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Une fresque rocambolesque à hauteur d’enfant sur Cosa Nostra

Publié le par Michel Monsay

Une fresque rocambolesque à hauteur d’enfant sur Cosa Nostra

À travers les souvenirs du petit Salvatore âgé de 10 ans, cette série tragi-comique retrace le destin d’une famille sicilienne confrontée au crime organisé dans les années 1970. Ses souvenirs, contés avec la voix d’un adulte facétieux, serviront de fil à rouge à cette série sur l’histoire sanglante de l’Italie. Si la corruption gangrène Palerme, les exécutions sommaires se multiplient en pleine rue. Journalistes, policiers, politiques, syndicalistes, magistrats ou simples citoyens y meurent chaque jour pour avoir défié à Cosa Nostra. Un souffle romanesque domine cette fresque en douze épisodes. Avec ses personnages truculents incarnés par des acteurs tous plus attachants, ses dialogues enlevés, sa réalisation élégante, son grain subtilement vintage et ses reconstitutions bluffantes du Palerme des années 1970, La mafia tue seulement l’été éblouit par sa fougue comme par son réalisme. De véritables images d’archives lui confèrent çà et là une dimension documentaire. Se soumettre ou se rebeller ? Les questionnements intimes du petit Salvatore sur la toxicité sociale et les crimes de Cosa Nostra donnent lieu à une réflexion politique aussi décalée que percutante. Avec une candeur et une lucidité désarmantes, l’enfant interroge l’infamie tout en révérant les rares adultes qui osent s’y opposer. Cette série très réussie se révèle alors un puissant hymne à la résistance et à la liberté. Son créateur l’a d’ailleurs dédiée aux hommes et aux femmes qui, avec courage, ont combattu et combattent la mafia.

La mafia tue seulement l'été est à voir ici ou ci-dessous ou sur le replay d'Arte.

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Un portrait inspiré d'un peintre et collectionneur d'une grande modernité

Publié le par Michel Monsay

Un portrait inspiré d'un peintre et collectionneur d'une grande modernité

Ardent défenseur de l’impressionnisme, Gustave Caillebotte a été éclipsé par ses renommés pairs, Manet, Monet et Renoir en tête. Il reprend vie dans un documentaire passionnant. Un siècle et demi après la révolution impressionniste, qui bouscula les tenants de l’académisme et s’attira les quolibets de la société bourgeoise, les œuvres de Manet, Monet ou Renoir sont aujourd’hui on ne peut plus consensuelles, jusqu’à orner mugs, foulards et autres objets. Comment rappeler l’audace de ces peintres dans un documentaire évoquant l’un des leurs ? En passant notamment par des choix de réalisation affirmés, en accord avec la personnalité de Gustave Caillebotte (1848-1894), dont Lise Baron signe un portrait vigoureux. Elle y retrace la trajectoire brève et intense d’un artiste doublé d’un collectionneur, qui défendit avec ardeur sa conception de la modernité. Mort à l’âge de 45 ans, il travailla d’arrache-pied à l’élaboration d’une œuvre. Artiste d’extraction bourgeoise, il contribua aussi au mouvement impressionniste en employant une part de sa fortune à acquérir des toiles de ses pairs, voire à les soutenir financièrement. Aux coulées de violons nappant les toiles impressionnistes dans maintes productions sucrées, la documentariste a préféré une musique aux accents électroniques composée par Clémence Ducreux, et dirigé la comédienne Caroline Ferrus, qui dit le commentaire, dans le sens d’une certaine rectitude. La même exigence se traduit à l’image. Donner à voir de la peinture à la télévision est compliqué, surtout quand la touche est épaisse et ne peut être appréciée à l’écran comme dans un musée. Pour y remédier, Lise Baron parsème son film de gros plans, qui rendent cette matérialité. L’œil de Caillebotte, isolé par la caméra sur son autoportrait au chapeau d’été, donne l’occasion d’évoquer par le commentaire l’idéalisme du jeune homme. Et pour montrer qu’à 24 ans, celui-ci peint frénétiquement dans la maison d’Yerres acquise par son père, une photo de la demeure peu à peu recouverte de touches de peinture empruntées à ses toiles suggère l’intensité de son activité. Les idées de prises de vues et de montage qui abondent dans ce documentaire, renvoient ainsi au bouillonnement créatif de l’impressionnisme, à contre-courant de tant de productions académiques, conçues pour être lisses, faciles à ingérer autant qu’à oublier.

