Ce très beau roman de Goliarda Sapienza, paru en France il y a un peu plus d'un an et en Italie en 2015, a pourtant été écrit en 1984, mais comme pour "L'art de la joie" il a été publié après la mort de l'auteure, qui de son vivant n'a malheureusement pas connu la reconnaissance que ses écrits rencontrent à juste titre depuis une dizaine d'années. Elle nous conte ici dans une très belle langue le double envoûtement qui s'est emparée d'elle en découvrant Positano en 1948, charmant village escarpé de la côte amalfitaine près de Naples, mais aussi en faisant la connaissance d'une très belle femme sensuelle et fascinante. Il ne faut pas manquer ce roman d'amour, de profonde amitié, d'éblouissement, d'émotions intenses, qui nous emporte par l'écriture lumineuse d'une femme libre dans son style littéraire et dans sa vie.

On tient avec ce film certainement la plus belle surprise de l'été, tant il surprend par son parti pris radical et au bout du compte il impressionne par sa maîtrise et sa capacité à nous tenir en haleine de la première à la dernière seconde. Il s'agit pourtant d'un premier long métrage d'un jeune réalisateur danois mais son idée se révèle si brillante et surtout sa mise en oeuvre si efficace, que l'on ne peut qu'être bluffé par le résultat. Il joue avec les images mentales que chaque spectateur projette en interprétant les voix et tous les sons que le policier reçoit au standard de police-secours. Si cela fonctionne aussi bien c'est à la fois par la qualité d'interprétation du comédien principal, mais aussi de ceux que l'on entend en voix off et l'on ne voit jamais, de la bande son précise et anxiogène, et de la mise en scène oppressante avec des cadrages au plus près du visage du policier. Le thriller est un genre très utilisé au cinéma et dans les séries, mais on retombe souvent sur les mêmes ficelles alors qu'ici ce jeune cinéaste nous offre une expérience unique.

Ce film noir, âpre, radical nous montre une Italie froide, sinistre, où la violence prend le pas sur la bienveillance, comme une parabole de ce qu'est devenu le pays aujourd'hui. Prix d'interprétation au Festival de Cannes, Marcelo Fonte, au physique d'un autre temps qui fait resurgir une Italie en train de disparaître, est bouleversant dans le personnage lunaire, naïf, humilié en permanence qu'il interprète avec toute son humanité en faisant passer toute une palette d'émotions dans son jeu. Magistralement filmée par Matteo Garrone, un cinéaste italien de 49 ans à qui l'on doit Gomorra et Reality, cette histoire où des chiens enfermés dans des cages assistent à l'explosion de la bestialité humaine, nous renvoie aussi aux conséquences de nos choix pour survivre et explore la face obscure de l'homme sans ménager le spectateur.

Louons le festival de Cannes et ses sections parallèles de nous faire découvrir chaque année des pépites venues du monde entier, permettant ainsi la mise en lumière de petits films sans star ni budget astronomique mais avec des qualités cinématographiques et une puissance émotionnelle souvent étonnantes. C'est le cas de ce merveilleux film islandais, débordant de fantaisie et d'originalité dans sa forme, qui véhicule sur le fond un message écologique très fort porté par une épatante cinquantenaire qui n'a pas froid aux yeux et ne manque pas de ressources. On ressort de ce formidable conte moderne au cœur de la nature islandaise à la fois avec un sourire inébranlable, mais aussi la crainte que l'homme ne réagisse pas à temps pour éviter des catastrophes dues au changement climatique.

Quatorze ans après le premier volet, le génial Brad Bird nous offre de nouvelles aventures de cette famille de super-héros très attachante, et c'est une totale réussite. Drôle, voire hilarant par moments, cette merveille de film d'animation combine parfaitement les scènes d'actions époustouflantes débordant d'invention, avec des séquences irrésistibles qui nous plongent dans les aléas d'une vie de famille gérée par le père super-héros obligé de rester à la maison pour s'occuper des enfants. Ce cinéaste considéré à juste titre comme l'un des tous meilleurs dans son domaine, on lui doit notamment l'inoubliable Ratatouille, a également fait des incursions dans la fiction avec comédiens, comme l'excellent Mission impossible - Protocole fantôme. Il ne faut pas rater sa dernière pépite qui nous emmène dans un fabuleux décorum des années 1960, où Brad Bird éclabousse de sa virtuosité et de son travail d'orfèvre tous ceux qui se sont essayés aux films de super-héros et se sont perdus dans la surenchère.