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Darmanin organise le désordre et ne cesse de mentir

Publié le par Michel Monsay

Darmanin organise le désordre et ne cesse de mentir
Darmanin organise le désordre et ne cesse de mentir

Deux manifestants entre la vie et la mort. Près de deux cents blessés (dont quarante graves) côté participants, plus de quarante côté gendarmes. Tel est le bilan affolant de la manifestation de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, violemment réprimée samedi par les forces de l’ordre à coups de grenades assourdissantes et de désencerclement. Mardi 28 mars, Darmanin a décidé d’y ajouter une nouvelle strate, en déclarant vouloir dissoudre Les Soulèvements de la Terre, l’un des collectifs à l’origine de la mobilisation contre ce projet de mégabassine, aux côtés de la Confédération paysanne ou de Bassines non merci. Juridiquement complexe à mettre en place (Les Soulèvements n’étant pas une association mais un rassemblement de multiples fermes, collectifs, ONG, sections syndicales…), cette dissolution annoncée s’inscrit en tout cas dans la droite ligne de la politique affichée par le ministre de l’Intérieur : faire des militants écologistes des « éco-terroristes » et museler, par tous les moyens, les mouvements environnementaux. Et tandis que des champs en France se métamorphosent en scènes de guerre, les nappes phréatiques se vident, la sécheresse atteint des niveaux records. Les mégabassines, projets au service d’une agriculture intensive ultra vorace en eau, sont-elles la solution ? Telle est LA question vitale, essentielle, du partage de l’eau, que les militants de Sainte-Soline tentent de mettre au centre du débat… et que Darmanin fait tout pour escamoter. Parallèlement à cela, le soi-disant Plan Eau est la continuation de la fuite en avant car les principaux usagers de l’eau ne sont pas concernés ! Et le même jour, pour bien montrer qu’il ne veut rien changer à l’agriculture, le gouvernement revient sur une interdiction de pesticide cancérigène, très utilisé sur les cultures de maïs, le S-métolachlore, qui se décompose en sous-produits responsables d’une vaste pollution des nappes phréatiques françaises, comme il l'avait fait pour le glyphosate ! Rappeleons quand même que plusieurs projets de bassines ont été condamnées par la justice mais se construisent malgré tout. Au secours !

Publié dans Chroniques

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L'image comme geste politique contre l’oubli et l'injustice

Publié le par Michel Monsay

L'image comme geste politique contre l’oubli et l'injustice

Lion d'or à la Mostra de Venise, chose assez rare qu'un grand festival décerne sa plus haute récompense à un documentaire, Toute la beauté et le sang versé mêle le combat de l’artiste Nan Goldin contre la famille Sackler, responsable de la crise des opiacés aux États-Unis, au portrait sensible de cette grande photographe des marges. Il était presque inévitable qu'elles se croisent un jour. L’une, Laura Poitras, est une documentariste américaine engagée qui poursuit un travail critique sur l’Amérique post-11-Septembre. De l’occupation américaine en Irak à la surveillance de masse dévoilée par Edward Snowden, en passant par Guantanamo, sa trilogie – My Country, my Country (2006), The Oath (2010) et Citizenfour (2014), Oscar du meilleur documentaire, – dénonce la radicalisation sécuritaire de son pays, et lui a valu d’être placée sur une liste de surveillance antiterroriste par le FBI. L’autre est une artiste photographe mondialement connue, qui a fait de sa vie dans les marges la matière de son œuvre et la source de son activisme en faveur des invisibles de la société américaine. La cinéaste dresse un portrait foisonnant de Nan Goldin, figure essentielle de la scène américaine underground depuis la fin des années 1970. Avec la complicité de son modèle et avec une utilisation constamment inventive des images d'archives, Laura Poitras évoque une existence balisée par de nombreux excès et drames : drogue, prostitution, décès précoces de plusieurs proches balayés par le sida, suicide de sa sœur aînée en 1963 alors que Nan était âgée de 11 ans. Dépourvu de sensiblerie et d'apitoiement, le film ne se contente pas de retracer les grandes étapes d'une vie chaotique. Parallèlement le documentaire revient en détail sur le combat que mène depuis des années Nan Goldin avec le collectif PAIN contre la famille Sackler, propriétaire de la multinationale Purdue Pharma. Cette dernière est responsable de la commercialisation de médicaments antidouleur (dont l'OxyContin) qui ont provoqué des addictions en masse et le décès de 500 000 personnes. Or, le nom de la puissante dynastie Sackler est en tant que généreux mécène présent dans les musées du monde entier. Le film, admirablement construit, mêle plusieurs niveaux de récits allant de l’intime au politique et, à travers la trajectoire de cette artiste, donne à voir tout un autre pan de l’histoire de l’Amérique, notamment l'échec et le déni des politiques publiques en matière de santé, mais aussi les ravages du libéralisme préoccupé par le profit au détriment de la vie humaine.

