Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

disques

Album envoûtant entre jazz métissé et chanson française

Publié le par Michel Monsay

Album envoûtant entre jazz métissé et chanson française

Ce nouvel album de Marion Rampal est constitué de onze morceaux qui mêlent jazz, folk et chanson française, et donnent la sensation de voler. En effet, dès l'ouverture Tangobor, on est saisi par cette sensation de flottement aérien, de lâcher prise. La belle voix éthérée, frémissante, dans un français subtilement malaxé, de Marion Rampal est soutenue par des arrangements délicats et épurés, signés du multi-instrumentiste Matthis Pascaud qui accompagne la chanteuse dans ses projets musicaux depuis 2020. Après cette mise en matière qui d'emblée nous touche, De beaux dimanches en duo avec Bertrand Belin navigue superbement entre légèreté et mélancolie. Le morceau suivant gagne en énergie avec une musique plus rythmée et une guitare country-folk qui cède la place à une clarinette tendance klezmer. Grande ourse s'inspire d'un texte de Florence Aubenas sur une femme ayant rompu avec le monde pour mener une vie de sauvageonne. Autre ambiance, le leitmotiv lancinant de Coulemonde à mi-chemin entre ambiance décontractée et rumba. À nouveau une formulation originale avec Gare où va qui nous emporte dans un parfum musical d'îles créoles en utilisant la métaphore de l'oie sauvage pour symboliser nos errances sentimentales. Et les palmipèdes sont décidément à l'honneur dans cet album, à travers Canards en duo avec Laura Cahen, ou le morceau-titre de l'album Oizeau qui se dandine en mode ragtime. Le timbre de Marion Rampal a depuis longtemps séduit les amateurs de jazz à travers trois albums : Main Blue, en 2016, qui la présentait en amatrice de blues, Le Secret en 2019, exploration poétique de la musique française, de Fauré à Debussy, puis Tissé, aux influences folk avec un fond de bayou. Avec l’éclectisme comme moteur, Marion Rampal a choisi cette fois de se tourner vers la chanson française. Elle l’aborde par son versant artisanal : guitares ou mandolines ondulantes, clarinette douce, contrebasse et batterie tranquilles qui composent des ballades accueillantes et comme sorties d’un autre âge. Celui de la nature préservée, de l’enfance disparue comme les aïeux mais dont le souvenir persiste pour transmettre sans manièrisme des chansons à l’aura mystérieuse. Avec ce très bel album, Marion Rampal nous a donné l'envie de nous abandonner à la flânerie, au rêve et à l'envol. Sa musique est un précieux compagnon de voyage, qu'il soit réel ou fantasmé.

