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Éblouissante métamorphose symphonique à la fois sobre et intense

Publié le par Michel Monsay

Éblouissante métamorphose symphonique à la fois sobre et intense

L'indispensable Bernard Lavilliers, deux ans après le somptueux Sous un soleil énorme, a enregistré Métamorphose, 14 titres incontournables de son répertoire dans un écrin symphonique sur des superbes arrangements qui amplifient la trajectoire des paroles. Le principe d’enrober d’un certain luxe ses chansons semblait a priori contraire à leur propos, à la rudesse qu’on accole spontanément au chanteur stéphanois, oubliant à quel point il a toujours fait preuve de subtilité et de nuances musicales. Elles sont ici mises particulièrement en relief dans des versions amples et chaleureuses qui tamisent la lumière un peu crue des années 1980 quand les synthétiseurs croyaient pouvoir remplacer un orchestre, et que les basses jouaient des biscoteaux pour passer sur la FM spécialisée funky comme chantait Michel Jonasz. Tout en restant fidèle à l’esprit des originaux, cette relecture symphonique retisse, différemment, sans esbroufe, des liens avec les voyages et l’histoire de Lavilliers. « Nous étions jeunes et larges d’épaules… » Quand Bernard Lavilliers fait cette confidence qui ouvre On the Road Again, le frisson passe toujours. Posé sur un tapis de cordes folk, ce titre emblématique sorti en 1988, qu’il réinterprète aujourd’hui, donne le ton de son nouvel album. Une voix chargée d’émotion et d’apaisement, des chansons qui se recréent avec le vécu d’une vie et l’ampleur d’un orchestre de 50 musiciens : Métamorphose sublime et réinvente 14 temps forts de 55 ans de carrière, l'une des plus belles de la chanson française, et rehausse un peu plus l’éclat cinématographique des textes et musiques de Bernard Lavilliers.

Ci-dessous un petit film de 15 minutes qui résume l'enregistrement de ce magnifique album, ainsi que trois chansons qui en font partie :

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Superbe retour d'un monument de la musique pop rock

Publié le par Michel Monsay

Superbe retour d'un monument de la musique pop rock

Depuis le 1er décembre 2023, le neuvième album studio de chansons originales, intitulé I/O, de l'immense et trop rare Peter Gabriel est arrivé, 21 ans après le précédent. Entre-temps, il y a eu d'autres projets musicaux, et des engagements humanitaires et environnementaux, mais pas d'album de chansons nouvelles. Égrenés tout au long de l’année dernière à chaque pleine lune, il n'y a que lui pour faire ça, les douze nouveaux morceaux du musicien et chanteur anglais à la voix vibrante sont proposées dans cet album chacun en deux versions, une brillante et colorée, l'autre plus sombre. Peter Gabriel, c'est 55 ans de carrière depuis le premier 45 tours avec le groupe Genesis dont il a été l'âme et le premier chanteur, avant que le groupe ne perde de son ambition et de sa créativité après le départ de son leader en 1975. Puis une magnifique carrière solo, toujours à l'affût des innovations technologiques, il n'a eu de cesse d'habiller sa musique de nouveaux sons, climats et textures. En 1980 par exemple, il a popularisé le synthétiseur Fairlight CMI, et plusieurs artistes lui ont emboîté le pas, de Kate Bush à Daniel Balavoine. Fasciné par les musiques et rythmes d'autres continents, notamment africains, Peter Gabriel a été l'une des premières rock stars à promouvoir les musiques du monde pour lesquelles il a créé un festival, Womad, puis un studio et un label, Real World. Tantôt atmosphériques, tantôt rythmées, ses douze nouvelles chansons abordent différents thèmes, comme la justice, l'environnement, la technologie, le pardon, le temps qui passe, la mort, l'âge, la place de l'homme dans l'univers,... Et bien sûr il y a la voix, unique, magistrale, celle qui illuminait Solsbury Hill ou Don’t Give Up est toujours bien là, et par conséquent le charme et la magie Gabriel, chantre éternel d’une quête de sagesse et d’amour à l’aune d’un avenir certes inquiétant mais aussi stimulant. Alliance de l’acoustique et de sonorités électriques, de programmations en ornementations rythmiques ou mélodiques, ces superbes compositions varient les tempos, avec une impression d’apaisement, une étrangeté rêveuse. À 74 ans, il y a peu de chances que vingt années s'écoulent de nouveau entre cet album et le prochain, mais si I/O devait être le dernier disque de Peter Gabriel, ce que l'on ne souhaite pas, il constituerait une magnifique conclusion à sa carrière, et surtout un disque synthétisant tout le talent de cet artiste essentiel qui n'a toujours suivi que son instinct sans se préoccuper des modes et du qu'en-dira-t-on.