Gustave Caillebotte, héros discret de l'impressionnisme est à voir ici ou sur le replay de France Tv.

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Quand la passion de la danse est plus forte que la douleur

Publié le par Michel Monsay

Quand la passion de la danse est plus forte que la douleur
Quand la passion de la danse est plus forte que la douleur

C’est l’histoire d’un danseur étoile très doué qui a cru ne plus jamais pouvoir remonter sur une scène. Miracle de la volonté, du travail et du courage, Steven McRae a remis les chaussons. Danseur étoile du Royal Ballet de Londres, Steven McRae est tombé un soir de 2019 en plein spectacle : rupture du tendon d’Achille. Le rideau est tombé. Un autre danseur a terminé la représentation de Manon. Après l’opération et le temps d’immobilisation, Steven a dû tout réapprendre : à se muscler, à marcher. À patienter. À croire en un retour possible. En racontant dans ce beau documentaire son parcours du combattant, le réalisateur Stéphane Carrel fait le portrait d’un homme et d’un artiste. Mais aussi celui d’un athlète à la vocation précoce et qui, comme il l’admet, a poussé trop loin son propre corps pour rester une étoile. La beauté de la danse classique, son exigence aussi, sont partout et le film fait la part belle aux ballets. Mais il y a tout ce qu’on s’inflige à soi-même pour atteindre le sommet. Puis pour y rester. Né en Australie, Steven McRea a développé dès son plus jeune âge un don pour la danse. Il a quitté ses parents, son pays, pour étudier sur un autre continent et intégrer l’un des plus prestigieux corps de ballet du monde. Tout au long de Resilient Man, on observe l’énergie et le travail, la complicité des coachs, chorégraphes, professeurs et partenaires. La famille aussi : car Stephen est marié à une danseuse qui a renoncé à sa carrière et ils sont parents de trois enfants. On constate ainsi tout le monde qu’il faut pour aider un homme à se remettre debout. En cela le film touche à l’universel, raconte le dépassement dont tout être humain est capable. A ses yeux, cette blessure, avec laquelle il doit apprendre à vivre 24 heures sur 24, ne doit pas dicter son existence. On est au plus près de l'artiste. Gros plan sur un pied ou regard dans le vague, rien n'échappe au réalisateur. Le format du film est le plus souvent celui d'une confession où Steven McRae se décrit comme un enfant à charge de plus pour sa femme, humour british bienvenu. Il lui faudra un an pour se sentir confortable en marchant. Et plus encore pour espérer danser. Une éternité tant la carrière de ce genre de solistes est courte. Parmi les instants les plus prenants du film, le danseur, face aux élèves de la Royal Ballet School, évoque ses défauts : ne penser qu'à danser mais sans passion jusqu'au point de rupture, bourré de médicaments et incapable de prévenir la blessure. Un documentaire aux somptueuses images, où la danse est reine, et la narration, qui frôle parfois la fiction pour mieux explorer les enjeux dramatiques, est au plus proche de ce fabuleux danseur.

Resilient man est à voir ici pour 2,99 € en location sur Canal VOD en créant un compte sans abonnement.

