1917
Il y a une vingtaine d'années on découvrait "American beauty", Sam Mendes remportait alors 5 Oscars pour son premier film, et depuis le cinéaste anglais n'a cessé de nous surprendre et nous passionner jusqu'aux deux derniers James Bond, notamment l'excellent "Skyfall". A 54 ans, pour son huitième film il nous plonge en totale immersion au cœur de la Première guerre mondiale en ne quittant pas deux soldats envoyés en mission à travers les tranchées, no-man's-land, barbelés, lignes ennemies, pour tenter d'empêcher une catastrophe. Outre l'incroyable virtuosité des mouvements de caméra, cadrages, mise en scène, Sam Mendes nous montre l'horreur de cette guerre comme très rarement, la vie ne tenant qu'à un tout petit fil, la mort omniprésente, la puanteur et le sordide des situations, avec un réalisme et un fatalisme oppressants qui nous laisse sonnés lorsque la lumière se rallume après être passé par toutes sortes d’émotions. Le réalisateur a eu la bonne idée de ne pas prendre de stars pour interpréter les deux personnages principaux, ce qui participe un peu plus à la crédibilité et au pouvoir de cette histoire, d'autant que les deux comédiens apportent une candeur et une spontanéité incomparables. Le scénario inspiré des récits du grand-père du cinéaste est très habilement construit, à la manière d'une course contre la montre insoutenable, mais ne restant pas à la surface des choses, laissant paraître en arrière-plan une réflexion lucide sur la condition humaine. Cette expérience viscérale que Sam Mendes fait vivre au spectateur, en plus d'être un très grand film, nous rappelle la chance que nous avons de ne pas vivre une guerre.