Très émouvant podcast qui redonne vie à une juive déportée
Journaliste gastronomique, Zazie Tavitian découvre par le biais d'une de ses cousines, le cahier de recettes de son arrière-arrière-grand-mère Jeanne écrit dans les années 1930. La journaliste décide de partir sur les traces de cette femme juive française déportée au camp d'extermination de Sobibor en 1943 à l'âge de 58 ans, en précisant : « J’ai pensé pour la première fois qu’avant d’être morte, Jeanne était vivante ; elle cuisinait, elle a eu une vie. » Elle mène son enquête en allant interroger des membres de sa famille en France et en Israël, en allant explorer l'immeuble où a vécu son aïeule dans le 16ème arrondissement de Paris, ou en faisant appel à des historiens pour comprendre ce que signifiait être juif à cette époque et mettre des mots sur ce qu'ils ont vécu. Tabou et silence autour de la Shoah se sont installés au lendemain de la guerre, notamment dans la famille de la journaliste où Jeanne Weill est une sorte de mythe que l’on évoque sans jamais en dire trop. En mêlant intelligemment reportages, récits, ambiances, archives d'époque et scènes ou lettres authentiques jouées par des comédiens, Zazie Tavitian fait revivre son aïeule et se rend compte que son appétit de vivre, son appartenance à la bonne bourgeoisie, ni même sa nationalité française n’ont sauvé Jeanne du sort terrible réservé aux juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. En cinq épisodes de 20 à 30 minutes, la journaliste qui partage la passion de la cuisine avec Jeanne, sort de l'oubli un nom sur la liste interminable des victimes du nazisme, et s'interroge sur la transmission de la mémoire de la Shoah. D'ailleurs la judéité dans cette famille a beaucoup évolué au fil des générations, puisqu'elle a disparu chez certains membres quand elle est restée vivace chez d'autres. Ce podcast très touchant et enlevé, dans un habillage sonore créatif, raconte avant tout l'histoire d'une femme, de la tendresse infinie qu'elle partageait avec son mari, de sa descendance, de tout ce qui lui arriva jusqu'au 7 août 1942, où Jeanne est arrêtée chez elle par les nazis et emmenée au camp de Drancy. Huit mois plus tard, elle monte dans le convoi n°53 en direction de Sobibór, en Pologne. Elle est gazée à son arrivée.
Pour écouter le podcast, vous avez les cinq épisodes ci-dessous ou vous pouvez suivre ce lien