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A la fois infiniment touchant et burlesque

Publié le par Michel Monsay

A la fois infiniment touchant et burlesque

La présentation de cette petite merveille de comédie tendre a été l’un des moments les plus émouvants du Festival de Cannes qui vient de s’achever, tant pour les nombreuses qualités du film que pour l’absence de sa réalisatrice. Décédée en août 2015 pendant le montage du film à l’âge de 54 ans, Solveig Anspach s’était fait connaître en 1999 avec le très beau « Haut les cœurs », où elle nous racontait sous les traits de Karin Viard son combat victorieux contre le cancer. Malheureusement la maladie l’a rattrapée, et sa dernière œuvre vient de remporter à titre posthume le prix de la Quinzaine des réalisateurs. Difficile de résister au charme de ce film, à la finesse de son écriture, au comique de situation admirablement bien senti et irrésistiblement drôle, à la capacité de la cinéaste de passer allègrement de l’émotion à la pure fantaisie, mais aussi à la beauté des paysages islandais et à l’ambiance si particulière des piscines. De l’autre côté de la caméra, Samir Guesmi aussi maladroit et lunaire que surprenant, et Florence Loiret Caille aussi déterminée que fragile sont tous deux excellents chacun dans son registre, et forment un duo improbable et très attachant. Un homme d’une quarantaine d’années, chef grutier sur un chantier à Montreuil en banlieue parisienne, assiste éberlué à une scène dans un café, où une femme rembarre assez vertement un homme qui la drague sous couvert d’un prétendu rendez-vous pour un boulot. Notre chef grutier a un coup de foudre et apprend que la femme est maître-nageuse à la piscine de Montreuil. Après avoir acheté un maillot de bain orange fluo, il s’inscrit à des cours de natation. Cette comédie romantique d’une réjouissante cocasserie nous procure un double sentiment : un bonheur intense à suivre les aventures de ces deux célibataires en recherche d’amour, et beaucoup de tristesse en se disant qu’il s’agit du dernier film de cette cinéaste franco-islandaise de grand talent.

                                                                                                                  

L’effet aquatique – Un film de Solveig Anspach avec Florence Loiret Caille, Samir Guesmi, Didda Jonsdottir, …

Publié dans Films

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L’honneur du journalisme d’investigation

Publié le par Michel Monsay

L’honneur du journalisme d’investigation

En remportant deux Oscars en février dernier, dont celui du meilleur film 2015, Spotlight clôt magistralement la vague d’enthousiasme qu’il a suscité depuis sa sortie. Pour son cinquième film, le réalisateur américain de 50 ans, Tom McCarthy, change de catégorie en touchant un public beaucoup plus large avec un excellent scénario, également lauréat  d’un Oscar, inspiré de la première affaire de prêtres pédophiles révélée par la presse. Plus précisément par Spotlight, la cellule d’investigation du quotidien The Boston Globe, qui avait reçu le Prix Pulitzer pour son enquête minutieuse et si précieuse parue en janvier 2002. Le cinéaste a trouvé la juste mesure pour retranscrire un tel sujet, tout y est précis sans alourdir le propos d’une charge trop facile ou d’effets spectaculaires. Il place sa caméra à la bonne distance, au propre comme au figuré, pour s’en tenir aux faits et suivre la formidable équipe de journalistes dans son quotidien besogneux afin d’obtenir des preuves. D’ailleurs, une mention toute particulière aux comédiens, qui sont tous totalement impliqués dans leur personnage, ce qui apporte au film un relief impressionnant. Le film démarre à Boston en 1976, dans un commissariat où un évêque tente de convaincre une mère de quatre enfants de retirer la plainte contre un prêtre qu’elle accuse de pédophilie. L’évêque lui rappelle tout le bien que fait l’Eglise dans la communauté et promet de muter le prêtre en question. Le prélat repart en voiture avec le procureur adjoint, et on sent bien qu’il n’y aura pas d’acte d’accusation. 25 ans plus tard, en juillet 2001, un nouveau rédacteur en chef arrive au Boston Globe. On ressort de ce film, enthousiasmé par sa puissance mais avec un profond sentiment de nausée devant ces actes, devant le pouvoir de l’Eglise, devant son silence et celui des notables de la ville. Cette affaire, malheureusement toujours d’actualité, a été le premier maillon d’une prise de conscience qui on l’espère verra le Pape François prendre enfin les mesures nécessaires. En tout cas, ce film remarquable en tous points est à ne manquer sous aucun prétexte.

