Conseil cinéma
Cet artiste protéiforme, romans, théâtre, mise en scène d'opéras et surtout son travail que l'on connaît le plus depuis une bonne dizaine d'années, cinéaste, nous offre ici son plus beau film, qui oscille subtilement entre légère et gravité. A 48 ans, Christophe Honoré revisite avec une grâce infinie les années 1990, où le sida continue de tuer inexorablement, en filmant une autobiographie imaginaire qui a pour décor sa Bretagne natale et Paris. Les comédiens sont remarquables de justesse, de sobriété, ils sont tout à la fois poignants et ne se départissent jamais d'un humour qui évite tout pathos en servant intensément des dialogues admirables. On a du mal à comprendre son absence au palmarès cannois, peut-être le souvenir trop proche de 120 battements par minute, Grand prix l'an dernier, pourtant le film de Christophe Honoré est très différent et en tout état de cause n'a pas besoin de récompense pour nous marquer durablement.
Conseil cinéma
Écrivain et réalisateur de 40 ans, Xabi Molia signe un troisième long-métrage qui trouve un équilibre délicat entre comédie sociale et une certaine noirceur, pour traiter de précarité, de petites arnaques et larcins dérisoires et pathétiques d'un père de famille, qui essaie d'entraîner son fils dans ses combines afin d'éviter à la famille d'être expulsée. Kad Merad et Kacey Mottet Klein qui interprètent le père et le fils sont tous deux remarquables chacun dans son registre, l'un dans un rôle de loser tout en anxiété intérieure prodiguant un amour paternel toxique, l'autre plein de fraîcheur, nourrit le rêve de devenir acteur et cherche à s'émanciper de ce père envahissant. Autour de ces personnages attachants malgré leurs défauts, filmés avec une caméra mobile pour les suivre au plus près, le cinéaste nous offre une jolie comédie douce amère, sur un sujet sensible, loin des comédies abêtissantes qui inondent trop souvent les écrans.
Conseil cinéma
C'est le premier film de ce réalisateur japonais de 39 ans qui nous arrive en France, et le moins que l'on puisse dire est que le format en est très original puisqu'il est composé de cinq parties et que sa sortie est échelonnée sur trois semaines. Au-delà de cette curiosité, les parties 1 & 2 sont regroupées dans un seul film d'une grande beauté, dès à présent sur les écrans, qui dépeint avec sensibilité et lucidité quatre femmes japonaises entre émancipation et tradition voire archaïsme dans le rapport avec les hommes. Cette plongée passionnante dans le Japon contemporain lève le voile sur ce qui se cache derrière l'apparence plus ou moins lisse de ces quatre femmes, en les amenant à révéler peu à peu leur intériorité, leurs souffrances, leurs doutes. Une très belle découverte qui peut faire penser à un mélange de Cassavetes et Ozu.