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Une minisérie poignante sur les années sida à Londres

Publié le par Michel Monsay

Une minisérie poignante sur les années sida à Londres
Une minisérie poignante sur les années sida à Londres

Russell T. Davies nous avait balancé en 2019 un uppercut émotionnel dans la série Years and Years, imaginant un futur terrifiant et malheureusement prophétique sur la montée du populisme en Occident, avec notamment une Emma Thompson en femme politique ultra conservatrice pour ne pas dire d'extrême droite, qui faisait froid dans le dos. Mais le créateur de séries sait être tout aussi dévastateur pour évoquer le passé, le sien et celui de son amie d’enfance, avec ce portrait croisé d’une bande d’amis et de colocs du Londres des années 1980. Effervescente et pleine d'humour autant que d'émotions et de drames, It's a Sin, remarquablement écrite et mise en scène, bouleverse aussi grâce à la qualité de son interprétation. A travers le parcours des cinq héros, l'horreur du début de l'épidémie de sida prend toute son ampleur : l'ignorance fatale autour de la maladie, la prise en charge indigne des malades, la stigmatisation de toute une communauté et l'aveuglement buté des autorités. Le propos, bien sûr, est éminemment politique. It’s a sin fait le récit de l’indifférence coupable de la société de l’époque à l’égard du fléau du Sida, sur fond d’homophobie galopante. Les personnages, très attachants, font bloc pour lutter contre la honte, contre l’intolérance et les conservatismes. Malgré la mort qui rôde, cette minisérie, porté par sa bande originale riche en tubes, irradie d’une euphorie chavirante. Le force du scénariste est de parvenir à donner vie à une histoire pleine de nuances qui montre bien que les héros eux-mêmes ne prennent pas la mesure du danger qui les guette. Rien n'est noir ou blanc dans ce scénario, qui ne cède jamais au pathos, c'est l'humanité qui l'emporte avec tous ses défauts et ses débordements d'énergie. Le sujet, vous l’aurez compris, est tragique, et pourtant il s’en dégage un très bel élan de vie.

It's a sin est à voir ici pour 4,99 € en location.

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Le courage d'un peuple

Publié le par Michel Monsay

Le courage d'un peuple
Le courage d'un peuple
Le courage d'un peuple
Le courage d'un peuple

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Un cinéaste inclassable, sensible, inquiétant, pervers, exigeant et virtuose

Publié le par Michel Monsay

Un cinéaste inclassable, sensible, inquiétant, pervers, exigeant et virtuose

Il fut un temps où chaque nouveau film de Michel Deville était accueilli avec bonheur et gourmandise. Le cinéaste, qui vient de disparaître à l'âge de 91 ans, a réalisé une trentaine de longs métrages en filmant les plus grands acteurs français, et a été sacré meilleur réalisateur aux César 1986 pour Péril en la demeure. En plus de ses talents de réalisation, il était aussi un scénariste de premier ordre, signant de nombreuses adaptations littéraires très réussies, comme Le dossier 51 pour lequel il reçut un César ou La Lectrice qui lui rapporta le prix Louis-Delluc, considéré comme le Goncourt du cinéma. Prix qu'il obtint également pour Benjamin ou les mémoires d'un puceau. Michel Deville, qui prétendait être solitaire et asocial, était un cinéaste minutieux, doué pour mettre en images un instant, une phrase, un beau paysage, un beau visage. Cinéaste-poète, il était un artiste aux gestes gracieux, aux idées baroques et aux nuances pastel. Il avait un style élégant, qui dissimulait sous le sourire une vision assez sombre de la nature humaine. De Benjamin ou les mémoires d’un puceau (1968) à l’Ours et la poupée (1970), en passant par Raphaël ou le débauché (1971) et la Femme en bleu (1973), il offrait une belle palette de folies faites pour un jupon, de tristesses survenues par amour, de délices promis par un joli minois. Bref, il réinventait la carte du Tendre. A chaque film, Michel Deville a joué avec les formes, et, à partir de la fin des années 1970, avec les difficultés. Il était impossible d’adapter Le Dossier 51, roman-puzzle de Gilles Perrault ? En 1978, il en fit un film superbe, complexe et raffiné, où le monde de l’espionnage apparaissait comme un miroir fragmenté. D'Eaux profondes (1981) à la Maladie de Sachs (1999), il proposa une plongée dans une noirceur étrange, avec Péril en la demeure (1985), le Paltoquet (1986), Toutes peines confondues (1992). À chaque fois, c’était différent, à chaque fois l’étiquette changeait. On n’arrivait pas à classer ce diable de cinéaste doux, qui peignait le monde avec un pinceau de soie et un sourire de chat. Chemin faisant, il donna à ses comédiens des moments de grâce : Marina Vlady dans Adorable menteuse (1962), Brigitte Bardot dans l’ours et la poupée (1970), Jean-Louis Trintignant dans Le Mouton enragé (1974), Miou-Miou dans la Lectrice (1988), pour ne citer qu'eux. La délicatesse était son royaume, la légèreté son apanage, l’humour mélancolique son état. Michel Deville était de ces cinéastes en lisière, n’appartenant à aucune vague, nouvelle ou antique, traçant son chemin seul, avec la classe d’un paladin égaré et le style d’un artisan certain de son art. L’amour des femmes le portait, et traversait tous ses films que l'on aura toujours un grand plaisir à revoir.