Publié dans Disques

Partager cet article
Repost0

Passionnant folk rock entre émotion et énergie

Publié le par Michel Monsay

Passionnant folk rock entre émotion et énergie

Hurray for the Riff Raff, le groupe mené par la chanteuse Alynda Segarra, native du Bronx d’ascendance portoricaine, se distingue par une approche autofictionnelle éloignée du passéisme et des clichés sépia du folk et du country-rock. Celle-ci offre, en prime, une description du déclin de l’empire américain, ravagé par le commerce des opioïdes et des armes à feu, l’expérience trumpiste et la menace de son retour. Hurray for the Riff Raff, désillusionné mais combatif, se tient du côté des ennemis d’« America first », nomades et sans-abri, minorités et marginaux. À dix-sept ans, elle s’est accroché sa guitare sur le dos et a sauté dans un train de marchandise. Elle s’est retrouvée à la Nouvelle-Orléans, où elle a fondé un orchestre de rue avec d’autres marginaux dans son genre, chantant, entre autres, de vieilles chansons de Woody Guthrie. Ça marchait plutôt bien pour elle, puisqu’elle dit avoir gagné correctement sa vie comme ça. Elle a pu financer ses propres enregistrements et les diffuser sous le nom, Hurray for the Riff RaffElle a publié son premier album professionnel en 2011, une production modeste mais qui a été remarquée. Il y a dans la voix d’Alynda Segarra, parfois, la colère et l’intensité de la jeune Patti Smith, qu’elle évoque un peu dans son personnage scénique, longs cheveux noirs coiffés d’un béret, une énergie punk, c’est certain. Mais ses orchestrations ont parfois la finesse et la sophistication rythmique de certains disques de Paul Simon, qui lui aussi s’est beaucoup inspiré des rythmes portoricains. En 2017, il y a eu l'excellent The Navigator, dont ce blog avait dit le plus grand bien. Dans son nouvel album qui porte un titre très explicite, The Past Is Still Alive, le passé est toujours vivant, Alynda Segarra évoque les souvenirs de cette vie libre et vagabonde, les odeurs, les parfums, les visages, les images qui lui restent de cette vie. L’amour, la perte, les errances vagabondes, l’homophobie… la chanteuse d’origine portoricaine est plus que jamais la voix des opprimés, à travers des chansons délicates et positives. Mais plutôt que de pleurer, avec nostalgie, un temps révolu, elle convoque ce désespoir qui servait autrefois de moteur pour, à défaut de croire en l’avenir, se battre au présent et ne rien lâcher. The Past is Still Alive séduit par sa sincérité et sa quête de beauté dans les ruines, et nous emballe tout au long des 10 chansons qui composent ce très bel album.

Ci-dessous, quatre superbes morceaux de The past is still alive :

Publié dans Disques

Partager cet article
Repost0

Éblouissante métamorphose symphonique à la fois sobre et intense

Publié le par Michel Monsay

Éblouissante métamorphose symphonique à la fois sobre et intense

L'indispensable Bernard Lavilliers, deux ans après le somptueux Sous un soleil énorme, a enregistré Métamorphose, 14 titres incontournables de son répertoire dans un écrin symphonique sur des superbes arrangements qui amplifient la trajectoire des paroles. Le principe d’enrober d’un certain luxe ses chansons semblait a priori contraire à leur propos, à la rudesse qu’on accole spontanément au chanteur stéphanois, oubliant à quel point il a toujours fait preuve de subtilité et de nuances musicales. Elles sont ici mises particulièrement en relief dans des versions amples et chaleureuses qui tamisent la lumière un peu crue des années 1980 quand les synthétiseurs croyaient pouvoir remplacer un orchestre, et que les basses jouaient des biscoteaux pour passer sur la FM spécialisée funky comme chantait Michel Jonasz. Tout en restant fidèle à l’esprit des originaux, cette relecture symphonique retisse, différemment, sans esbroufe, des liens avec les voyages et l’histoire de Lavilliers. « Nous étions jeunes et larges d’épaules… » Quand Bernard Lavilliers fait cette confidence qui ouvre On the Road Again, le frisson passe toujours. Posé sur un tapis de cordes folk, ce titre emblématique sorti en 1988, qu’il réinterprète aujourd’hui, donne le ton de son nouvel album. Une voix chargée d’émotion et d’apaisement, des chansons qui se recréent avec le vécu d’une vie et l’ampleur d’un orchestre de 50 musiciens : Métamorphose sublime et réinvente 14 temps forts de 55 ans de carrière, l'une des plus belles de la chanson française, et rehausse un peu plus l’éclat cinématographique des textes et musiques de Bernard Lavilliers.

