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l'Afrique dans toute sa majesté

Publié le par Michel Monsay

l'Afrique dans toute sa majesté

Disparu de la sphère musicale pendant des décennies à tel point que certains le croyaient mort, le chanteur Malan Mané signe un premier album solo à 66 ans. Il a été marin pêcheur, s’est rêvé footballeur, est devenu l’une des voix de l’indépendance bissau-guinéenne au sein du groupe Super Mama Djombo, puis a totalement disparu des radars. Il a même été sans-papiers à Montreuil et exercé mille petits boulots, a subi une opération à cœur ouvert, jusqu’à ce que le destin le rattrape… Malan Mané est un survivant dont cet album scelle aujourd’hui une vie de gloire et de galères. À travers sa voix, miraculeusement préservée, la griserie de ses mélodies vives et sinueuses, c’est tout le Super Mama Djombo qui ressuscite. De ce groupe mythique fondé dans les années soixante, qui brava le colon portugais et fit triompher jusqu’à l’étranger l’idéal révolutionnaire du leader indépendantiste Amilcar Cabral, surnommé le Lion, assassiné en 1973 avant même d’avoir vu son pays se libérer, le chanteur reprend l’esprit libertaire, la vocation rassembleuse et les rythmiques galopantes. Fidju di Lion (fils de lion), accouché après plusieurs années de gestation et d’incertitudes a été enregistré en 2022 à Lisbonne, là même où le Super Mama Djombo avait enregistré 43 ans plus tôt. Avec en prime, deux des vétérans de l’orchestre originel : Adriano Fonseca Tundu le guitariste de légende, et Armando Vaz Pereira le percussionniste, auxquels se sont ajoutés Sadjo Cassama, fidèle compagnon à la guitare rythmique, et leurs cadets Tony Pereira à la batterie et Samba Emballo à la basse. Chaloupant entre guitares sinueuses, mélancolie et rythmes rieurs, ce très bel album raconte les fruits et les enseignements de ces décennies de silence et d’exil, en rendant hommage à son pays natal autant qu'en conspuant ses luttes fratricides, entre rythmiques euphorisantes et ballades émouvantes.

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Magnifique album de l'éternel prince de la pop française

Publié le par Michel Monsay

Magnifique album de l'éternel prince de la pop française

Pour son nouveau chapitre discographique, le douzième depuis l’inaugural “Mythomane” en 1981, Étienne Daho signe un album plus immédiat que Blitz, aussi orchestral qu’Eden et mélodique que Corps et Armes, tout en replongeant dans l’inspiration malouine de La Notte, La Notte. Du Daho à la fois neuf et historique, imparable et profond. L'artiste navigue entre sa soif de nouveauté qui, à 67 ans, ne l’a pas quitté, et sa fidélité. Ainsi sur ce nouvel album, on retrouve aux crédits l’incontournable complice Jean-Louis Piérot, avec d’autres collaborateurs historiques, et des nouveaux venus comme le trio de Unloved ou Yan Wagner. Étienne Daho joue sur les deux tableaux quand il convoque sa filleule Calypso Valois aux chœurs, jeune chanteuse de la scène pop et fille de son amie Elli Medeiros. Il y a tout l'univers de l'artiste dans ce disque, écrit et enregistré dans ses trois villes de cœur : Saint-Malo, Londres et Paris. Trois villes qui l’ont toujours inspiré et fasciné. De Saint-Malo, le Breton aime l’austérité et le mystère. Il l’évoque directement dans plusieurs titres, et l’ambiance marine infuse l’album dans lequel il est aussi beaucoup question d'amour pour cet éternel amoureux, tour à tour sensuel ou tourmenté. Entre les studios d’Abbey Road, à Londres, et ceux de Motorbass à Paris, Étienne Daho continue de rester maître d’une pop ciselée entre samples électro et violons, claviers subtils et rythmes jungle, et il envoûte plus que jamais avec cette voix devenue si profonde avec le temps. Plus de quarante ans après ses débuts, Étienne Daho nous embarque pour une formidable échappée fiévreuse aux inflexions sixties, convoquant comme à son habitude beaucoup d’images cinématographiques. Derrière le vocabulaire subtil du désir et des non-dits qui hantent ses chansons, Daho repasse aussi le film de sa vie, de Saint-Malo, dont on entend les mouettes en ouverture, comme on en ressent la pluie, aux nuits agitées de Paris ou Londres, quand la pulsation jungle ou disco, toujours présente dans ses disques, se fait plus pressante. Dans les titres plus symphoniques, les cordes frémissantes et les basses onctueuses font ce pont entre l’Angleterre des Beatles, de Syd Barrett ou de Procol Harum et la France des égéries de Gainsbourg, dont il est toujours, à 67 ans, l’enfant le plus brillant.