                                                                                                                     

Spotlight – Un film de Tom McCarthy avec Mark Ruffalo, Michael Keaton, Rachel McAdams, … - Warner home vidéo – 1 DVD : 17,99 €.

Publié dans DVD

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En pleine action

Publié le par Michel Monsay

En pleine action

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Quand l'architecte a du talent

Publié le par Michel Monsay

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Élément de sécurité pour mer agitée

Publié le par Michel Monsay

Élément de sécurité pour mer agitée

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Il a de l'allure

Publié le par Michel Monsay

Il a de l'allure

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En chemin vers le nez de Jobourg

Publié le par Michel Monsay

En chemin vers le nez de Jobourg

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Dans les entrailles de New-York

Publié le par Michel Monsay

Dans les entrailles de New-York

Il y a d’un côté ses romans, le premier d’entre eux, « Les seigneurs » publié en 1974 à l’âge de 24 ans, avait déjà été très remarqué et adapté au cinéma. Puis de l’autre ses scénarios, notamment « La couleur de l’argent » de Martin Scorsese. Par ses deux activités, Richard Price est l’un des plus grands écrivains de l’Amérique urbaine, celui pour qui les rues de New-York n’ont pas de secret, même les plus mal famées. A 66 ans, ce natif du Bronx nous éblouit dans son neuvième roman par sa capacité à retranscrire le quotidien sordide d’une brigade de nuit de la police newyorkaise avec une incroyable justesse, mais aussi et peut-être surtout par son talent à dépasser les limites du polar pour creuser ses personnages et les confronter au sens de leur vie. Au fil de la passionnante double intrigue, l’auteur questionne la notion de justice, d’amitié, de vengeance, du devoir, dans un style réaliste et direct mais avec une touchante humanité que l’on n’attend pas forcément dans un tel contexte. Richard Price se sent bien au milieu de ces gens de l’ombre qui peuplent ses romans, les policiers bien évidemment, leurs familles mais aussi les criminels et les victimes. Tout au long de sa vie il les a côtoyés, observés et la description de leurs faits et gestes est minutieuse et fascinante. Nous pénétrons au cœur de Manhattan à une heure du matin en compagnie de Billy Graves, qui dirige la brigade de nuit du NYPD censée couvrir tous les délits criminels de ce quartier newyorkais. Comme chaque nuit, il ne sait pas ce que lui réservent les prochaines heures et espère au fond de lui le moins possible d’échauffourées voire de meurtres en cette nuit de la Saint-Patrick. Mais après quelques interventions bénignes, il est appelé sur une scène de crime et pas n’importe laquelle puisqu’il reconnait le cadavre d’une sinistre connaissance, coupable d’un homicide huit ans plus tôt qui s’en était sorti sans une condamnation. Remarquablement construit et dialogué, ce roman puissant nous tient en haleine d’un bout à l’autre, tout en mettant en perspective un questionnement moral à travers de nombreux personnages plus complexes qu’il n’y paraît et fort bien dessinés.

                                                                                                                      

The whites – Un roman de Richard Price – Presses de la Cité – 415 pages – 21 €.

Publié dans Livres

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Véronique honorée à l'Académie française

Publié le par Michel Monsay

Véronique honorée à l'Académie française

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Un franc-parler qui interpelle

Publié le par Michel Monsay

Un franc-parler qui interpelle

Romancier, essayiste, journaliste, éditeur, Denis Tillinac s’est servi tout au long de sa carrière de ces différents modes d’expression pour bâtir une œuvre qui oscille entre une peinture des mœurs provinciales et une défense des valeurs de la civilisation occidentale. Ce gaulliste qui a longtemps été proche de Jacques Chirac a toujours aimé parler de politique, même si aujourd’hui il n’éprouve plus la même appétence à l’approche de la présidentielle.

