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Un chef-d'œuvre de poésie aux arrangements musicaux d'orfèvre

Publié le par Michel Monsay

Un chef-d'œuvre de poésie aux arrangements musicaux d'orfèvre

La chanson française se porte bien, merci pour elle, après le très bel album de Benjamin Biolay, voici celui de Dominique A, une merveille, qui vient s'ajouter à un répertoire déjà bien fourni en pépites comme Éléor, Vers les lueurs, L'horizon,... Le chanteur majuscule revient à une production aérienne et spacieuse qui happe dès le premier morceau. Cet album a été longuement mûri depuis quatre ans par son auteur-compositeur-interprète, qui s’est mis une pression artistique plus grande qu’à l’accoutumée. Le résultat est beau, dénudé, profond. Le propos, lui, ne laisse pas de place au doute : l'actualité brûlante s'invite, pour la première fois chez Dominique A. L'état de la planète, en l'occurrence, ne pouvait être passé sous silence : "Le fait de laisser l'époque m'imprégner, c'est quelque chose qui est venu avec les années. Mais je ne me vois pas ne pas en parler, ça m'inquiète comme beaucoup de gens. Et cette inquiétude contamine l'écriture." Dix chansons composent ce nouvel album intitulé Le Monde réel. C’est un disque qui veut embrasser l’univers, traverser montagnes, vallées, océans, glaciers, forêts, depuis la ville où tout est triste et carré. Le premier titre le dit, qui invite à descendre au “dernier appel de la forêt” comme à une gare sur le trajet d’un train qui va trop vite. Il y a de l’inquiétude et de la cruauté dans les textes, mais en même temps, le disque n’est pas dénué d’humour, on sent aussi la volonté d’un grand élan d’apaisement et de réconciliation, un appel par exemple au collectif dans un morceau qui dit sans candeur : “nous n’irons bien qu’avec les autres”. Il y a surtout, comme pour contrebalancer le déclin ambiant, une grande vitalité musicale dans le disque. L’ambition est symphonique, avec des magnifiques cordes, une attention singulière aux harmonies, et des mélodies faussement simples, qui prennent parfois des détours inattendus, il y a du Debussy dans les arrangements, et cerise sur le gâteau, une voix plus libérée, moins rigide. Chaque chanson nécessite plusieurs écoutes pour capter la splendeur musicale et poétique de cet album indispensable.

En voici trois magnifiques exemples :

Publié dans Disques

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Un très bel album à la mélancolie tantôt dansante tantôt émouvante

Publié le par Michel Monsay

Un très bel album à la mélancolie tantôt dansante tantôt émouvante

Le prolifique Benjamin Biolay fait les grandes heures de la chanson française depuis deux décennies déjà, à travers son propre répertoire, ou celui qu’il écrit pour les autres. Personnel et sentimental, Saint-Clair est un disque cousu de sonorités rock, riche en riffs et en guitares qui font penser au groupe américain The Strokes, influence assumée par le chanteur, qui portent sa voix chaude et ses ballades aériennes. Titré en hommage à la ville de Sète, où il réside désormais la plupart du temps, après y avoir passé beaucoup de vacances enfant, Benjamin Biolay se fend de dix-sept titres qui rappellent par moments La Superbe, double album majestueux dans lequel il avait laissé tout son talent s’épanouir. Saint-Clair diffuse son charme notamment avec Les Lumières de la ville, titre où son sens mélodique surprend à nouveau, dans les petits décrochés d’un refrain qui ressemble à un chemin de traverse plutôt qu’à une autoroute pop. Mais aussi avec (Un)Ravel, la confession sans fard d’un homme qui doute toujours, De la beauté là où il n’y en a plus, tout en envolées classieuses, ou Santa Clara, un très beau duo en forme de western symphonique avec Clara Luciani. Sur l'ensemble de l'album, tout roule fenêtre ouverte, vers cette chanson rock dont il connaît les codes par cœur, qu’il s’amuse à travestir de disco, Pieds nus sur le sable, d’électro de fin de nuit, Numéros magiques et habille toujours de sa prose d’amoureux perpétuel, jouisseur invétéré ou écorché repenti. Benjamin Biolay a beau aimer la vitesse, on le suit d'ailleurs avec plaisir, c’est dans ses moments calmes qu’il nous emporte complètement. La puissance des mélodies, les arrangements audacieux, les refrains entêtants, les images véhiculées par les textes, et ce timbre voluptueux, Benjamin Biolay livre un excellent dixième album, enregistré en analogique, sans programmation ni ordinateur, qui oscille entre une belle énergie et une émotion dont il a le secret.