Publié dans Films

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Au secours !

Publié le par Michel Monsay

Au secours !

En plus d'être totalement sourd à tout ce qui ne vient pas de lui, persuadé d'avoir raison seul et contre tous, le banquier qui nous dirige est, par son comportement depuis le début des contestations, la principale cause de la colère qui enfle dans le pays. Et maintenant il déplace le débat et ne voit que les violences lors des manifestations, s'en prend à la France Insoumise et s'érige en garant de l'ordre en étant aveugle aux violences policières. Arrestations arbitraires, violences disproportionnées, accusations d’agressions sexuelles… La brutalité du maintien de l’ordre français fait à nouveau la une, alors que la mobilisation contre la réforme des retraites et le passage en force du gouvernement s’intensifie et qu’une manifestation écologiste à Sainte-Soline contre des mégas bassines jugées pourtant illégales par la justice, dans les Deux-Sèvres, s’est terminée le 25 mars avec deux cents blessés, dont deux avec pronostic vital engagé. ONG et observateurs étrangers, dont le rapporteur de l’ONU sur les questions de libertés et le Conseil de l’Europe ou Amnesty International, s’alarment des violences policières dans les manifestations en France, documentées et condamnées depuis plusieurs années. Forcément avec Darmanin en Ministre de l'Intérieur, ça ne peut pas être autrement. Qui peut encore défendre Macron et sa clique qui, quel que soit le domaine favorise les puissants au détriment du peuple ? Vous pouvez vérifier, toutes les décisions prises depuis qu'il est au pouvoir vont dans ce sens. Le monde qu'il nous propose fait vraiment peur et sa manière de gouverner ouvre un boulevard à Le Pen !

Publié dans Chroniques

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Merveilleux hymne à la vie et à la liberté

Publié le par Michel Monsay

Merveilleux hymne à la vie et à la liberté

La vie, le douzième album d’Arthur H, est un disque-film, réalisé comme un travelling passant devant les différents stades de l’existence. Un passionnant voyage initiatique avec des chœurs et des cordes somptueuses qui nous emportent. C'est une réflexion philosophique sur la pulsion de vie et tout ce qui la met en péril : les écrans, les algorithmes, qui n’ont de rythme que la répétition. Ce magnifique album est aussi un voyage fantasmagorique qui se réécoute en boucle pour en savourer toutes les mélodies et les harmonies arrangées par l’excellent Nicolas Repac. Les mots poétiques d’Arthur H écrits avec sa compagne,  l'artiste plasticienne Léonore Mercier, laissent toute la place à l’imagination et à l’innocence. Depuis le début de sa carrière, il explore les styles d’un album à l’autre. Dans celui-ci il développe sa passion pour la musique classique et les musiques de films en déployant le vertigineux lyrisme de sa voix grave et cabossée. Ce disque d’Arthur H est un printemps de tous les instants. C’est la vie qui bat, comme une force qui ne lâche pas. Il la célèbre mais pas de façon béate, mais entière, avec ses tensions, ses incohérences, ses pulsions de mort, ses paradoxes. Avec ses chansons si particulières, sensibles et parfois spirituelles, Arthur H nous propose un univers épris de liberté et de vitalité, même dans celles qui décrivent les prisons du monde moderne : Addict et La folie du contrôle. Parce que notre société de consommation a pollué notre façon de rêver, de vivre, et d’aimer, il a écrit cette chanson Addict comme une injonction à retrouver notre liberté, et le bonheur simple d’apprécier la beauté de la vie. Secret, chanson forte et sombre, incontournable au milieu du disque, est l’évocation pudique de l’abus que son père, Jacques Higelin, disparu en 2018, a subi enfant. Orchestrations flamboyantes, poésie superbe, et cette voix reconnaissable entre toutes, à la Tom Waits, Arthur H nous offre un disque lumineux et d'une passionnante créativité.

