L’écologie, les océans et les enfants
Depuis 2008, Maud Fontenoy, avec la volonté sans faille qui la caractérise, propose une écologie positive et efficace, loin du dogmatisme des partis politiques. Que ce soit avec sa fondation, à l’Unesco, au Conseil économique, social et environnemental, dans ses livres ou films documentaires, l’ancienne championne des océans s’est mise à leur service et plus globalement à celui de l’environnement pour sensibiliser petits et grands à leur préservation.
Outre sa fondation, Maud Fontenoy se bat sur plusieurs fronts pour que l’on parle des océans et que leur préservation soit au centre des débats. Porte parole de la commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco, elle rappelle que : « 60% de la haute mer est aujourd’hui sans juridiction, il n’y a pas réellement de règles, ni de lois. Il va falloir impérativement gérer cette question, et pour cela la commission de l’Unesco est fondamentale puisqu’elle essaie de mettre d’accord tous les états ayant un littoral, sur ce genre de problématique. De même, la lutte de certains pays pour l’extension de leur souveraineté sur des terres émergées, avec toutes les ressources que cela représente, est une des questions cruciales du XXIe siècle. » Avec cette commission de l’Unesco, dans un rôle diplomatique, l’ancienne navigatrice contribue à remettre les océans au cœur d’un système afin que chaque décision les concernant aille dans le bon sens. L’Unesco, toujours concernée par la sensibilisation de la jeunesse, est par ailleurs partenaire des programmes éducatifs de la Fondation Maud Fontenoy
Son expertise pour aider à la décision
Parallèlement, Maud Fontenoy est membre du Conseil économique, social et environnemental en tant que personnalité qualifiée dans la section de l’environnement depuis octobre 2010. Elle y siège trois fois par semaine, après avoir quitté son petit paradis de Carqueiranne pour monter à Paris, aux côtés d’une trentaine d’autres membres afin d’apporter ensemble leur expertise et auditionner toutes les personnes susceptibles de fournir un complément d’information sur un dossier. Le gouvernement saisit cette section sur tous les sujets liés à l’environnement, et juste avant la trêve estivale la section a rendu un rapport sur un projet de loi pour la transition énergétique.
Comme elle ne pouvait pas continuer à tout assumer de front, elle n’est plus vice-présidente du conservatoire du littoral, même si elle continue à travailler avec cette institution dans le cadre d’un partenariat avec sa fondation, et à promouvoir son action : « Ce conservatoire, qui a près de 40 ans, permet en rachetant des territoires de préserver des zones de littoral afin qu’elles ne soient pas constructibles. »
Sensibiliser tous les enfants
Si les défis personnels qui ont fait sa réputation ne sont plus d’actualité depuis qu’elle est maman de deux enfants et d’un troisième à venir, elle ne dit pas qu’un jour, les deux ou trois idées qui lui trottent dans la tête ne se concrétiseront pas. Cependant, chaque été elle traverse l’Atlantique avec son voilier de course pour faire naviguer des enfants en rémission de cancer, et tout au long de l’année ce bateau permet à des gamins souvent défavorisés de découvrir la mer.
La jeunesse est bien au cœur de l’action de Maud Fontenoy, qui avec sa fondation a élaboré des programmes facultatifs d’éducation à l’environnement, adressés à tous les lycées, collèges et écoles primaires de France avec un courrier du Ministre de l’éducation nationale pour en souligner l’intérêt : « Ces programmes ont pour thématiques, l’eau, la biodiversité, les métiers liés à l’environnement, réapprendre à vivre ensemble dans le respect de l’environnement, faire que l’écologie ne soit ni culpabilisante, ni anxiogène mais ouverte à tous. Nous démarrons un nouveau programme à la rentrée dans les 55 000 écoles primaires, sur l’agriculture et l’alimentation, pour mieux faire connaître le monde agricole et comprendre comment mieux se nourrir et comment nourrir le monde. Ce programme a été conçu avec l’Unicef et le CNRS. Les collèges auront un programme sur le littoral, la biodiversité et l’engagement citoyen. Quant aux lycées, ce sera les métiers liés à l’environnement et les énergies renouvelables. »
Le fruit de son travail
D’une année sur l’autre, Maud Fontenoy a la satisfaction de voir les écoles de plus en plus attentives aux programmes et aux défis lancés par sa fondation. Ces défis participatifs, récompensés par des prix, proposent à chaque classe d’école primaire, de collège et de lycée, de travailler tout au long de l’année scolaire sur une thématique donnée. Lors de la dernière édition, 450 000 élèves ont participé aux trois défis. Ses efforts portent leurs fruits aussi auprès de l’Education nationale, dont les programmes scolaires sont très lourds à changer, et pourtant aujourd’hui le développement durable fait partie des programmes obligatoires, de même pour l’océan au collège et en seconde.
