Chambre 212
Il y a un peu plus d'un an, nous avions été enchanté et bouleversé par "Plaire, aimer et courir vite", mais le cinéaste n'est pas le genre à s'endormir sur ses lauriers. A 49 ans, Christophe Honoré multiplie les projets de mise en scène de théâtre, d'opéra et poursuit une filmographie dense et profondément originale qui le place dans la catégorie de ceux dont on attend avec impatience la prochaine création. Sur fond de comédie vaudevillesque, il nous offre cette fois un conte sur le mariage, l'infidélité, le temps qui passe et les ravages qu'il induit, les frustrations et les regrets enfouis, avec une délicieuse légèreté qui par moments glisse sur des accents plus sombres. Son scénario et sa mise en scène théâtrale peut faire penser à du Bertrand Blier des grands jours ou du Alain Resnais, à travers un savant mélange d'absurde et de rêve qu'il rehausse d'une dose de magie et de poésie dans un tourbillon émotionnel. Pour que ce facétieux pas de côté sur la réalité nous entraîne dans son sillage, il fallait des dialogues savoureux, corrosifs et des comédiens irréprochables. Pari gagné sur toute la ligne, avec à sa tête une Chiara Mastroianni étincelante de liberté, de malice en Dom Juan féminine. Pour habiller l'ensemble comme souvent chez Christophe Honoré, la musique est très bien choisie, et l'on ressort de ce film d'une merveilleuse inventivité à la fois le cœur léger tout en ayant l'impression d'avoir explorer en finesse tous les méandres de la vie d'un couple.