En voici deux pépites :

Publié dans Disques

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Coup de théâtre en Terres australes

Publié le par Michel Monsay

Coup de théâtre en Terres australes

Un enseignant au cœur brisé s’embarque pour l’archipel des Kerguelen, le plus austral des territoires français, où sa vie sera bouleversée. Cet album transporte dans un ailleurs, géographique, temporel, mais également psychologique. Il souligne à quel point l’individu peut être perçu comme un grain de sable à broyer afin qu’il ne grippe pas une certaine mécanique. Installé depuis toujours à La Réunion, le scénariste de bande-dessinée Appollo connaît l’histoire de son île comme sa poche et en tire des albums incisifs et passionnants (La Grippe coloniale, Chroniques du léopard). Avec La Désolation, il quitte cette fois la douceur des tropiques pour une terre inconnue austère et hostile, biotope préservé et coupé du monde, qui abrite une importante faune sauvage. Si la première partie de l’histoire, fourmille de portraits vachards et de situations cocasses entre scientifiques et touristes de l'extrême, la seconde, elle, est totalement inattendue. Il est rare aujourd’hui qu’un scénario prenne autant ses lecteurs par surprise, qu’il les bouscule à ce point. Le dessin est au diapason du scénario, Christophe Gaultier se montrant aussi à l’aise dans les éléments à base documentaire que dans ceux de pure fiction. Il alterne grande précision et éléments esquissés, s’aventurant parfois sur le terrain du grotesque, rendant ainsi pleinement compte de la diversité des atmosphères, situations et enjeux. Épaulé par le dessin ténébreux de Christophe Gaultier, le scénario d’Appollo contracte avec jubilation les ressorts de la fable pour porter le fer dans la plaie béante des atteintes faites à la biodiversité, et interroger quant à la place de l’Homme sur la Terre, sa modernité envahissante et destructrice.

Coup de théâtre en Terres australes
Coup de théâtre en Terres australes
Coup de théâtre en Terres australes

Publié dans Livres

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Mascarade de justice et puissante charge anticolonialiste

