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Passionnant portrait d'un acteur pas comme les autres

Publié le par Michel Monsay

Passionnant portrait d'un acteur pas comme les autres

Thierry Demaizière et Alban Teurlai réalisent un documentaire sur et par Vincent Lindon, aussi saisissant que déroutant de sincérité. Sur la base de nombreuses heures filmées par l'acteur lui-même, ce documentaire révèle un artiste sans filtre et plein de contrastes. Entre journal intime et autoportrait, ce film réalisé par le duo Demaizière et Teurlai est le second documentaire qu'il consacre à Vincent Lindon. Du premier film, centré davantage sur l'acteur, sa filmographie et son enfance, est né un lien d’amitié entre Vincent Lindon et les deux réalisateurs. Pour ce second film, ils ont proposé à celui-ci de se filmer et de s’enregistrer lui-même à l’aide de son téléphone, comme pour une sorte de journal intime. Entre fulgurances, coups de gueule et coups de spleen, on découvre un homme authentique, à la fois fragile et sûr de lui, à la fois fataliste et enthousiaste, un homme capable de drôlerie et de beaucoup d’autodérision alors qu'il peut nous apparaître sous les traits de quelqu'un de dépressif, ce qu'il n'est absolument pas le cas, selon les dires des deux cinéastes. Comme Vincent Lindon, dans des dîners, a des fulgurances, des moments où il est absolument génial, où il est en colère, où il est irrésistiblement drôle, ils ont commencé à le filmer à son insu. Pas pour le piéger, mais pour ne pas dénaturer le moment. Et au bout de quelques semaines, ils lui ont dit qu'ils le filmait et lui ont demandé s'ils pouvait continuer. Le comédien a donné son autorisation, mais les deux auteurs du documentaire ne pensaient pas que cela allait durer quatre ans. Cœur sanglant ne ressemble à aucun autre documentaire. Ici, pas de voix off ni d’interventions extérieures : seul Vincent Lindon s’exprime, dans un monologue intérieur ponctué d’émotions brutes. Le film se construit autour de messages vocaux qu’il enregistre, des confessions livrées sans retenue sur ses angoisses, ses colères et ses aspirations. À travers 150 heures de rushes, les réalisateurs ont façonné une œuvre qui oscille entre introspection et spontanéité, révélant un Vincent Lindon vulnérable, torturé, mais aussi drôle et excessif, entre colère et tendresse. Le documentaire met en lumière son besoin viscéral d’être écouté, compris, et surtout aimé. L’un des fils conducteurs du documentaire est le rapport de Vincent Lindon à son passé et à son enfance. Il confie avoir grandi avec des tics nerveux qui inquiétaient ses parents et généraient une déception pour eux, et explique que son besoin constant de reconnaissance vient en grande partie de là. Ce manque initial se reflète dans sa quête incessante de l’amour du public et de ses proches. Le drame de sa vie est que ses parents ne l’aient pas vu devenir célèbre. D'où le côté testamentaire de ce film à l'adresse de ses enfants. Quand tant de documentaires sur des personnalités ont tout du lissage auto-promotionnel complaisant, l'acteur prend visiblement un malin plaisir à faire tout l'inverse, à montrer ses aspérités, ses travers, ses faiblesses, à dire l'inavouable. La peur de mourir, et donc de vieillir est un thème récurrent qui alimente ses angoisses. Seule sa fierté semble lui offrir de rares répits. Comme lorsqu’il est choisi pour présider le Festival de Cannes, en 2022, ou reçoit le Prix d'interprétation à Cannes et la Palme d'or pour Titane. Comment ne pas être touché par les failles de cet acteur génial, écorché vif ? Une confession intime qui permet aussi de comprendre pourquoi et comment l’acteur s’investit autant dans ses rôles au cinéma, et pourquoi sa manière de jouer est aussi réaliste et fascinante.

Vincent Lindon cœur sanglant est à voir ci-dessous ou sur le replay d'Arte.