Publié dans Disques

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Écœurant et inadmissible

Publié le par Michel Monsay

Écœurant et inadmissible
Écœurant et inadmissible

On apprend que l'ancien préfet de police, ami de Macron et Darmanin, Didier Lallement, celui de la répression brutale des Gilets Jaunes et du fiasco du Stade de France, est nommé secrétaire général de la Mer ! Une décision qui nous rappelle combien malheureusement au sommet de l’État on considère encore la mer comme une poubelle. Ce que M. Macron pense de la mer ? Rien. Pour lui, c'est juste un "truc" où recaser Didier Lallement dont personne ne veut. Ce mépris pour les enjeux maritimes est une faute politique, cette protection d'un homme aussi brutal est une faute morale ! Très critiqué pendant ses trois ans et demi à la préfecture de police de Paris, le haut fonctionnaire est visé en plus par deux informations judiciaires au sujet du maintien de l’ordre pendant les Gilets jaunes. Rien, absolument rien n'obligeait le gouvernement à cette nomination surprise de l'ex préfet Lallemant, (66 ans !)  au poste de secrétaire général de la Mer. Rien sinon la volonté d'envoyer un message d'impunité et de soutien après tous les fiascos dont il a été responsable, sans parler de l'absence de compétences du personnage sur le sujet. On ose à peine imaginer ce que va faire ce triste sire en matière d'environnement ou sur la question des migrants en Méditerranée ou à Calais. Décidément l'indécence de M. Macron n'a pas de limites, le revers qu'il a essuyé aux Législatives ne l'empêche nullement de continuer à jouer l'empathie ou afficher des sourires par devant, et à faire ce que bon lui semble par derrière.

Publié dans Chroniques

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Un mélodrame bienveillant et subtil, lumineux et douloureux

Publié le par Michel Monsay

Un mélodrame bienveillant et subtil, lumineux et douloureux

Avec ce cinquième long métrage, Rebecca Zlotowski signe à la fois un très beau portrait de femme et une histoire d’amour où la bienveillance l’emporte sur la rivalité, où la masculinité accepte sa part féminine et où les archétypes se déconstruisent par un pas de côté. Avec l’intelligence qu’on lui connaît et une délicatesse plutôt nouvelle, la cinéaste interroge sur les liens du cœur aussi forts que ceux du sang, sur le besoin de maternité, sur les multiples façons de créer une famille, à travers le cas d’une fille simple et généreuse qui ne renonce jamais. Une histoire plutôt banale, mais la justesse des situations et la bienveillance des personnages la transforment en une fugue sentimentale follement touchante, avec une fois n'est pas coutume un rôle de belle-mère qui n'est ni caricatural ni secondaire, mais profond et bouleversant. On vibre à l’unisson des émotions de Virginie Efira, magnifique de talent et de volupté, d'une justesse désarmante, trois semaines après Revoir Paris, d'Alice Winocour, l'actrice touche à nouveau en plein cœur. En face d'elle, Roschdy Zem, joue, lui, un autre versant de la masculinité pour la cinéaste, après l’autorité et le charisme au cœur de son rôle de président de la République dans la formidable mini-série télévisée Les Sauvages. L’auteure l’envisage ici dans la pulsation paternelle et dans la sensualité tranquille, et l’alchimie entre les deux embrase l’objectif. Du premier au dernier plan, Rebecca Zlotowski, aussi inspirée quand elle met en scène l'ivresse sentimentale de ses personnages ou les dialogues entre l'héroïne et la fille de 5 ans de son amoureux, excelle à enregistrer ces petits riens qui font parfois les plus beaux films, et qui racontent notamment la mélancolie des rendez-vous ratés avec l'existence, mais aussi l'excitation des rendez-vous réussis avec le désir, l'érotisme et la joie consolatrice. Rebecca Zlotowski allie une grande maturité dans son travail et dans sa vision des fils qui unissent les êtres. L’élégance, la fluidité sans chichis de sa mise en scène, et la combinaison d’un classicisme formel avec un regard contemporain font tout le sel de ce film remarquable.