En voici trois superbes exemples :

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Une électro-pop sombre et belle comme un requiem

Publié le par Michel Monsay

Une électro-pop sombre et belle comme un requiem

Après six ans de silence, le groupe britannique Depeche Mode est de retour avec Memento Mori. Un quinzième album marqué tant par le décès l'an dernier de leur claviériste Andy Fletcher que par des thématiques funèbres et existentielles. Parfois sombre, souvent lumineux, entre new wave et pop synthétique, le parcours de Depeche Mode est semé sur quatre décennies d’une quantité de morceaux inoubliables aux riffs accrocheurs. Memento Mori offre une cohérence musicale qu’on n’avait pas entendue depuis un moment dans la discographie du groupe. Les arrangements épurés offrent un terrain de jeu idéal à la magnifique voix de baryton de Dave Gahan, vieillie comme un bon cru : plus confiante, profonde et tannique, loin du petit minot de Just Can’t Get Enough. Martin Gore et Dave Gahan nous invitent à un voyage sonique et lyrique entre la vie et la mort : lignes de basses groovy et entêtantes, parsemées de riffs de guitare en distorsion, boucles électroniques obsédantes, rythmes lancinants et hypnotiques, parfois simple battement de cœur, riffs de claviers rétro, mélodies accrocheuses et entraînantes, influences jazzy et électro en clair-obscur, voilà de quoi est composé ce superbe album. Si le deuil résonne profondément dans les douze morceaux, l’impression qui domine est celle d’un apaisement. On craignait le groupe anglais à bout de forces et artistiquement exsangue, frappé par la disparition de l'un de ses membres historiques, Andy Fletcher, en 2022. Mais le temps ne semble pas avoir de prise sur le feu créatif qui anime la paire Dave Gahan-Martin Gore. Leur Memento Mori a certes des couleurs ténébreuses, mais cette musique incandescente n'est pas prête de s'éteindre. C’est en effet une œuvre dense et ample à la fois, superbement produite, et par ailleurs plutôt fidèle à ce qu’a toujours été ce groupe ; puissant, mélodique, sombre mais jamais trop, à égale distance des deux astres qui réchauffent sa musique, le soleil blanc de l’électro-pop et l’étoile noire du blues. C’est par ailleurs une musique et un son sans âge, totalement inimitable et reconnaissable dès les premières notes. Depeche Mode s’offre un regain inespéré, ils reviennent à l’essentiel, avec un album sincère et harmonieux, presque fragile.

Un aperçu de la qualité de cet album avec les deux chansons ci-dessous mis en clip vidéo dans un somptueux noir et blanc par Anton Corbijn :

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Un album pop lumineux à la douceur vagabonde