Extraits de I/O, voici 5 exemples de la magie Peter Gabriel :

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Une gaieté mélancolique dansante

Publié le par Michel Monsay

Une gaieté mélancolique dansante

Des mots choisis, une interprétation qui claque, l’amour pour unique sujet. Avec son troisième album, Eddy de Pretto s’impose et s’assume tel qu’il est : un chanteur sensible et cash dans un monde qui va mal. Un album souvent dansant, dont les douze chansons, acides ou insouciantes, surfent sur une musique R'n'B du meilleur effet. À 30 ans, le flamboyant auteur-compositeur-interprète, qui s'est imposé dans le paysage musical français en revendiquant haut et fort son homosexualité, chante désormais l'amour dans tous ses états, un changement de cap par rapport à ses deux premiers albums où il ouvre la porte en grand aux sentiments. Lui qui aurait pu ne pas se remettre de ce printemps 2021, où plusieurs centaines de cyberharceleurs, pour la plupart appartenant à des réseaux d’extrême droite et courageusement planqués derrière leurs ordinateurs, l’ont menacé de mort au prétexte qu’il avait chanté dans une église À quoi bon, l’un de ses plus beaux titres, écrit comme une adresse à Dieu. Onze d’entre eux ont été condamnés. Un dénouement qui lui a permis de tourner la page et de revenir plus créatif et combatif que jamais. Eddy de Pretto, qui n’a jamais dissimulé son homosexualité, veut en finir avec la haine et la pression qu’il s’était mise lui-même pour se rendre plus coriace qu’il ne l’était. Syncopes, tablas, tourbillons de flûtes ou violons indiens, voix souple et puissante, les douze chansons de cet album concis dessinent des portraits sentimentaux plus troubles, une crudité, une sensualité racontées avec moins d’évidence ou d’insistance que par le passé. Avec un sens aigu de la formule et des images qui marquent, Eddy de Pretto, que l'on avait découvert il y a six ans avec Cure et une étonnante collection de chansons qui avaient bousculé le paysage musical français, nous offre avec Crash cœur un disque emballant à la fois joyeux et lucide, ce qui n’a rien d’évident.

Voici quatre morceaux addictifs de Crash cœur :

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La nouvelle surdouée de la chanson française

Publié le par Michel Monsay

La nouvelle surdouée de la chanson française

Cela fait presque un an que je voulais partager ce sublime premier album de Zaho de Sagazan, et avec les quatre Victoires de la musique amplement méritées qu'elle vient de remporter, dont celui de l'album de l'année, en voici l'occasion. En effet, cette jeune chanteuse de 24 ans est incontestablement la révélation de la chanson française de ces dernières années, sans oublier aussi l'excellente Clara Ysé. En plus de son très beau timbre naturellement grave et atypique, Zaho de Sagazan se démarque par sa façon d’utiliser sa voix, qu'elle traite comme le premier de ses instruments. Avec ses textes dans une belle langue française, son chant se reconnaît d'abord à sa diction. La composition de ses morceaux est à la fois simple et terriblement efficace, des éléments assez classiques : un piano et de belles mélodies qui se fondent sur une trame pop, voire clairement électro, accompagnée d’un ensemble de claviers expressifs. Ce revêtement électronique parcourt tous les titres et donne sa couleur à l’album, un bleu nuit profond envoûtant. La jeune femme venue de Saint-Nazaire, dont le père Olivier est un plasticien reconnu, remue les âmes, passant d’un souffle du rire aux larmes, elle joue toute la gamme des émotions et affirme un talent hors normes. Zaho de Sagazan chante pour exorciser la mélancolie, la tristesse ou encore pointer le prédateur pervers-narcissique dans le titre "Les dormantes". Et dans cette vague post #MeToo, elle ouvre aussi  la brèche à la réconciliation avec le sexe masculin, dans "Les garçons". Chez Zaho de Sagazan, il y a un peu de Barbara, l'artiste fétiche de sa mère, mais aussi du Brel, du Depeche Mode et du Stromae. Une écriture à fleur de peau, une incarnation fascinante, le tout servi par une ambiance électro très bien sentie ou un piano voix remarquable. Rarement un premier album aura fait une telle unanimité, tant critique que publique, il suffit de l'écouter pour comprendre.

