Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

films

Un mélo sec et poignant mais aussi d'une grande force romanesque

Publié le par Michel Monsay

Un mélo sec et poignant mais aussi d'une grande force romanesque

Il y a dans le cinéma des Larrieu, dont on avait beaucoup aimé le dernier film, Tralala, une manière singulière d’approcher le réel et d’en célébrer les contours en imaginant des situations fantaisistes qui jamais ne perdent leur ancrage au sol. De son côté, l'auteur du Roman de Jim, Pierric Bailly, sait explorer les paradoxes de l’existence avec une manière très concrète de prendre ses personnages à leur source et de ne pas les juger. Son regard rigoureux et profondément humain semble avoir percuté les Larrieu, qui, avec cette adaptation, signent un très beau film grâce notamment à la confrontation entre violence et douceur des sentiments. Face à ce récit qui s’étend sur vingt-quatre ans, les voici confrontés à un rapport au temps long inédit dans leur cinéma. Tout en restant fidèles au texte initial, ils inventent des scènes qui permettent aux ellipses d’opérer à l’écran et offrent au récit une séduisante fluidité. Il y a dans cette histoire d’attachement et d’arrachement successifs filmée sur fond de paysages jurassiens aux couleurs éclatantes, les bases mêmes du mélodrame, mais ici, la cruauté et la tendresse règnent à parts égales et tiennent le spectateur en haleine autant qu’elles le bouleversent et le nourrissent. D'autant que le casting  participe pleinement aux émotions ressenties avec à sa tête, Karim Leklou, Laetitia Dosch, et la toujours lumineuse Sara Giraudeau. Les Larrieu, qui pratiquent un cinéma intégralement décentralisé, dressent ici un nouveau tableau de province dépourvu du moindre folklore, axé sur les gens modestes qui bricolent avec leur vie, cherchant en chacun, comme en chaque lieu, la singularité de l’ordinaire. Pour la première fois, le tandem se déleste de sa fantaisie coutumière pour l’épure, la ligne claire, et c’est une véritable flèche dans le cœur, avec un désespoir discret qui irrigue chaque scène lumineuse et tranquille.

Publié dans Films

Partager cet article
Repost0

Autour d’une enquête pour féminicide en Inde, un polar sociétal d’une grande force

Publié le par Michel Monsay

Autour d’une enquête pour féminicide en Inde, un polar sociétal d’une grande force

Présentée au Festival de Cannes dans la section Un certain regard, cette première fiction de la documentariste indienne Sandhya Suri est un mélange très réussi de polar sociétal et de film dossier. Classique et élégant, Santosh est puissant, son point de vue est sans cesse sur le fil, déployant sa fiction entre deux eaux. Masculin et féminin, riches et pauvres, bien et mal. Entre pouvoir ancestral et nouveaux droits acquis de haute lutte. C’est d’un combat encore inégal qu’il s’agit ici, dont les armes s’inventent et se fabriquent au fur et à mesure. Sandhya Suri déclare ne pas être une cinéaste militante. Pourtant, son film regorge de constats pointant la corruption et la violence de la police à la botte des puissants, les inégalités sociales, le sexisme décomplexé, la persécution religieuse à l'égard des musulmans et la manipulation des élites. C'est aussi un film féministe qui refuse le simplisme, et instille un grain de sable dans les rouages d’un patriarcat solidement ancré dans les mœurs. La cinéaste est dans le vrai avec cette propension à refuser les œillères, en filmant les compromissions et la rigidité d’une société de castes. Elle est dans le vrai en refusant une musique additionnelle qui viendrait souligner les émotions. Elle est surtout dans le vrai en appuyant là où ça fait mal : bakchichs institutionnalisés, mépris de classe, enquêtes bâclées, bavures. Mêlant adroitement thriller pur et drame social, Sandhya Suri réussit à exposer un instantané de la société indienne qui fait froid dans le dos.

