash, La La Land, First man - Le premier homme sur la lune, et maintenant Babylon. On ne peut qu’être fasciné et transporté par ce qui explose à l’écran, cette frénésie contrôlée au millimètre près, et par la maîtrise du montage. Le sens du rythme de Damien Chazelle, et son sens du silence, sont tout simplement stupéfiants et démontrent, minute après minute, séquence après séquence, le pouvoir de l’image et du son, à travers leur présence, leur absence, leur décalage. Babylon en met plein la vue, plein les oreilles, plein le cerveau, plein le cœur et l’âme. Damien Chazelle y explore la place du cinéma dans une société à la dérive, qui en découvre les balbutiements et la magie. Il fait merveille en jouant avec les méthodes utilisées à l’époque : peu d’effets spéciaux, beaucoup de figurants, un tournage en 35 mm et en Cinémascope, et de la déraison à revendre. Le cinéaste entraîne le spectateur dans une folle sarabande où, avec une créativité sidérante, il reconstitue les tournages homériques de l'époque, les fêtes démentes où des éléphants sont conviés sur la piste de danse, et les coulisses mal famées d'une industrie où les coups bas et les drames sanglants sont légion. Babylon est aussi un film flamboyant sur les oubliés de l’histoire, ceux qui ont essuyé les plâtres pour que d’autres récoltent les lauriers. On y retrouve toute l’ambiguïté déchirante du cinéma de Damien Chazelle, qui reproduit dans un mouvement nostalgique une sorte d’émoi de la première fois, mais pour mieux capturer un désenchantement. Dans des superbes plan-séquences, il chorégraphie ses acteurs, tous épatants, et sa caméra avec virtuosité, et confirme qu'il est bien actuellement l'un des cinéastes les plus passionnants et les plus doués. Ce film dément et courageux, qui regarde Hollywood droit dans les yeux pour en scruter les abîmes et la lumière, est une superbe déclaration d'amour au cinéma.

Publié dans Films

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Sacré champion

Publié le par Michel Monsay

Sacré champion
Sacré champion
Sacré champion

Alexis Pinturault l’a fait ! Le Français est devenu champion du monde du combiné alpin (une manche de Super-G et une de slalom) pour la deuxième fois de sa carrière. Chez lui, à Courchevel, où le skieur de 31 ans a fait ses armes, il a répondu présent sur la piste le jour J alors qu'il n'était pas favori et que son début de saison n'était pas très bon, en remportant avec classe le super-G le matin, avant de conserver son avance à l’issue du slalom, devant deux Autrichiens, Marco Schwarz, champion du monde du combiné en 2021, et Raphael Haaser. Après quasiment deux saisons en dents de scie, ce titre relance la carrière du Savoyard, forte de 75 podiums en Coupe du monde dont 34 victoires, trois médailles olympiques et sept médailles mondiales. Très polyvalent, il est aussi le troisième skieur français après Jean-Claude Killy et Luc Alphand à avoir remporté lors de la saison 2020-21 le gros globe de cristal, qui récompense le vainqueur du classement général de la coupe du monde toutes disciplines confondues. Alexis Pinturault a le plus grand palmarès du ski français.

Voir ci-dessous des extraits de ses deux courses d'hier qui lui ont permis d'être champion du monde :

Sacré champion
Sacré champion

Publié dans Chroniques

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La parole du peuple

Publié le par Michel Monsay

La parole du peuple

Pour le premier jour des débats sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, la figure de la lutte victorieuse des femmes de ménages de l’IBIS Batignolles, Rachel Keke, a relayé avec force les témoignages de personnes qui exercent au quotidien un travail pénible. Ayez la décence de l'écouter mesdames et messieurs les députés macronistes, qui pour certains affichaient de l'indifférence voire de l'arrogance.