Voici quelques plans magnifiques tirés de ses films que la Cinémathèque française avait réuni à l'occasion de l'hommage qu'elle lui avait rendu en 2019, puis quelques bandes-annonces de ses films :

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Un voyage à travers les superbes collections de la BNF Richelieu

Publié le par Michel Monsay

Un voyage à travers les superbes collections de la BNF Richelieu
Un voyage à travers les superbes collections de la BNF Richelieu
Un voyage à travers les superbes collections de la BNF Richelieu
Un voyage à travers les superbes collections de la BNF Richelieu

C’est l’un des joyaux du patrimoine français, auquel le public n’a pas pu accéder pendant 12 ans. Au cœur du site de la BNF Richelieu, qui a rouvert ses portes il y a quelques mois, le musée renaît, totalement repensé. Déployées dans une succession de salles thématiques, les collections, exceptionnelles, riches de 900 œuvres trouvent un écrin à leur mesure : manuscrits, dessins, estampes, sculptures, monnaies et médailles, photographies, archéologie. Le parcours, chronologique, commence à la salle des Colonnes, qui présente de superbes objets antiques provenant de l’ancien cabinet du Roi et de dons de collectionneurs érudits. Dans son prolongement, le Cabinet précieux rassemble des monnaies, des médailles, des bijoux, des pierres gravées, de la vaisselle d’apparat, et il est suivi de trois autres salons éblouissants. Puis, la Rotonde montre des documents du département des arts du spectacle. La visite s’achève par la galerie Mazarin. Ce chef-d’œuvre de François Mansart réalisé pour le cardinal abrite dans son décor baroque les joyaux de la collection, du Moyen Âge au XXe siècle. Sans oublier pour finir, la salle ovale, spectaculaire bibliothèque et ses 20 000 livres, ce qui n'est rien au regard des 40 millions d'ouvrages conservés par la BNF. Issu du passé royal, fréquenté jusque-là par des chercheurs pointus et des étudiants, le site Richelieu vient de mettre résolument un pied dans le XXIe siècle. Nouvelle entrée, nouvel escalier, nouveau musée, nouveau jardin, parties patrimoniales ouvertes pour la première fois aux visiteurs, la BNF affiche sa volonté d’être ouvert sur l’extérieur, un lieu de visite avec ce passionnant musée autant qu’un centre de lecture.

Un voyage à travers les superbes collections de la BNF Richelieu
Un voyage à travers les superbes collections de la BNF Richelieu
Un voyage à travers les superbes collections de la BNF Richelieu
Un voyage à travers les superbes collections de la BNF Richelieu
Un voyage à travers les superbes collections de la BNF Richelieu
Un voyage à travers les superbes collections de la BNF Richelieu
Un voyage à travers les superbes collections de la BNF Richelieu
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La course à l'audience au détriment de la mission de bien informer