Publié le par Michel Monsay

Mascarade de justice et puissante charge anticolonialiste

Hélier Cisterne, réalisateur de la série Le monde de demain et de plusieurs épisodes du Bureau des légendes, adapte un roman de Joseph Andras paru en 2016, qui relate un fait divers méconnu de la période des prémices de la guerre d’Algérie, en 1954. Au centre du récit, Fernand, un jeune Français installé en Algérie, militant communiste qui s’engage pour l’indépendance du pays, encore colonie française, et qui finit par être condamné pour avoir posé une bombe, impropre à faire la moindre victime, sur son lieu de travail. Ce personnage est interprété avec une belle sobriété par Vincent Lacoste, qui ajoute à sa froide détermination son éternelle lueur enfantine. Du contexte historique, le réalisateur n’évacue aucun sujet polémique, que ce soit la justice militaire aveugle et punitive, les arrestations arbitraires, les exécutions sommaires, et le rôle joué par François Mitterrand, à l’époque garde des Sceaux, dans la condamnation à mort du héros. En aplomb de cet aspect très documenté déjà passionnant en soi, le film propose une poignante histoire d’amour. Ce jeune Fernand tombe amoureux d’Hélène, lumineuse Vicky Krieps. Cette romance contraste avec la violence de la lutte. La double temporalité du film associant par flash-back la rencontre du couple et l’arrestation du militant met en évidence la dualité d’une trajectoire de vie. Le contraste est aussi celui d’un pays méditerranéen dont la lumière et la chaleur sont assombries par une violence inouïe. Le film oscille entre des postures ambivalentes, tiraillé entre passion et conviction, normalité et bravoure, fragilité et puissance. Fernand est une figure de la résistance presque malgré lui, il est surtout un modeste ouvrier au tempérament instinctif pris dans la tourmente d’une période peu ordinaire. Le film montre à quel point une guerre peut révéler les individus, leur donner une grandeur comme les détruire. Pour y parvenir, le cinéaste emploie le format 35 mm, et opte pour une mise en scène sobre et rigoureuse, qui rappelle le cinéma de Jean-Pierre Melville, privilégiant le déroulement précis des événements sans chercher à éclairer les zones d’ombre et sans s’encombrer des artifices de la reconstitution historique. En même temps qu’interroger la représentation d’une guerre, Hélier Cisterne pose un regard passionnant et singulier sur l’engagement et son impact sur l’intimité d’un couple.

De nos frères blessés est à voir ici pour 2,99 € en location.

Publié dans replay

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Un récit familial délicat et empreint de mélancolie

Publié le par Michel Monsay

Un récit familial délicat et empreint de mélancolie

Pour la France est basé sur un épisode intime douloureux de l'histoire familiale du réalisateur Rachid Hami : la mort de son petit frère, Jallal Hami, suite à l'organisation d'un bizutage imitant le débarquement de Provence dans des conditions extrêmes, à l'École militaire de Saint-Cyr, en octobre 2012. Le cinéaste est parti de ce drame pour signer une très belle fiction romanesque en forme d’odyssée familiale entre la France, l’Algérie et Taïwan, qui raconte l'histoire d'un jeune homme né en Algérie, musulman, banlieusard, français et patriote, qui après des études brillantes à Science-Po et TaiDa (Taiwan National University) s’est engagé à l’école militaire de Saint-Cyr où il a trouvé la mort par la faute de ses camarades. Le film n'est pas du tout ce que l'on aurait pu croire. Avec ce drame terrible que Rachid Hami a vécu, on pouvait s'attendre à un réquisitoire contre l'armée, à pointer les responsabilités, la lenteur de la justice. À l'inverse, le film sonne comme un champ d'honneur à son frère, comme pour lui rendre les honneurs qu'il n'a finalement jamais eus. Il se concentre sur des rapports sensibles, pudiques, un magnifique procédé sur la fraternité et sur ces lignes de tension qui traversent la famille depuis leur venue en France pour fuir la guerre civile en Algérie.  Il raconte aussi en filigrane un travail d'intégration, celle d'un soldat comme les autres, mais étant d'origine arabe, il voulait absolument faire mieux que les autres. C'est là que la vraie colère du film s'incarne, même si elle est sourde et tenue, elle nourrit constamment et subtilement la mise en scène et le scénario, qui visent à offrir une représentation juste de la famille française maghrébine, loin des clichés. Rachid Hami, qui semble avoir fait de la nuance son mot d'ordre, nous touche au cœur et à l'esprit avec l'histoire d'un amour fraternel compliqué, en dépeignant avec pudeur les relations souvent conflictuelles entre deux hommes à la fois infiniment proches et radicalement différents, parfaitement incarnés par Karim Leklou et Shaïn Boumedine, mais aussi par les autres acteurs, tous totalement investis dans leur personnage.