Publié dans Films

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Magnifique série à fleur de peau

Publié le par Michel Monsay

Magnifique série à fleur de peau

Tout commence comme dans n’importe quelle série adolescente : c’est le jour de la rentrée pour Sasha qui vient de déménager avec sa famille et fait son arrivée dans un nouveau lycée. Sur ce canevas bien identifié, la créatrice Yaël Langmann, également coréalisatrice, brode une histoire singulière et universelle qui bouleverse et galvanise. Chair tendre s’empare d’un sujet inédit en fiction française : Sasha est née intersexuée, c’est-à-dire dotée de caractéristiques physiques qui ne correspondent pas aux stéréotypes du masculin et du féminin. À mille lieues du film-dossier, Chair tendre, prix de la meilleure série française au dernier festival Séries Mania, ose le clair-obscur, y compris dans sa splendide photographie, déboussole avec bonheur par ses airs de chronique naturaliste à l’anglaise, réveille par son inventivité joueuse et son humour qui bataillent au coude-à-coude avec la souffrance. Entre sa volonté de pédagogie et un parti pris de mise en scène radical, Chair tendre maintient un équilibre qui tient du miracle. Il y a des séries comme ça, qui vous marque durablement par une très belle réalisation et des interprètes incandescents, notamment l’héroïne et sa jeune sœur, toutes deux remarquables, mais aussi les autres jeunes acteurs qui les entourent et les adultes. La série épouse très justement les humeurs et la violence verbale adolescente, passant de l'explosion de rire à la boule au ventre, tout en sachant être nuancée. Son sens du détail, son rythme, sa construction, tout est réuni dans cette série qui, sans escamoter la brutalité ni la complexité, parvient à partager un récit épidermique, osant avec vivacité, l’émotion et l’humour.

A voir ici ou sur le replay de France 5.

Publié dans replay

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Quand la publicité est intelligente

Publié le par Michel Monsay

Publié dans Chroniques

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Le courage des femmes iraniennes

Publié le par Michel Monsay

Le courage des femmes iraniennes

Tout va si vite qu’il est impossible de savoir où en sera demain le pouvoir en Iran. pour l'instant, les autorités de Téhéran ont coupé l’accès à Instagram et WhatsApp — YouTube, Facebook, Telegram, Twitter, Tiktok sont déjà entravés, voire totalement bloqués. Signe de panique et enjeu de taille : depuis sept jours, les réseaux sociaux sont la caisse de résonance d’une vague de colère qui, loin de s’essouffler, prend de l’ampleur. La fronde a éclaté après la mort d’une inconnue devenue symbole, Mahsa Amini, 22 ans, interpellée par la police des mœurs pour avoir eu l’outrecuidance de laisser dépasser quelques cheveux de son voile islamique… Et voilà que le corps des femmes, une fois de plus au cœur de l’arène politique, objet des diktats liberticides des islamistes iraniens (comme, ailleurs, des talibans afghans), devient une arme de libération aux yeux du monde entier : on ne compte plus les photos et les vidéos d’Iraniennes arrachant leur voile, dansant autour d’un feu de joie avant de le jeter aux flammes, ou se coupant les cheveux… Agissant à visage découvert, applaudies par des hommes qui les soutiennent. Ce n’est certes pas la première fois que des manifestations éclatent en Iran, ni que des Iraniennes défient les barbus sur les réseaux. Mais, de l’avis de nombreux spécialistes, cette révolte-là revêt un enjeu particulier, parce qu’elle traverse les classes sociales, fédère donc hommes et femmes, et n’a pas pour cause, comme ce fut le cas dans le passé, la hausse des prix ou le non-respect de la démocratie… L’imposition du voile va bien au-delà, marqueur politique des mollahs autant qu’outil de contrôle social. Ce à quoi nous assistons dans ces images sur Twitter, ces bouts de tissu qu’on brûle et ces cheveux qu’on coupe, c’est à la mise en cause de tout un régime. Et d’une conception du monde qu’on aimerait ranger une fois pour toutes dans le passé. Cela dit, c'est loin d'être gagné, la répression brutale du régime est sans pitié. Les autorités, outre le blocage d'Internet, sont déjà responsable de la mort de 31 manifestants, sans parler des nombreux blessés, des innombrables arrestations et passages à tabac.

