Une minisérie poignante sur les années sida à Londres
Russell T. Davies nous avait balancé en 2019 un uppercut émotionnel dans la série Years and Years, imaginant un futur terrifiant et malheureusement prophétique sur la montée du populisme en Occident, avec notamment une Emma Thompson en femme politique ultra conservatrice pour ne pas dire d'extrême droite, qui faisait froid dans le dos. Mais le créateur de séries sait être tout aussi dévastateur pour évoquer le passé, le sien et celui de son amie d’enfance, avec ce portrait croisé d’une bande d’amis et de colocs du Londres des années 1980. Effervescente et pleine d'humour autant que d'émotions et de drames, It's a Sin, remarquablement écrite et mise en scène, bouleverse aussi grâce à la qualité de son interprétation. A travers le parcours des cinq héros, l'horreur du début de l'épidémie de sida prend toute son ampleur : l'ignorance fatale autour de la maladie, la prise en charge indigne des malades, la stigmatisation de toute une communauté et l'aveuglement buté des autorités. Le propos, bien sûr, est éminemment politique. It’s a sin fait le récit de l’indifférence coupable de la société de l’époque à l’égard du fléau du Sida, sur fond d’homophobie galopante. Les personnages, très attachants, font bloc pour lutter contre la honte, contre l’intolérance et les conservatismes. Malgré la mort qui rôde, cette minisérie, porté par sa bande originale riche en tubes, irradie d’une euphorie chavirante. Le force du scénariste est de parvenir à donner vie à une histoire pleine de nuances qui montre bien que les héros eux-mêmes ne prennent pas la mesure du danger qui les guette. Rien n'est noir ou blanc dans ce scénario, qui ne cède jamais au pathos, c'est l'humanité qui l'emporte avec tous ses défauts et ses débordements d'énergie. Le sujet, vous l’aurez compris, est tragique, et pourtant il s’en dégage un très bel élan de vie.
It's a sin est à voir ici pour 4,99 € en location.