Gaël Faye
On le connait surtout par l'énorme succès de son premier roman, "Petit pays", vendu à plus d'un million d'exemplaires rien qu'en France, traduit dans 40 langues et porté à l'écran, sans oublier le Prix Goncourt des lycéens, mais Gaël Faye est aussi un auteur compositeur interprète qui avait sorti en 2013 un premier album de très bonne facture. Le franco-rwandais de 38 ans qui partage sa vie entre Paris et Kigali a voulu mettre un terme à l'effervescence autour de "Petit pays", faite de rencontres de toutes sortes, de tournées littéraires et de lectures partout dans le monde durant trois ans, en se plongeant dans l'écriture d'un deuxième album. Comme dans le premier, les textes sont puissants à travers une très belle écriture, et la musique un délicieux mélange d'influences africaines, caribéennes et électroniques. On peut penser à Stromae par moments, avec lequel il partage l'origine rwandaise en plus de sonorités assez proches sur certaines chansons, mais si Gaël Faye se dit rappeur avant tout, la richesse de ses compositions et de ses paroles le font naviguer dans plusieurs univers, à commencer par le slam, mais il est impossible de l'enfermer dans une case tant cet artiste fait preuve d'un talent aux multiples facettes. Cet album aux rythmes plutôt cadencés, ralentit par moments comme pour mettre encore plus en valeur des textes cinglants, notamment celui écrit par Christiane Taubira. Moins autobiographique par rapport à son premier disque et son roman, "Lundi méchant" est un magnifique brassage multiculturel qui porte un regard très lucide sur le monde, celui d'un pessimiste qui croit en l’avenir.