Publié dans Chroniques

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Une histoire d'érotisme, de désir, mais aussi de censure

Publié le par Michel Monsay

Une histoire d'érotisme, de désir, mais aussi de censure

L'art du derrière, une folle histoire de fesses, est un ambitieux et joyeux documentaire, qui analyse l'évolution des représentations du fessier, notamment pour comprendre ce que cela dit de notre rapport au corps. Le postérieur en majesté, sous toutes les coutures et à toutes les époques dans l’histoire de l’art et la culture pop. De la mode au cinéma, en passant par la peinture, la sculpture ou la photo, les réalisateurs de ce documentaire nous éclairent sur l’épopée d’un croupion qui, sous ses airs joufflus, rime avec censure, émancipation, évolution des mœurs… Des historiens et des personnalités du monde artistique se relaient pour évoquer pêle-mêle la Vénus de Milo, les fesses libératrices de Brigitte Bardot ou celles, provocatrices, de Michel Polnareff, la transgression de Michel-Ange représentant le séant de Dieu au plafond de la chapelle Sixtine, ou le célèbre et hilarant sketch du Petit rapporteur sur le village de Montcuq… L’ensemble brasse large, mais vise juste, en retraçant finement le double mouvement de libération et de marchandisation du corps des femmes, les différences fondamentales de regard portés, encore aujourd’hui sur le fessier féminin, forcément érotique, et sur celui des hommes, conquérant et guerrier, ou alors trivial et drôle, ambiance troisième mi-temps de rugby déculottée… En faisant intelligemment dialoguer des points de vue, parfois contradictoires, le film questionne aussi l’évolution du regard porté sur certaines œuvres à l’ère de la révolution #MeToo. Il est évidemment question de la scène devenue mythique du film de Godard, Le Mépris, "Tu les trouves jolies mes fesses", qui n'apparaît pas dans le scénario original. Le cinéaste ne l'avait pas écrite. Sous la pression des producteurs qui voulaient une scène de nu avec Bardot, il a été obligé de rajouter cette séquence. Godard qui cède à la pression donc, mais Godard qui se joue aussi de ces financiers. Il ajoute des filtres de couleur, accentue la présence de la musique... Des sortes de subterfuges pour détourner quelque peu le regard du spectateur. Pas question en effet de se concentrer sur le derrière de Bardot. L'art est ailleurs... C'est ce que nous montre joliment ce documentaire.

A voir ici ou sur le replay de France 5.

Publié dans replay

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Une chronique familiale à l'énergie torrentielle

