Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Une gaieté mélancolique dansante

Publié le par Michel Monsay

Une gaieté mélancolique dansante

Des mots choisis, une interprétation qui claque, l’amour pour unique sujet. Avec son troisième album, Eddy de Pretto s’impose et s’assume tel qu’il est : un chanteur sensible et cash dans un monde qui va mal. Un album souvent dansant, dont les douze chansons, acides ou insouciantes, surfent sur une musique R'n'B du meilleur effet. À 30 ans, le flamboyant auteur-compositeur-interprète, qui s'est imposé dans le paysage musical français en revendiquant haut et fort son homosexualité, chante désormais l'amour dans tous ses états, un changement de cap par rapport à ses deux premiers albums où il ouvre la porte en grand aux sentiments. Lui qui aurait pu ne pas se remettre de ce printemps 2021, où plusieurs centaines de cyberharceleurs, pour la plupart appartenant à des réseaux d’extrême droite et courageusement planqués derrière leurs ordinateurs, l’ont menacé de mort au prétexte qu’il avait chanté dans une église À quoi bon, l’un de ses plus beaux titres, écrit comme une adresse à Dieu. Onze d’entre eux ont été condamnés. Un dénouement qui lui a permis de tourner la page et de revenir plus créatif et combatif que jamais. Eddy de Pretto, qui n’a jamais dissimulé son homosexualité, veut en finir avec la haine et la pression qu’il s’était mise lui-même pour se rendre plus coriace qu’il ne l’était. Syncopes, tablas, tourbillons de flûtes ou violons indiens, voix souple et puissante, les douze chansons de cet album concis dessinent des portraits sentimentaux plus troubles, une crudité, une sensualité racontées avec moins d’évidence ou d’insistance que par le passé. Avec un sens aigu de la formule et des images qui marquent, Eddy de Pretto, que l'on avait découvert il y a six ans avec Cure et une étonnante collection de chansons qui avaient bousculé le paysage musical français, nous offre avec Crash cœur un disque emballant à la fois joyeux et lucide, ce qui n’a rien d’évident.

Voici quatre morceaux addictifs de Crash cœur :

Publié dans Disques

Partager cet article
Repost0

Impressionnant Charles Caudrelier

Publié le par Michel Monsay

Impressionnant Charles Caudrelier
Impressionnant Charles Caudrelier
Impressionnant Charles Caudrelier

Charles Caudrelier et son magnifique bateau Edmond de Rothschild viennent de remporter la première course autour du monde en solitaire disputée sur des trimaran géants, en 50 jours le lendemain de ses 50 ans. Déjà vainqueur de la Route du Rhum en 2022 et de la Transat Jacques-Vabre en 2021 (avec Franck Cammas) sur Maxi Edmond de Rothschild, Charles Caudrelier ajoute cette première édition de l'Arkéa Ultim Challenge à un palmarès déjà fourni. L'Arkéa Ultim Challenge est la première confrontation des géants des mers de la catégorie Ultim : des maxi-trimarans mesurant 32 mètres de long et 23 de large. Ce défi inédit autour du globe, Charles Caudrelier le préparait depuis trois ans. Le 7 janvier dernier à Brest, il était prêt, son trimaran aussi, tout en mesurant l'ampleur de la tâche qui l'attendait sur les 40 000 km du parcours. Il a dominé la course de la tête et des épaules, même si le jeune Tom Laperche (26 ans) lui a, un temps, tenu tête. Pendant dix jours, il s'est livré dans la descente de l'Atlantique à un duel d'une rare intensité et à très haute vitesse avec Tom Laperche. La course était partie sur un rythme de folie. Mais une violente collision du bateau SVR-Lazartigue avec un objet flottant non identifié coupait court aux espoirs du jeune skippeur contraint à l'abandon à Cape Town (Afrique du Sud). Charles Caudrelier, compétiteur très exigeant, malgré les conditions météorologiques difficiles rencontrées sur son parcours avec plusieurs tempêtes, a écrit une page de l’histoire de la navigation dont on se souviendra à la barre de son maxi Edmond-de-Rothschild. En effet, l’exploit réalisé est une rareté. Depuis Alain Colas en 1974, sept marins seulement ont bouclé un tour du monde en solitaire sur un trimaran, support bien plus fragile et risqué que les monocoques du Vendée Globe. Charles Caudrelier est donc le huitième, mais surtout le premier à boucler ce tour du monde lors d’une course contre d’autres adversaires, et pas des moindres, puisque le deuxième et le troisième, Thomas Coville et Armel le Cléac'h, attendus en fin de semaine, sont d'excellents marins en solitaire. On ne peut qu'âtre admiratif.