Publié dans Films

Partager cet article
Repost0

L’exploration de la psyché d’une ado confrontée aux bouleversements de la puberté

Publié le par Michel Monsay

L’exploration de la psyché d’une ado confrontée aux bouleversements de la puberté

Depuis près de 30 ans, on doit au studio Pixar quelques uns des meilleurs films d'animation, même si c'est un peu moins vrai ces dernières années, de Toy story à Vice-Versa en passant par Ratatouille ou Le monde de Nemo pour ne citer qu'eux. Le premier volet de Vice-Versa, dont la sortie remonte à 2015, était une vraie réussite et avait d'ailleurs remporté notamment l'Oscar du meilleur film d'animation. Neuf ans plus tard, Vice-Versa 2 replonge dans le quotidien de Riley Andersen. La jeune fille, désormais âgée de treize ans, habite toujours à San Fransisco. Elle vit avec ses deux parents, excelle à l'école, au hockey sur glace et entretient des amitiés précieuses. Mais sa vie tranquille est soudainement bouleversée. Riley prend peur du regard des gens, snobe ses parents, réagit parfois avec violence. Autant de changements dont la cause est toute trouvée : la puberté fait sa grande entrée, et, surprise, elle arrive avec sa bande. Comme dans le premier volet, Vice-Versa 2 joue avec l'alternance entre les scènes de la vie réelle de Riley et celles de sa vie intérieure. Le film donne en effet à voir tout ce qui se passe au sein du cerveau de l'adolescente, figuré à la manière d'une tour de contrôle. Aux commandes de celle-ci : des personnages colorés donnant corps à une émotion. En y intégrant de nouvelles, les créateurs ont choisi de faire d’Anxiété l’antagoniste principale de ce nouveau film. Un choix pertinent quand on connaît l’importance croissante de cette émotion chez les jeunes et les moins jeunes. En cela, Vice-Versa 2 est plus lucide sur le monde qui nous entoure, mêlant habilement humour et émotion, même si au final il est peut-être un poil moins réussi et créatif que le premier, mais vaut néanmoins d'aller le voir.

Publié dans Films

Partager cet article
Repost0

Romantique et flamboyant

Publié le par Michel Monsay

Romantique et flamboyant

Le Comte de Monte-Cristo est à la fois un roman d’aventures, un roman d’amour, une tragédie, un thriller, une comédie humaine et politique, et l’interaction de ces genres dégage un souffle tour à tour romantique, drôle, ironique ou effrayant. Moins frénétique et plus éloigné de la grande histoire que Les Trois Mousquetaires, ce Comte de Monte-Cristo s’accroche au drame personnel vécu par Edmond Dantès, incarné par un Pierre Niney étonnant de noirceur, dans le regard et la gestuelle, dont le personnage dans la deuxième partie de l'histoire ne vit que par la haine. Autour de Pierre Niney, dans un rôle à la mesure de ce qu’il promettait, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, Laurent Lafitte ou Patrick Mille sont très justes et Anamaria Vartolomei totalement magnétique. Après avoir redonné vie, l’année dernière, aux Trois Mousquetaires, les scénaristes Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, ont récidivé avec cette nouvelle adaptation du Comte de Monte-Cristo, mais cette fois-ci ils l'ont eux-mêmes réalisée. Pour mémoire, on leur doit Le prénom, qui avait marqué les esprits il y a 12 ans au cinéma et auparavant au théâtre. Contrairement à la réalisation survitaminée de Martin Bourboulon pour Les trois mousquetaires, au dynamisme narratif, et à l’interprétation pétulante, véritable blockbuster à la française un tant soit peu éloigné de Dumas, celle de Matthieu Delaporte et d’Alexandre de La Patellière est non seulement beaucoup plus fidèle au texte d’origine, mais se présente aussi comme relevant, avec une certaine nostalgie, de la tradition du romanesque cinématographique. Un film donc fortement imprégné de certains aspects qui faisaient le charme des productions d’antan, mais qui présente aussi tous les avantages d’une réalisation moderne, une caméra beaucoup plus mobile qu’autrefois, une photographie à la palette numérique d’une précision inouïe, un rendu des décors extérieurs magistralement mis en valeur par le recours aux drones, une création très crédible des costumes d’époque, un montage percutant, des sons et bruitages d’un réalisme très travaillé. De prime abord, on se dit : rien de nouveau sous le soleil. Revenir sur un tel texte sent le réchauffé et la crise des scénarios. Or c'est tout le contraire qui se produit avec ce film épique, valorisant la dimension psychologique des personnages et d'Edmond Dantès au premier chef, en nous faisant redécouvrir ce grand classique avec le plaisir et l'ivresse de la première fois.