Publié dans Films

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Un drame puissant et vertigineux remarquablement filmé

Publié le par Michel Monsay

Un drame puissant et vertigineux remarquablement filmé

C’est un sujet inacceptable pour la Russie : l’homosexualité de Tchaïkovski y reste encore taboue. On ne s’étonne donc guère que Kirill Serebrennikov, le réalisateur de l'excellent Leto et metteur en scène de théâtre, dissident russe aujourd’hui exilé à Berlin, s’en soit emparé. Incroyable destin que celui de Kirill Serebrennikov. Un cocktail explosif à lui tout seul, à l'image de son cinéma. Père juif russe. Mère polono-ukrainienne. Né à Rostov-sur-le-Don (Russie), voici cinquante-trois ans. Ajoutez, avec le temps, physicien viré saltimbanque, artiste polymorphe (théâtre, cinéma, opéra), agitateur invétéré, homosexuel et démocrate revendiqué. Avec La Femme de Tchaïkovski, il décline la passion tragique d’Antonina Miliukova, pour le compositeur, homme froid et cupide qui, en l’épousant, cherche d’abord à étouffer les rumeurs. Cette femme passionnée, humiliée, rejetée est admirablement interprétée par Alyona Mikhailova, scandaleusement ignorée par le jury du Festival de Cannes, de même que le film. Choc esthétique, beauté du drame, Kirill Serebrennikov ravive avec raffinement une certaine idée de la décadence de la fin du XIXe siècle. Ce temps où l’on préférait se perdre plutôt que d’affronter la vérité. Le film se vit comme une longue descente aux enfers sentimentale et sociale que le réalisateur russe tisse plan après plan, tous d’une minutie visuelle prodigieuse. Des plans en plongée pour se noyer dans cette tragédie de l’intime, cette fable sur le mensonge. La virtuosité technique et le bouillonnement narratif sont en cohérence parfaite avec la destinée de l'héroïne. C’est à travers le regard de cette femme naïve et éperdue, aux prises avec ses sentiments brûlants pour le compositeur, que le cinéaste choisit de raconter cette histoire, rappelant en exergue du film l’archaïsme réservé à la condition féminine de l’époque. Kirill Serebrennikov rassemble ici les codes de sa filmographie et ses acquis du côté du théâtre et de l'opéra, pour proposer un dynamitage en règle de la biographie filmée. En se tenant du côté de son héroïne et en usant de plans-séquences splendides, Serebrennikov dépeint avec force les ravages de l’hypocrisie sociale et une Russie mortifère. La façon dont le cinéaste travaille le plan-séquence, un point commun aux gens qui viennent du théâtre comme Orson Welles, Max Ophuls… est passionnante et impressionnante. Le plan-séquence restitue l'ensemble de l'espace. Il englobe tout, et donne une fluidité à la scène. Tout se passe dans les mouvements de caméra qui ne sont jamais fragmentés, et c'est magistral. La femme de Tchaïkovsky est un film fiévreux, qui résume bien cette espèce de folie russe, son débordement dont on parle tout le temps et qui là, existe vraiment et nous fascine sous l'oeil de ce grand cinéaste.

Publié dans Films

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Délicieuse fable aux confins du réel et de l’imaginaire