Publié le par Michel Monsay

Un album pop lumineux à la douceur vagabonde

Dans son deuxième album Les Royaumes minuscules, Thibaud Vanhooland, alias Voyou, décline ses histoires tristes et touchantes, sur des rythmes brésiliens légers et langoureux. Il confirme ici sa place d’héritier talentueux d’une chanson douce et lettrée. En le découvrant, on l’avait pourtant rapproché de Souchon, dont il partage parfois la douce ironie et le goût des mélodies heureuses à la Voulzy. Mais c’est à Nino Ferrer que l’on songe le plus cette fois dans cette façon de faire entrer un soleil radieux dans l’arrière-cuisine des chagrins d’amour. Cette chaleur diffuse, Voyou est allé la chercher sous les tropiques du Brésil, où il a enregistré une partie du disque, dont la langueur et les percussions infusent les onze morceaux de cet album miraculeux. Une colonie de fourmis, une fleur qui pousse, un oiseau qui fait son nid... Bienvenue dans Les royaumes minuscules, ces petites choses de l’existence que l'on remarque à peine. Pour son troisième album, Voyou a choisi le règne animal pour évoquer les sentiments humains sur une trame musicale pop aussi colorée que joyeuse. Voyou a décidément ce talent de donner de l’ampleur à la modestie. Originaire de la banlieue de Lille, Thibaud Vanhooland de son vrai nom est âgé de trois ans lorsque son père, trompettiste et professeur de musique, lui met l'instrument à vent dans les mains. Depuis, il est devenu amateur de jazz et de classique, de sonorités très cuivrées, que l'on retrouve dans cet album où les cuivres rencontrent les basses, les percussions de São Paulo et des paroles qui pourraient être issues d’un recueil de comptines que l’on raconterait aux enfants, mais dont les parents profiteraient tout autant. Des moments de vie et des pensées gracieuses devenus les paroles de chansons d’un garçon qui tente de profiter de ce qui compte, qu’il s’agisse des royaumes que l’on trouve au fond du jardin ou des sentiments majuscules qui tissent leurs nids dans les cœurs des plus sensibles. Tandis que tant d’autres s’époumonent comme des gosses mal finis en scrutant leur nombril, Voyou s’ouvre à des sentiments universels avec la douceur d’un médecin prenant le pouls d’un malade. Il parle de mondes qui s’effondrent avec l’insouciance d’un gamin dévalant une route sur un vélo sans freins. Avec Les Royaumes minuscules, un album subtilement orchestré, le chanteur et multi-instrumentiste Voyou offre de fabuleuses éclaircies à l’époque, où chanson après chanson, il ravive la joie de vivre sur une planète cabossée mais toujours aussi belle et attrayante si on la regarde bien.

Ci-dessous, deux pépites représentatives de l'univers décalé de Voyou :

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Une nouvelle merveille d'un des plus grands artistes français

Publié le par Michel Monsay

Une nouvelle merveille d'un des plus grands artistes français

Auteur-compositeur-interprète majeur de la scène française depuis plus de 30 ans, Dominique A est de retour seulement quelques mois après le sublime Le monde réel. Il façonne le verbe et se trace un itinéraire poétique singulier depuis son premier disque, Ephémérides, paru en 1989. Mais c’est véritablement avec l’album Mémoire neuve, en 1995, que le Nantais d’adoption est parvenu à prendre une place de premier plan sur la scène musicale française, qui s’est toujours confirmée depuis. Tantôt métaphorique et intimiste, tantôt frontale et rock, son écriture musicale ne cesse de se réinventer d’un album à l’autre. En septembre 2022, il a signé Le Monde réel, un album à la mélancolie vibrante où il continue d’explorer le monde tel qu’il va mal. Et si les pierres se foutent de nous, du haut de leur éternité, comme le chantait Dominique A sur cet album, lui a eu à cœur de ne pas nous faire attendre : son dernier EP de huit titres, Reflets du monde lointain, prolonge notre balade, dans son paysage musical dense, où écologie rime avec poésie. Dominique A a fait appel à un orchestre de cordes pour des arrangement au service d'une production aérienne qui servent des textes au plus proche du cœur. Un monde peint et dépeint après deux années dans les méandres de l'univers en direct sur nos écrans, entre le flot d'information et le doute, la tragédie d'une planète à l'abandon malgré les signaux urgents de la nature et un appel à la bienveillance. La voix unique du chanteur défie la fatalité déclinante dans ce métier : à 54 ans, la sienne n’a jamais été aussi pleine, lyrique, de plus en plus sensuelle. Huit chansons enregistrées entre La Frette-sur-Seine et Bruxelles, avec Yann Arnaud à la réalisation, un enregistrement live d’où émerge cette voix qui agit comme un baume en ces temps chahutés. L’artiste s’élève et nous porte loin et haut pour nous parler du monde d’aujourd’hui, toujours avec cette poésie qui n’appartient qu’à lui. Tout ici est intensité, au service d’une planète malmenée. Empruntant autant aux sonorités classiques qu’aux rythmes jazz ou rock, Dominique A livre ici le meilleur de la chanson française.

