Une nuit étoilée

Publié le par Michel Monsay

Une nuit étoilée

Aucune chanson n’avait réuni une telle pléiade de stars, et aucune ne s’y est risquée depuis. A l’approche du 40anniversaire de We Are the World, single caritatif qui devait s’écouler à plus de 20 millions d’exemplaires et récolter 63 millions de dollars après sa sortie, le 7 mars 1985, ce documentaire nous plonge au cœur de sa genèse et son enregistrement. The Greatest Night in Pop s’avère passionnant et évite généralement ce que laisse redouter son titre ronflant : l’exercice d’autocongratulation. Les 47 artistes, ainsi que les techniciens, qui ont enregistré ce 45 tour, donnèrent bénévolement le meilleur d'eux-mêmes avec acharnement durant toute une nuit jusqu'à l'aube, dirigés d'une main de fer par Quincy Jones. La nuit en question est celle du 28 janvier 1985, choisi par les initiateurs, dont Harry Belafonte, pour avoir le plus de monde sur place, vu que l'enregistrement a eu lieu après la cérémonie des American Music Awards à Los Angeles. Parmi les 47, il y avait Michael Jackson, Tina Turner, Bob Dylan, Bruce Springsteen, Stevie Wonder, Ray Charles, Lionel Ritchie, Paul Simon, Diana Ross, Huey Lewis, pour ne citer qu'eux. Quincy Jones, dans le rôle du stratège auquel il incombe de mettre en boîte un hymne en un temps record, en fin tacticien, demande à chaque superstar de « laisser son ego à l’extérieur », comme précisé sur une pancarte à l’entrée du studio. Calquée sur le Band Aid formé par Bob Geldof en Grande-Bretagne quelques mois plus tôt, l'initiative USA For Africa sera lancée en décembre 1984 par l'artiste engagé Harry Belafonte, horrifié par la vision des populations affamées lors d'un voyage en Éthiopie. Son objectif : réunir l'Olympe du micro pour enregistrer une chanson-tube au profit de la lutte contre la famine en Afrique subsaharienne. Qu’elle semble lointaine en 2024, cette nation américaine de 1985. Du moins celle qui fut donnée à voir lors de la parenthèse We Are the World. À l’heure où le communautarisme renvoie chacun à son périmètre identitaire aux États-Unis, We Are the World a montré comment des artistes noirs et blancs se donnaient alors la main pour une cause universelle : sauver des vies grâce à la musique. Ce documentaire, gavé d'archives sonores et visuelles, est rythmé par une succession de courtes séquences à classer au panthéon de l’histoire de la musique, comme la session solo de Michael Jackson et sa voix cristalline, la touchante séance d’autographes improvisée entre des artistes qui s’admirent, l’hommage a cappella à l’acteur-chanteur Harry Belafonte, initiateur de ce projet fou, ou encore ces plans sur Bob Dylan, tétanisé et incapable de sortir un son au milieu de ce grand raout, avant de retrouver finalement le sourire et son timbre grâce au soutien comique de Stevie Wonder, ou l'improvisation de Ray Charles au piano, et bien d'autres moments incroyables.

The greatest night in pop est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub ou 13,49 € sans pub, un mois sans engagement.

Publié dans replay

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