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L’ode ardente à la liberté des prostituées trans de Tel-Aviv

Publié le par Michel Monsay

L’ode ardente à la liberté des prostituées trans de Tel-Aviv

Le nouveau documentaire de Yolande Zauberman fascine autant qu’il émeut. Par sa tentative de réconciliation de l’irréconciliable, par sa générosité humaniste, par son scintillement dans la nuit. Yolande Zauberman est la reine de l’immersion quasi magique. Elle a le don d’approcher les êtres avec singularité. D’en capter une essence presque palpable. De saisir une humanité vibrante qu’elle va débusquer derrière les non-dits, les tabous, les interdits, l’impossible. Son approche documentaire relève du dévoilement. Caméra au plus près des visages, des peaux, entre enquête de reportage et virée romanesque. Les frontières se dissolvent pour raconter justement le dépassement des barrières et des territoires, et le questionnement des déchirements, par l’exposition de destins individuels. La Belle de Gaza, titre magnifique qui sonne comme une promesse. Comme une invitation au conte des mille et une nuits, au scintillement malgré l’ombre, au rayon de lumière dans l’obscurité, à l’espoir qui côtoie l’horreur. La cinéaste creuse l’impensable, l’insondable, à la recherche d’une possibilité de lien. Son geste même de cinéma est une main tendue, via son regard projeté, entre elle et l’autre. Ici, des femmes transgenres, peuplant une rue, mais aussi d’autres espaces, et dont certaines furent croisées sur le tournage de M, César du meilleur documentaire 2020 qui raconte la trajectoire d’un homme qui fut, dans son enfance, victime de prédateurs sexuels au sein de la communauté ultraorthodoxe de Bnei Brak, dans la banlieue de Tel-Aviv. Elles racontent, toutes, une part de destinée, et une part d’Histoire. Différentes générations, différents parcours, différents personnages. Mais toutes transmettent, par leurs mots confiés à la caméra, comme par leur présence et par leur corps affirmé, le rêve devenu réalité, celui d’affronter la vie par leur vérité. Et le chemin parcouru, existentiel, mental, émotionnel, physique, et parfois géographique. Derrière le rimmel et le mascara, les pupilles acceptent la présence de l’objectif, tout en jouant du rire ou de la résille du voile. Elles ont fui les violences et assument avec courage qui elles sont devenues. Yolande Zauberman a cet incroyable talent de gagner la confiance de ses interlocutrices ce qui lui permet de dresser des portraits tout en humanité. Elle mène l’enquête, d’une boîte de nuit aux recoins sombres de la rue, où les travailleuses du sexe essaient de gagner leur vie. La cinéaste, qui tient la caméra, éclaire la nuit, faisant jaillir de l’obscurité, comme des flashs, ces corps dénudés héroïques, exposés au danger. Comme souvent, l’important reste le voyage, pas forcément l’arrivée. C’est le périple palpitant et doux à la fois, dans les arcanes d’un Tel-Aviv opaque, car resserré sur les figures et les silhouettes de ces personnages, qui abolissent non seulement les lignes entre féminin et masculin, mais réunissent aussi Israël et Palestine, Juif et Arabe, ici et ailleurs. La démarche de la réalisatrice se veut pansement humaniste et lettre d’amour au milieu du marasme, filmés avant le 7 octobre 2023. Un acte du regard terriblement émouvant. 

La belle de Gaza est à voir ici pour 2,99 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

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Savoureux portrait sans merci du marché de l’art

Publié le par Michel Monsay

Savoureux portrait sans merci du marché de l’art

Avec Le Tableau volé, Pascal Bonitzer, dont on avait beaucoup aimé notamment Cherchez Hortense, compose une aventure subtile et généreuse, sans grandiloquence rocambolesque, mais avec une précision d’orfèvre, agrémentée d’interprètes finement assemblés. Dans cette savoureuse comédie humaine, le réalisateur scénariste continue de croiser les destins, pour raconter une part du monde dans son neuvième long-métrage. Sans coup d’éclat ni esbroufe, c’est un véritable ballet qui s’incarne à l’écran. Par la multiplicité des personnages, des récits et des points de vue. Par la fluidité narrative et formelle, de la caméra qui suit les corps dans leur cheminement incessant, au montage qui unifie les pièces du récit. Les intérêts sont divers, mais rassemblés ici par la découverte d’une toile d’Egon Schiele, tenue pour disparue depuis 1939, et de sa grandissime valeur. Le fameux tableau volé par les nazis renaît, mais de lui-même, ressurgi du passé, de la crasse entassée sur sa surface, de la mémoire collective, comme si son histoire se réinventait. Grâce aux regards et aux mots, et à l’aune de son poids commercial. Sans une once de cynisme, les parcours de vie s’entrelacent, et racontent la revanche sociale, l’amertume, l’audace, la souffrance, le désir, la peur, la joie retrouvée. L’auteur déjoue les écueils que d’autres empruntent régulièrement, et toute la galerie de seconds rôles existe, pour une scène ou deux, ou un seul plan. La petite musique de Pascal Bonitzer est particulièrement réussie par sa science des dialogues, de la répartie, du rythme et des contre-temps. Et pour les servir, il a mitonné sa distribution, avec une équipe en grande forme. L’énergie volubile de l'excellent Alex Lutz, la précision arythmique de Louise Chevillotte, l’aisance complexe de Léa Drucker, et l’aplomb vibrant de Nora Hamzawi s’accordent parfaitement. Un vrai plaisir.