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À l'Opéra de Paris, la diversité avance à petits pas

Publié le par Michel Monsay

À l'Opéra de Paris, la diversité avance à petits pas

Les parcours de l'excellent danseur étoile Guillaume Diop et la contrebassiste Sulivan Loiseau montrent à quel point la diversité est un sujet sensible au sein de l'Opéra. 11 mars 2023, à l'issue de la représentation de Giselle, à Séoul, et pour la première fois de son histoire, l’Opéra de Paris nomme un jeune homme noir danseur étoile. Guillaume Diop a alors 23 ans. Son couronnement est salué par des réactions de folie dans le monde entier. Non seulement ce jeune interprète hyper doué crée la surprise en sautant un grade de la hiérarchie de la troupe, mais il devient le symbole de la diversité au cœur de l’institution parisienne. De ce titre, il en tire une grande fierté, mais aussi une immense responsabilité. Lui qui a manqué de modèle au cours de son apprentissage, mesure à quel point il devient un symbole pour les tout jeunes danseurs, et danseuses, qui rêvent d'entrer à l'Opéra. Dans ce très bon documentaire, Guillaume Diop se livre, raconte ce sentiment d’illégitimité qui le pousse à travailler toujours plus et la violence des mots assénés. Être noir à L'Opéra nous emmène ainsi dans les réunions du comité consultatif diversité de l’Opéra. Séquences sans commentaire qui ne manqueront pas d’en provoquer chez les téléspectateurs. Car l’Opéra semble figé dans une temporalité d’un autre siècle. Mais admettons, les choses bougent. Un tout petit peu. Au sein de l’orchestre, une jeune femme noire a fait son entrée : Sulivan Loiseau, contrebassiste, une pionnière, dixit une de ses amies. C’est aussi la nécessité de changer un regard, et de redéfinir le répertoire. La question est : comment remettre en cause les codes esthétiques de l’opéra ? En arrêtant, par exemple, d’utiliser du maquillage pour exagérer les traits des personnes racisées, en oubliant aussi les collants de couleur chair conçus uniquement pour les peaux blanches, ou en acceptant qu’un danseur noir porte des tresses plutôt que devoir se lisser les cheveux. L’évolution de la réflexion sur le sujet à l’Opéra national de Paris est passée par des étapes cruciales. En 2020, après l’affaire George Floyd et les manifestations Black Lives Matter aux États-Unis, Guillaume Diop et ses amis Letizia Galloni, Jack Gasztowtt, Awa Joannais et Isaac Lopes Gomes écrivent le manifeste De la question raciale à l’Opéra de Paris, qui sera signé par 400 collègues. Dans la foulée, en 2021, l’institution présente un rapport sur la diversité au sein de l'institution. Intime, le documentaire met en lumière le parcours du combattant des artistes de couleur pour faire leur place dans ce monde très homogène. Il pointe aussi les efforts menés par l'Opéra de Paris pour casser les stéréotypes en adaptant notamment certaines œuvres du répertoire. On mesure toutefois le chemin qu’il reste encore à parcourir.

Être noir à l'Opéra est à voir ci-dessous ou sur le replay d'Arte.

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Passionnant portrait d'un acteur pas comme les autres

