Une gaieté mélancolique dansante
Des mots choisis, une interprétation qui claque, l’amour pour unique sujet. Avec son troisième album, Eddy de Pretto s’impose et s’assume tel qu’il est : un chanteur sensible et cash dans un monde qui va mal. Un album souvent dansant, dont les douze chansons, acides ou insouciantes, surfent sur une musique R'n'B du meilleur effet. À 30 ans, le flamboyant auteur-compositeur-interprète, qui s'est imposé dans le paysage musical français en revendiquant haut et fort son homosexualité, chante désormais l'amour dans tous ses états, un changement de cap par rapport à ses deux premiers albums où il ouvre la porte en grand aux sentiments. Lui qui aurait pu ne pas se remettre de ce printemps 2021, où plusieurs centaines de cyberharceleurs, pour la plupart appartenant à des réseaux d’extrême droite et courageusement planqués derrière leurs ordinateurs, l’ont menacé de mort au prétexte qu’il avait chanté dans une église À quoi bon, l’un de ses plus beaux titres, écrit comme une adresse à Dieu. Onze d’entre eux ont été condamnés. Un dénouement qui lui a permis de tourner la page et de revenir plus créatif et combatif que jamais. Eddy de Pretto, qui n’a jamais dissimulé son homosexualité, veut en finir avec la haine et la pression qu’il s’était mise lui-même pour se rendre plus coriace qu’il ne l’était. Syncopes, tablas, tourbillons de flûtes ou violons indiens, voix souple et puissante, les douze chansons de cet album concis dessinent des portraits sentimentaux plus troubles, une crudité, une sensualité racontées avec moins d’évidence ou d’insistance que par le passé. Avec un sens aigu de la formule et des images qui marquent, Eddy de Pretto, que l'on avait découvert il y a six ans avec Cure et une étonnante collection de chansons qui avaient bousculé le paysage musical français, nous offre avec Crash cœur un disque emballant à la fois joyeux et lucide, ce qui n’a rien d’évident.
Voici quatre morceaux addictifs de Crash cœur :