La route
Sorti en France en 2008, ce roman impressionnant, qui a obtenu le Prix Pulitzer, un large succès et a été adapté au cinéma, est de ceux qui dérangent, laissent des traces, tout à la fois une histoire d'amour filial bouleversante et un récit apocalyptique très sombre. Le grand romancier américain Cormac McCarthy, aujourd'hui âgé de 86 ans, nous plonge dans un cauchemar éveillé, qui nous renvoie à la folie et la violence des hommes, à l'urgence climatique et à toutes sortes de catastrophes qui pourraient se produire dans le futur, mais sans nous expliquer comment est arrivé l'inéluctable en amont de l'ouverture de cet effrayant roman d'anticipation. Sec et précis dans ses descriptions de paysages anéantis, de villes ravagées, de maisons abandonnées, de gestes ou d'actions répétés, il évite tout effet de style, tout apitoiement et nous emmène sur cette route avec un soupçon d'espoir malgré cette noirceur extrême, un refus de la barbarie, pour sauver ce qu'il reste de l'humanité. Le parcours de cet homme et son fils qui avancent coûte que coûte sur cette route se lit comme une parabole de la condition humaine, et ça fait froid dans le dos.