Publié le par Michel Monsay

Passionnant portrait d'un acteur pas comme les autres

Thierry Demaizière et Alban Teurlai réalisent un documentaire sur et par Vincent Lindon, aussi saisissant que déroutant de sincérité. Sur la base de nombreuses heures filmées par l'acteur lui-même, ce documentaire révèle un artiste sans filtre et plein de contrastes. Entre journal intime et autoportrait, ce film réalisé par le duo Demaizière et Teurlai est le second documentaire qu'il consacre à Vincent Lindon. Du premier film, centré davantage sur l'acteur, sa filmographie et son enfance, est né un lien d’amitié entre Vincent Lindon et les deux réalisateurs. Pour ce second film, ils ont proposé à celui-ci de se filmer et de s’enregistrer lui-même à l’aide de son téléphone, comme pour une sorte de journal intime. Entre fulgurances, coups de gueule et coups de spleen, on découvre un homme authentique, à la fois fragile et sûr de lui, à la fois fataliste et enthousiaste, un homme capable de drôlerie et de beaucoup d’autodérision alors qu'il peut nous apparaître sous les traits de quelqu'un de dépressif, ce qu'il n'est absolument pas le cas, selon les dires des deux cinéastes. Comme Vincent Lindon, dans des dîners, a des fulgurances, des moments où il est absolument génial, où il est en colère, où il est irrésistiblement drôle, ils ont commencé à le filmer à son insu. Pas pour le piéger, mais pour ne pas dénaturer le moment. Et au bout de quelques semaines, ils lui ont dit qu'ils le filmait et lui ont demandé s'ils pouvait continuer. Le comédien a donné son autorisation, mais les deux auteurs du documentaire ne pensaient pas que cela allait durer quatre ans. Cœur sanglant ne ressemble à aucun autre documentaire. Ici, pas de voix off ni d’interventions extérieures : seul Vincent Lindon s’exprime, dans un monologue intérieur ponctué d’émotions brutes. Le film se construit autour de messages vocaux qu’il enregistre, des confessions livrées sans retenue sur ses angoisses, ses colères et ses aspirations. À travers 150 heures de rushes, les réalisateurs ont façonné une œuvre qui oscille entre introspection et spontanéité, révélant un Vincent Lindon vulnérable, torturé, mais aussi drôle et excessif, entre colère et tendresse. Le documentaire met en lumière son besoin viscéral d’être écouté, compris, et surtout aimé. L’un des fils conducteurs du documentaire est le rapport de Vincent Lindon à son passé et à son enfance. Il confie avoir grandi avec des tics nerveux qui inquiétaient ses parents et généraient une déception pour eux, et explique que son besoin constant de reconnaissance vient en grande partie de là. Ce manque initial se reflète dans sa quête incessante de l’amour du public et de ses proches. Le drame de sa vie est que ses parents ne l’aient pas vu devenir célèbre. D'où le côté testamentaire de ce film à l'adresse de ses enfants. Quand tant de documentaires sur des personnalités ont tout du lissage auto-promotionnel complaisant, l'acteur prend visiblement un malin plaisir à faire tout l'inverse, à montrer ses aspérités, ses travers, ses faiblesses, à dire l'inavouable. La peur de mourir, et donc de vieillir est un thème récurrent qui alimente ses angoisses. Seule sa fierté semble lui offrir de rares répits. Comme lorsqu’il est choisi pour présider le Festival de Cannes, en 2022, ou reçoit le Prix d'interprétation à Cannes et la Palme d'or pour Titane. Comment ne pas être touché par les failles de cet acteur génial, écorché vif ? Une confession intime qui permet aussi de comprendre pourquoi et comment l’acteur s’investit autant dans ses rôles au cinéma, et pourquoi sa manière de jouer est aussi réaliste et fascinante.

Vincent Lindon cœur sanglant est à voir ci-dessous ou sur le replay d'Arte.

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L’ode ardente à la liberté des prostituées trans de Tel-Aviv