Voici un extrait de ce nouveau magnifique album :

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Un bijou de pop synthétique sous influence californienne

Publié le par Michel Monsay

Un bijou de pop synthétique sous influence californienne

Avec Cracker Island, Gorillaz prend un virage pop et atteint un eden musical. Archipel de mélancolie pop ensoleillé, empli d’une agréable force tranquille, le huitième album du groupe virtuel mené par Damon Albarn est aussi stimulant que vigoureux, accessible et dense à la fois. Cela fait déjà plus de 20 ans que le collectif britannique fondé par Damon Albarn et Jamie Hewlett, qui au départ a été lancé comme une blague pour moquer le marketing du rock business, est à la pointe de l’inventivité sonore, visuelle, et virtuelle. Le groupe se réinvente sur ce disque entre modernité technologique et poésie urbaine, avec une grande et belle diversité d'invités qui apportent leur talent tout en s'intégrant parfaitement à l'ensemble. Damon Albarn est sans conteste l’un des musiciens britanniques les plus importants et créatifs de sa génération, en parvenant constamment à se renouveler depuis 30 ans. Outre Gorillaz, il est également leader de Blur, du groupe The Good, The Bad & The Queen et a participé à plusieurs aventures collectives comme Mali Music ou Africa Express. Ce nouvel album de Gorillaz fourmille de belles harmonies vocales, des guitares sonnantes, des chansons au classique couplet-refrain, comme des clins d’œil à la musique anglo-américaine des années 1960 et 1970. Le tout emballé dans une fine production électro d’aujourd’hui, avec claps synthétiques pour renforcer le groove des batteries. Mais surtout, sur chaque morceau, la voix prégnante du chanteur-compositeur et producteur Damon Albarn est davantage mise en avant que par le passé. Tous les plaisirs sonores de ce disque, n'escamotent pas pour autant les préoccupations de Gorillaz concernant le trumpisme, l’effondrement du climat et les paradoxes de notre époque, qui sont plus que jamais au premier plan. Et pourtant, Damon Albarn ne peut s’empêcher de conclure ce très bel album sur une note d’espoir, en chantant en duo avec le chanteur-guitariste Beck, plutôt discret au micro, mais dont on perçoit bien l’influence californienne ensoleillée.

Un petit aperçu ci-dessous de ce huitième album de Gorillaz :

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Merveilleux hymne à la vie et à la liberté

