Femme turque fabriquant du pita
Assurément l’une des plus belles sensibilités du cinéma français, le réalisateur Stéphane Brizé, à qui l’on doit les remarquables « Mademoiselle Chambon » et « Je ne suis pas là pour être aimé », était très attendu pour son nouveau film. Il ne déçoit évidemment pas et qui plus est nous bouleverse comme jamais par la justesse de son cinéma, la force incomparable de situations plus vraies que nature, une mise en scène précise, humaine avec de magistraux plans séquences d’où émergent une rare authenticité. Les comédiens sont tous exceptionnels de vérité, au premier rang desquels Hélène Vincent trouve ici son plus beau rôle, une vieille femme provinciale rugueuse, maniaque, ne laissant rien paraître ou si peu, enfermée dans sa petite vie et incapable de s’ouvrir aux autres, même avec son fils. Ce fils joué à la perfection par Vincent Lindon, est rude, paumé, dans une colère refoulée, fatigué d’une vie chaotique. Que ce soit dans la réalisation ou dans le jeu des comédiens, le moindre détail apporte au film une puissance émotionnelle saisissante, un simple geste, un silence, une hésitation, un regard, rien n’est artificiel. Un chauffeur de poids-lourds de 48 ans sort de prison après avoir purgé une peine de 18 mois, pour avoir bêtement accepté de faire passer à la frontière 50 kg de drogue dans son camion. Sans travail, il est obligé de retourner habiter provisoirement chez sa mère avec laquelle il entretient des rapports très difficiles. La force dramaturgique de cette histoire qui évolue crescendo, sa mise en images et son incarnation d’une redoutable exactitude, font de ce film l’un des plus poignants de 2012.
Quelques heures de printemps - Un film de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon, Hélène Vincent, Emmanuelle Seigner, Olivier Perrier, …