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Roue de carrier en direct du Moyen-Age

Publié le par Michel Monsay

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« Tout devient prétexte à accuser la religion musulmane »

Publié le par Michel Monsay

« Tout devient prétexte à accuser la religion musulmane »

Il est l’une des jeunes personnalités politiques les plus en vue du moment, et les ténors de la droite recherchent activement son soutien en vue de la primaire. Maire de Tourcoing et vice-président du Conseil régional des Hauts-de-France aux côtés de Xavier Bertrand, Gérald Darmanin n’a pas froid aux yeux en s’attaquant à un sujet très sensible : l’Islam.

 

Pourquoi avoir écrit un plaidoyer pour un islam français ?

Gérald Darmanin - Si j’ai écrit ce plaidoyer pour un Islam français, c’est que je crois que nous ne pouvons plus, aujourd’hui, faire semblant qu’il n’existe pas un problème d’islam politique en France. L’incompréhension grandissante entre les Français non musulmans et les Français de confession musulmane devient dangereuse. Tout devient prétexte à accuser la religion. Aujourd’hui, entre la République française et l’Islam, le dialogue n’existe quasiment pas. Parce qu’il n’existe pas un Islam de France mais un Islam en France. Sans dialogue, on n’aboutit à rien. Pire, on développe des psychoses.

Je n’ai pas peur de dire que nous sommes aux prémices d’une guerre civile. La pire de toutes : une guerre civile religieuse. Il nous reste maintenant deux possibilités : Soit nous déclarons que l’Islam est incompatible avec la République française et nous décidons de chasser tous les musulmans de France, soit nous décidons d’enrichir notre laïcité par un encadrement ferme et respectueux de l’Islam de France. Entre une solution irresponsable qui provoquerait des affrontements sanglants et une solution courageuse et pacifique, mon choix est fait.

 

Que proposez-vous concrètement ?

G.D. - Ce que je propose est clair : La France doit faire avec l’Islam ce qu’elle a réussi dans le passé avec les catholiques, les protestants et les juifs. Certes, cela n’a pas toujours été facile et les conflits entre la France et les croyants furent souvent terribles. Mais, aujourd’hui, qui peut dire que les juifs, les protestants ou les catholiques posent des problèmes au Pacte républicain, et que ces croyants sont de mauvais citoyens du fait de leur religion ?

Il est grand temps d’imposer une concorde à l’Islam. C’est-à-dire un ensemble de règles, peut-être pour un temps défini, afin de l’assimiler totalement à la République.

Dans ce plaidoyer pour un Islam français, je développe des propositions précises pour accompagner l’Islam vers cet objectif. Je propose notamment que soit créé un Grand Conseil de l’Islam en France auquel toutes les mosquées de France seraient affiliées, d’interdire les financements étrangers pour tous les cultes musulmans, que tous les imams soient formés en France et s’expriment en français, et que les mosquées soient agréées auprès d’un ministère du culte.

Cette évolution de la pratique de l’Islam en France est nécessaire pour l’harmonie des relations entre les Français non musulmans et l’Islam. Elle est nécessaire pour que la France ne sombre pas. Elle est nécessaire pour que la France reste la nation de la liberté, de l’égalité, de la fraternité et de la laïcité.

 

Comment analysez-vous les contestations autour de la loi travail, notamment le comportement des syndicats ?

G.D. - Les contestations autour de la loi travail montrent l'échec et le rejet de la politique menée par François Hollande. Il n'y a plus de dialogue et, les Français se rendent compte qu'ils ont été trahis. Il faut avoir le courage de faire des réformes malgré les grèves. Il n'y a rien de pire que de reculer lorsque l'on a de bonnes idées pour le pays. Mais pour cela, il faut dire la vérité aux Français. C'est pendant la campagne présidentielle que François Hollande aurait dû annoncer aux Français le véritable programme qu'il voulait mettre en œuvre pour la France. C'est une question de confiance, une question de respect.

En ce qui concerne les syndicats, le comportement de la CGT est inadmissible. Refuser d'arrêter les grèves malgré les inondations, malgré les difficultés est une  grave erreur. Pire encore, les forces de l'ordre ont été attaquées. Les forces de l'ordre sont là aussi pour les protéger lors des manifestations et ça, la CGT ne l'a pas compris. La CGT devrait s'excuser auprès des forces de l'ordre.