Impressionnant Charles Caudrelier
Impressionnant Charles Caudrelier

Publié dans Chroniques

Partager cet article
Repost0

Drôle, méchant, tendu, et finalement émouvant

Publié le par Michel Monsay

Drôle, méchant, tendu, et finalement émouvant

À chaque film, Quentin Dupieux, qui ne fait rien comme personne et enchaîne les projets sans s'arrêter, réinitialise son style, cherche ailleurs et propose une tout autre expérience que les précédentes. Yannick embarque le cinéaste du côté du réalisme social. Enfin, à sa manière, bien sûr. Inattendue, déroutante, joueuse et au fil de l'intrigue, assez touchante. Le film crée une tension, un malaise dont on ne sait jamais s’il va accoucher d’un gag ou d’un drame. C’est toute la force de Dupieux de réussir ainsi à faire tanguer son huis clos entre toutes les émotions. On rit mais soudain la phrase suivante glace. On s’inquiète et le plan d’après nous emmène ailleurs. Il offre surtout un rôle monstrueux à Raphaël Quenard, étonnant acteur gouailleur, à la diction traînante, gaucherie de sociopathe et regards d’enfant, avec sa façon d’être toujours au bord du pétage de plomb ou de la blessure profonde. Dès qu'il apparaît, plus moyen de lui échapper, ou d'échapper au sentiment de malaise qu'il est capable d'installer en deux regards agités et trois mots bruts de décoffrage. Il donne au film une profondeur sociale, une étrangeté rare qui sans cesse nous fait changer de place. Face à lui, Pio Marmaï en acteur narcissique un brin pathétique n'est pas en reste. Jamais le film ne jubile de son petit théâtre cruel, au contraire, il émerge de la situation et de ces personnages épuisés une tristesse infinie, une émotion qui surprend, déroute et révèle la part sombre et humaine du cinéma de Quentin Dupieux. On retrouve néanmoins le ton Dupieux, une appétence pour le bizarre, les inadaptés, les situations incongrues, l’humour potache et la transgression des règles de bienséance. Le cinéaste convoque une émotion non filtrée dont il est peu coutumier, et figure de façon limpide l'opposition entre mépris de classe et vanité du petit monde de la prétendue culture et sentiment d’abandon politique, d’être mal représenté, de ne pas être reconnu d'une partie de la population. Yannick est une sorte de mise en abyme acide et tendre, sans doute le meilleur film avec Au poste ! et Incroyable mais vrai de ce cinéaste si singulier à la précieuse irrévérence.