Publié le par Michel Monsay

L’ode ardente à la liberté des prostituées trans de Tel-Aviv

Le nouveau documentaire de Yolande Zauberman fascine autant qu’il émeut. Par sa tentative de réconciliation de l’irréconciliable, par sa générosité humaniste, par son scintillement dans la nuit. Yolande Zauberman est la reine de l’immersion quasi magique. Elle a le don d’approcher les êtres avec singularité. D’en capter une essence presque palpable. De saisir une humanité vibrante qu’elle va débusquer derrière les non-dits, les tabous, les interdits, l’impossible. Son approche documentaire relève du dévoilement. Caméra au plus près des visages, des peaux, entre enquête de reportage et virée romanesque. Les frontières se dissolvent pour raconter justement le dépassement des barrières et des territoires, et le questionnement des déchirements, par l’exposition de destins individuels. La Belle de Gaza, titre magnifique qui sonne comme une promesse. Comme une invitation au conte des mille et une nuits, au scintillement malgré l’ombre, au rayon de lumière dans l’obscurité, à l’espoir qui côtoie l’horreur. La cinéaste creuse l’impensable, l’insondable, à la recherche d’une possibilité de lien. Son geste même de cinéma est une main tendue, via son regard projeté, entre elle et l’autre. Ici, des femmes transgenres, peuplant une rue, mais aussi d’autres espaces, et dont certaines furent croisées sur le tournage de M, César du meilleur documentaire 2020 qui raconte la trajectoire d’un homme qui fut, dans son enfance, victime de prédateurs sexuels au sein de la communauté ultraorthodoxe de Bnei Brak, dans la banlieue de Tel-Aviv. Elles racontent, toutes, une part de destinée, et une part d’Histoire. Différentes générations, différents parcours, différents personnages. Mais toutes transmettent, par leurs mots confiés à la caméra, comme par leur présence et par leur corps affirmé, le rêve devenu réalité, celui d’affronter la vie par leur vérité. Et le chemin parcouru, existentiel, mental, émotionnel, physique, et parfois géographique. Derrière le rimmel et le mascara, les pupilles acceptent la présence de l’objectif, tout en jouant du rire ou de la résille du voile. Elles ont fui les violences et assument avec courage qui elles sont devenues. Yolande Zauberman a cet incroyable talent de gagner la confiance de ses interlocutrices ce qui lui permet de dresser des portraits tout en humanité. Elle mène l’enquête, d’une boîte de nuit aux recoins sombres de la rue, où les travailleuses du sexe essaient de gagner leur vie. La cinéaste, qui tient la caméra, éclaire la nuit, faisant jaillir de l’obscurité, comme des flashs, ces corps dénudés héroïques, exposés au danger. Comme souvent, l’important reste le voyage, pas forcément l’arrivée. C’est le périple palpitant et doux à la fois, dans les arcanes d’un Tel-Aviv opaque, car resserré sur les figures et les silhouettes de ces personnages, qui abolissent non seulement les lignes entre féminin et masculin, mais réunissent aussi Israël et Palestine, Juif et Arabe, ici et ailleurs. La démarche de la réalisatrice se veut pansement humaniste et lettre d’amour au milieu du marasme, filmés avant le 7 octobre 2023. Un acte du regard terriblement émouvant. 

La belle de Gaza est à voir ici pour 2,99 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

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Savoureux portrait sans merci du marché de l’art

Publié le par Michel Monsay

Savoureux portrait sans merci du marché de l’art

Avec Le Tableau volé, Pascal Bonitzer, dont on avait beaucoup aimé notamment Cherchez Hortense, compose une aventure subtile et généreuse, sans grandiloquence rocambolesque, mais avec une précision d’orfèvre, agrémentée d’interprètes finement assemblés. Dans cette savoureuse comédie humaine, le réalisateur scénariste continue de croiser les destins, pour raconter une part du monde dans son neuvième long-métrage. Sans coup d’éclat ni esbroufe, c’est un véritable ballet qui s’incarne à l’écran. Par la multiplicité des personnages, des récits et des points de vue. Par la fluidité narrative et formelle, de la caméra qui suit les corps dans leur cheminement incessant, au montage qui unifie les pièces du récit. Les intérêts sont divers, mais rassemblés ici par la découverte d’une toile d’Egon Schiele, tenue pour disparue depuis 1939, et de sa grandissime valeur. Le fameux tableau volé par les nazis renaît, mais de lui-même, ressurgi du passé, de la crasse entassée sur sa surface, de la mémoire collective, comme si son histoire se réinventait. Grâce aux regards et aux mots, et à l’aune de son poids commercial. Sans une once de cynisme, les parcours de vie s’entrelacent, et racontent la revanche sociale, l’amertume, l’audace, la souffrance, le désir, la peur, la joie retrouvée. L’auteur déjoue les écueils que d’autres empruntent régulièrement, et toute la galerie de seconds rôles existe, pour une scène ou deux, ou un seul plan. La petite musique de Pascal Bonitzer est particulièrement réussie par sa science des dialogues, de la répartie, du rythme et des contre-temps. Et pour les servir, il a mitonné sa distribution, avec une équipe en grande forme. L’énergie volubile de l'excellent Alex Lutz, la précision arythmique de Louise Chevillotte, l’aisance complexe de Léa Drucker, et l’aplomb vibrant de Nora Hamzawi s’accordent parfaitement. Un vrai plaisir.

