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Remarquable comédie amère sur la filiation

Publié le par Michel Monsay

Remarquable comédie amère sur la filiation

Le troisième long-métrage de cette réalisatrice allemande de 40 ans a suscité une rare unanimité de la presse lors du dernier festival de Cannes, et les américains s’apprêtent à en tourner un remake avec Jack Nicholson. Il faut dire que ce film est unique, il est un savant mélange de burlesque décalé, d’émotion contenue, de charge politique et sociale, avec en son cœur un amour filial difficile entre un père et sa fille, contrarié par une incompréhension autant générationnelle que due à une société néolibérale aliénante. La cinéaste installe le spectateur sur la même ligne de doute que les personnages, jouant ainsi sur la gêne que provoquent de nombreuses situations avec les facéties sans limites du père. Très exigeante, elle soigne les moindres détails pour être le plus réaliste possible et pouvoir se permettre des digressions fantaisistes. Sa caméra capte merveilleusement les non-dits sur les visages de ces excellents comédiens, notamment les deux principaux dont le jeu tout en nuances permet à leurs personnages de laisser transparaître des fêlures derrière la façade. Un homme d'une soixantaine d'années fait croire au facteur lui apportant un colis qu'il est destiné à son frère, et comme celui-ci sort de prison le paquet serait peut-être piégé ou contiendrait des objets érotiques. Toni, le soi-disant frère qui en réalité est le même homme affublé d'une perruque hirsute et d'un dentier ridicule, et que l'on va retrouver régulièrement tout au long du film, vient récupérer le colis et avoue à la fin au facteur la supercherie avec bonhommie en lui donnant un billet. On comprend vite que cet homme adore faire des blagues à longueur de temps, même si parfois elles peuvent avoir un but moins potache notamment avec sa fille, redoutable femme d'affaires travaillant pour un grand cabinet de conseil. Totalement imprévisible, ce film dérange, émeut, nous fait rire même si parfois le malaise n’est pas loin, questionne le sens de la vie, la définition du bonheur, et impressionne par son audace tant sur le fond que sur la forme. 

 

Toni Erdmann - Un film de Maren Ade avec Peter Simonischek, Sandra Hüller, ... - Blaq Out - 1 DVD : 19,99 €.

Publié dans DVD

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Une étoile est née

Publié le par Michel Monsay

Une étoile est née

Elle est incontestablement la révélation de ces derniers mois, que les spécialistes avaient découverts par le biais d'un mini-album en 2016. Avec la sortie de son premier véritable disque fin janvier, tout le monde en parle et c'est amplement mérité tant cette jeune ardennaise de 25 ans a un talent fou. Sa pop électronique qui rappelle les années 1980 a bien plus de charpente que ce qui se faisait à l'époque, mis à part quelques exceptions. Elle ose des chemins plus tortueux sans ne jamais oublier une séduction mélodique qui nous envoûte au fil des écoutes. Les synthés très présents contribuent autant à créer des ambiances mystérieuses que des tempos dansants. Ils permettent à Fishbach d'élaborer un univers singulier, qui n'a rien à voir avec ceux beaucoup plus creux de certains de ses collègues qui ont voulu se réapproprier ces sons des années 1980. La jeune artiste, au-delà de ses qualités de compositrice, a aussi pour elle une incroyable voix androgyne venue d'ailleurs, qu'elle emmène autant dans les aigus que dans les graves avec puissance ou douceur selon les morceaux. L'autre composante de ce talent hors-normes réside dans la qualité d'écriture de ses textes, d'une beauté sombre, qui fascinent par leur inventivité, les mots de Fishbach ne ressemblant à aucun autre auteur. La mort et l'au-delà sous différents angles apparaissent régulièrement tout au long des douze chansons, sans que l'on ne sente une morbidité malsaine mais plutôt quelque chose de naturel. Il faut dire qu'avec un oncle et une partie de sa famille dans les pompes funèbres ainsi qu'une mère aide-soignante en gériatrie, Fishbach a grandi dans un contexte qui rappelle la série Six feet under. Pour son étrangeté de prime-abord, ce superbe album nécessite plusieurs écoutes afin d'en apprécier toutes les richesses et laisser les frissons nous parcourir, après il devient impossible de s'en passer.