Yannick est à voir ici pour 4 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

Publié dans replay

Partager cet article
Repost0

Une nuit étoilée

Publié le par Michel Monsay

Une nuit étoilée

Aucune chanson n’avait réuni une telle pléiade de stars, et aucune ne s’y est risquée depuis. A l’approche du 40anniversaire de We Are the World, single caritatif qui devait s’écouler à plus de 20 millions d’exemplaires et récolter 63 millions de dollars après sa sortie, le 7 mars 1985, ce documentaire nous plonge au cœur de sa genèse et son enregistrement. The Greatest Night in Pop s’avère passionnant et évite généralement ce que laisse redouter son titre ronflant : l’exercice d’autocongratulation. Les 47 artistes, ainsi que les techniciens, qui ont enregistré ce 45 tour, donnèrent bénévolement le meilleur d'eux-mêmes avec acharnement durant toute une nuit jusqu'à l'aube, dirigés d'une main de fer par Quincy Jones. La nuit en question est celle du 28 janvier 1985, choisi par les initiateurs, dont Harry Belafonte, pour avoir le plus de monde sur place, vu que l'enregistrement a eu lieu après la cérémonie des American Music Awards à Los Angeles. Parmi les 47, il y avait Michael Jackson, Tina Turner, Bob Dylan, Bruce Springsteen, Stevie Wonder, Ray Charles, Lionel Ritchie, Paul Simon, Diana Ross, Huey Lewis, pour ne citer qu'eux. Quincy Jones, dans le rôle du stratège auquel il incombe de mettre en boîte un hymne en un temps record, en fin tacticien, demande à chaque superstar de « laisser son ego à l’extérieur », comme précisé sur une pancarte à l’entrée du studio. Calquée sur le Band Aid formé par Bob Geldof en Grande-Bretagne quelques mois plus tôt, l'initiative USA For Africa sera lancée en décembre 1984 par l'artiste engagé Harry Belafonte, horrifié par la vision des populations affamées lors d'un voyage en Éthiopie. Son objectif : réunir l'Olympe du micro pour enregistrer une chanson-tube au profit de la lutte contre la famine en Afrique subsaharienne. Qu’elle semble lointaine en 2024, cette nation américaine de 1985. Du moins celle qui fut donnée à voir lors de la parenthèse We Are the World. À l’heure où le communautarisme renvoie chacun à son périmètre identitaire aux États-Unis, We Are the World a montré comment des artistes noirs et blancs se donnaient alors la main pour une cause universelle : sauver des vies grâce à la musique. Ce documentaire, gavé d'archives sonores et visuelles, est rythmé par une succession de courtes séquences à classer au panthéon de l’histoire de la musique, comme la session solo de Michael Jackson et sa voix cristalline, la touchante séance d’autographes improvisée entre des artistes qui s’admirent, l’hommage a cappella à l’acteur-chanteur Harry Belafonte, initiateur de ce projet fou, ou encore ces plans sur Bob Dylan, tétanisé et incapable de sortir un son au milieu de ce grand raout, avant de retrouver finalement le sourire et son timbre grâce au soutien comique de Stevie Wonder, ou l'improvisation de Ray Charles au piano, et bien d'autres moments incroyables.

The greatest night in pop est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub ou 13,49 € sans pub, un mois sans engagement.

Publié dans replay

Partager cet article
Repost0

Magnifique moment suspendu

Publié le par Michel Monsay

Magnifique moment suspendu

L’entrée au Panthéon des résistants communistes Missak et Mélinée Manouchian a été célébrée ce mercredi, sous la pluie, et souillée par la présence du RN et un contexte politique révoltant. Seul le texte d’Aragon, sublimé par Arthur Teboul et Feu! Chatterton, leur a rendu un hommage digne et émouvant. Presque un mois après la promulgation de la loi immigration, loi scélérate qui introduit notamment le concept de préférence nationale, et dix jours après l’annonce par Darmanin de la fin du droit du sol à Mayotte, voilà que Missak Manouchian et ses compagnons d’armes allaient subir le dernier outrage à l’heure de leur héroïsation : la présence à la cérémonie de Marine Le Pen, présidente d’un parti fondé par des collaborateurs et d’anciens SS. La souillure et la honte. Et puis,… La nuit frissonnante, le vent par rafales, la pluie telle une froide caresse, et la voix d’Arthur Teboul s’élevant comme un poème entre les colonnes du Panthéon. « Adieu la peine et le plaisir, adieu les roses/Adieu la vie, adieu la lumière et le vent. » Le chanteur de Feu! Chatterton interprète L’Affiche rouge, écrit par Louis Aragon, longtemps chanté par Léo Ferré, et c’est une splendeur. Un moment suspendu où sensibilité, sobriété et intelligence convergent pour faire céder toutes les digues et déferler l’émotion. Rendre enfin aux « 20 et 3 étrangers et nos frères pourtant » les honneurs qui leur sont dus.