En voici quelques exemples :

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Une pop romantique et envoûtante

Publié le par Michel Monsay

Une pop romantique et envoûtante

L'auteur-compositeur et guitariste de Tucson, Brian Lopez, contemple notre monde avec poésie sur son quatrième album solo, un ensemble de ballades magnifiques où les sons magnétiques du désert de Sonora se muent en pop psychédélique. Brian Lopez a grandi dans le quartier de Barrio Sobaco, près du centre-ville de Tucson se nourrissant de l'extraordinaire richesse multi-culturelle du Sud-Ouest Américain. Depuis deux décennies, le guitariste et chanteur a largement contribué à façonner le son indie-rock du désert de Sonora que ce soit à ses débuts avec son groupe Mostly Bears, et surtout au sein de l’excellent groupe Calexico. Mais c'est dans ses projets solo d'influence latine que l'artiste s'exprime le mieux, et après avoir fêté sur scène les 20 ans de l'album Feast of Fire de Calexico, Brian Lopez présente Tidal, qui s'apparente à une beauté exotique propre à ce désert de Sonora, désolé, désespéré, et pourtant magnifique. De sa voix délicate, Brian Lopez aborde notamment le sort tragique des nombreux migrants morts dans le désert le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Avec ses mélodies cinématographiques et ses arrangements remarquables, l'artiste nous plonge dans un récit musical romantique qui fait un bien fou, où les ballades hors du temps s'élèvent avec douceur sur les échos sudistes, psychédéliques, soul, country ou rock.

Ci-dessous trois superbes chansons de l'album Tidal :

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Voix et odyssée musicale splendides sur des textes à la beauté profonde

Publié le par Michel Monsay

Voix et odyssée musicale splendides sur des textes à la beauté profonde

Clara Ysé, talentueuse auteure, compositrice, interprète, est la nouvelle pépite de la chanson française, dont le bouleversant premier album Océano Nox est sorti en septembre. Musicienne et chanteuse depuis l’enfance, cette ancienne étudiante en Philosophie est également écrivaine, dont le premier roman Mise à feu est sorti en 2021. Dans ce superbe album on entend parfaitement tout le travail émotionnel, la catharsis et le don de Clara Ysé pour transformer ses poèmes en envolées oniriques, sur des musiques inspirées par des artistes autant issus de la musique orientale, baroque que géorgienne, rap ou électronique. Inclassable, Clara Ysé l’est indéniablement. D'abord sa magnifique voix puissante de soprano, laisse entendre les accents lyriques que l’apprentissage du chant classique, entamé à 8 ans, a forgés. Puis on note l’élégance des mots articulés, sans que rien ne sonne anachronique. Les syllabes se déposent sur des mélodies entraînantes, parfois épiques, ou hypnotiques. Les orchestrations en appellent aux cordes et aux cuivres autant qu’aux synthés et à l’électro pour habiller des textes forts, simples et directs. L'album est hanté par le drame qu'a vécu Clara Ysé en 2017, lorsque sa mère Anne Dufourmantelle, philosophe, romancière et psychanalyste, est morte dans des circonstances tragiques en portant secours au fils d’une de ses amies âgé de 10 ans, qui était en train de se noyer. Au cours de ce sauvetage, elle a succombé à un arrêt cardiaque à 53 ans. Clara Ysé embrase tout sur son passage par la force et l’étendue de son timbre de voix pénétrant. Elle trouble aussi par sa fragilité soudaine, son souffle vulnérable, à la manière de Barbara. La passion coule dans ses vers. C’est dense, organique, rugueux, sensuel. Une grande artiste est née.