Publié dans Films

Partager cet article
Repost0

Envoûtant thriller sensoriel sur la traque des criminels de guerre syriens

Publié le par Michel Monsay

Envoûtant thriller sensoriel sur la traque des criminels de guerre syriens

Depuis au moins Le criminel d’Orson Welles et Marathon man de John Schlesinger, on sait que la traque des criminels de guerre fait un sujet de cinéma hautement romanesque. Avec Les fantômes, Jonathan Millet investit ce sujet avec une maîtrise formelle et narrative qui impressionne pour un premier long-métrage, son récit parvenant à emprunter avec autant d’assurance les chemins du thriller que ceux de l’errance psychologique. Ce film inspiré de faits réels est l'œuvre d'un documentariste, qui signe ici sa première fiction. L’expérience documentaire de Jonathan Millet, tout comme sa connaissance de l’étranger, notamment la Syrie, puisqu’il y a vécu et filmé des heures d’images et plusieurs courts-métrages, nourrissent sa vision. En s’autorisant le cinéma de genre, il apporte une véracité au contexte et à son geste de cinéaste, en privilégiant une forme d’épure. Le coup de force se fait par sa capacité d’embrasser l’espace mental de son protagoniste, pour mieux le transfigurer à l’écran, dans une filature animale, où l’observation, l’ouïe, le souffle et l’odorat sont aux aguets. Adam Bessa, qui nous avait déjà impressionné dans Harka, est ici extraordinaire d'intensité et d’intériorité sombre, quasi douloureuse, qui donnent la mesure de l’enjeu. Homme de l’ombre, solitaire et hanté, le personnage central accapare tout le film, qui, suspendu à son souffle, aux bruits qu’il écoute, aux indices qu’il recoupe, diffuse une angoisse sourde et grandissante à laquelle les choix de réalisation, cadre serré, sons amplifiés, approche sensorielle, nous immergent totalement dans cette traque. Un documentaire sur le même sujet se serait nourri de témoignages, ici la fiction sculpte une terreur invisible, qui ne fait qu’envahir, plan après plan, l’imaginaire du spectateur. Ce premier film atypique surprend au coeur de chaque scène avec la subtilité de son scénario qui évite le didactisme et avec la précision de sa mise en scène hypnotique. Une mise en scène qui, au gré d'une longue filature, excelle à créer une tension dramatique en ne cédant jamais aux facilités d'un genre, le film d'espionnage, que Jonathan Millet investit d'une façon absolument originale.

Publié dans Films

Partager cet article
Repost0

Fascinant film de bande, bien plus sensible qu'il n'y paraît

Publié le par Michel Monsay

Fascinant film de bande, bien plus sensible qu'il n'y paraît

Voilà maintenant huit ans que l’on attendait le retour de Jeff Nichols. Depuis Loving, en 2016, aucun de ses scénarios n’avait pu voir le jour, la faute à un système de production américain de plus en plus étroit et affaibli par le monopole de Disney. Aux antipodes du formatage imposant ses lois à Hollywood avec ses superproductions de superhéros interchangeables, le cinéma américain compte encore heureusement dans ses rangs des metteurs en scène hors norme qui, sans esbroufe, revisitent l'histoire et les mythologies de leur pays. Le passionnant Jeff Nichols (Take Shelter, Mud, Midnight special, Loving) est l'un d'entre eux et sa nouvelle fiction confirme une nouvelle fois son talent. De nombreux points communs se retrouvent dans ses films, même si chacun d'entre eux ne ressemble qu'à lui-même, on peut citer néanmoins : les tournages en décors réels et sur pellicule, ou la retenue et la justesse des émotions. Au centre de The Bikeriders, il y a un magnifique trio composé du très demandé Austin Butler au charisme foudroyant, de Jodie Comer, épatante dans un rôle très différent de la série qui l'a révélée, Killing Eve, et de Tom Hardy impressionnant d'intériorité et d’humanité. Avec son sixième film, comme dans les précédents, Jeff Nichols continue à explorer ses marginaux indésirables subissant une société qui préfère les repousser plutôt que les accepter tels qu’ils sont. Dans une succession de flashbacks, The Bikeriders raconte ainsi l’évolution des Vandals, un groupe de motards des années 60. Sans bascule marquée, avec une grande maîtrise invisible, au fil de l'intrigue le ton change, se fait plus sombre, plus triste, sa violence plus âpre. L’envers du décor de toute une mythologie américaine se révèle, plus mélancolique, incapable d’être à la hauteur de son romantisme idéalisé. Jeff Nichols capture la fin d’une époque, la mort d’une illusion, un paradis fichu, une perte d’identité. Avec une vraie intelligence narrative, The Bikeriders n’oublie en effet jamais d’ausculter cette décadence croissante en parallèle de l’effondrement global de l’Amérique, avec notamment les conséquences post-guerre du Vietnam en ligne de mire. D’une fluidité dont il a le secret, la mise en scène de Jeff Nichols parvient avec un naturel impressionnant à nous transporter au plus profond de cette époque, à creuser son groupe, à sonder son ambiguïté dans un geste à la fois mélancolique et violent, nostalgique et brutal. Ne reste plus qu’à espérer qu’on ne doive pas attendre encore huit ans pour que Jeff Nichols nous fasse autant vibrer.