 

 

Fishbach - A ta merci - Les disques Enterprise - 1 CD : 13,99 €

Publié dans Disques

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Une jeune femme face au poids des traditions

Publié le par Michel Monsay

Une jeune femme face au poids des traditions

Dès les premières images de ce film très puissant, on est littéralement envoûté par la présence, le regard et le jeu de Lina El Arabi, la jeune comédienne française qui tient le rôle principal. Avec un mélange de fraîcheur, de fragilité et de force, elle crève l'écran au fil des événements que son personnage doit affronter. Découverte il y a un dans un excellent téléfilm sur la radicalisation, "Ne m'abandonne pas", elle confirme être l'une des plus belles révélations de ces dernières années. Ce troisième film d'un réalisateur belge de 52 ans, qui a été journaliste, est un moment de cinéma bouleversant qui met un coup de projecteur sur la difficulté à s'épanouir pour les jeunes issus de culture mixte. Le cinéaste réussit à la fois tant sur le fond, avec une œuvre marquante sur le respect des traditions venues d'ailleurs au sein d'une société occidentale, que sur la forme en ne négligeant pas l'aspect artistique de son film. Cela se ressent à la fois dans sa manière délicate de traiter le sujet en étant irréprochable sur la réalité de la culture pakistanaise, mais aussi dans sa mise en scène sobre, juste et poignante, et dans la très belle lumière qui éclaire cette histoire. Le film démarre par un plan fixe sur une jeune fille de 18 ans belgo-pakistanaise qui interroge une gynécologue, dont on entend les réponses sans la voir, sur les modalités d'un avortement. Son visage reflète merveilleusement l'anxiété et l'indécision qu'engendre cet acte voulu par sa famille pour sauver l'honneur. Il y a de l'amour entre les différents membres de cette famille, mais qu'adviendra-t-il si les parents exigent un mariage forcé dans les pures traditions pakistanaises pour leur fille cadette ? Un réalisateur et des acteurs peu connus, excepté Olivier Gourmet, un sujet difficile, et pourtant il est fort à parier que ce film va faire parler de lui et que le bouche à oreille va générer un de ces miracles que le cinéma nous offre encore, loin des grosses productions commerciales dont nous sommes envahis.

 

 

Noces - Un film de Stephan Streker avec Lina El Arabi, Sébastien Houbani, Babak Karimi, ...

Publié dans Films

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Palmarès 2016

Publié le par Michel Monsay

Palmarès 2016

Comme chaque année, je dresse un bilan de mes publications pour le plaisir de retirer le meilleur de l'année écoulée et s'y replonger le temps d'une lecture, d'une écoute ou d'un visionnage, mais aussi pour ceux qui n'auraient pas encore ressenti le bonheur de goûter à ces chefs-d’œuvres et à ces très belles rencontres, voici mes favoris de 2016, par rubrique et avec le lien vers l'article, sur lequel il suffit de cliquer :

 

Meilleur film 2016 : Frantz

http://michelmonsay.over-blog.com/2016/09/un-melodrame-puissant-et-d-une-emouvante-beaute.html 

 

Meilleur DVD 2016 : The assassin

http://michelmonsay.over-blog.com/2016/09/a-ce-niveau-le-cinema-est-un-art-majeur.html

 

Meilleur Disque 2016 : Get Well Soon

http://michelmonsay.over-blog.com/2016/03/la-pop-magnifique-d-un-multi-instrumentiste-a-la-voix-de-velours.html 

 