Le tableau volé est à voir ici pour 2,99 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

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Un thriller aussi noir que fascinant sur un monde dystopique

Publié le par Michel Monsay

Un thriller aussi noir que fascinant sur un monde dystopique

Adaptée d’un best-seller d’anticipation, cette série dystopique impressionne par son décor monumental et la prestation très juste qu’y livre Rebecca Ferguson, que l'on avait déjà appréciée dans Dune ou Mission impossible. Créer un univers futuriste de toutes pièces, de nombreux longs-métrages ou séries s’y essaient régulièrement, avec plus ou moins de bonheur. Celui qui est décrit dans la série Silo est l’un des plus réussis et aboutis de ces dernières années, puisque l’intégralité de la première saison se déroule dans un silo enterré de 144 étages où vit ce qui pourrait constituer les derniers humains sur Terre. Dès le début, Silo se met en place avec une intelligence d’écriture remarquable. L’aisance et fluidité de son introduction est particulièrement impressionnante tant ce nouveau monde est foisonnant entre les étages, les modes de vie, les strates politiques ou le mystère entourant l’existence des personnages. La série regorge de nombreuses surprises qui viennent remettre en cause tout un système établi. Un savoir-faire narratif bienvenu pour ce genre de production, capable de mêler habilement le thriller paranoïaque au grand spectacle d’action, de fusionner sa dystopie post-apocalyptique à une analyse des hiérarchies sociales et une quête existentielle reposant avant tout sur de simples relations humaines. Silo baigne dans une ambiance plutôt obscure et assume une noirceur psychologique qui rappelle Bienvenue à Gattaca et Blade Runner. Les scènes privilégient souvent les dialogues et les conflits intérieurs des personnages. En deux saisons, cette série prenante et d'une qualité de production de très bonne facture, repose sur un habile équilibre entre suspense fantastique et portraits de personnages attachants.

Silo est à voir ici sur Apple Tv+ pour 9,99 € un mois sans engagement ou en profitant de l'essai gratuit.

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Émouvante saga familiale du monde paysan

Publié le par Michel Monsay

Émouvante saga familiale du monde paysan

Gilles Perret est né et a grandi à 100 mètres des trois frères Bertrand et de leur exploitation laitière du nord de la Haute-Savoie. En 1997, c’est en voisin qu’il racontait leur histoire dans son tout premier documentaire, Trois Frères pour une vie. À l'époque, les trois agriculteurs étaient en train de transmettre leur ferme à leur neveu Patrick et à sa femme Hélène, confiants dans les décisions que les jeunes allaient prendre pour cette terre et ces vaches qui représentaient bien plus qu’un maigre gagne-pain : le sens de leur vie. L’année dernière, c’était au tour d’Hélène de passer le relais à d’autres membres de la famille. Alors, Gilles Perret a repris la caméra, mêlant images et témoignages d’hier, d’avant-hier et d’aujourd’hui : ils les enchevêtrent, ainsi, avec des raccords qui abolissent le temps, pour la plus juste chronique qui soit d’un demi-siècle d’existence agricole. Tout bon documentaire requiert ses héros et c’est peu dire que Joseph, André, et Jean ont un charisme de cinéma avec leur présence, leur parole sur l’amour du travail bien fait et l'endurance face à la dureté du métier et des éléments. On est au-delà de la proverbiale sagesse paysanne : chacun de leurs gestes, rajuster une grande faux sur son épaule noueuse, rouler une cigarette en attendant la fin de la pluie ou se faire une tartine sur une table qui est loin de crouler sous les victuailles, renforce leur discours sur la pénibilité, le poids du destin, une certaine idée du bonheur. Ces moments sont d'une grande puissance et d'une belle émotion, comme retrouver André, le dernier survivant, en 2023. Mais c’est sur un robot de traite, digne d’un film de science-fiction, que le documentariste a choisi d’ouvrir La ferme des Bertrand, car il n’est pas question de passéisme, ici, mais de transmission, d’adaptabilité pour les successeurs d’Hélène. Évidemment, on hérite de l’histoire de ceux qui se sont tués à la tâche et on ne les oublie pas, dans ces décors montagnards somptueusement filmés dans leur beauté imperturbable. Néanmoins, la modernité est là, et il s’agit, pour la nouvelle génération, d’en user pour perdurer, consciente des changements climatiques, animée du même amour de la nature que les anciens qui n’appelaient pas encore cela de l’écologie. Avec ce film si personnel, peut-être son plus beau, Gilles Perret embrasse plus que jamais le singulier et l’universel pour transmettre la vérité pérenne du monde agricole.

