Éblouissante métamorphose symphonique à la fois sobre et intense
L'indispensable Bernard Lavilliers, deux ans après le somptueux Sous un soleil énorme, a enregistré Métamorphose, 14 titres incontournables de son répertoire dans un écrin symphonique sur des superbes arrangements qui amplifient la trajectoire des paroles. Le principe d’enrober d’un certain luxe ses chansons semblait a priori contraire à leur propos, à la rudesse qu’on accole spontanément au chanteur stéphanois, oubliant à quel point il a toujours fait preuve de subtilité et de nuances musicales. Elles sont ici mises particulièrement en relief dans des versions amples et chaleureuses qui tamisent la lumière un peu crue des années 1980 quand les synthétiseurs croyaient pouvoir remplacer un orchestre, et que les basses jouaient des biscoteaux pour passer sur la FM spécialisée funky comme chantait Michel Jonasz. Tout en restant fidèle à l’esprit des originaux, cette relecture symphonique retisse, différemment, sans esbroufe, des liens avec les voyages et l’histoire de Lavilliers. « Nous étions jeunes et larges d’épaules… » Quand Bernard Lavilliers fait cette confidence qui ouvre On the Road Again, le frisson passe toujours. Posé sur un tapis de cordes folk, ce titre emblématique sorti en 1988, qu’il réinterprète aujourd’hui, donne le ton de son nouvel album. Une voix chargée d’émotion et d’apaisement, des chansons qui se recréent avec le vécu d’une vie et l’ampleur d’un orchestre de 50 musiciens : Métamorphose sublime et réinvente 14 temps forts de 55 ans de carrière, l'une des plus belles de la chanson française, et rehausse un peu plus l’éclat cinématographique des textes et musiques de Bernard Lavilliers.
Ci-dessous un petit film de 15 minutes qui résume l'enregistrement de ce magnifique album, ainsi que trois chansons qui en font partie :