Publié le par Michel Monsay

Merveilleux hymne à la vie et à la liberté

La vie, le douzième album d’Arthur H, est un disque-film, réalisé comme un travelling passant devant les différents stades de l’existence. Un passionnant voyage initiatique avec des chœurs et des cordes somptueuses qui nous emportent. C'est une réflexion philosophique sur la pulsion de vie et tout ce qui la met en péril : les écrans, les algorithmes, qui n’ont de rythme que la répétition. Ce magnifique album est aussi un voyage fantasmagorique qui se réécoute en boucle pour en savourer toutes les mélodies et les harmonies arrangées par l’excellent Nicolas Repac. Les mots poétiques d’Arthur H écrits avec sa compagne,  l'artiste plasticienne Léonore Mercier, laissent toute la place à l’imagination et à l’innocence. Depuis le début de sa carrière, il explore les styles d’un album à l’autre. Dans celui-ci il développe sa passion pour la musique classique et les musiques de films en déployant le vertigineux lyrisme de sa voix grave et cabossée. Ce disque d’Arthur H est un printemps de tous les instants. C’est la vie qui bat, comme une force qui ne lâche pas. Il la célèbre mais pas de façon béate, mais entière, avec ses tensions, ses incohérences, ses pulsions de mort, ses paradoxes. Avec ses chansons si particulières, sensibles et parfois spirituelles, Arthur H nous propose un univers épris de liberté et de vitalité, même dans celles qui décrivent les prisons du monde moderne : Addict et La folie du contrôle. Parce que notre société de consommation a pollué notre façon de rêver, de vivre, et d’aimer, il a écrit cette chanson Addict comme une injonction à retrouver notre liberté, et le bonheur simple d’apprécier la beauté de la vie. Secret, chanson forte et sombre, incontournable au milieu du disque, est l’évocation pudique de l’abus que son père, Jacques Higelin, disparu en 2018, a subi enfant. Orchestrations flamboyantes, poésie superbe, et cette voix reconnaissable entre toutes, à la Tom Waits, Arthur H nous offre un disque lumineux et d'une passionnante créativité.

En voici deux pépites :

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Une merveille de voix qui donne des frissons

Publié le par Michel Monsay

Une merveille de voix qui donne des frissons

La chanteuse américaine Sarah McCoy a le don de raconter son histoire avec une voix incroyable, en équilibre entre puissance et délicatesse, pour laisser entendre ses douloureuses fêlures, et ses victoires flamboyantes aussi. Auteure, compositrice, pianiste et interprète, elle s’impose depuis quelques années comme l’une des plus belles voix actuelles, qui s'exprime avec une aisance folle sur un beau mélange de blues, jazz, soul, pop et électro. C’est au volant de sa voiture que Sarah McCoy découvre sa voix. Dès l’âge de 16 ans elle parcourt alors les États-Unis d’Est en Ouest et chante à tue-tête pour ne pas s’endormir au volant. Puis elle pose valises et guitare à la Nouvelles-Orléans pendant 5 ans. Elle y est artiste en résidence au piano-bar The Spotted Cat, une expérience qui l’amène à de nombreuses rencontres musicales et lui offre totale liberté artistique. C’est là qu’elle est repérée par Bruno Moynié. Le documentaliste lui ouvre les portes de la scène française et elle commence à tourner dans l’hexagone dès 2014. Charmée, elle s’installe 3 ans plus tard à Paris. En 2019 elle fait paraitre son 1er album, Blood Siren, plébiscitée par la presse française qui évoque, excusez du peu, Billie Holliday, Nina Simone ou encore Amy Winehouse. Le second disque, High Priestess, sorti il y a deux mois, est un concentré d'émotions brutes, qui poursuit un virage pop amorcé sous la houlette du producteur Renaud Letang (Feist, Keren Ann, Charlotte Gainsbourg…) et du pianiste Chilly Gonzales. Le son est cette fois plus électro, mais les effets sont bien dosés et le profond feeling demeure, y compris sur sa première chanson écrite en français (La Fenêtre), où elle met à nu son cœur brisé, dans une économie de mots et une ambiance envoûtante. Et puis chez Sarah McCoy, il y a le combat intérieur, la volonté de s’affirmer, de se solidifier. La chanson Sorry for you traduit cette manie que l’on a de s’excuser à tout bout de champ, alors qu’il n’y a aucune raison. Le message est simple : on ne devrait jamais demander pardon d’être différent, d’avoir des rondeurs, ou simplement d’être une femme. Artiste accomplie au look extravagant et à la magnifique voix, Sarah McCoy porte des chansons gorgées de vie avec une conviction viscérale. Dans ce superbe album, elle mêle habilement des sonorités électroniques à différents registres musicaux, pour nous offrir des morceaux de blues sombres à nous donner des frissons, un jazz coloré qui donne allègrement la bougeotte, ou une soul profonde et intense qui nous bouleverse.