Publié le par Michel Monsay

La course à l'audience au détriment de la mission de bien informer

Cette minisérie australienne suit ses personnages superbes d’ambivalence, dans le décor plein de drames d’une chaîne de télé des années 80. Profession : reporter plonge ainsi dans les coulisses d'une rédaction à travers le destin d’une dizaine de personnages. Elle dépeint avec acuité une époque, les années 80 en l’occurrence, et reflète des questions de société. Notamment les rapports homme-femme. Il faut entendre les remarques désobligeantes du rédacteur en chef à l'égard de la présentatrice. Des reproches sur son habillement, son physique, ses relations intimes... La fiction s’appuie ainsi sur des dialogues trop souvent entendus au cœur des rédactions. Au gré des six épisodes, il est donc question de misogynie, mais aussi de racisme, d’homophobie, et en parallèle de course à l’audience et de course à l’info. Avec son lot de questions déontologiques : faut-il ou pas payer une interview exclusive ? Faut-il ou pas insister sur le caractère émotionnel d’un événement plutôt que sur les faits ? La série dresse avec intelligence le portrait d’une époque sans téléphone portable, avec des cassettes que l’on apportait en courant, où la radio était le média le plus réactif pendant que la télé découvrait la technologie satellitaire. L'action se situe précisément au cours de l'année 1986 marquée par la catastrophe de Tchernobyl, l’explosion de la navette Challenger, les ravages du SIDA… L’histoire intime des personnages se fracasse alors sur les faits d’actualité. La reconstitution est parfaite. Et ce, jusque dans les moindres détails du décor, du stylisme, du matériel sur le plateau de tournage. Les comédiens sont tous très convaincants, avec une mention spéciale pour Anna Torv, elle délivre ici une impeccable leçon de jeu. Sa dextérité à jongler avec une foule d’états, parfois contradictoires (ambition démesurée, faillite personnelle, professionnalisme fringuant, séduction), est un effet spécial en soi. cette minisérie captivante raconte aussi avec précision les coulisses et les grandes mutations de l’outil télévisuel durant ces années fric (coiffures et costumes kitsch à l’appui), notamment cette recherche frénétique d’audience dont il ne se remettra jamais.

Profession : Reporter est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

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Bravo messieurs

Publié le par Michel Monsay

Bravo messieurs

Ils ont vaincu le vent et la Norvège. Les biathlètes français Antonin Guigonnat, Fabien Claude, Emilien Jacquelin et Quentin Fillon Maillet sont devenus champions du monde de biathlon pour le relais 4 × 7,5 kilomètres à Oberhof en Allemagne. Ils ont devancé la Norvège, ultrafavorite de l’épreuve, de 38 secondes et la Suède de 1’39’’. En difficulté depuis le début de ces championnats, mis à part le titre de Julia Simon en poursuite et la médaille de bronze en relais mixte, l'équipe de France a été parfaitement lancée par le premier relayeur, Antonin Guigonnat. En tête de course après 7,5 kilomètres, le Haut-Savoyard de 31 ans a été rapide sur les skis et a réalisé un sans-faute au tir couché et a plutôt bien maîtrisé le debout. Solides au tir, Fabien Claude et Emilien Jacquelin ont permis à la France de rester aux avant-postes, sous la menace tout de même des Norvégiens, revenus dans les trois premiers après un mauvais départ. En position de dernier relayeur, Quentin Fillon Maillet a été l'auteur d'un somptueux dernier tir qui lui a permis de franchir la ligne d'arrivée en vainqueur malgré le retour de l'inévitable Johannes Boe. Dans des conditions de tir très compliquées à cause du vent, les français ont su saisir leur chance, face à une armada norvégienne, vainqueur des quatre relais de la saison en Coupe du monde et emmenée par Johannes Boe et ses cinq médailles d'or sur ces Mondiaux d'Oberhof. C’est à peine la troisième fois dans l’histoire (après 2001 et 2020) que les Tricolores montent sur la plus haute marche du podium dans des Championnats du monde pour le relais hommes. Bel exploit des quatre biathlètes français avec une mention particulière pour Antonin Guiguonnat et Quentin Fillon Maillet.

Voir le résumé du sacre des français ci-dessous :

Bravo messieurs
Bravo messieurs
Bravo messieurs

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On n'en peut plus de Bolloré et de son empire médiatique