Publié dans Chroniques

Partager cet article
Repost0

Passionnant récit de la vie d'un antihéros au charme touchant et aux rêves perdus

Publié le par Michel Monsay

Passionnant récit de la vie d'un antihéros au charme touchant et aux rêves perdus

En brossant le portrait d’un homme désarmé par la dureté du monde, Ian McEwan met son existence en miroir. Le grand écrivain britannique signe un roman ample et sensible, traversé par l’histoire, hanté par la perte. Les sommets étaient déjà nombreux dans l’œuvre éclectique de Ian McEwan, avec Leçons il en ajoute un nouveau qui témoigne d’une faculté peu commune à s’illustrer dans un genre, puis dans un autre, avec une facilité et une réussite déconcertantes. Dans la veine d'un réalisme social et psychologique qui a fait sa réputation, et dans laquelle il excelle, on retrouve dans ce nouveau roman son incroyable sens du détail, ses phrases claires, sa manière d’ancrer ses personnages dans une époque et un décor. Le personnage central ­partage avec Ian McEwan nombre de caractéristiques biographiques : son année et son lieu de naissance 1948 à Aldershot dans le Hampshire, un père militaire qu’un poste emmena en Libye, un frère caché découvert à l’âge adulte… Ce qui impressionne notamment dans Leçons est la manière dont Ian McEwan organise la collision du passé, du présent et du futur, les glissements de l’un à l’autre, observant la manière dont fonctionne la mémoire et dont le protagoniste ne cesse de réévaluer ses souvenirs et d’évoluer. Le livre captive aussi par sa complexité, son ampleur et sa facture classique, par sa façon d’embrasser sans ellipses, sur près de huit décennies, le destin d’un individu et l’état du monde dans lequel il évolue. L’architecture romanesque brillante que bâtit Ian McEwan s’empare, à travers son personnage principal, et les personnages secondaires tout aussi bien brossés qui l’entourent, de la destinée collective d’une génération : celle des baby-boomers, épargnés par les convulsions de la première moitié du XXe siècle qui bouleversèrent voire fracassèrent les vies de leurs parents, alors qu'eux sont spectateurs et non plus acteurs des crises mondiales et n’en subissent que des retombées de poussière, comme celles de Tchernobyl. De sa belle prose limpide, intelligente et souple, le regard que porte le romancier sur ses personnages semble à la fois d’une impitoyable exactitude et plein de compassion. Il nous fait voyager dans les épaisseurs du temps, de l’après Seconde Guerre mondiale à la pandémie de COVID,  dans ce roman ambitieux au souffle impressionnant, qui raconte la grande épopée d’une vie faite de rêves abîmés, où l’intime se mêle magistralement à la grande Histoire.