Ci-dessous un petit film de 15 minutes qui résume l'enregistrement de ce magnifique album, ainsi que trois chansons qui en font partie :

Publié dans Disques

Partager cet article
Repost0

Superbe retour d'un monument de la musique pop rock

Publié le par Michel Monsay

Superbe retour d'un monument de la musique pop rock

Depuis le 1er décembre 2023, le neuvième album studio de chansons originales, intitulé I/O, de l'immense et trop rare Peter Gabriel est arrivé, 21 ans après le précédent. Entre-temps, il y a eu d'autres projets musicaux, et des engagements humanitaires et environnementaux, mais pas d'album de chansons nouvelles. Égrenés tout au long de l’année dernière à chaque pleine lune, il n'y a que lui pour faire ça, les douze nouveaux morceaux du musicien et chanteur anglais à la voix vibrante sont proposées dans cet album chacun en deux versions, une brillante et colorée, l'autre plus sombre. Peter Gabriel, c'est 55 ans de carrière depuis le premier 45 tours avec le groupe Genesis dont il a été l'âme et le premier chanteur, avant que le groupe ne perde de son ambition et de sa créativité après le départ de son leader en 1975. Puis une magnifique carrière solo, toujours à l'affût des innovations technologiques, il n'a eu de cesse d'habiller sa musique de nouveaux sons, climats et textures. En 1980 par exemple, il a popularisé le synthétiseur Fairlight CMI, et plusieurs artistes lui ont emboîté le pas, de Kate Bush à Daniel Balavoine. Fasciné par les musiques et rythmes d'autres continents, notamment africains, Peter Gabriel a été l'une des premières rock stars à promouvoir les musiques du monde pour lesquelles il a créé un festival, Womad, puis un studio et un label, Real World. Tantôt atmosphériques, tantôt rythmées, ses douze nouvelles chansons abordent différents thèmes, comme la justice, l'environnement, la technologie, le pardon, le temps qui passe, la mort, l'âge, la place de l'homme dans l'univers,... Et bien sûr il y a la voix, unique, magistrale, celle qui illuminait Solsbury Hill ou Don’t Give Up est toujours bien là, et par conséquent le charme et la magie Gabriel, chantre éternel d’une quête de sagesse et d’amour à l’aune d’un avenir certes inquiétant mais aussi stimulant. Alliance de l’acoustique et de sonorités électriques, de programmations en ornementations rythmiques ou mélodiques, ces superbes compositions varient les tempos, avec une impression d’apaisement, une étrangeté rêveuse. À 74 ans, il y a peu de chances que vingt années s'écoulent de nouveau entre cet album et le prochain, mais si I/O devait être le dernier disque de Peter Gabriel, ce que l'on ne souhaite pas, il constituerait une magnifique conclusion à sa carrière, et surtout un disque synthétisant tout le talent de cet artiste essentiel qui n'a toujours suivi que son instinct sans se préoccuper des modes et du qu'en-dira-t-on.

Extraits de I/O, voici 5 exemples de la magie Peter Gabriel :

Publié dans Disques

Partager cet article
Repost0

Une gaieté mélancolique dansante

Publié le par Michel Monsay

Une gaieté mélancolique dansante

Des mots choisis, une interprétation qui claque, l’amour pour unique sujet. Avec son troisième album, Eddy de Pretto s’impose et s’assume tel qu’il est : un chanteur sensible et cash dans un monde qui va mal. Un album souvent dansant, dont les douze chansons, acides ou insouciantes, surfent sur une musique R'n'B du meilleur effet. À 30 ans, le flamboyant auteur-compositeur-interprète, qui s'est imposé dans le paysage musical français en revendiquant haut et fort son homosexualité, chante désormais l'amour dans tous ses états, un changement de cap par rapport à ses deux premiers albums où il ouvre la porte en grand aux sentiments. Lui qui aurait pu ne pas se remettre de ce printemps 2021, où plusieurs centaines de cyberharceleurs, pour la plupart appartenant à des réseaux d’extrême droite et courageusement planqués derrière leurs ordinateurs, l’ont menacé de mort au prétexte qu’il avait chanté dans une église À quoi bon, l’un de ses plus beaux titres, écrit comme une adresse à Dieu. Onze d’entre eux ont été condamnés. Un dénouement qui lui a permis de tourner la page et de revenir plus créatif et combatif que jamais. Eddy de Pretto, qui n’a jamais dissimulé son homosexualité, veut en finir avec la haine et la pression qu’il s’était mise lui-même pour se rendre plus coriace qu’il ne l’était. Syncopes, tablas, tourbillons de flûtes ou violons indiens, voix souple et puissante, les douze chansons de cet album concis dessinent des portraits sentimentaux plus troubles, une crudité, une sensualité racontées avec moins d’évidence ou d’insistance que par le passé. Avec un sens aigu de la formule et des images qui marquent, Eddy de Pretto, que l'on avait découvert il y a six ans avec Cure et une étonnante collection de chansons qui avaient bousculé le paysage musical français, nous offre avec Crash cœur un disque emballant à la fois joyeux et lucide, ce qui n’a rien d’évident.