Publié le par Michel Monsay

On n'en peut plus de Bolloré et de son empire médiatique

C’est ce qui s’appelle faire feu de tout bois. Le 9 février sur France Inter, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, rappelait, à deux ans de la reconduction de leurs fréquences, les obligations de pluralisme pour des chaînes comme C8 et CNews, vitrines de la télé poubelle, et pointait un certain nombre d’alertes sur la liberté de création et d’expression à Canal+, Paris Match, Europe 1, autant de médias contrôlés par Bolloré. La contre-attaque a été immédiate. Et massive. Deux communiqués outrés de Canal+ et de sa maison mère Vivendi, une campagne de pub de Havas, l’agence maison, pour défendre « la liberté d’expression ». Sur C8 et CNews, pas moins de trente-six sujets ou débats ont été consacrés en une semaine aux « menaces » (dixit la chaîne info) de la ministre, pour près de cinq heures quinze d’antenne. Dans le Journal du dimanche, autre titre maison, trois articles ont évoqué l’« affaire », dont la chronique de Gaspard Proust, qui qualifie la ministre de « nouille progressiste » et de « Staline ». L’humoriste, pourquoi se priver, a récidivé sur Europe 1. Enfin, Paris Match s’est fendu d’un éditorial au titre tout en nuances : « Tentation totalitaire ». Cette campagne contre une ministre de la République montre tous les dangers de la concentration des médias, notamment quand ils sont mis au service d’un projet politique et d’une idéologie (rappel : le chouchou de la maison Bolloré s’appelle Éric Zemmour). Elle confirme aussi que le milliardaire n’a peur de rien ni de personne quand on s’attaque à lui ou à ses intérêts. Elle dénote enfin une instrumentalisation croissante de la liberté d’expression qui, si elle constitue un droit fondateur de notre démocratie, est aussi encadrée par la loi, pour éviter de dire n’importe quoi. Et comme l'a dit l'excellent Erik Orsenna dans son dernier livre : Bolloré est dangereux pour la démocratie.

On n'en peut plus de Bolloré et de son empire médiatique

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Un formidable hymne à la vie

Publié le par Michel Monsay

Un formidable hymne à la vie

Changer notre vision du quatrième âge. C'est l'électrochoc salutaire qu'offre Septième Ciel. La coscénariste et réalisatrice Alice Vial, César du meilleur court-métrage pour Les Bigorneaux, portrait d'une jeune femme atteinte de ménopause précoce, montre que la vie peut vibrer comme jamais à l'approche de la mort. Les cheveux blancs ne transforment pas automatiquement une âme anticonformiste en vieux sage. L'esprit de rébellion, la curiosité se moquent du temps qui passe. La vieillesse est peu montrée à l'écran. La série rappelle qu'on peut tomber amoureux à n'importe quel moment de son existence. Redevenir un ado, être saisi par cette fébrilité reste à portée de main. Tant que l'on respire, rien n'est joué. Cocasse et pédagogique, Septième Ciel manie délicatesse et vulnérabilité, mais aussi montre que plus on osera filmer des corps âgés, moins on sera mal à l'aise. Féodor Atkine et Sylvie Granotier sont irrésistibles et semblent ravis de raconter une telle passion, un genre qu'on ne leur propose plus. Alice Vial a trouvé le bon dosage entre sensualité et pudeur dans les scènes d'amour, sa caméra ne montre rien de gratuit ni de provocant, mais sans non plus être timide et gênée. En nous déroulant cette histoire d’amour, il est vrai assez inhabituelle, et en choisissant de nous faire rire avec des scènes parfois loufoques et souvent hilarantes, Clémence Azincourt et Alice Vial lèvent avec beaucoup de subtilité et de tendresse le voile sur l’amour des plus âgés. Sans tabou, elles questionnent leur désir sexuel, leur libido, la fatigue des corps et plus généralement leur vie, leurs envies. Elles n’hésitent pas non plus à dénoncer l’infantilisation des plus de 70 ans et la façon dont certains pensionnaires sont traités dans les maisons de retraite, même si celle qui est dépeinte ici est presque idyllique par rapport à ce qui existe. Une série avec des personnes âgées dans un Ehpad, ce n’est pas forcément le genre de scénario que les chaînes se battent pour produire. Et pourtant, Septième Ciel diffusée sur OCS, est charnelle, tendre, drôle et nous touche tout au long des dix épisodes.

Septième ciel est à voir ici sur OCS pour 10,99, un mois d'abonnement sans engagement pour profiter de cette série et des autres programmes des chaînes OCS.