Publié dans Livres

Partager cet article
Repost0

La nouvelle surdouée de la chanson française

Publié le par Michel Monsay

La nouvelle surdouée de la chanson française

Cela fait presque un an que je voulais partager ce sublime premier album de Zaho de Sagazan, et avec les quatre Victoires de la musique amplement méritées qu'elle vient de remporter, dont celui de l'album de l'année, en voici l'occasion. En effet, cette jeune chanteuse de 24 ans est incontestablement la révélation de la chanson française de ces dernières années, sans oublier aussi l'excellente Clara Ysé. En plus de son très beau timbre naturellement grave et atypique, Zaho de Sagazan se démarque par sa façon d’utiliser sa voix, qu'elle traite comme le premier de ses instruments. Avec ses textes dans une belle langue française, son chant se reconnaît d'abord à sa diction. La composition de ses morceaux est à la fois simple et terriblement efficace, des éléments assez classiques : un piano et de belles mélodies qui se fondent sur une trame pop, voire clairement électro, accompagnée d’un ensemble de claviers expressifs. Ce revêtement électronique parcourt tous les titres et donne sa couleur à l’album, un bleu nuit profond envoûtant. La jeune femme venue de Saint-Nazaire, dont le père Olivier est un plasticien reconnu, remue les âmes, passant d’un souffle du rire aux larmes, elle joue toute la gamme des émotions et affirme un talent hors normes. Zaho de Sagazan chante pour exorciser la mélancolie, la tristesse ou encore pointer le prédateur pervers-narcissique dans le titre "Les dormantes". Et dans cette vague post #MeToo, elle ouvre aussi  la brèche à la réconciliation avec le sexe masculin, dans "Les garçons". Chez Zaho de Sagazan, il y a un peu de Barbara, l'artiste fétiche de sa mère, mais aussi du Brel, du Depeche Mode et du Stromae. Une écriture à fleur de peau, une incarnation fascinante, le tout servi par une ambiance électro très bien sentie ou un piano voix remarquable. Rarement un premier album aura fait une telle unanimité, tant critique que publique, il suffit de l'écouter pour comprendre.

En voici quelques exemples :

Publié dans Disques

Partager cet article
Repost0

Le génial Preljocaj transcende les corps par la danse

Publié le par Michel Monsay

Le génial Preljocaj transcende les corps par la danse

« Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé ». Les mots de Groucho Marx résonnent parfaitement dans la bouche du chorégraphe Angelin Preljocaj. Après 50 créations qui ont révolutionné le monde de la danse, il a décidé que la prochaine serait écrite pour des séniors. Fin 2022, il a donc fait passer des annonces sur les réseaux sociaux à la recherche de danseurs amateurs de plus de 65 ans. Sa femme, la documentariste Valérie Müller a suivi cette entreprise artistique et humaine délicate. Son regard empathique, sa caméra tranquillement immersive enveloppent et soutiennent les confidences et les évolutions de ces danseurs tardifs, des auditions aux représentations. Entre les moments de doute, les blessures et les grandes joies, La force de l’âge permet aussi de déconstruire certaines idées reçues sur la vieillesse. Au départ, ils sont plus de trois cents à venir passer ce casting hors norme. Seuls huit d’entre eux seront sélectionnés, dont la plus jeune a 67 ans et la plus âgée 79. Ils ont le cœur qui bat. Certains ont déjà dansé, d'autres en ont toujours rêvé et se disent que ce pourrait être enfin l'occasion. Ce documentaire semble plus fort encore que la pièce elle-même, Birthday Party, dont la première eut lieu en février 2023, car on y voit les meilleurs moments de cette aventure, et le chemin pas si facile parcouru par tous ces interprètes courageux. Ils parlent sans détour de l’âge qui vient, de leurs désirs toujours vivaces mais aussi de leurs angoisses, avec sagesse ou inquiétude, et un bel appétit de vivre toujours. L'ambiance est belle dans les studios durant les répétitions. À un moment, Preljocaj passe un enregistrement de Simone de Beauvoir qui explique qu'on traite les vieux comme des parias, en les empêchant de travailler si bien qu'ils meurent d'ennui. Pas question pour le chorégraphe de montrer « des vieux qui dansent ». Son spectacle doit avant tout bousculer les spectateurs par la beauté et l'émotion de la danse. L’âge des interprètes, même s’il est au cœur de sa nouvelle création, n’étant finalement qu’un paramètre comme un autre. Pari réussi pour Preljocaj mais aussi pour Valérie Müller, à qui l'on doit aussi le documentaire Danser sa peine, cet autre ambitieux projet du chorégraphe qu'il a monté en 2019 avec des femmes incarcérées. En donnant la parole aux huit interprètes, dont l'ancienne chanteuse Elli Medeiros, et en filmant sans filtre leurs corps dansants et vieillissants, La force de l'âge porte un regard essentiel sur la vieillesse, que bien souvent, on ne veut ni voir ni entendre, et qui peut pourtant se révéler pleine de grâce.