Publié dans Chroniques

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L’amour à l’épreuve du voyage dans le temps

Publié le par Michel Monsay

L’amour à l’épreuve du voyage dans le temps

De Sherlock à Doctor Who, le scénariste britannique Steven Moffat adore voyager dans le temps. Il en a fait sa spécialité. C’est aussi un grand romantique. Ces deux obsessions romanesques se retrouvent parfaitement conjuguées dans sa nouvelle série, The Time Traveler’s Wife, tiré du roman Le temps n’est rien qui détricote les codes de la romance. L’ouvrage de l’Américaine Audrey Niffenegger avait déjà été adapté sans finesse au cinéma, Steven Moffat redonne à cette idylle surnaturelle sa mélancolie existentielle d’origine. Pour tous ses ressorts fantastiques et dramatiques, les six épisodes de The Time Traveler’s Wife offrent une plongée psychologique émouvante et authentique des tiraillements amoureux. La série prend beaucoup de plaisir à déconstruire la chronologie du coup de foudre, et passe brutalement du rire au tragique. Elle capture la fascination dangereuse de la nostalgie et dessine un rare éloge de la force et de la sincérité du présent. Habilement architecturée, cette minisérie est une délicate réflexion sur le couple, l'indépendance affective et les métamorphoses intérieures, dans un mélange d’humour, de suspense, de tragédie et de romantisme, incarné de manière touchante par les deux interprètes principaux, Rose Leslie et Theo James.

The time traveller's wife est à voir ici pour 10,99 €, un mois d'abonnement sans engagement à OCS et profiter ainsi de tout le contenu de leur catalogue.

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Une très belle histoire de famille doublée d'une lettre d'amour pour l'animation en volume par un génial artisan

Publié le par Michel Monsay

Une très belle histoire de famille doublée d'une lettre d'amour pour l'animation en volume par un génial artisan

Alain Ughetto redonne vie et éclat à des existences supposées minuscules parmi la masse des 25 millions d’Italiens émigrés en Europe au XXe siècle, ayant fui la misère et le fascisme, dont beaucoup ont construit nos infrastructures. Prix du Jury au Festival d'Annecy, l'équivalent de Cannes pour l'animation, Interdit aux chiens et aux Italiens est de ces films au charme inné, faits de bric et de broc, d’inspiration constante et d’intentions claires, loin des films d'animation américains aux images de synthèse lisses et souvent sans intérêt. A 72 ans, Alain Ughetto après s'être cherché en ayant été manœuvre, prothésiste dentaire et documentariste, s'est trouvé avec l'animation et a réalisé plusieurs courts-métrages, dont La Boule (récompensé en 1985 d’un César), et un long-métrage, Jasmine en 2013, qui racontait son histoire d’amour avec une Iranienne, à Téhéran, à la fin des années 1970. Après neuf ans de travail, Interdit aux chiens et aux Italiens, tourné image par image, retrace l’histoire de ses grands-parents italiens, partis du Piémont au début du XXe siècle pour s’installer en France. Il s’agit en fait de transmettre une double histoire : celle, individuelle, d’une famille pauvre, avec ses rares bonheurs et ses nombreuses épreuves intimes, et celle de l’Europe, avec ses deux guerres mondiales et les pérégrinations forcées de ses habitants. Le sens du devoir est omniprésent dans le récit, tandis que le jeu et la créativité sont des enjeux centraux de la mise en scène. L’amusement vient de la constitution du décor, recyclage d’aliments et objets ayant ponctué le quotidien des Ughetto. Dans Interdit aux chiens et aux Italiens, on grimpe dans des arbres en brocolis, on vit dans des maisons en cartons, en morceaux de sucre ou en courges. On se déplace dans des reproductions de trains et bateaux. Poétiser l’environnement et les actions de trois générations d’une même famille est certainement une manière pour Alain Ughetto de redonner à sa lignée l’innocence et la joie dont elle a été privée. Une main, celle d’Alain Ughetto, s’immisce régulièrement dans le champ, comme un personnage à part entière, pour tendre un outil à l’un de ses aïeuls, l’aider ou le questionner. Le film devient ainsi un témoignage rare sur l’art du cinéma d’animation, le geste bricoleur (hérité du grand-père) et le rapport intime entre la créature et son créateur. Pétri d’une poésie constante, traversé d’un humour italien qui donne à la tragédie une forme plus douce, le film offre une véritable matière aux souvenirs.

Publié dans Films

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