Dans les entrailles de New-York
Il y a d’un côté ses romans, le premier d’entre eux, « Les seigneurs » publié en 1974 à l’âge de 24 ans, avait déjà été très remarqué et adapté au cinéma. Puis de l’autre ses scénarios, notamment « La couleur de l’argent » de Martin Scorsese. Par ses deux activités, Richard Price est l’un des plus grands écrivains de l’Amérique urbaine, celui pour qui les rues de New-York n’ont pas de secret, même les plus mal famées. A 66 ans, ce natif du Bronx nous éblouit dans son neuvième roman par sa capacité à retranscrire le quotidien sordide d’une brigade de nuit de la police newyorkaise avec une incroyable justesse, mais aussi et peut-être surtout par son talent à dépasser les limites du polar pour creuser ses personnages et les confronter au sens de leur vie. Au fil de la passionnante double intrigue, l’auteur questionne la notion de justice, d’amitié, de vengeance, du devoir, dans un style réaliste et direct mais avec une touchante humanité que l’on n’attend pas forcément dans un tel contexte. Richard Price se sent bien au milieu de ces gens de l’ombre qui peuplent ses romans, les policiers bien évidemment, leurs familles mais aussi les criminels et les victimes. Tout au long de sa vie il les a côtoyés, observés et la description de leurs faits et gestes est minutieuse et fascinante. Nous pénétrons au cœur de Manhattan à une heure du matin en compagnie de Billy Graves, qui dirige la brigade de nuit du NYPD censée couvrir tous les délits criminels de ce quartier newyorkais. Comme chaque nuit, il ne sait pas ce que lui réservent les prochaines heures et espère au fond de lui le moins possible d’échauffourées voire de meurtres en cette nuit de la Saint-Patrick. Mais après quelques interventions bénignes, il est appelé sur une scène de crime et pas n’importe laquelle puisqu’il reconnait le cadavre d’une sinistre connaissance, coupable d’un homicide huit ans plus tôt qui s’en était sorti sans une condamnation. Remarquablement construit et dialogué, ce roman puissant nous tient en haleine d’un bout à l’autre, tout en mettant en perspective un questionnement moral à travers de nombreux personnages plus complexes qu’il n’y paraît et fort bien dessinés.
The whites – Un roman de Richard Price – Presses de la Cité – 415 pages – 21 €.