Dans la perspective de la grande conférence mondiale sur le climat qui aura lieu à Paris fin 2015, Maud Fontenoy a rencontré Laurent Fabius pour évoquer une action commune : « Cela pourrait être un programme sur le changement climatique et un grand défi national sur cette thématique, lancé à toutes les écoles de France l’année prochaine. Ce serait une très bonne chose, car pour mobiliser la société civile, il faut sensibiliser sa jeunesse. »
Convaincre aussi avec des mots et des images
Pour autant, elle ne néglige pas le grand public qu’elle essaie de toucher à travers ses livres et ses films documentaires, en essayant d’insuffler un message écologique différent. Elle a d’ailleurs écrit il y a quelque mois un essai intitulé « Ras-le-bol des écolos - pour qu’écologie rime enfin avec économie », avec la volonté d’affirmer que l’écologie ne doit pas être politique mais appartenir à tout le monde. En mettant en avant et en expliquant tout ce qui fonctionne à travers le monde, notamment au niveau des transports, de l’urbanisme et de l’énergie, elle en a fait un livre engagé pour donner envie et non pour culpabiliser le lecteur. L’écriture est très importante pour Maud Fontenoy, qui d’ailleurs aime beaucoup lire. Elle lui permet de concentrer ses idées et donner des raisons d’espérer, comme dans son prochain livre à paraître début 2015 sur le principe d’innovation. Sur cette même thématique, elle a accepté d’être une des porte-paroles du comité de soutien de la candidature de la France à l’organisation de l’exposition universelle de 2025.
Des projets de documentaires, elle en a plein ses tiroirs, mais il faut trouver le temps et l’argent pour les monter. Dans le dernier en date, « Paradis blanc », elle a réussi à associer son rêve d’aller en Antarctique avec son engagement, en emmenant avec elle quatre adolescents sourds-muets afin qu’ils deviennent ambassadeurs de la biodiversité.
Penser différemment l’écologie
Cette écolo pas comme les autres n’hésite pas à rencontrer le patron de la FNSEA pour envisager un éventuel partenariat, et faire partie d’un comité éthique mis en place par le syndicat agricole. Ses prises de position font aussi des remous, notamment celle sur le gaz de schiste, où elle a voulu clarifier cette problématique dont beaucoup ne savent pas ce qu’il y a derrière : « Tout d’abord, de quoi parle-t-on quand les gens s’énervent ? La recherche étant interdite, nous ne savons même pas si nous en avons en France. En plus, il faut savoir que c’est un gaz similaire au gaz naturel utilisé dans nos cuisines, la seule différence est que l’on va le chercher dans une roche appelée schiste. Ouvrons donc la recherche, et si jamais il y a du gaz, qu’il est exploitable et économiquement viable, il existe aujourd’hui des techniques non-polluantes alternatives à la fracturation hydraulique. »
Le dogmatisme en écologie et la chape de plomb posée sur certains sujets désolent Maud Fontenoy, surtout lorsque l’on surfe sur les peurs des français. Cependant, la question de la recherche sur le gaz de schiste est en train d’évoluer dans les mœurs, Arnaud Montebourg, Laurent Fabius et Ségolène Royal n’y sont pas opposés. Mais la politique n’intéresse pas pour le moment l’ambassadrice des océans, malgré les rumeurs qui la voyaient s’engager, notamment au moment des élections européennes.
L’amour de la nature
Sa participation à l’opération « Ma France en photo » n’est pas étonnante pour celle qui aime tant mettre en valeur le patrimoine naturel de notre pays. Ébahie tous les jours par la beauté des paysages de Carqueiranne et de ses environs, elle a photographié le 14 juillet une crique de Porquerolles, la mer turquoise. Lorsqu’elle a un peu de temps, c'est-à-dire pas souvent, elle aime cuisiner avec ses enfants pour leur apprendre la qualité des produits et se promener avec eux dans la nature. Cette boulimie d’activités dans un cadre commun, menée avec le courage et la ténacité de ses exploits passés, a pour unique but de démontrer que l’écologie est source d’inspiration, d’innovation, de rêve et qu’elle ne comporte pas que des contraintes. A près de 37 ans, ses souhaits présents et futurs se tournent aussi vers sa petite famille : « Tout d’abord, mettre au monde un petit garçon plein d’énergie et de bonne santé, puis que mes enfants aiment toujours autant la nature lorsqu’ils seront grands. »