 

Quelle approche avez-vous du Front National dans votre région, et que doivent faire les politiques pour retrouver la confiance des français ?

G.D. - Le Front National est un problème. Il joue avec les angoisses et les peurs des gens mais, au fond, il n'apporte aucune solution. A Tourcoing, ville dans laquelle j'ai été élu Maire, le Front National a même voté contre l'augmentation des effectifs de la police municipale ! Cela montre la parfaite incohérence entre les propos de ce parti et ses actes au quotidien…

Je pense que certains politiques ont pris conscience du fossé qui s'est creusé avec les citoyens. Le premier tour des élections régionales a clairement montré le souhait des Français que la politique change. Xavier Bertrand, le Président de la région Hauts-de-France, met en place ce changement où les gens sont au cœur des politiques. Les différentes mesures mises en place depuis son élection impactent concrètement le quotidien des habitants : l'aide au transport pour les salariés contraints d'utiliser leur véhicule pour se rendre sur leur lieu de travail, l'aide financière directe pour les apprentis, la plateforme Proch'emploi pour les demandeurs d'emploi… Tout est réalisé pour que les politiques menées soient au service direct des citoyens. C'est comme cela que la politique doit évoluer.

 

                                                                           

Quelques repères

Fils d’une femme de ménage et d’un tenancier de bar, Gérald Darmanin, né à Valenciennes, est un pur produit de la méritocratie républicaine. Après Sciences-Po à Lille, il devient collaborateur du député européen Jacques Toubon, puis de David Douillet à l’Assemblée nationale et au ministère des sports. Dans sa région, il a d’abord été conseiller municipal et régional, avant de devenir député du Nord en 2012, puis maire de Tourcoing deux ans plus tard. Lorsque début 2016 il est nommé vice-président de la région Hauts-de-France, il abandonne son poste de député pour se consacrer pleinement à ses mandats locaux. A 33 ans, beaucoup lui prédisent un brillant avenir politique

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Apprenti jardinier

Publié le par Michel Monsay

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L’historien philanthrope

Publié le par Michel Monsay

L’historien philanthrope

C’est pour permettre à de bons élèves de milieux défavorisés au Bénin, au Vietnam et à Paris de poursuivre leurs études, qu’Odon Vallet a créé en 1999 la Fondation Vallet avec la fortune héritée de son père. Le célèbre historien des religions, qui a enseigné toute sa carrière à Sciences-Po et à l’Université Panthéon-Sorbonne, a aussi écrit de nombreux ouvrages et son expertise est souvent recherchée par les médias.

 

En arrivant dans l’appartement parisien d’Odon Vallet, on est frappé par la quantité de livres qui s’amoncellent dans tous les recoins. En plus des siens, il s’apprête à emmener au Bénin un grand nombre d’ouvrages neufs pour alimenter le réseau de bibliothèques qu’il y a créé, le plus grand de l’Afrique francophone. Avec ses 4000 lecteurs par jour, il est le seul réseau au monde dont le nombre de lecteurs augmente de 20% chaque année. La pauvreté et le manque de connaissances dans l’intérieur des terres au Bénin et dans les pays avoisinants faisant le jeu de Boko Haram et de l’Etat islamique, Odon Vallet contribue ainsi avec sa Fondation à lutter contre la radicalisation.

 

La fondation comme une évidence

C’est en héritant de la fortune de son père, dirigeant d’une compagnie d’assurance, qu’il décide de créer en 1999 la Fondation Vallet sous l’égide de la Fondation de France. Cet héritage intervient bien après la mort traumatisante de Jean Vallet dans un accident de voiture alors qu’Odon n’a que 7 ans : « Mon père était d’un milieu très modeste et a eu beaucoup de difficultés à financer ses études, c’est en pensant à lui que j’ai créé cette fondation destinée à aider des jeunes ayant de grands mérites scolaires et de faibles ressources financières. J’ai choisi le Vietnam où la réussite scolaire est souvent remarquable, le Bénin, un des rares pays africains francophones qui soit pacifique et démocratique, enfin vu que je suis parisien, l’Académie de Paris avec principalement les écoles d’art appliqué où il y a de vrais besoins sociaux et pas d’internat. Il s’agit de la fondation la plus importante au monde en matière de bourses d’excellence, j’en ai remis 51 000 en 16 ans à la fois au Vietnam, au Bénin et à Paris. »