Meilleur roman 2016 : Au commencement du septième jour

http://michelmonsay.over-blog.com/2016/11/l-effondrement-des-certitudes.html

 

Plus belle rencontre 2016 pour un portrait : Erik Orsenna

http://michelmonsay.over-blog.com/2016/01/le-voyageur-immortel.html 

 

Plus belle rencontre 2016 pour une interview politique ou sociétale : Christophe Deloire

http://michelmonsay.over-blog.com/2017/01/la-liberte-de-la-presse-est-celle-qui-permet-de-verifier-l-existence-de-toutes-les-autres.html

 

Photo la plus appréciée par les lecteurs en 2016 : L'océan en noir et blanc

http://michelmonsay.over-blog.com/2016/02/l-ocean-en-noir-et-blanc.html

 

 

 

Publié dans Palmarès

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Interview d'Emmanuel Macron sur l'agriculture et la ruralité

Publié le par Michel Monsay

Interview d'Emmanuel Macron sur l'agriculture et la ruralité

Après avoir été Secrétaire général adjoint de l'Elysée puis Ministre de l'économie, Emmanuel Macron a fondé le mouvement En Marche en avril 2016, et se présente à 39 ans à l'élection présidentielle en dehors des partis traditionnels.

 

Quelles sont vos propositions pour que l’agriculture et l’agroalimentaire redeviennent un enjeu stratégique au niveau français et européen ?

L’agriculture est une question vitale : l’alimentation, l’environnement, la vie de nos territoires en dépendent. C’est aussi le travail de millions de Français et un secteur économique stratégique : sans paysans, il n’y a pas de pays. J’agirai au niveau européen pour une politique commune vis-à-vis de l’Amérique et de l’Asie quant à nos échanges commerciaux. J’imposerai que les démarches administratives soient simplifiées avec une administration facilitatrice. Je veux que le budget de la PAC soit préservé, mais que son fonctionnement soit profondément rénové. Concrètement, je veux la simplifier pour que les agriculteurs passent moins de temps à remplir leur formulaire télépac. Elle doit aussi permettre de mieux répondre à la volatilité des prix ou aux mécanismes de verdissement, avec une règle simple : un peu plus d’aides quand cela va mal et un peu moins d’aides quand cela va bien.

 

Aujourd’hui l’agriculteur n’est pas correctement rémunéré dans la chaîne de production et sa situation est très fragile. Que proposez-vous pour une répartition plus équitable de la valeur afin que les paysans continuent de vivre dignement de leur métier ?

Ce que je veux, c’est permettre aux agriculteurs de vivre non pas des aides publiques, mais de leur travail. Et pour cela, nous devons leur garantir des prix qui rémunèrent. Depuis 30 ans, les prix agricoles ont à peine bougé : c’est inacceptable. Face à la libéralisation des échanges, à l’augmentation de la productivité agricole, à la transformation de la grande distribution, il est grand temps de réagir. Pour que les prix rémunèrent, il faut agir en trois sens. D’abord, il faut renforcer le pouvoir de négociation des agriculteurs face aux industriels et à la grande distribution. La création d’associations d’organisations de producteurs aux pouvoirs accrus devra être simplifiée et encouragée. Et lorsqu’une association d’organisations de producteurs existera, je veux que l’industriel ou la centrale d’achat soit dans l’obligation de négocier directement avec elle.

Pour que les prix rémunèrent, il faut aussi monter en gamme. Voilà pourquoi je lancerai un plan d’investissement massif pour l’agriculture et un système de paiement pour services environnementaux : il représentera deux cents millions d’euros par an à destination des agriculteurs. Il faut enfin que les consommateurs s’engagent. La réglementation doit les y inciter, en particulier en matière d’étiquetage. Autre mesure, qui me tient particulièrement à cœur parce qu’elle a été pensée d’abord pour les agriculteurs : le « droit à l’erreur ». Si une norme n’a pas été respectée de bonne foi, parce que l’exploitant l’ignorait, et qu’elle ne met pas en cause la santé ou la sûreté des personnes, alors il ne sera pas sanctionné.