Publié dans Films

Partager cet article
Repost0

Un cinéma féminin rageur et puissant

Publié le par Michel Monsay

Un cinéma féminin rageur et puissant

Après la sensation horrifique Saint Maud, Grand Prix du festival de Gérardmer, mais malheureusement torpillée par le Covid-19 et les confinements qui l'avaient obligée à sortir directement en VOD, la réalisatrice anglaise Rose Glass traverse l'Atlantique pour filmer un thriller rural ancré à la fin des années 80. Dans l’Histoire américaine, 1989 marque la fin de huit ans de présidence reaganienne qui auront largement imprégné le cinéma populaire états-unien, au moyen d’une imagerie célébrant la puissance du corps masculin, dans ce qu’il a de plus primaire, la grande époque des Rambo, Rocky et autres Terminator. Dans ce contexte, les deux héroïnes, remarquablement interprétées par Kristen Stewart et Katy O'Brian, occupent l’écran du début à la fin, dans une lutte nerveuse contre le patriarcat aveugle et les violences commises contre les femmes. Le Mal domine les relations et les personnalités de l’ensemble des protagonistes. Cependant, Love Lies Bleeding n’a rien du film manichéen. Tous les personnages sont habités par des démons intérieurs qui les rongent et les poussent à des comportements paroxysmiques. On serait tenté de penser au célèbre duo de Thelma et Louise en regardant les déambulations désespérées des deux jeunes femmes pour échapper à la violence et à leur destin, ou encore, d’une certaine façon, à celui de Sailor et Lula qui tente de fuir la brutalité d’un clan familial. Les deux films de Rose Glass sont des cocktails vénéneux, des catalogues de substances addictives et potentiellement mortelles, mais dont le sevrage est impossible : cigarette, stéroïdes, fanatisme religieux, emprise amoureuse et criminalité. Love Lies Bleeding est un film noir, poisseux, sexy, sanglant et culotté, qui serpente entre la romance lesbienne, le thriller psychédélique et même le fantastique.

Publié dans Films

Partager cet article
Repost0

Une touchante romance inhabituelle et sans cynisme

Publié le par Michel Monsay

Une touchante romance inhabituelle et sans cynisme

Avec Memory, le cinéaste mexicain Michel Franco, qui travaille depuis quelques temps aux États-Unis, franchit un nouveau cap et signe un vrai mélo sans pathos, se servant de ses talents de metteur en scène rigoriste pour contrer la mièvrerie potentielle d'un tel sujet. Il faut dire que jusque-là dans les films de Michel Franco, en un instant, tout peut déraper. Memory semble d’abord ne pas devoir faire exception, qui réunit deux êtres en souffrance, susceptibles de s’abîmer davantage encore, et ménage une tension savamment contrôlée. Pourtant, cette fois, le cinéaste mexicain surprend en cheminant vers la douceur, l’espoir. Il n’y a pas de déjà vu dans ce cinéma intranquille, palpitant, où chaque instant passé avec ce drôle de couple débouche sur l’inconnu, aiguise l’attention. D'autant que le film est porté par deux acteurs éblouissants. Si Peter Sarsgaard n’a pas volé son prix d’interprétation à la dernière Mostra de Venise, Jessica Chastain, dont la présence et les qualités de jeu impressionnent, en méritait la moitié. Ce huitième film de Michel Franco revisite, à la lumière du mouvement #metoo, le thème des violences sexuelles qui a irrigué ses deux premiers longs-métrages (Daniel & Ana, 2009, et Después de Lucia, 2012). Il est de nouveau question d’abus, de traumas, de silences forcés, mais la douceur qui émane de la rencontre entre deux personnages blessés contribue à faire de ce film très ancré dans son époque une vraie réussite qui n’a rien à voir avec le jeu de massacre qu’on voit si souvent. Le cinéaste décrit avec délicatesse la reconquête d’une mémoire traumatique à travers une histoire d’amour hors norme, sur l'envoûtante musique de Procol Harum.