Cette fondation vit des revenus de son patrimoine et de dons très généreux qui sont entièrement utilisés pour les bourses et les actions sur le terrain. Pour limiter les frais généraux et être le plus efficace possible dans l’aide apportée aux jeunes, Odon Vallet n’a pas voulu commettre l’erreur de nombreuses fondations ou associations humanitaires qui sont présentes dans un trop grand nombre de pays. Lorsqu’on lui parle de sa philanthropie, il précise qu’au-delà de l’argent elle demande aussi beaucoup de temps, ce dont il disposait malgré toutes ses occupations car pour des raisons familiales complexes il n’a pas d’enfant.

 

Son action récompensée

À ses yeux, cette philanthropie s’est développée progressivement, notamment en réalisant que l’action de sa fondation était une réussite. Avec un taux de succès aux examens de 97% des boursiers au Bénin et à Paris, et de 100% au Vietnam, il ne peut que se réjouir de la pertinence de son action. Comme le don est fondé sur l’échange, selon l’ethnologue Marcel Mauss, outre cette satisfaction des résultats, les jeunes qu’il côtoie régulièrement lui apprennent beaucoup dans des domaines qui lui sont étrangers : Les sciences exactes, les technologies et les métiers d’art. Alors qu’il repart prochainement au Vietnam et au Bénin accompagné de deux boursiers très brillants, il indique : « Dans la fondation, nous avons eu le premier béninois polytechnicien, ce qui a été une fierté immense pour le pays. A côté de cela, je remets dans ce pays beaucoup de bourses dans les lycées agricoles et professionnels dont les filières débouchent sur des métiers dont le Bénin a besoin. » Il est probablement le français qui connaît le mieux ces deux pays. Ce sont d’ailleurs les deux seuls pays dans lesquels il se rend aujourd’hui, alors qu’il a beaucoup voyagé tout au long de sa carrière.

Lauréat du grand prix BNP-Paribas de la philanthropie, certains disent le Nobel de la philanthropie, il est sensible au fait d’avoir été récompensé au même titre que des personnalités comme Viviane Senna, la sœur du pilote mort accidentellement, qu’il estime énormément pour son action visant à aider des jeunes brésiliens à faire des études.

 

Un investissement total

Odon Vallet a souhaité dès le départ qu’il y ait une traçabilité de l’argent. Il remet lui-même de la main à la main dans des enveloppes les 3700 bourses attribuées chaque année, pour éviter notamment que des chefs d’établissement prennent un pourcentage. Cela permet aussi aux jeunes de savoir d’où vient l’argent, ensuite des assistantes sociales au Bénin vérifient que cet argent n’est pas dépensé n’importe comment : « Il ne faut jamais donner un sou sans vérifier que l’argent est bien utilisé. » La devise de la fondation est : Le dessein d’une vie, le soutien d’un ami. Cette expérience depuis maintenant près de 17 ans a conforté son initiateur dans l’idée que l’on peut agir dans un certain domaine ayant des limites pédagogiques et géographiques. Il a pris l’habitude de dîner tous les samedis soir avec les 10 béninois qui poursuivent leurs études à Paris, même s’il ajoute : « Il ne faut pas non plus créer des liens trop étroits qui sont vite ceux de l’assistanat et de la dépendance. Nous n’avons pas d’association d’anciens, je ne veux pas de glorification du passé, je dis aux jeunes : je vous ai aidé un certain moment, maintenant c’est à vous de jouer. »

Il a aussi pour ambition de réconcilier l’Afrique francophone avec l’anglophone et a créé un laboratoire de langues à Porto-Novo au Bénin, aidé notamment par le département d’Etat américain : « Si nous voulons que les jeunes africains ne se tournent pas vers le terrorisme, il faut leur donner un avenir qui sorte de ces frontières linguistiques ridicules. Cette rivalité anglophonie francophonie est la première cause du génocide rwandais. J’éprouve un malin plaisir à réparer en toute petite partie les grandes erreurs de l’Histoire. »