 

La ruralité est essentielle dans notre pays et pour l’agriculture. Quel est votre projet pour redynamiser les territoires ruraux, notamment par rapport aux services publics, à l’accès aux nouvelles technologies, aux emplois, au foncier ?

Je veux que la France de la ruralité soit une France de la réussite. Et la réussite passe d’abord par l’accès aux emplois et au numérique. Je veux donc accélérer le déploiement du mobile et de la fibre optique, en permettant que l’Etat reprenne rapidement la main si les opérateurs ne respectent pas leurs engagements. La réussite, c’est aussi l’accès aux services publics, et notamment à la santé. Je doublerai donc l’ouverture des maisons de santé d’ici à 2022, et je développerai rapidement la télémédecine. La réussite, c’est enfin l’accès au foncier. Aujourd’hui, le prix de la terre et la transmission du patrimoine deviennent un obstacle à l’installation pour les jeunes agriculteurs. Plus largement, j’ouvrirai la question de la fiscalité locale pour les ruraux car la pression fiscale s’est beaucoup accrue ces dernières années de manière injuste. Être volontaire, déterminé : voilà comment nous permettrons aux agriculteurs et aux ruraux de réussir et de vivre de leur travail.

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Interview de Jean-Luc Mélenchon sur l'agriculture et la ruralité

Publié le par Michel Monsay

Interview de Jean-Luc Mélenchon sur l'agriculture et la ruralité

Après avoir été membre du parti socialiste et ministre de l'enseignement professionnel du gouvernement de Lionel Jospin, Jean-Luc Mélenchon est député européen depuis 2009, et se présente à 65 ans pour la deuxième fois à l'élection présidentielle, cette fois hors cadre des partis, sous la bannière de la France insoumise, mouvement qu'il a fondé en 2016.

 

Quelles sont vos propositions pour que l’agriculture et l’agroalimentaire redeviennent un enjeu stratégique au niveau français et européen ?

Jean-Luc Mélenchon - Mais ils sont un enjeu stratégique pour la France ! Ils fournissent l’essentiel de notre alimentation et l’agriculture est au cœur de la nécessaire transition écologique de notre économie. Je propose un nouveau pacte entre les paysans et l’ensemble de la société : d’un côté vous vous engagez dans la transition écologique de vos systèmes de production, afin d’offrir des produits de qualité à toutes et à tous, de garantir un environnement sain et de contribuer à la lutte contre le changement climatique ; de l’autre la société reconnait votre droit à une juste rémunération du travail, à des conditions de vie dignes et à tous les moyens nécessaires pour vous accompagner dans cette transition. Le libéralisme vous a entrainé dans une course folle au productivisme, au détriment de la qualité des aliments, de l’environnement, de votre propre santé et parfois de votre vie, alors que seule une minorité profite de ce système. Je vous propose de libérer la paysannerie et la société de cet enfer du libéralisme et du productivisme.

 

Aujourd’hui l’agriculteur n’est pas correctement rémunéré dans la chaîne de production et sa situation est très fragile. Que proposez-vous pour une répartition plus équitable de la valeur afin que les paysans continuent de vivre dignement de leur métier ?

J-L.M. - Les prix agricoles sont la clé de voûte de la rémunération du travail paysan. Dans des marchés dérégulés, la majorité des paysans ne vivront jamais dignement de leur métier, les prix seront toujours tirés vers le bas, en plus d’une grande instabilité d’une année sur l’autre. Tous ceux qui prétendent que la contractualisation va résoudre le problème des prix mentent aux paysans. La contractualisation entre éleveurs et industriels laitiers, même si elle incluait une clause sur les prix, ne pourra jamais garantir de façon durable des prix rémunérateurs si, dans le même temps, la grande distribution peut acheter ailleurs son lait moins cher. Je propose, selon les secteurs de production, trois mesures principales pour garantir des prix rémunérateurs et stables : la réintroduction de mécanismes de régulation des marchés au moyen de limitations de production, la fixation de prix minimums aux producteurs ou de coefficients multiplicateurs maximums et l’introduction de taxes aux frontières chaque fois que nécessaire. Ceci est incompatible avec les règles libérales de l’Union européenne. C’est pourquoi, nous sortirons des actuels traités européens de libre-échange.