 

Avec son dernier essai « L’âme française » qui sort ces jours-ci, Denis Tillinac critique la classe politique de droite et tente de lui rendre son honneur et son panache. Il démontre que la droite a aussi des référents, des grands ancêtres, des figures littéraires et historiques à l’image de la gauche mais qu’elle ne le sait pas : « Elle a développé de ce fait une infériorité culturelle, intellectuelle et morale qui la laisse toujours à la traîne de la gauche sur le plan sociétal. Cette gauche a exercé une emprise quasi-totale dans les médias, l’université, les grandes écoles et les grands corps de l’Etat durant un demi-siècle. Ce qui était normal puisqu’elle portait les idées dominantes, mais ce système de valeurs aujourd’hui s’effondre. Beaucoup de symptômes montrent que la pensée dominante est passée à droite, plus conservatrice, plus attachée aux racines, à l’identité. » On aura compris pour ceux qui ne le savaient pas encore, la politique est incontournable dans la vie de cet écrivain depuis sa rencontre avec Jacques Chirac, et il en est devenu un chroniqueur lucide sans langue de bois à la fois dans ses articles de presse écrite et dans ses essais. Il y déplore la perte de légitimité des politiques dont les décisions sont dans l’éphémère et surtout liées à la pression des sondages et des médias. Il observe aussi la crise de civilisation que nous traversons et le désarroi qu’elle provoque. Pour la première fois, il ne ressent aucun intérêt pour la présidentielle à venir.

 

L’amitié de Jacques Chirac

Attaché à l’identité, aux terroirs, à cette ruralité dans laquelle il a toujours vécu en constatant avec tristesse sa lente agonie, Denis Tillinac, même s’il vient régulièrement à Paris, ne s’est jamais éloigné trop longtemps de la Corrèze de son enfance qu’il chérit toujours à près de 69 ans. Notamment Auriac, son village qui dépendait de la circonscription d’un certain député nommé Jacques Chirac, dont il fait réellement la connaissance en 1974 en devenant journaliste à La Dépêche du Midi : « Il n’y avait rien de particulier qui m’attirait chez un énarque pompidolien, mais Jacques Chirac avait un tel charisme que lorsqu’il arrivait dans une salle on sentait de l’électricité dans l’air. C’est un seigneur, un homme d’une formidable cordialité dont je suis honoré de l’amitié et de la confiance qu’il m’a accordée. D’ailleurs, tout ce qu’il m’a raconté durant toutes ces années, je n’en parlerai jamais à personne, je ne suis pas Jacques Attali. »

En prenant la direction des Editions de la Table ronde à Paris en 1990, il se rapproche de l’homme politique, lui rédige des notes, des discours, participe à des réflexions avec d’autres, et sans le vouloir se retrouve dans le premier cercle pour préparer l’élection présidentielle de 1995. Ce passionné de foot et de rugby, qu’il a pratiqué toute sa vie, est très excité par le challenge à relever, vu que le Maire de Paris de l’époque est à 11% dans les sondages au début de la campagne, et l’écrivain n’hésite pas à venir tous les jours à l’Hôtel de Ville. N’ayant aucune ambition politique, il devient après l’élection le représentant personnel du Président Chirac au Conseil permanent de la francophonie. Une façon de rester proche de son ami, qui par ailleurs l’appelle régulièrement pour lui demander son avis, qu’il sait franc, désintéressé à l’inverse de sa cour politique, et dont il apprécie le bon sens.

 

De la Corrèze à Paris et retour

Sa vie à cette époque est partagée entre plusieurs mondes, celui des intellectuels au Quartier latin, de la politique, du rugby qu’il aime tant, et toujours un retour à Tulle chaque semaine où il a longtemps vécu avant de rejoindre Auriac, le village de ses ancêtres, qui domine les gorges de la Haute-Dordogne. Comme beaucoup de corréziens, il nait et passe son enfance à Paris tout en partant chaque été chez sa grand-mère, où il rêve d’être vétérinaire mais aussi de devenir Raymond Kopa ou André Boniface. Il revendique la double citoyenneté, ayant besoin de ces deux rythmes si différents : « La mémoire et les valeurs de la paysannerie dans mon village, et l’effervescence, l’émulation, le monde contemporain à Paris. » Il commence à écrire dès son adolescence mais ne montre rien à un éditeur avant l’âge de 30 ans. Ce sera « Spleen en Corrèze » : « Sous forme de journal, j’ai décrit la ritournelle de la vie provinciale à Tulle sous l’œil du localier que j’étais. Il y avait Jacques Chirac qui arrivait le vendredi de Paris et tout prenait alors une autre dimension, mais aussi le ressac langoureux et monotone des événements qui rythment les quatre saisons d’une petite ville en région. » Ce premier livre lui apporte beaucoup d’articles de presse qui lui permettent d’avoir accès aux grands éditeurs.