Ci-dessous quatre chansons de l'un des plus beaux albums de l'année :

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Une pop mélancolique et envoûtante

Publié le par Michel Monsay

Une pop mélancolique et envoûtante

Huit ans après The Magic Whip, le quatuor londonien a mis en boîte un grand disque dont le cœur se nourrit de l’errance et de la réflexion sur le temps qui passe. Un retour aux fondamentaux, voilà le premier sentiment qui vient à l’écoute du neuvième album de Blur. The Ballad of Darren opère un recentrage sur l’écriture : une instrumentation élégamment sobre et sans artifices électroniques flagrants, le tout mis en valeur par une production chaleureuse, voire organique, et un savoir-faire dans la composition. Il n’échappe pas non plus que les dix morceaux de ce disque concis sont infusées d’une certaine mélancolie. Dès les premiers couplets de The Ballad, les paroles de Damon Albarn exhalent le vague à l’âme d’un quinquagénaire qui prend conscience du caractère éphémère de la vie et de ceux qui ne reviendront plus. Le génial et ultra-prolifique Damon Albarn enchaîne les projets avec une frénésie hallucinante qui ne le laisse jamais au repos : Gorillaz (dont on avait adoré le dernier album il y a quelques mois), Blur, Mali Music, The Good, The Bad and the Queen, albums solos, opéras etc.), et chaque fois il nous impressionne par la qualité de ses créations quel que soit le style de musique. La réussite de cet album réside dans le mélange d'une pop à la fois cérébrale, inventive, spontanée, et d’une grande délicatesse, des textes teintés d’une langueur envoûtante, et bien sûr Damon Albarn, qui a parfois des accents à la Bowie, dont il est indéniablement le plus talentueux héritier, et a rarement aussi bien chanté.

Ci-dessous, quatre formidables extraits de The ballad of Darren, dont trois en concert :

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l'Afrique dans toute sa majesté

Publié le par Michel Monsay

l'Afrique dans toute sa majesté

Disparu de la sphère musicale pendant des décennies à tel point que certains le croyaient mort, le chanteur Malan Mané signe un premier album solo à 66 ans. Il a été marin pêcheur, s’est rêvé footballeur, est devenu l’une des voix de l’indépendance bissau-guinéenne au sein du groupe Super Mama Djombo, puis a totalement disparu des radars. Il a même été sans-papiers à Montreuil et exercé mille petits boulots, a subi une opération à cœur ouvert, jusqu’à ce que le destin le rattrape… Malan Mané est un survivant dont cet album scelle aujourd’hui une vie de gloire et de galères. À travers sa voix, miraculeusement préservée, la griserie de ses mélodies vives et sinueuses, c’est tout le Super Mama Djombo qui ressuscite. De ce groupe mythique fondé dans les années soixante, qui brava le colon portugais et fit triompher jusqu’à l’étranger l’idéal révolutionnaire du leader indépendantiste Amilcar Cabral, surnommé le Lion, assassiné en 1973 avant même d’avoir vu son pays se libérer, le chanteur reprend l’esprit libertaire, la vocation rassembleuse et les rythmiques galopantes. Fidju di Lion (fils de lion), accouché après plusieurs années de gestation et d’incertitudes a été enregistré en 2022 à Lisbonne, là même où le Super Mama Djombo avait enregistré 43 ans plus tôt. Avec en prime, deux des vétérans de l’orchestre originel : Adriano Fonseca Tundu le guitariste de légende, et Armando Vaz Pereira le percussionniste, auxquels se sont ajoutés Sadjo Cassama, fidèle compagnon à la guitare rythmique, et leurs cadets Tony Pereira à la batterie et Samba Emballo à la basse. Chaloupant entre guitares sinueuses, mélancolie et rythmes rieurs, ce très bel album raconte les fruits et les enseignements de ces décennies de silence et d’exil, en rendant hommage à son pays natal autant qu'en conspuant ses luttes fratricides, entre rythmiques euphorisantes et ballades émouvantes.

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Magnifique album de l'éternel prince de la pop française