 

La ruralité est essentielle dans notre pays et pour l’agriculture. Quel est votre projet pour redynamiser les territoires ruraux, notamment par rapport aux services publics, à l’accès aux nouvelles technologies, aux emplois, au foncier ?

J-L.M. - Mon projet est aussi de redonner de la vie à nombre de territoires ruraux aujourd’hui abandonnés par l’Etat. L’agriculture paysanne et écologique que je défends jouera un rôle déterminant dans cette revitalisation. Pour cela, elle sera soutenue par une politique de prix agricoles, une politique foncière pour l’installation de jeunes et une politique de soutien à la transition écologique. Il s’agit de stopper l’hémorragie de la population agricole et de créer 300.000 emplois. Mais mon projet est aussi de rétablir une égalité réelle entre citoyens en matière d’accès aux services publics. C’est pourquoi, la réinstallation de nombre d'entre eux (écoles, poste, santé, transports, etc.) constitue une autre priorité en milieu rural.

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Interview de Yannick Jadot sur l'agriculture et la ruralité

Publié le par Michel Monsay

Interview de Yannick Jadot sur l'agriculture et la ruralité

Député européen depuis 2009, à 49 ans Yannick Jadot a remporté en novembre dernier la primaire écologiste. Il est de ce fait le candidat d'Europe Ecologie Les Verts à l'élection présidentielle.

 

Quelles sont vos propositions pour que l’agriculture et l’agroalimentaire redeviennent un enjeu stratégique au niveau français et européen ?

Yannick Jadot - Il est compliqué de parler d'enjeu stratégique lorsqu'il s'agit de nourrir les gens : l'agriculture n'est pas un secteur d'activité comme les autres. L'écueil néolibéral dans lequel nous sommes tombés condamne une large majorité de paysans à une guerre économique sans fin, qu'ils ne peuvent pas gagner. Les crises se succèdent, toujours plus violentes ; et les remèdes ponctuels n'ont plus d'effets, si ce n'est obliger un nombre croissant d’agriculteurs à remplir des dossiers d'aide pour survivre.

Le modèle agricole que nous défendons doit garantir notre souveraineté alimentaire avec des produits de qualité, protéger les travailleurs de la terre et assurer le renouvellement des ressources naturelles dont nous dépendons pour vivre.

Nous proposons de relocaliser massivement notre agriculture et d'accompagner les agriculteurs vers le bio et la labellisation, en allouant 50% des fonds de la PAC à cette restructuration. Nous avons pour objectif de quadrupler la SAU en bio sur la mandature. Nous mettrons pour cela en place une politique volontariste d'accès au foncier et de lutte contre l'artificialisation des sols, notamment en zone périurbaine. Pour assurer des débouchés aux agriculteurs et une alimentation de qualité au plus grand nombre, 100% des cantines (publiques et privées) seront approvisionnées en produits locaux, biologiques ou paysans. Ce sont des synergies que nous voulons favoriser, entre territoires, agriculteurs et citoyens.

 

Aujourd’hui l’agriculteur n’est pas correctement rémunéré dans la chaîne de production et sa situation est très fragile. Que proposez-vous pour une répartition plus équitable de la valeur afin que les paysans continuent de vivre dignement de leur métier ?