La ferme des Bertrand est à voir ici pour 2,99 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

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Fascinante héroïne de série inspirée par une vraie femme gangster

Publié le par Michel Monsay

Fascinante héroïne de série inspirée par une vraie femme gangster

Ce récit grisant d’une Arsène Lupin prolétaire, qui essaye de survivre dans le Royaume-Uni ultralibéral de Thatcher, semble romanesque. Tout dans cette histoire est pourtant vrai. Joan avait bien habitude d’avaler les pierres précieuses qu’elle cachait, une fois régurgités, dans une boîte à biscuits. Elle est aussi rapidement devenue une experte en falsification des chèques. Celle qui arbore épaulettes, manteau de fourrure et une ribambelle de perruques saura s’imposer dans des bas-fonds très machistes, frayant même avec les terroristes de l’IRA. Adapté du récit autobiographique d’une voleuse de joyaux, Joan Hannington, Joan détaille les étapes de la mutation d’une jeune mère délaissée par un compagnon violent et instable en marraine de la pègre londonienne. C’est à la fois une victime, broyée par son enfance où elle a subi des violences, et en même temps une femme incroyablement courageuse et intrépide. Joan est aussi le produit de son époque : Une décennie où tout le monde courrait après l’argent, la réussite et le statut social. Sophie Turner (Game of Thrones) prête sa fougue et sa révolte à cette héroïne abîmée par la vie, qui refuse de se laisser rabaisser. Sa Joan est un parfait concentré de charisme et d’aplomb dans une série qui retranscrit à merveille la frénésie et l’exubérance du Londres des années 1980. La scénariste Anna Symon s’empare de cette trajectoire hors normes pour brosser un complexe portrait de femme. Sans jamais verser dans l’apologie des activités illicites de son héroïne, elle en éclaire les zones d’ombre et de lumière. Un parti pris également adopté par Richard Laxton dont la caméra prend tout son temps pour laisser jaillir l’humanité de Joan Hannington. Dans les polars, neuf fois sur dix, les femmes sont des victimes disparues, étranglées ou violées. Quand elles ne le sont pas, elles incarnent des détectives mais rarement des hors-la-loi. La vraie Joan Hannington a raconté qu’aucun de ses « collègues » gangsters ne la prenait au sérieux. Elle était toujours sous-estimée. Somme toute, elle était confrontée aux mêmes préjugés que les femmes dans le monde du travail. C’est la raison pour laquelle en faire une héroïne de série est quelque part un acte politique.

Joan est à voir ici pour 9,99 € en location, ou ici pour 12,99 € un mois d'abonnement résiliable à tout moment à Ciné+ OCS via Canal + et profitez en plus des autres contenus.

La bande-annonce ci-dessous est en vo, mais en regardant la minisérie vous aurez les sous-titres en français.

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Huis clos saisissant avec trois actrices très inspirées

