Un blockbuster spectaculaire, intelligent, complexe, d’une grande beauté et d’une ambition rare

Publié le par Michel Monsay

Un blockbuster spectaculaire, intelligent, complexe, d’une grande beauté et d’une ambition rare

Après d'excellents thrillers, comme Sicario ou Prisoners, Denis Villeneuve s'est immergé avec tout son talent depuis 2016 dans l'univers de la science-fiction avec Premier contact, puis Blade runner 2049, avant de s'attaquer à Dune. Il nous plonge jusqu’au fond des yeux dans un spectacle méditatif et monumental qui n’appartient qu’à lui. Comment, en seulement quatre longs métrages, est-il parvenu à bousculer le folklore visuel familier de la science-fiction, à nous faire décoller, convaincus et émerveillés, à des années-lumière du décorum d’un genre surencombré au cinéma ? C’est d’abord, évidemment, une question de signature esthétique. Le futur selon Denis Villeneuve, qu’il soit proche ou lointain, s’ouvre en vertigineux plans larges, en tableaux géants volontiers nébuleux et monochromes, comme les ocres brûlants de la planète Arrakis dans Dune, où le premier décor est l’air lui-même. Trouble, chargé de poussière ou de sable, il nous donne presque littéralement à respirer l’étrangeté de ces mondes. Effet d’immersion totale dans des écosystèmes de cinéma à la fois oniriques et réalistes, où le cinéaste sait installer une multitude de références et d’images. Chez Denis Villeneuve, l’authenticité du futur est directement issue de la profondeur de champ du passé et de la présence concrète de la matière. Le cinéaste tient en effet à tourner dans de vrais décors, en prises de vues réelles, en limitant autant que possible les effets spéciaux numériques. Le cinéma de Denis Villeneuve se construit depuis ses débuts sur une friction entre l’ampleur et le naturalisme. Dune 2, à ce sujet, ne pourrait s’avérer plus remarquable d’équilibre. Ici peu importe les mondes et environnements que sa caméra visite, peu importe la grandeur des décors, l’infini de l’horizon, la bizarrerie des créatures, le gigantisme des scènes d’action, tout reste en permanence palpable et organique, grâce notamment à une superbe photographie et une ambition visuelle impressionnante. Denis Villeneuve a une vision et ça change tout. Cette deuxième partie de Dune prend le temps de développer ses enjeux, mythologiques, politiques ou romanesques. C’est l’histoire d’un prophète qui ne voulait pas l’être, effrayé par les fondamentalismes qu’il suscite, puissante réflexion très contemporaine. En effet, ce film nous parle aussi d'aujourd'hui. A travers la lutte des Fremen et des Harkonnen, nous assistons au duel de deux fanatismes : l'extrémisme religieux et le fascisme. Denis Villeneuve s'est éloigné de la Terre pour mieux évoquer ce sinistre cocktail : mêler le mysticisme à la politique, à la géographie et à l'économie ne peut qu'entraîner l'humanité dans une spirale meurtrière. Quant au spectacle, il est démesuré, entre tragédie antique et odyssée guerrière. En même temps graphique à l’extrême, d’une étrange et froide opacité. La science-fiction franchit une nouvelle étape, en même tant que le héros chevauche un gigantesque ver à travers les dunes de la planète Arrakis. Un moment de grâce visuelle, parmi tant d’autres. Sans oublier la performance des comédiens, qui sont tous à la hauteur de ce fascinant péplum cosmique.

Publié dans Films

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