Emouvant documentaire sur une passion amoureuse
Cette histoire d'amour, qui a fait coulé beaucoup d'encre, est raconté dans ce très beau documentaire à travers des extraits de la riche correspondance que François Mitterrand et Anne Pingeot ont entretenue. La plume de l'ancien chef de l’État est magnifique, poétique, puissamment littéraire, et c'est l'excellent Didier Sandre qui lit en voix off ces lettres enflammées. Durant les trente années de leur passion amoureuse restée dans l'ombre et qui ne s'est quasiment pas altérée jusqu'au dernier souffle du Président, ils s'échangeront 1200 lettres. Profondément romanesque, cette histoire est illustrée également par le journal intime qu'a écrit François Mitterrand, ainsi de nombreuses photos et bien évidemment des images d'archive, aucune interview ne venant rompre le charme du récit. Le sphinx, comme certains l'appelaient, apparaît ici sous un angle complètement différent de celui qu'il montrait en public et dans ses fonctions, et l'on ne peut qu'être touché par cet homme amoureux qui se livre intensément. Tout le matériau épistolaire et le journal intime, dont ce passionnant documentaire s'est nourri, va être remis par Anne Pingeot à la Bibliothèque nationale.
Le documentaire est à voir ici ou sur l’application FranceTv de votre télévision.
Portrait sans concession et d'une grand beauté d'un génie
L’ambition d’Andreï Konchalovsky pour concevoir Michel-Ange est immense : comment élucider les tourments d’un artiste hors du commun, dont l’art sublime a perduré jusqu’à nous ? Avec ce vingt-quatrième long-métrage, le cinéaste russe inclassable de 83 ans, qui travailla longtemps avec Andreï Tarkowski et fut proche de Pier Paolo Pasolini, offre une réponse personnelle, une vision spectaculaire, dont la beauté est omniprésente. S’entourant d’historiens spécialistes de la Renaissance, huit années auront été nécessaires à la réalisation de ce film, dont le spectateur découvre, dès les premières images, le très haut niveau d’exigence. La reconstitution historique est en premier lieu renversante. Chaque plan ressuscite la magie de la Toscane d’alors, telle une succession de tableaux vivants invitant à la contemplation. Le film puise dans le néoréalisme italien pour retranscrire au plus juste l’essence et l’authenticité du peuple italien de la Renaissance à travers le parcours fiévreux de Michel-Ange, le cinéaste faisant de cet artiste virtuose, un être pauvre et crasseux. Sa violence est à la mesure de sa sensibilité, de sa fougue créatrice et de son opportunisme. Alberto Testone, choisi par le cinéaste pour sa ressemblance stupéfiante avec le maître, lui confère une présence impressionnante, un visage émacié et un regard profond, souvent halluciné. Loin du biopic traditionnel, ce très beau film excelle dans une mise en scène dépouillée et minimaliste, mis à part quelques séquences d'anthologie, et la photographie semble elle-même issue des œuvres picturales de l’époque.
Une belle exposition dans un lieu idyllique
Le savoir-faire de Paul Durand-Ruel était de dénicher de jeunes talents et de promouvoir leurs œuvres dans les plus grandes galeries d'art du XIXe siècle. C'est en partie grâce à lui que le mouvement impressionniste a pu être reconnu et apprécié. En revanche, on ignore généralement qu’il a apporté le même soutien indéfectible à cinq peintres de la génération post-impressionniste : Henri Moret, Maxime Maufra, Gustave Loiseau, Georges d’Espagnat et Albert André. Le propos de l’exposition est de réparer cette injustice, en présentant des toiles très rarement exposées, mais révélatrices du grand art de ces peintres. La propriété Caillebotte a donc décidé de rendre hommage à ce marchand d'art au flair incomparable, en organisant cette exposition, à découvrir du 19 mai au 24 octobre 2021. L'autre plaisir à se rendre à la propriété Caillebotte à Yerres est le très beau parc de 11 hectares dans lequel on peut se promener, et cerise sur le gâteau, un jardin potager de rêve avec toutes sortes de légumes, plantes, herbes aromatiques et fleurs.
Voici quelques photos de l'exposition, du parc et du potager :
Une fantaisie tendre et caustique quelque peu désenchantée
On avait beaucoup aimé "Au revoir là-haut" et "Neuf mois ferme", voilà pourquoi on attendait avec impatience le nouveau film d'Albert Dupontel, mais la crise sanitaire a interrompu sa carrière une semaine après sa sortie le 21 octobre dernier. Entre-temps, "Adieu les cons" a été plébiscité aux Césars où il en a récolté sept, dont celui du meilleur film et meilleur réalisateur, mais aussi celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Nicolas Marié, le fidèle complice de Dupontel, qui est une fois de plus irrésistible. Avec la réouverture des cinémas, heureusement que les distributeurs et exploitants ont trouvé un accord pour donner une deuxième chance à tous les films stoppés à cause de la pandémie, et ce malgré tous ceux qui attendent pour sortir. Le cinéma de Dupontel s'est adouci en comparaison de ses premiers films, il est moins trash et beaucoup plus maîtrisé, et c'est tant mieux, tout en gardant des moments de folie dignes d'un dessin animé, et des savoureuses trouvailles visuelles. Dans un mélange de désenchantement et de romantisme, ce joli film nous offre autant de scènes hilarantes que d'autres toutes en émotion. Le cinéaste se sert de l'absurdité et de la déshumanisation de notre société pour élaborer le cadre de son film, dans lequel il plonge trois personnages victimes d'injustice sous différentes formes. Les comédiens sont tous excellents quel que soit le registre dans lequel ils interviennent, et nous entraînent dans cette cavale haletante sous forme de tragédie burlesque que l'on suit avec enthousiasme entre rire et larmes.
Splendeur de la civilisation égyptienne
Parmi les sarcophages et les grands sphinx du département des Antiquités égyptiennes du Louvre se cachent de nombreuses pépites de plus petit format. Comme cet éblouissant pendentif au nom du roi Osorkon II de 9 centimètres de haut en or plein, lapis-lazuli et incrustations de verre rouge. Entouré de son épouse Isis et de son fils Horus à tête de faucon, le dieu Osiris siège au centre de cette amulette destinée à protéger le pharaon Osorkon II. Une merveille d’orfèvrerie, ciselée il y a près de trois mille ans !
La flamboyance intacte de Sylvain Tesson
Menée par Daphné Roulier, cette interview de trente minutes est franche, directe et dense. Le dispositif lui-même dans la pénombre est d'une sobriété quasi monacale, et Sylvain Tesson se montre tout à la fois touchant, lucide, maniant l'humour et les aphorismes avec talent pour évoquer sa résilience.