Publié le par Michel Monsay

Huis clos saisissant avec trois actrices très inspirées

Esthétique travaillée, huis clos new-yorkais, actrices épatantes, Carrie Coon, Natasha Lyonne et Elizabeth Olsen, voilà un drame indépendant qui se présente comme l’un de ces films de grande qualité que Netflix sait parfois nous proposer, la plateforme ayant surtout un intérêt pour ses séries. Ces trois femmes réunies dans un appartement new-yorkais au chevet de leur père agonisant sont les descendantes des Trois Sœurs, d’Anton Tchekhov. Assumant sans complexe sa dimension théâtrale, le réalisateur Azazel Jacobs filme avec délicatesse l’émerveillement qui naît du spectacle des variations de la condition humaine au sein d’une fratrie. La mise en scène n’a qu’un but : offrir aux actrices l’espace qui leur permettra de déployer leurs personnages. Ses trois filles se présente alors comme un portrait de femmes qui masquent leurs appréhensions et leurs émotions de multiples manières : par le sourire, le mépris ou l’indifférence. Malgré leurs divergences, ces sœurs restent unies par une cause qui leur est commune et qui consolide leur relation. Ainsi, les scènes de disputes donnent lieu à plusieurs moments poignants d’échanges dans lesquels les sœurs fonts part de leurs sentiments et tentent de se pardonner. Structuré par ses dialogues intelligents et très travaillés, ce drame intimiste peint un portrait très bien vu des dysfonctionnements familiaux. Il capture parfaitement un instantané de vie grâce à l'alchimie entre les actrices et leurs prestations. Véracité et émotion sont donc les qualités principales de Ses trois filles, qui explore avec justesse et pudeur le processus de deuil. Loin d’être sombre ou déprimant, le film parvient à toucher durablement en se concentrant sur la manière dont la perte d’une personne aimée fait ressortir au final ce qu’il y a de plus beau en nous : l’amour.

Ses trois filles est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub et 13,49 € sans pub, un mois d'abonnement sans engagement.

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Une fiction coup de poing sur le drame des migrants

Publié le par Michel Monsay

Une fiction coup de poing sur le drame des migrants

Prix spécial du jury à la Mostra de Venise, le somptueux dix-huitième long métrage de la cinéaste polonaise Agneszka Holland pose un regard à la fois frontal et subtil sur la question migratoire. C’est peu dire que Green Border et sa réalisatrice, ont été violemment attaqués par les plus hauts dirigeants polonais ultra conservateurs à la sortie du film. Et comment ne pas évoquer les menaces de mort et autres insultes sur les réseaux sociaux. Ce n’est malheureusement pas la première fois que la cinéaste est prise à partie pour ses films. Agnieszka Holland, cinéaste de la quête d’identité et des abjections de l’Histoire (Europa, Europa, l’Ombre de Staline), raconte le voyage d’une famille d’immigrants syriens vers l'Europe. Les événements à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie ont commencé à la fin de l’été 2021 et, immédiatement, une zone dite de la mort s’est créée entre les deux pays, dans une forêt marécageuse interdite aux regards extérieurs. C’est là que des milliers de réfugiés désirant mettre un pied dans une Europe aux allures de forteresse ont été ballottés, rejetés, sacrifiés. Filmé dans un noir et blanc tout autant magnifique que funèbre, Green Border est l’œuvre bouleversante d’une réalisatrice révoltée qui, sans prendre de gants, décrit l’horreur et ausculte les dilemmes silencieux. D’une puissance narrative redoutable, l'éclatement des points de vue permet d’opérer une analyse structurelle, plus à froid et moins manipulatrice qu’une simple stratégie immersive nous mettant exclusivement à la place des victimes. A 75 ans, Agnieszka Holland n'a pas renoncé à dénoncer, avec les moyens du cinéma, les douloureux paradoxes de notre époque. Quand on se demande, ces temps-ci, ce que peut le cinéma dans ce monde perdu : réveiller la rage et la révolte si elle s’assoupissent.

Green border est à voir ici pour 4,99 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

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Émouvant amour maternel dans l'enfer de la guerre