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D'autres vies que la sienne

Publié le par Michel Monsay

D'autres vies que la sienne

Libre adaptation du livre Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas, le film d’Emmanuel Carrère affirme une justesse à la matière et à l’esprit. Mais ce qui en fait un film remarquable est qu’il interroge les relations que la fiction peut entretenir avec le réel. Le cinéaste cherche dans Ouistreham un rapport au langage, celui d’une journaliste qui veut, par ses mots, rendre visibles celles qui sont invisibles, mais aussi son propre langage cinématographique, celui d’une intimité plutôt qu’une distance relative. Sans sombrer dans le misérabilisme, le film embrasse de manière frontale la réalité de ces vies à travers les gestes répétitifs qui usent prématurément les corps, les journées fragmentées qui détruisent les vies de famille, tout en soulignant l’humanité, la solidarité de ce chœur de femmes où malgré tout les rires et la joie sont bien présents. L'interprétation est aussi une grande force de Ouistreham, elle est menée par une merveilleuse Juliette Binoche, juste et effacée, entourée de non-professionnelles énergiques, lumineuses et bouleversantes qui irradient de justesse. Fidélité donc à la matière de l’œuvre de Florence Aubenas car Ouistreham est ce portrait documentaire, ni sang, ni coup de poings, ni violence, mais une suite de petits incidents quotidiens qui composent la matière même du film, auxquels ces femmes font face avec dignité. Ouistreham est un film, par sa justesse et son questionnement, nécessaire, profond et lumineux. Cheminant sur une ligne de crête entre fiction et documentaire, entre cinéma social et introspection, Emmanuel Carrère signe un film puissant sur les laissés-pour-compte de la société, où il donne à voir avec une impressionnante précision réaliste les conditions de vie de ces femmes de ménage, contraintes d'accepter l'inacceptable pour des rémunérations indécentes.

Ouistreham est à voir ici pour 2,99 € en location ou sur toute autre plateforme de VOD.

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Quatre chefs-d'œuvre pour la Saint Valentin

Publié le par Michel Monsay

Quatre chefs-d'œuvre pour la Saint Valentin
Quatre chefs-d'œuvre pour la Saint Valentin
Quatre chefs-d'œuvre pour la Saint Valentin
Quatre chefs-d'œuvre pour la Saint Valentin

Double portrait au verre de vin (1917-1918), de Marc Chagall. Marc Chagall se représente ici juché sur les épaules de sa femme, Bella Rosenfeld, épousée en 1915, dans des couleurs d’une vivacité aussi intense que leurs sentiments. Toute la composition respire la gaieté, l’équilibre magique des êtres, jusqu’au verre de vin brandi par le marié et sa main espiègle sur l’œil de sa compagne. Plénitude, légèreté, avenir solaire, seule la mort de Bella, en 1944 lors de leur exil à New York durant la guerre, séparera ce merveilleux couple en apesanteur.

La Fiancée du vent, 1913, Oskar Kokoschka. Elle dort paisiblement, il ne trouve pas le sommeil, les mains nouées. Le tourbillon qui les emporte semble autant les protéger, tel un cocon, que les broyer dans un maelström terrifiant. À l’image de la relation entre la belle Alma Mahler, veuve du compositeur, pianiste, compositrice elle-même, et le peintre. Leur histoire prendra fin en 1914 après un an de passion orageuse. Terrassé, Kokoschka, enfant terrible de l’expressionnisme, qui commença sa carrière sous les auspices de Klimt, fixe dans cette toile poignante autant la force de la passion que la douleur de la rupture, dans des coups de pinceau torturés et des déclinaisons de bleu, couleur de la tristesse.

Sur la route d’Anacapri, 1922, Gerda Wegener. Quand ils se marient à Copenhague, en 1904, à la sortie de l’école des Beaux-Arts, Gerda Wegener est portraitiste et son époux, Einar, peintre paysagiste. Mais un jour où l’un de ses modèles lui fait faux bond, Gerda demande à Einar de poser pour elle habillé en femme. C’est la révélation. Dans la peau de son double qu’il prénomme Lili, celui-ci découvre son identité féminine et décide de changer de sexe, avec l’aide de son épouse. Commence alors l’aventure d’une vie et d’une œuvre intimement confondues où, sous le pinceau de Gerda, Lili s’épanouit en belle jeune femme aux toilettes sophistiquées. Gerda elle-même se met souvent en scène aux côtés de son époux transgenre. En 1930, après une opération chirurgicale financée par Gerda, Lili devient physiquement et légalement une femme et prend le nom de Lili Ilse. Leur mariage est aussitôt annulé par les autorités.

Psyché ranimée par le baiser de l’Amour (1787-1793), d’Antonio Canova. Le marbre blanc, au grain fin et lisse, l’harmonie du mouvement des bras expriment dans ce chef-d’œuvre exceptionnel de Canova un sentiment d’amour d’une grâce et d’une perfection rares.

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