 

Le doute et le pragmatisme

L’historien des religions qu’il est n’aime pas la laïcité à la française qui lui semble passéiste, et préfère la Constitution américaine selon laquelle l’Etat ne doit privilégier aucune religion mais ne s’interdit pas d’avoir des relations avec elles. D’une manière générale, sa philosophie est davantage anglo-américaine que française. Il n’est en aucun cas un doctrinaire, sa formation à l’ENA était tournée vers le côté pratique et concret du terrain. Odon Vallet se définit comme un croyant œcuménique : « La foi sans le doute peut être un fanatisme, l’homme du doute qu’était Saint-Thomas reste sans doute le plus grand évangélisateur. Je me méfie beaucoup de ces gens qui disent : j’ai la foi. » Le rôle de l’historien pour lui consiste à revisiter un passé que l’on n’a pas connu en pensant que son opinion aura peut-être une utilité pour inventer un avenir que l’on ne connaîtra pas. Pour ses recherches, il a ainsi passé beaucoup de temps dans le grec, le latin et les langues anciennes.

En quelque sorte, il perpétue une tradition de bon samaritain que sa grand-mère puis sa mère avaient adoptée. Son aïeule allait tous les jours à la messe depuis que ses quatre fils étaient revenus de la guerre 14-18 sans une égratignure, cas extrêmement rare. Elle est devenue une donatrice régulière des orphelins d’Auteuil et la mère d’Odon Vallet a continué ensuite.

 

Une expertise recherchée

Lui, qui a fait l’Institut des hautes études de défense nationale, se sent très proche du général de Villiers, chef d’état-major des armées, lorsque celui-ci affirme que l’on peut gagner la guerre et perdre la paix. Selon Odon Vallet, c’est ce qui se passe actuellement en Afrique : « On ne trouve plus de professeurs pour nos lycées français en Afrique et nos expatriés ont été mis en danger. » Il est souvent interviewé ces derniers temps sur l’image des religions entachée par les abus sexuels sur des mineurs et par le terrorisme. D’ailleurs depuis le 11 septembre 2001, dont il garde un souvenir ému au-delà de la catastrophe, d’une émission en direct à laquelle il a participé avec Jacques Chancel, on recherche son expertise même si parfois son opinion sur la laïcité dérange. Régulièrement invité à l’émission C dans l’air sur France 5, il intervient aussi sur France 24, RFI, TV5 monde et dans des médias étrangers.

 

Une carrière brillante

Ce sont les rencontres qui ont façonné le parcours du jeune étudiant et l’ont conduit à faire Sciences-Po puis l’ENA. Son admission à cette grande école reste l’un des plus beaux moments de sa carrière avec aussi le grand prix de la philanthropie, tant il ne s’y attendait pas. Ces rêves d’adolescent étaient bien loin de ce qu’il allait faire : « J’avais beaucoup d’admiration pour les champions sportifs, les artistes, tous ceux qui ont un public et se font applaudir, mais elle a décliné au fur et à mesure que j’ai vu l’envers du décor. » Il a cependant pratiqué l’alpinisme et le ski de fond à son niveau tout au long de sa vie, et continue d’aller à la piscine tous les matins.

L’autre versant de sa carrière, qui vient de prendre fin en juillet 2016, s’est déroulé à Sciences-Po et à l’université Panthéon-Sorbonne où il a enseigné l’histoire des civilisations et des religions, mais aussi la culture générale. Il compte parmi ses anciens élèves de nombreux ministres, députés et sénateurs, dont certains sont devenus des camarades. Parallèlement, il a également écrit une vingtaine d’ouvrages essentiellement autour des religions. A près de 69 ans, cet homme impatient mais assez calme cultive l’indifférence par rapport à son action et à ses écrits, à la manière de François Mitterrand : « Vous risquez d’être grisé par les compliments et il ne faut pas être abattu par les critiques. »

Publié dans Portraits

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