Publié dans Films

Partager cet article
Repost0

Entre chaos et humour

Publié le par Michel Monsay

Entre chaos et humour

George Miller reprend du service pour la cinquième fois à la tête de la saga Mad Max, qu'il a inaugurée en 1979, avec une fraîcheur et une énergie de jeune homme, à 79 ans. Furiosa comporte son lot d'actions, de poursuites et d'idées de mise en scène, mais c'est aussi un film plus féminin que les précédents où Max est totalement absent. Ce qui n'empêche pas une orgie de pirates de l’asphalte et un carnaval punk de cuir et de prothèses… George Miller se jette joyeusement dans la roue du grand guignol, s’autorisant même davantage d’humour avec le personnage de despote complètement secoué interprété par Chris Hemsworth, une sorte de leader populiste, cabotin en diable. Les cascades défient encore plus les lois de la pesanteur, Anya Taylor-Joy, en amazone mutique mais flamboyante, assure un bon nombre d'entre elles avec une belle énergie et face à elle, Chris Hemsworth s'en donne à cœur joie en salaud de fin du monde. À travers la Terre verte, le jardin d’Éden disparu que l'on voit au début du film, le metteur en scène nous offre ensuite une projection du reflet de notre planète ou de ce que nous en avons fait. Sa saga sculpte une humanité rendue sauvage par la raréfaction des ressources. On s'étripe pour du pétrole, on s'éviscère pour de l'eau potable. Le commerce n'existe plus, tout échange n'est que piraterie. Sur la Terre cramée, la démocratie est morte avec l'environnement. Des despotes ont embrigadé les plus désespérés, transformés en kamikazes à grand renfort de discours grandioses et de promesses illusoires. Du côté de la réalisation, les impressionnantes scènes d’action sont très découpées mais restent toujours lisibles, loin du hachis de la grande majorité des blockbusters. Ancien médecin, le cinéaste sait mieux que personne conjuguer avec maestria mécanique et organique, ce qui rend Furiosa bien plus vivant qu’un Marvel.

Publié dans Films

Partager cet article
Repost0

Quentin Dupieux se moque de ses stars dans une comédie insolente et drôle

Publié le par Michel Monsay

Quentin Dupieux se moque de ses stars dans une comédie insolente et drôle

Le Deuxième Acte est un film à double-fond, comme un miroir se mirant dans un miroir, en multipliant son image à l'infini. Des comédiens et comédiennes jouent un rôle dans un film qui s'arrête quand ils endossent celui d'acteurs, qu'ils sont dans la vraie vie, mais différents de ce qu'ils sont vraiment. Quentin Dupieux joue de ce labyrinthe mental vertigineux avec un humour constant qui emporte l'adhésion. Un film dans le film avec ses coulisses de tournage, dans lequel le réalisateur pointe du doigt avec humour les problèmes que traverse le 7ᵉ art : la désaffection des salles, l'arrivée de l'intelligence artificielle, l'ego surdimensionné des stars, la puissance de certains acteurs même en période post #MeToo, l'entre-soi, le rêve de Hollywood... Sous couvert d’une satire du monde du cinéma, un Dupieux souvent très drôle, parfois vertigineux, et comme toujours teinté d’inquiétude. Comme pour Yannick, le succès surprise de l'été 2023, Quentin Dupieux se sert d’un personnage de la marge pour jouer de la frontière entre le réel et la fiction. Dans Yannick, un spectateur anonyme prenait à partie et en otage les comédiens d’une exécrable pièce de boulevard. Dans Le Deuxième Acte, ce sont les acteurs eux-mêmes qui, sur le tournage d’un film d’auteur, le critiquent, se défilent et se défient à l’intérieur des scènes qu’ils jouent. Bien aidé par une distribution savoureuse, agile dans l’auto-dérision avec des dialogues aux petits oignons, Le Deuxième Acte prolonge dans l'œuvre très dense de Quentin Dupieux une interrogation, teintée d’effronterie et de neurasthénie, sur ce que l’art peut encore donner à voir, si ce n’est le spectacle souvent désolant d’un star-system imbu de lui-même, convaincu de sa désirabilité dans un monde qui ne sait plus quoi désirer. Présenté en ouverture du 77e Festival de Cannes, ce film, l'un des tous meilleurs de Quentin Dupieux, réalisateur on ne peut plus prolifique, nous plonge avec délice dans le vertige existentiel du métier d’acteur, à travers une mise en abyme virtuose et très bien vue.

Publié dans Films

Partager cet article
Repost0

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 > >>