Délicieuse fable aux confins du réel et de l’imaginaire

Publié le par Michel Monsay

Délicieuse fable aux confins du réel et de l’imaginaire

Atelier Sento. Derrière ce nom qui rend hommage aux bains publics japonais, un tandem d’auteurs dessinateurs, Cécile Brun et Olivier Pichard. Après Onibi, leur récit de voyage dessiné, sorti en 2016, traduit au Japon et récompensé par le Prix international du manga, ces trentenaires passionnés de culture nippone récidivent avec La Fête des ombres. Dans cette bande dessinée en deux tomes, vivants et morts se côtoient au quotidien. Une histoire sensible et émouvante qui se déroule dans cette zone floue où, au Japon plus qu’ailleurs, la réalité se mêle à l’imaginaire. Les dessinateurs se sont beaucoup inspiré des histoires qui circulent dans la région de Niigata. Un pays de montagnes, dépeuplé, aussi rude que nimbé de mystère, où les rencontres sont souvent marquantes. Peinture délicate des sentiments, ce diptyque est également une belle évocation du Japon rural, rythmé par les saisons, loin des clichés habituels et du tourisme de masse. Le dessin est à la fois précis, riche en détails et jeté, plein de fraîcheur avec un trait semi-réaliste, fondé sur l’observation mais spontané, sans trop d’apprêt et coloré ensuite à l’aquarelle. Le style graphique des deux artistes d’Atelier Sento s’apparente aux dessins préparatoires des longs métrages d’animation japonais. Grand bol d’air et vrai bonheur de lecture, La Fête des ombres est un délicat petit bijou dont le récit est habilement structuré sur le cycle des saisons, tout en étant une réflexion intelligente et sensible sur le deuil et le souvenir de ceux qui sont partis.

Délicieuse fable aux confins du réel et de l’imaginaire

Publié dans Livres

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