Publié le par Michel Monsay

Magnifique album de l'éternel prince de la pop française

Pour son nouveau chapitre discographique, le douzième depuis l’inaugural “Mythomane” en 1981, Étienne Daho signe un album plus immédiat que Blitz, aussi orchestral qu’Eden et mélodique que Corps et Armes, tout en replongeant dans l’inspiration malouine de La Notte, La Notte. Du Daho à la fois neuf et historique, imparable et profond. L'artiste navigue entre sa soif de nouveauté qui, à 67 ans, ne l’a pas quitté, et sa fidélité. Ainsi sur ce nouvel album, on retrouve aux crédits l’incontournable complice Jean-Louis Piérot, avec d’autres collaborateurs historiques, et des nouveaux venus comme le trio de Unloved ou Yan Wagner. Étienne Daho joue sur les deux tableaux quand il convoque sa filleule Calypso Valois aux chœurs, jeune chanteuse de la scène pop et fille de son amie Elli Medeiros. Il y a tout l'univers de l'artiste dans ce disque, écrit et enregistré dans ses trois villes de cœur : Saint-Malo, Londres et Paris. Trois villes qui l’ont toujours inspiré et fasciné. De Saint-Malo, le Breton aime l’austérité et le mystère. Il l’évoque directement dans plusieurs titres, et l’ambiance marine infuse l’album dans lequel il est aussi beaucoup question d'amour pour cet éternel amoureux, tour à tour sensuel ou tourmenté. Entre les studios d’Abbey Road, à Londres, et ceux de Motorbass à Paris, Étienne Daho continue de rester maître d’une pop ciselée entre samples électro et violons, claviers subtils et rythmes jungle, et il envoûte plus que jamais avec cette voix devenue si profonde avec le temps. Plus de quarante ans après ses débuts, Étienne Daho nous embarque pour une formidable échappée fiévreuse aux inflexions sixties, convoquant comme à son habitude beaucoup d’images cinématographiques. Derrière le vocabulaire subtil du désir et des non-dits qui hantent ses chansons, Daho repasse aussi le film de sa vie, de Saint-Malo, dont on entend les mouettes en ouverture, comme on en ressent la pluie, aux nuits agitées de Paris ou Londres, quand la pulsation jungle ou disco, toujours présente dans ses disques, se fait plus pressante. Dans les titres plus symphoniques, les cordes frémissantes et les basses onctueuses font ce pont entre l’Angleterre des Beatles, de Syd Barrett ou de Procol Harum et la France des égéries de Gainsbourg, dont il est toujours, à 67 ans, l’enfant le plus brillant.

En voici trois superbes exemples :

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Une électro-pop sombre et belle comme un requiem

Publié le par Michel Monsay

Une électro-pop sombre et belle comme un requiem

Après six ans de silence, le groupe britannique Depeche Mode est de retour avec Memento Mori. Un quinzième album marqué tant par le décès l'an dernier de leur claviériste Andy Fletcher que par des thématiques funèbres et existentielles. Parfois sombre, souvent lumineux, entre new wave et pop synthétique, le parcours de Depeche Mode est semé sur quatre décennies d’une quantité de morceaux inoubliables aux riffs accrocheurs. Memento Mori offre une cohérence musicale qu’on n’avait pas entendue depuis un moment dans la discographie du groupe. Les arrangements épurés offrent un terrain de jeu idéal à la magnifique voix de baryton de Dave Gahan, vieillie comme un bon cru : plus confiante, profonde et tannique, loin du petit minot de Just Can’t Get Enough. Martin Gore et Dave Gahan nous invitent à un voyage sonique et lyrique entre la vie et la mort : lignes de basses groovy et entêtantes, parsemées de riffs de guitare en distorsion, boucles électroniques obsédantes, rythmes lancinants et hypnotiques, parfois simple battement de cœur, riffs de claviers rétro, mélodies accrocheuses et entraînantes, influences jazzy et électro en clair-obscur, voilà de quoi est composé ce superbe album. Si le deuil résonne profondément dans les douze morceaux, l’impression qui domine est celle d’un apaisement. On craignait le groupe anglais à bout de forces et artistiquement exsangue, frappé par la disparition de l'un de ses membres historiques, Andy Fletcher, en 2022. Mais le temps ne semble pas avoir de prise sur le feu créatif qui anime la paire Dave Gahan-Martin Gore. Leur Memento Mori a certes des couleurs ténébreuses, mais cette musique incandescente n'est pas prête de s'éteindre. C’est en effet une œuvre dense et ample à la fois, superbement produite, et par ailleurs plutôt fidèle à ce qu’a toujours été ce groupe ; puissant, mélodique, sombre mais jamais trop, à égale distance des deux astres qui réchauffent sa musique, le soleil blanc de l’électro-pop et l’étoile noire du blues. C’est par ailleurs une musique et un son sans âge, totalement inimitable et reconnaissable dès les premières notes. Depeche Mode s’offre un regain inespéré, ils reviennent à l’essentiel, avec un album sincère et harmonieux, presque fragile.

Un aperçu de la qualité de cet album avec les deux chansons ci-dessous mis en clip vidéo dans un somptueux noir et blanc par Anton Corbijn :

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