Le tableau volé est à voir ici pour 2,99 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

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Un thriller aussi noir que fascinant sur un monde dystopique

Publié le par Michel Monsay

Un thriller aussi noir que fascinant sur un monde dystopique

Adaptée d’un best-seller d’anticipation, cette série dystopique impressionne par son décor monumental et la prestation très juste qu’y livre Rebecca Ferguson, que l'on avait déjà appréciée dans Dune ou Mission impossible. Créer un univers futuriste de toutes pièces, de nombreux longs-métrages ou séries s’y essaient régulièrement, avec plus ou moins de bonheur. Celui qui est décrit dans la série Silo est l’un des plus réussis et aboutis de ces dernières années, puisque l’intégralité de la première saison se déroule dans un silo enterré de 144 étages où vit ce qui pourrait constituer les derniers humains sur Terre. Dès le début, Silo se met en place avec une intelligence d’écriture remarquable. L’aisance et fluidité de son introduction est particulièrement impressionnante tant ce nouveau monde est foisonnant entre les étages, les modes de vie, les strates politiques ou le mystère entourant l’existence des personnages. La série regorge de nombreuses surprises qui viennent remettre en cause tout un système établi. Un savoir-faire narratif bienvenu pour ce genre de production, capable de mêler habilement le thriller paranoïaque au grand spectacle d’action, de fusionner sa dystopie post-apocalyptique à une analyse des hiérarchies sociales et une quête existentielle reposant avant tout sur de simples relations humaines. Silo baigne dans une ambiance plutôt obscure et assume une noirceur psychologique qui rappelle Bienvenue à Gattaca et Blade Runner. Les scènes privilégient souvent les dialogues et les conflits intérieurs des personnages. En deux saisons, cette série prenante et d'une qualité de production de très bonne facture, repose sur un habile équilibre entre suspense fantastique et portraits de personnages attachants.

Silo est à voir ici sur Apple Tv+ pour 9,99 € un mois sans engagement ou en profitant de l'essai gratuit.

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Émouvante saga familiale du monde paysan

Publié le par Michel Monsay

Émouvante saga familiale du monde paysan

Gilles Perret est né et a grandi à 100 mètres des trois frères Bertrand et de leur exploitation laitière du nord de la Haute-Savoie. En 1997, c’est en voisin qu’il racontait leur histoire dans son tout premier documentaire, Trois Frères pour une vie. À l'époque, les trois agriculteurs étaient en train de transmettre leur ferme à leur neveu Patrick et à sa femme Hélène, confiants dans les décisions que les jeunes allaient prendre pour cette terre et ces vaches qui représentaient bien plus qu’un maigre gagne-pain : le sens de leur vie. L’année dernière, c’était au tour d’Hélène de passer le relais à d’autres membres de la famille. Alors, Gilles Perret a repris la caméra, mêlant images et témoignages d’hier, d’avant-hier et d’aujourd’hui : ils les enchevêtrent, ainsi, avec des raccords qui abolissent le temps, pour la plus juste chronique qui soit d’un demi-siècle d’existence agricole. Tout bon documentaire requiert ses héros et c’est peu dire que Joseph, André, et Jean ont un charisme de cinéma avec leur présence, leur parole sur l’amour du travail bien fait et l'endurance face à la dureté du métier et des éléments. On est au-delà de la proverbiale sagesse paysanne : chacun de leurs gestes, rajuster une grande faux sur son épaule noueuse, rouler une cigarette en attendant la fin de la pluie ou se faire une tartine sur une table qui est loin de crouler sous les victuailles, renforce leur discours sur la pénibilité, le poids du destin, une certaine idée du bonheur. Ces moments sont d'une grande puissance et d'une belle émotion, comme retrouver André, le dernier survivant, en 2023. Mais c’est sur un robot de traite, digne d’un film de science-fiction, que le documentariste a choisi d’ouvrir La ferme des Bertrand, car il n’est pas question de passéisme, ici, mais de transmission, d’adaptabilité pour les successeurs d’Hélène. Évidemment, on hérite de l’histoire de ceux qui se sont tués à la tâche et on ne les oublie pas, dans ces décors montagnards somptueusement filmés dans leur beauté imperturbable. Néanmoins, la modernité est là, et il s’agit, pour la nouvelle génération, d’en user pour perdurer, consciente des changements climatiques, animée du même amour de la nature que les anciens qui n’appelaient pas encore cela de l’écologie. Avec ce film si personnel, peut-être son plus beau, Gilles Perret embrasse plus que jamais le singulier et l’universel pour transmettre la vérité pérenne du monde agricole.