 

L’écriture sous différentes formes

Après des études à Sciences Po Bordeaux, il entame une carrière de journaliste, d’abord localement à Tulle et en sillonnant les routes de Corrèze pour « La Dépêche du Midi », période qu’il apprécie particulièrement et qu’il vit comme un allegro de Mozart avec insouciance. Puis il sera éditorialiste à Madame Figaro et reporter au Figaro magazine sans oublier quelques papiers de-ci de-là.  Depuis sept ans, il signe un billet d’humeur dans Valeurs actuelles, dont la progression des ventes et la réputation ont évolué ces derniers temps, aime-t-il à rappeler. Exercice différent de l’écriture de ces essais, Denis Tillinac a besoin de continuer à s’exprimer toutes les semaines sur la réalité contemporaine. Mais c’est bien avec les romans qu’il prend le plus de plaisir : « C’est plus intime, j’ai l’impression de laisser couler ma psyché, après je n’ai plus qu’à jouer avec les mots, le style. Un essai est plus intellectuel, il faut de la documentation. » Sa plus belle vente est d’ailleurs un roman, « Maisons de famille » paru en 1987, succès qui correspond à une période où la bourgeoisie moyenne vivant dans les grandes villes a commencé à ressentir une certaine nostalgie de la ruralité de ses ancêtres. Une constante dans ses romans est la peinture de mœurs de sa génération entre Paris et la province avec souvent une histoire d’amour, comme le dernier en date, « Retiens ma nuit » dont l’action se passe à Blois, et qui a fait partie de la première liste du Goncourt 2015.

 

La France au cœur

Pour ses essais, Jacques Chirac a été à plusieurs reprises son sujet de prédilection, mais Denis Tillinac est aussi l’auteur du « Dictionnaire amoureux de la France », et en le lisant on comprend pourquoi l’éditeur l’a choisi pour célébrer notre pays : « La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. J'aime enchâsser l'or et le sang de son histoire dans la chair de sa géographie. J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au cœur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur... ». Il y a deux ans un autre essai a également fait parler de lui, « Du bonheur d’être réac », que l’écrivain a conçu comme un pamphlet provocateur pour redonner son vrai sens au mot : « En réaction contre les tendances et convenances du moment », et l’épousseter de ses connotations manichéennes. Son prochain livre s’articulera autour de l’idée que la civilisation occidentale est en train de mourir.

 

Libre jusqu’au bout

 Même s’il n’a jamais appartenu à aucun parti, son attachement à Jacques Chirac et ses prises de position lui ont collé une étiquette qui l’a pénalisé auprès d’une certaine presse et l’a empêché d’avoir un lectorat plus large, ce dont il a souffert : « Je me suis dispersé, je voulais tout à la fois, la politique, être éditeur, écrire. Cette boulimie pathologique m’a privé d’une légitimité littéraire et d’une œuvre plus ample. » Durant 17 ans à partir de 1990, il dirige les éditions de la Table ronde en lui redonnant un second souffle et en contribuant à redorer son image.

Lui, qui ne sait pas se servir d’un ordinateur, a écrit à la main sur des cahiers de brouillon la cinquantaine de livres qui constitue son œuvre. Lorsqu’il passe une journée sans écrire, lire ou se balader, ses trois passions, il a l’impression d’avoir perdu son temps. Denis Tillinac n’a jamais cru à la comédie sociale que l’on joue quotidiennement, et sa devise est : « Or l’amour de Dieu, je me fous de tout. » Il ajoute : «  Grâce à ma femme, mon adjointe et ma secrétaire à la Table ronde, j’ai pu cultiver mon irresponsabilité foncière. Aujourd’hui, j’aimerai encore écrire quelques livres et défendre pour l’honneur les valeurs de la civilisation occidentale, comme je l’ai fait toute ma vie, et puis adieu. Je n’ai pas envie de vieillir, c’est inconvenant, on emmerde tout le monde. »

Publié dans Portraits

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