Ci-dessous, un extrait de l'album High Priestess dans un clip tourné en partie dans le décor lunaire du Lac Yesa en Espagne.

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Une pure merveille

Publié le par Michel Monsay

Une pure merveille

Le pianiste et chef d’orchestre allemand Lars Vogt, directeur musical de l’Orchestre de chambre de Paris, qui est mort d'un cancer en septembre dernier à l'âge de 51 ans, nous avait offert son dernier enregistrement six mois plus tôt : Les deux concertos pour piano de Mendelssohn qu'il joue et dirige depuis son instrument. Dès les premiers accords du Concerto n° 1, Lars Vogt nous entraîne dans l’atmosphère solennelle de cette partition, alliant brio, panache, fougue et légèreté. Empreint de verve dans les passages soumis à un tempo rapide, il n’en est pas moins raffiné dans les thèmes lyriques, respectant intelligemment les proportions entre la virtuosité et la poésie. La formation qu’il dirige ne lui cède pas le pas, déployant des couleurs chatoyantes et joyeuses, notamment chez les vents. Porté par une énergie solaire, l’Orchestre de chambre de Paris se montre à la fois précis, plein d’amplitude expressive ainsi qu’attentif aux nuances que lui entonne le piano. Lars Vogt aligne les octaves, les gammes et les arpèges en les investissant dramatiquement. Il chante les passages rêveurs avec une sonorité de piano charnue, lumineuse, admirablement timbrée, phrasée de façon éloquente. Sa main gauche virevolte, soutient, relance, chante aussi et impose une pulsation rythmique irrésistible. Dans le deuxième Concerto, Lars Vogt subjugue par la finesse de son interprétation et inculque à cette page un souffle de profondeur. On se penchera sur la sonorité satinée des cordes, tout autant que sur la consistance des cuivres et la délicatesse des bois, adoucie par des demi-teintes pastel. On est ébloui par le génie de Mendelssohn, le plus précoce de l'histoire de la musique, il n'a que 22 ans lorsqu'il compose le concerto n°1 et a déjà à son actif nombre de symphonies et autres concertos ou sonates. Sa musique est parfaite de forme, de fond, d'inspiration, elle lance un pont entre les maîtres anciens (Bach surtout, mais aussi Mozart), ceux d'un présent encore palpable (Beethoven meurt quand Mendelssohn a 18 ans) et le romantisme dont il est l'un des maîtres dans le domaine symphonique avec Berlioz et Weber, avant l'arrivée de Schumann puis de Brahms. Voici un disque-testament poignant, une preuve éloquente que Lars Vogt était au sommet de ses possibilités artistiques, avec un énorme potentiel et une approche intelligente de l’interprétation et de la direction.

Ci-dessous quelques extraits de cet album magnifique :

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La suavité d'une voix hors du commun

Publié le par Michel Monsay

La suavité d'une voix hors du commun

Entré dans l’histoire pour un trou de mémoire, le live Ella in Berlin : Mack the Knife compte parmi les enregistrements mythiques du jazz, et constitue la meilleure introduction possible à l’art d’Ella Fitzgerald. Bien sûr, il y a cette improvisation en roue libre sur Mack the Knife quand, ayant oublié les paroles de Kurt Weill, elle se met à chanter tout ce qui lui passe par la tête et entraîne où elle veut un public berlinois ébahi par son extravagante façon d’allier assurance et plaisanterie, saut dans le vide et science infaillible du rythme et de la mélodie. Mais le reste est tout aussi fabuleux, avec le meilleur des frères Gershwin et d’Irving Berlin, Cole Porter et Rodgers & Hart qui ont fait la gloire de la chanteuse en studio. Comme par exemple, The Man I Love, des Gershwin, qu’Ella entonne avec l’ingénuité non feinte d’une jeune fille rêvant au prince charmant. Cet album qui date de 1960 est une merveille qui permet d'admirer la voix exceptionnelle avec une tessiture de trois octaves de cette artiste inoubliable.

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