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Aspirer à une vie normale

Publié le par Michel Monsay

Aspirer à une vie normale

Il est incontestablement un des tous meilleurs cinéastes français, ses films ont tous été primés, certains comme « Un prophète » ont reçu d’innombrables récompenses, et chaque nouvelle œuvre de Jacques Audiard est attendue avec passion et fébrilité. C’est évidemment le cas de son dernier, qui a reçu la Palme d’or du Festival de Cannes, où le réalisateur se réinvente une fois de plus et nous éblouit par sa capacité à s’approprier une histoire, même très loin de lui, et à la mettre en images si justement avec des idées de mise en scène et de cadrages dont il a le secret. Que ce soit dans le mouvement ou dans la sobriété, sa réalisation est magistrale. Qu’ils soient célèbres, en passe de le devenir ou totalement inconnus, Jacques Audiard obtient toujours de ses comédiens une partition remarquable, même quand la barrière de la langue pourrait être un obstacle, comme ici où le film est tourné principalement en langue tamoule. S’il évoque le douloureux problème des migrants, des guerres civiles des pays du Sud ou urbaines des cités ghettos de nos banlieues, il ne s’agit là que d’un arrière plan, le film accompagnant au plus près un homme, une femme et une enfant dans leur tentative de se reconstruire ailleurs. Cet homme au début du film allume le bucher où sont disposés les cadavres d’autres soldats tamouls. La guerre étant perdue, il se retrouve dans un camp de réfugiés où avec une jeune femme qu’il ne connaît pas et une fille de 9 ans orpheline, ils réussissent à convaincre le Haut commissariat aux réfugiés de récupérer les passeports d’une famille disparue en prenant leur identité. Ils quittent le Sri Lanka en bateau et sont parachutés quelques jours plus tard dans une cité très sensible de la grande banlieue parisienne, où l’homme obtient le poste de gardien. Jacques Audiard aime la difficulté, chacun de ses films en atteste, d’ailleurs qui d’autre que lui pouvait se lancer dans une telle aventure. Les sentiments qui dominent son cinéma sont bien présents, la peur, la violence mais aussi une douceur, une sensibilité qui créent un contraste vertigineux, même s’il les aborde ici différemment. En plus du formidable coup de projecteur sur ces réfugiés, que certains nomment avec mépris immigrés sans ne rien connaître de leur vie, ou au mieux que l’on croise chaque jour avec indifférence, cette œuvre majeure restera longtemps dans nos esprits.

 

                                                                                                                      

Dheepan – Un film de Jacques Audiard avec Jesuthasan Antonythasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby, Vincent Rottiers, ...

Publié dans Films

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Dénuement

Publié le par Michel Monsay

Dénuement

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Le chef-d’œuvre d’une artiste totale

Publié le par Michel Monsay

Le chef-d’œuvre d’une artiste totale

Dès les premières notes sur lesquelles Melody Gardot pose sa voix sublime, on est complètement sous le charme et cela ne va pas se démentir tout au long des dix morceaux de cet album indispensable. L’artiste américaine est revenue de très loin après avoir été percutée en vélo par un 4x4 en 2003, elle a failli restée paralysée et en garde aujourd’hui encore des séquelles, dont une hypersensibilité à la lumière. A 30 ans, elle sort un quatrième album éblouissant qui bouscule les frontières entre genres musicaux avec une aisance confondante. Passant naturellement du jazz au gospel, au blues, au rhythm and blues, à la pop voire à des ballades d’un romantisme bouleversant, Melody Gardot qui a décidément tous les talents a signé les merveilleuses compositions de cet album. Elle en a écrit également les paroles à forte connotation sociale, où elle rend hommage aux laissés pour compte croisés dans les rues de Los Angeles. Entourée d’excellents musiciens, dont des fabuleuses sections de cuivres et de cordes, l’artiste joue elle-même du piano et de la guitare. Mais la cerise sur ce gâteau exceptionnel est bien la voix de Melody Gardot, chaude, envoutante, puissante ou d’une douceur infinie, elle en joue sur tous les tempos et dans tous les styles avec un talent qui laisse sans voix. Pour cet album d’anthologie, l’artiste a refait appel à l’un des meilleurs producteurs américains de ces 20 dernières années, Larry Klein. Tout a été enregistré en analogique plutôt qu’en numérique et en prise directe avec tous les musiciens ensemble dans le studio. Le résultat est miraculeux et permet de mettre en valeur une voix au sommet de son art, des textes humanistes et une musique qui nous fascine à chaque écoute par sa richesse.

 

                                                                                                                      

Melody Gardot – Currency of man – Decca Records – 1 CD : 13,99 €.

Publié dans Disques

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Comédie humaine dans un Pérou en plein boom

Publié le par Michel Monsay

Comédie humaine dans un Pérou en plein boom

Quel bonheur de se plonger dans le dernier roman de Mario Vargas Llosa, le premier que le grand écrivain ait écrit depuis le Prix Nobel de littérature reçu en 2010. A 79 ans, il n’a rien perdu de son immense talent de conteur, de chroniqueur lucide et caustique d’une société péruvienne en pleine mutation, et de maître du bouillonnement romanesque en alternant deux histoires parallèles aussi captivantes l’une que l’autre. La peinture qu’il nous livre de son pays laisse entrevoir une pauvreté qui semble avoir quelque peu reculé, mais avec le développement économique sont venus se greffer une corruption, des mafias locales, des valeurs morales vacillantes notamment auprès de la jeune génération, et une presse qui ne s’intéresse qu’aux faits divers. Malgré cet arrière-plan au constat mitigé, les deux principaux protagonistes de ce magnifique roman ont quelque chose d’héroïque, d’admirable, un héroïsme ordinaire, invisible, notamment l’un d’eux capable de dire non au chantage même lorsqu’un danger de mort le guette. Il ne faut pas croire pour autant qu’il s’agit d’un roman noir, sinistre, bien au contraire il est truculent, l’humour y est souvent présent, et il est surtout remarquablement écrit et construit. Le patron d’une entreprise de transport à Piura dans le Nord du Pérou, un homme intègre, droit, qui s’est fait tout seul à force de travail, découvre un matin une lettre clouée sur sa porte, dans laquelle une organisation sans-doute mafieuse lui propose la protection de son entreprise fleurissante contre la somme de 500 dollars par mois. Il va porter plainte au commissariat pour cette tentative de racket, puis rend visite à une amie qui a des dons de voyance et en laquelle il a une confiance totale pour ses conseils toujours avisés. C’est là le point de départ d’une des deux intrigues que l’on suit avec la même jubilation alternativement d’un chapitre à l’autre. Les deux histoires, truffées de nombreux rebondissements, oscillent entre vaudeville et drame sous la plume virtuose d’un grand monsieur de la littérature.

                                                                                                                     

Le héros discret – Un roman de Mario Vargas Llosa – Gallimard – 479 pages – 23,90 €.

Publié dans Livres

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Veste léopard et regard complice

Publié le par Michel Monsay

Veste léopard et regard complice

Publié dans Photos

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