Publié le par Michel Monsay

Émouvant amour maternel dans l'enfer de la guerre

Les aventures du jeune héros métis de Blitz sont frappées par la violence, la mort, la faim et le racisme, à mi-chemin entre les récits de Charles Dickens, des frères Grimm et Pinocchio, et elles le mènent à une conscience terrible de la cruauté du réel de Londres en septembre 1940. Dans un geste romanesque, le cinéaste anglais Steve McQueen, dont on avait adoré 12 years a slave, le confronte peu à peu aux mensonges des adultes, à la cruauté du monde qui l’entoure et finalement à une triste vérité, où son innocence d’enfant ne pourra rien face à l’horreur de la réalité. Et au film de gagner encore en force lors du déferlement chaotique touchant Londres, lorsque le jeune garçon est véritablement aspiré par une guerre intraitable dont il est une victime collatérale. Steve McQueen déploie toute l’envergure de sa mise en scène pour sublimer l’ensemble, notamment en reconstituant le Londres bombardé de 1940. Qu’il filme la rude bataille de pompiers pour éteindre un bâtiment en feu, l’inondation angoissante d’une bouche de métros, la chute stridente des bombes dans la Tamise ou filme l’ampleur des dégâts dans un magnifique plan aérien, le cinéaste offre un choc visuel absolu. Empruntant à tous les genres (le mélodrame, le film de guerre, le conte, le récit initiatique, le fantastique), il signe une fiction qui a le bon goût de ne ressembler qu'à elle-même. Inventif et virtuose au cœur de chaque plan, Steve McQueen met en scène dans le même geste de cinéma la calamité d'une époque et l'univers mental d'un enfant confronté au pire. En parallèle des tribulations du jeune garçon, le réalisateur fait aussi le portrait de sa mère et de ses amies, qui triment à l'usine, se serrent les coudes et vont danser le soir, la joie étant décuplée en temps de guerre. Un des talents les plus inattendus chez un cinéaste venu des arts plastiques est cette qualité de la direction d’acteur. Steve McQueen sait aussi bien utiliser les pouvoirs prodigieux de Saoirse Ronan, capter l’intensité de jeu du jeune Elliott Heffernan, qu’éveiller en Paul Weller une présence à l’écran, qu’on n’aurait pas soupçonnée chez l’ancien chanteur de The Jam et du Style Council. L'excellent Stephen Graham terrifiant en pilleur opportuniste ou un autre musicien, Benjamin Clementine, qui incarne avec un charisme étonnant un policier militaire venu du Nigeria, s’ajoutent à la cohorte des seconds rôles qui peuplent cette ville en feu dont le spectacle nous ramène inlassablement à la vie quotidienne de tant d’endroits sur Terre, au XXIe siècle.

Blitz est à voir ici sur Apple Tv+ pour 9,99 € un mois sans engagement ou en profitant de l'essai gratuit.

La bande-annonce ci-dessous est en vo, mais en regardant la série sur Apple Tv+ vous aurez les sous-titres en français.

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Thriller psychologique, cette minisérie très cinématographique se mue en un pur mélodrame

Publié le par Michel Monsay

Thriller psychologique, cette minisérie très cinématographique se mue en un pur mélodrame

Le grand cinéaste mexicain Alfonso Cuarón, de retour à la réalisation six ans après le magnifique Roma (Lion d’or 2018 à la Mostra de Venise), orchestre Disclaimer avec maîtrise et bouscule avec cette nouvelle œuvre hors norme les codes des séries, en s’appuyant sur un casting de haute volée : Cate Blanchett et Kevin Kline, grandioses en tête de ce jeu de massacre, mais aussi Lesley Manville, dans un rôle de mère inconsolable et amère ou encore Sacha Baron Cohen, aussi inattendu que crédible dans la peau du mari de l'héroïne, dévasté par les révélations sur son épouse, sans oublier Leila George, belle et talentueuse révélation de la série. Au-delà du thriller psychologique, qui joue sur la diversité des points de vue pour brouiller habilement les cartes, Disclaimer brasse des thèmes forts : les injonctions de bonne moralité faites aux femmes, l’aveuglement des parents sur leurs enfants et la difficulté parfois à nouer des liens, mais aussi les secrets et la confiance dans le couple. En point d’orgue, une révélation finale qui nous cueille et nous bouleverse. Cette minisérie est une remise en question fondamentale de la façon dont nos à priori nous gangrènent, voire nous rendent complices des maux du monde et en particulier ceux subis par les femmes. Disclaimer est une œuvre troublante, palpitante, provocatrice, imprévisible, qui nous enfonce dans un labyrinthe tortueux et torturé de fausses pistes en faux-semblants, à travers un récit vertigineux sur la fiction et notre position de spectateurs. Alfonso Cuarón insuffle sa patte tout en douceur, avec de longs plans sans coupure et en lumière naturelle, des scènes filmées avec une caméra à l’épaule. Là où d’autres seraient tombés dans la surenchère pour coller au thriller, le récit puise une pudeur bienvenue, le cinéaste capte les gestes, les sensations et les regards pour illustrer l’évolution des personnages. Chaque plan est minutieusement pensé, travaillé, du cadre aux déplacements, en passant par l’usage de la couleur. Plus qu’une série d’auteur, Disclaimer est une série de cinéaste, qui lorgne ouvertement du côté du septième art tout en célébrant la liberté d’écriture et l’ampleur du format sériel.

Disclaimer est à voir ici sur Apple Tv+ pour 9,99 € un mois sans engagement ou en profitant de l'essai gratuit.

La bande-annonce ci-dessous est en vo, mais en regardant la série sur Apple Tv+ vous aurez les sous-titres en français.

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