Y.J. - Les prix de ventes des produits agricoles sont beaucoup trop bas pour couvrir les frais et la rémunération des agriculteurs. Par contre, les intermédiaires, les grandes surfaces, les marchands de semences et de matériel réalisent eux des marges injustifiées. Le modèle actuel doit se métamorphoser le plus possible en une agriculture et une filière agro-alimentaire de proximité, génératrice de revenus dignes et de produits de qualité.

Les solutions à la crise agricole sont dans nos territoires. Dès à présent, le travail de tous les agriculteurs doit être reconnu dans le prix de leurs produits. L’alimentation est la condition même de la vie de tous les êtres humains, et ses producteurs doivent être respectés à ce titre.

 

La ruralité est essentielle dans notre pays et pour l’agriculture. Quel est votre projet pour redynamiser les territoires ruraux, notamment par rapport aux services publics, à l’accès aux nouvelles technologies, aux emplois, au foncier ?

Y.J. - Les conditions d’existence se sont dégradées dans beaucoup de nos zones rurales. Le sentiment d’abandon persiste.

Nous voulons engager la transition écologique des territoires ruraux, pour leur permettre de valoriser leurs ressources locales et d’apparaître comme des lieux où il est possible de concrétiser des projets professionnels et de mieux vivre. C'est en relocalisant, conservant et réimplantant l'activité que nous redynamiserons les zones rurales.

Il faut assurer un maillage des transports publics sur tout le territoire, et en finir avec les déserts médicaux en soutenant l’installation de médecins en maisons de santé adossées à des unités de premiers soins. L’aménagement du territoire doit garantir la cohésion sociale, et le maintien des services publics partout.

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La troublante rencontre de deux solitudes

Publié le par Michel Monsay

La troublante rencontre de deux solitudes

Récompensé il y a trois mois par le Prix Interallié, ce magnifique douzième roman de Serge Joncour est tout à la fois une comédie humaine de notre époque, et l'histoire d'une rencontre improbable mais miraculeuse. A 55 ans, cet écrivain qui s'est construit entre Paris et la Nièvre, dont sa famille est originaire, et qui adore sillonner la France en train, décrit merveilleusement autant la réalité urbaine que rurale avec un étonnant sens du détail, mais aussi avec malice, tendresse et lucidité. La solitude des villes, l'absence d'écoute, le surendettement ou les magouilles dans les banlieues, la difficulté de s'en sortir en étant agriculteur ou en étant créatrice de mode face à la mondialisation, les dégâts des pesticides, sont autant de thèmes dont l'auteur se serre pour tisser la toile de sa trame. Et au beau milieu de toutes ces angoisses de nos sociétés contemporaines, il y dépose deux êtres totalement opposés et les fait se rencontrer en élaborant une intrigue surprenante et admirablement bien construite qui nous passionne loin des idées reçues. Un ancien agriculteur et joueur de rugby de 46 ans, d'un mètre quatre-vingt-quinze pour cent kilos, a quitté l'exploitation familiale du Lot et s'est reconverti depuis deux ans, après le décès de sa femme, dans le recouvrement de dettes à Paris. Quand s'ouvre le roman, il arrive dans un pavillon défraîchi de banlieue chez une vieille dame pour lui réclamer un impayé de 700 euros. Coincée par une panne informatique aux caisses d'un Monoprix, une jeune femme qui a tout ce qu'elle désirait dans la vie, sent à l'image de cet incident que tout se dérègle depuis quelques mois. Capable de glisser du sourire aux larmes sans que l'on s'y attende, Serge Joncour fait preuve d'un remarquable pouvoir romanesque et érige avec sensibilité l'amour comme rempart à tous les tracas de notre temps.

 

Repose-toi sur moi - Un roman de Serge Joncour - Flammarion - 427 pages - 21 €.

Publié dans Livres

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Bibliothèque de l'Institut de France

Publié le par Michel Monsay

Bibliothèque de l'Institut de France

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Palais de justice vu de la Seine

Publié le par Michel Monsay

Palais de justice vu de la Seine

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