La force de l'âge est à voir ici ou sur le replay de France Tv.

Publié dans replay

Partager cet article
Repost0

Impressionnante Julia Simon

Publié le par Michel Monsay

Impressionnante Julia Simon

Troisième médaille d'or en autant de courses lors des Championnats du monde de biathlon à Nove Mesto (République tchèque), Julia Simon a été impériale lors de l'épreuve de la poursuite hier, où elle a conservé son titre acquis l'an passé en Allemagne. Irrésistible avec sa technique de tir en rafale hyper rapide, Julia Simon a immédiatement mis la pression à toutes ses adversaires, et ne l'a pas relâchée durant les deux séances de tir couché et les deux de tir debout. Avec cette cinquième médaille d'or mondiale, elle est déjà dans l'histoire du biathlon français, et peut désormais tenter de passer devant Marie Dorin-Habert, également à cinq, qui était jusqu'à présent recordwoman de titres planétaires. Très appliquée en début de course, puis supersonique au moment de faire la différence, avant de revenir à un tir plus classique pour parachever son succès, Julia Simon a montré en une course tout le panel qu'elle possède carabine en main. Comme elle est loin d'être ridicule sur les skis, cela fait d'elle une adversaire intouchable en ce moment. Sur les 10 kilomètres de la poursuite dimanche, sous une pluie battante, celle qui avait déjà remporté le gros globe de cristal de la Coupe du monde 2023 a montré qu’elle était bien la meilleure biathlète de la planète.

Impressionnante Julia Simon
Impressionnante Julia Simon

Publié dans Chroniques

Partager cet article
Repost0

Thriller fascinant dans la tête d'un tueur à gages

Publié le par Michel Monsay

Thriller fascinant dans la tête d'un tueur à gages

David Fincher réussit un film subtil et troublant, où excelle Michael Fassbender en génie du crime insensible et compulsif. Avec la promesse d’efficacité de son titre, The killer prend quelque peu le spectateur à contre-courant en s'affirmant comme un film d’auteur, échappant à l’étiquetage facile, et volontiers plus complexe qu'il n'y paraît. Tour à tour reptile et félin, ce tueur sans nom est un enfant du Samouraï joué par Alain Delon pour Jean-Pierre Melville, du Killer hong-kongais de John Woo ou encore du driver que filmait Nicolas Winding Refn dans Drive. Autant de corps blindés, de cerveaux mécaniques, de pros pour qui l'expression d'une quelconque humanité ouvrirait une faille dangereuse. Lumière glacée, cadrages très précis, montage carré et sans écueil… la mise en scène de David Fincher épouse avec classe et sobriété l'esprit mathématique de son personnage, avec aussi une fascination pour le geste méthodique et la solitude monacale de son tueur. À pas silencieux, l'ange de la mort infiltre toutes les strates de notre société, et à travers cet ouvrier indépendant du crime, le cinéaste nous raconte le monde d'aujourd'hui et son rapport au travail, son film étant comme le témoignage fascinant de l'ubérisation du meurtre. Avec ce thriller épuré à l’efficacité redoutable, millimétré comme son personnage principal à la voix off introspective déroutante, adaptation d’une bande-dessinée française, on peut voir une sorte d'autoportrait de David Fincher, connu pour ses obsessions, sa précision et sa cérébralité.

The killer est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub ou 13,49 € sans pub, un mois sans engagement.

Publié dans replay

Partager cet article
Repost0

1 2 > >>