Publié le par Michel Monsay

Délicieuse fable aux confins du réel et de l’imaginaire

Atelier Sento. Derrière ce nom qui rend hommage aux bains publics japonais, un tandem d’auteurs dessinateurs, Cécile Brun et Olivier Pichard. Après Onibi, leur récit de voyage dessiné, sorti en 2016, traduit au Japon et récompensé par le Prix international du manga, ces trentenaires passionnés de culture nippone récidivent avec La Fête des ombres. Dans cette bande dessinée en deux tomes, vivants et morts se côtoient au quotidien. Une histoire sensible et émouvante qui se déroule dans cette zone floue où, au Japon plus qu’ailleurs, la réalité se mêle à l’imaginaire. Les dessinateurs se sont beaucoup inspiré des histoires qui circulent dans la région de Niigata. Un pays de montagnes, dépeuplé, aussi rude que nimbé de mystère, où les rencontres sont souvent marquantes. Peinture délicate des sentiments, ce diptyque est également une belle évocation du Japon rural, rythmé par les saisons, loin des clichés habituels et du tourisme de masse. Le dessin est à la fois précis, riche en détails et jeté, plein de fraîcheur avec un trait semi-réaliste, fondé sur l’observation mais spontané, sans trop d’apprêt et coloré ensuite à l’aquarelle. Le style graphique des deux artistes d’Atelier Sento s’apparente aux dessins préparatoires des longs métrages d’animation japonais. Grand bol d’air et vrai bonheur de lecture, La Fête des ombres est un délicat petit bijou dont le récit est habilement structuré sur le cycle des saisons, tout en étant une réflexion intelligente et sensible sur le deuil et le souvenir de ceux qui sont partis.

Délicieuse fable aux confins du réel et de l’imaginaire

Publié dans Livres

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Une merveille de voix qui donne des frissons

Publié le par Michel Monsay

Une merveille de voix qui donne des frissons

La chanteuse américaine Sarah McCoy a le don de raconter son histoire avec une voix incroyable, en équilibre entre puissance et délicatesse, pour laisser entendre ses douloureuses fêlures, et ses victoires flamboyantes aussi. Auteure, compositrice, pianiste et interprète, elle s’impose depuis quelques années comme l’une des plus belles voix actuelles, qui s'exprime avec une aisance folle sur un beau mélange de blues, jazz, soul, pop et électro. C’est au volant de sa voiture que Sarah McCoy découvre sa voix. Dès l’âge de 16 ans elle parcourt alors les États-Unis d’Est en Ouest et chante à tue-tête pour ne pas s’endormir au volant. Puis elle pose valises et guitare à la Nouvelles-Orléans pendant 5 ans. Elle y est artiste en résidence au piano-bar The Spotted Cat, une expérience qui l’amène à de nombreuses rencontres musicales et lui offre totale liberté artistique. C’est là qu’elle est repérée par Bruno Moynié. Le documentaliste lui ouvre les portes de la scène française et elle commence à tourner dans l’hexagone dès 2014. Charmée, elle s’installe 3 ans plus tard à Paris. En 2019 elle fait paraitre son 1er album, Blood Siren, plébiscitée par la presse française qui évoque, excusez du peu, Billie Holliday, Nina Simone ou encore Amy Winehouse. Le second disque, High Priestess, sorti il y a deux mois, est un concentré d'émotions brutes, qui poursuit un virage pop amorcé sous la houlette du producteur Renaud Letang (Feist, Keren Ann, Charlotte Gainsbourg…) et du pianiste Chilly Gonzales. Le son est cette fois plus électro, mais les effets sont bien dosés et le profond feeling demeure, y compris sur sa première chanson écrite en français (La Fenêtre), où elle met à nu son cœur brisé, dans une économie de mots et une ambiance envoûtante. Et puis chez Sarah McCoy, il y a le combat intérieur, la volonté de s’affirmer, de se solidifier. La chanson Sorry for you traduit cette manie que l’on a de s’excuser à tout bout de champ, alors qu’il n’y a aucune raison. Le message est simple : on ne devrait jamais demander pardon d’être différent, d’avoir des rondeurs, ou simplement d’être une femme. Artiste accomplie au look extravagant et à la magnifique voix, Sarah McCoy porte des chansons gorgées de vie avec une conviction viscérale. Dans ce superbe album, elle mêle habilement des sonorités électroniques à différents registres musicaux, pour nous offrir des morceaux de blues sombres à nous donner des frissons, un jazz coloré qui donne allègrement la bougeotte, ou une soul profonde et intense qui nous bouleverse.

Ci-dessous, un extrait de l'album High Priestess dans un clip tourné en partie dans le décor lunaire du Lac Yesa en Espagne.

Publié dans Disques

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