Une histoire d'érotisme, de désir, mais aussi de censure

Publié le par Michel Monsay

Une histoire d'érotisme, de désir, mais aussi de censure

L'art du derrière, une folle histoire de fesses, est un ambitieux et joyeux documentaire, qui analyse l'évolution des représentations du fessier, notamment pour comprendre ce que cela dit de notre rapport au corps. Le postérieur en majesté, sous toutes les coutures et à toutes les époques dans l’histoire de l’art et la culture pop. De la mode au cinéma, en passant par la peinture, la sculpture ou la photo, les réalisateurs de ce documentaire nous éclairent sur l’épopée d’un croupion qui, sous ses airs joufflus, rime avec censure, émancipation, évolution des mœurs… Des historiens et des personnalités du monde artistique se relaient pour évoquer pêle-mêle la Vénus de Milo, les fesses libératrices de Brigitte Bardot ou celles, provocatrices, de Michel Polnareff, la transgression de Michel-Ange représentant le séant de Dieu au plafond de la chapelle Sixtine, ou le célèbre et hilarant sketch du Petit rapporteur sur le village de Montcuq… L’ensemble brasse large, mais vise juste, en retraçant finement le double mouvement de libération et de marchandisation du corps des femmes, les différences fondamentales de regard portés, encore aujourd’hui sur le fessier féminin, forcément érotique, et sur celui des hommes, conquérant et guerrier, ou alors trivial et drôle, ambiance troisième mi-temps de rugby déculottée… En faisant intelligemment dialoguer des points de vue, parfois contradictoires, le film questionne aussi l’évolution du regard porté sur certaines œuvres à l’ère de la révolution #MeToo. Il est évidemment question de la scène devenue mythique du film de Godard, Le Mépris, "Tu les trouves jolies mes fesses", qui n'apparaît pas dans le scénario original. Le cinéaste ne l'avait pas écrite. Sous la pression des producteurs qui voulaient une scène de nu avec Bardot, il a été obligé de rajouter cette séquence. Godard qui cède à la pression donc, mais Godard qui se joue aussi de ces financiers. Il ajoute des filtres de couleur, accentue la présence de la musique... Des sortes de subterfuges pour détourner quelque peu le regard du spectateur. Pas question en effet de se concentrer sur le derrière de Bardot. L'art est ailleurs... C'est ce que nous montre joliment ce documentaire.

A voir ici ou sur le replay de France 5.

Publié dans replay

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