La ferme des Bertrand est à voir ici pour 2,99 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

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Fascinante héroïne de série inspirée par une vraie femme gangster

Publié le par Michel Monsay

Fascinante héroïne de série inspirée par une vraie femme gangster

Ce récit grisant d’une Arsène Lupin prolétaire, qui essaye de survivre dans le Royaume-Uni ultralibéral de Thatcher, semble romanesque. Tout dans cette histoire est pourtant vrai. Joan avait bien habitude d’avaler les pierres précieuses qu’elle cachait, une fois régurgités, dans une boîte à biscuits. Elle est aussi rapidement devenue une experte en falsification des chèques. Celle qui arbore épaulettes, manteau de fourrure et une ribambelle de perruques saura s’imposer dans des bas-fonds très machistes, frayant même avec les terroristes de l’IRA. Adapté du récit autobiographique d’une voleuse de joyaux, Joan Hannington, Joan détaille les étapes de la mutation d’une jeune mère délaissée par un compagnon violent et instable en marraine de la pègre londonienne. C’est à la fois une victime, broyée par son enfance où elle a subi des violences, et en même temps une femme incroyablement courageuse et intrépide. Joan est aussi le produit de son époque : Une décennie où tout le monde courrait après l’argent, la réussite et le statut social. Sophie Turner (Game of Thrones) prête sa fougue et sa révolte à cette héroïne abîmée par la vie, qui refuse de se laisser rabaisser. Sa Joan est un parfait concentré de charisme et d’aplomb dans une série qui retranscrit à merveille la frénésie et l’exubérance du Londres des années 1980. La scénariste Anna Symon s’empare de cette trajectoire hors normes pour brosser un complexe portrait de femme. Sans jamais verser dans l’apologie des activités illicites de son héroïne, elle en éclaire les zones d’ombre et de lumière. Un parti pris également adopté par Richard Laxton dont la caméra prend tout son temps pour laisser jaillir l’humanité de Joan Hannington. Dans les polars, neuf fois sur dix, les femmes sont des victimes disparues, étranglées ou violées. Quand elles ne le sont pas, elles incarnent des détectives mais rarement des hors-la-loi. La vraie Joan Hannington a raconté qu’aucun de ses « collègues » gangsters ne la prenait au sérieux. Elle était toujours sous-estimée. Somme toute, elle était confrontée aux mêmes préjugés que les femmes dans le monde du travail. C’est la raison pour laquelle en faire une héroïne de série est quelque part un acte politique.

Joan est à voir ici pour 9,99 € en location, ou ici pour 12,99 € un mois d'abonnement résiliable à tout moment à Ciné+ OCS via Canal + et profitez en plus des autres contenus.

La bande-annonce ci-dessous est en vo, mais en regardant la minisérie vous aurez les sous-titres en français.

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