Publié le par Michel Monsay

Une chronique familiale à l'énergie torrentielle

Avec l'impressionnant La loi de Téhéran, qui avait marqué l’été 2021, Saeed Roustaee s’était révélé aux yeux du monde entier, suscitant ainsi de grandes attentes quant à la suite de sa carrière. Un an plus tard, le jeune réalisateur iranien de 33 ans confirme tout le bien que l’on pensait de lui avec Leila et ses frères, fresque familiale aussi ample et captivante que son opus précédent. Il part de la violence des rapports sociaux entre les individus afin de dévoiler la part d’humanité qui se niche chez eux, nous offrant un regard riche et nuancé sur l’Iran. Ce que dénonce ici le cinéaste, à travers le portrait de cette famille marquée par le dénuement, c’est la vacuité morale qui menace la population iranienne, la perte de ses idéaux. Saeed Roustaee pense que la crise vécue par l’Iran est la source de la vitalité de sa cinématographie, concentrée sur les problématiques sociales, et compare cette situation à celle qui a vu l’émergence du néoréalisme en Italie. La remarque, judicieuse, confirme que la trajectoire de cette chronique familiale rappelle celle de Rocco et ses frères dans son souffle tragique mâtiné de tendresse. Force est de constater l’importance et la richesse de la production iranienne depuis quelques années. À cet égard, l’interdiction de la sortie du film en Iran, et surtout le récent emprisonnement de Jafar Panahi, qu'on ne présente plus, et de Mohammad Rasoulof (Le diable n'existe pas, Ours d'or à Berlin), nous rappellent le grand danger qui pèse sur ces artistes et le courage dont ils font preuve à chacun de leur nouveau projet. Ces tristes événements nous obligent également à porter avec encore plus d’ardeur ces œuvres, surtout lorsqu'elles sont aussi réussies, qui parviennent à échapper à la main de ce régime pour nous offrir la puissance de leur discours, aussi bien politique que poétique. Au centre de cette famille, il y a Leila, cette femme voilée, qu'on pourrait croire soumise, qui est la seule à incarner véritablement la recherche du progrès et à remettre en cause les fondements d’un système patriarcal et hiérarchique à bout de souffle gouvernant toujours la société iranienne. Son personnage, magnifiquement interprété par Taraneh Alidoosti, met en évidence un contraste, un paradoxe même, entre l’image de tradition qu’elle dégage et sa modernité, son intelligence, sa clairvoyance. Ce film remarquablement mis en scène avec une incandescence sacrément féroce, s’avère un puissant et attachant portrait de famille, mais aussi le tableau d'une société plongée dans l’obsession du paraître, qui préfère aujourd’hui se réfugier dans le factice et le mensonge pour conserver un minimum de dignité. Espérons que la colère et les manifestations courageuses qui ont lieu aujourd'hui en Iran, suite à la mort d'une jeune femme arrêtée par la police des mœurs pour un voile jugé mal ajusté, parviendront à faire bouger les choses.

Publié dans Films

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Beau portrait d'un génie du cinéma

Publié le par Michel Monsay

Beau portrait d'un génie du cinéma

Ce documentaire tout en élégance rend hommage à la personnalité singulière du réalisateur d’Hiroshima mon amour et de L’année dernière à Marienbad, décédé en 2014. En 53 minutes, Alain Resnais, l'audacieux couvre avec précision, admiration et respect l’ensemble de la carrière de ce cinéaste, qui s’est régulièrement distingué par ses multiples et diverses innovations en matière de récits et de formes cinématographiques. Pour expliquer la construction de son œuvre monumentale, intimidante, derrière laquelle Alain Resnais se cachait, Pierre-Henri Gibert s’attache ici à retracer le parcours intime de cet artisan méticuleux, timide et angoissé. L’astucieux enchevêtrement de photos, d’archives inédites, de témoignages de proches (Agnès Jaoui, André Dussollier, Pierre Arditi…), surplombé par la voix off du maître, brosse le portrait touchant d’un homme simple, fidèle au désir d’évasion de l’enfant hypersensible qu’il fut lorsqu’il combattait l’ennui et la maladie grâce à l’amour du cinéma. On y prend aussi un grand plaisir à le voir filmé, plus ou moins à son insu, affichant sa grande timidité, son profond repli dans un monde imaginaire, ce qui n’altérait en rien son sens de l’écoute, sa courtoisie teintée d’une discrète gentillesse à l’égard d’autrui. Les choix d’extraits de films sont très pertinents, bien ancrés dans l’évolution socio-politique du réalisateur, très engagé dans ses premiers films, documentaires et fictions, dont certains furent victimes de la censure. Les années passant, la tonalité de ses films s'est faite plus légère. Place aux chansons et au théâtre avec Mélo, Smoking/No Smoking, On connaît la chanson... Dans ce documentaire intelligent et touchant, ses acteurs fétiches notent l’étrange phénomène auquel ils assistèrent : Alain Resnais rajeunissait avec l’âge. Le fils de pharmacien de province, métier auquel ses parents le prédestinaient et qui considéraient le cinéma comme une perte de temps, avait trouvé un remède miracle en l’imagination.

A voir sur le replay d'Arte ou ci-dessous :

Publié dans replay

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