Voici quatre morceaux addictifs de Crash cœur :

Publié dans Disques

Partager cet article
Repost0

La nouvelle surdouée de la chanson française

Publié le par Michel Monsay

La nouvelle surdouée de la chanson française

Cela fait presque un an que je voulais partager ce sublime premier album de Zaho de Sagazan, et avec les quatre Victoires de la musique amplement méritées qu'elle vient de remporter, dont celui de l'album de l'année, en voici l'occasion. En effet, cette jeune chanteuse de 24 ans est incontestablement la révélation de la chanson française de ces dernières années, sans oublier aussi l'excellente Clara Ysé. En plus de son très beau timbre naturellement grave et atypique, Zaho de Sagazan se démarque par sa façon d’utiliser sa voix, qu'elle traite comme le premier de ses instruments. Avec ses textes dans une belle langue française, son chant se reconnaît d'abord à sa diction. La composition de ses morceaux est à la fois simple et terriblement efficace, des éléments assez classiques : un piano et de belles mélodies qui se fondent sur une trame pop, voire clairement électro, accompagnée d’un ensemble de claviers expressifs. Ce revêtement électronique parcourt tous les titres et donne sa couleur à l’album, un bleu nuit profond envoûtant. La jeune femme venue de Saint-Nazaire, dont le père Olivier est un plasticien reconnu, remue les âmes, passant d’un souffle du rire aux larmes, elle joue toute la gamme des émotions et affirme un talent hors normes. Zaho de Sagazan chante pour exorciser la mélancolie, la tristesse ou encore pointer le prédateur pervers-narcissique dans le titre "Les dormantes". Et dans cette vague post #MeToo, elle ouvre aussi  la brèche à la réconciliation avec le sexe masculin, dans "Les garçons". Chez Zaho de Sagazan, il y a un peu de Barbara, l'artiste fétiche de sa mère, mais aussi du Brel, du Depeche Mode et du Stromae. Une écriture à fleur de peau, une incarnation fascinante, le tout servi par une ambiance électro très bien sentie ou un piano voix remarquable. Rarement un premier album aura fait une telle unanimité, tant critique que publique, il suffit de l'écouter pour comprendre.

En voici quelques exemples :

Publié dans Disques

Partager cet article
Repost0

Une pop romantique et envoûtante

Publié le par Michel Monsay

Une pop romantique et envoûtante

L'auteur-compositeur et guitariste de Tucson, Brian Lopez, contemple notre monde avec poésie sur son quatrième album solo, un ensemble de ballades magnifiques où les sons magnétiques du désert de Sonora se muent en pop psychédélique. Brian Lopez a grandi dans le quartier de Barrio Sobaco, près du centre-ville de Tucson se nourrissant de l'extraordinaire richesse multi-culturelle du Sud-Ouest Américain. Depuis deux décennies, le guitariste et chanteur a largement contribué à façonner le son indie-rock du désert de Sonora que ce soit à ses débuts avec son groupe Mostly Bears, et surtout au sein de l’excellent groupe Calexico. Mais c'est dans ses projets solo d'influence latine que l'artiste s'exprime le mieux, et après avoir fêté sur scène les 20 ans de l'album Feast of Fire de Calexico, Brian Lopez présente Tidal, qui s'apparente à une beauté exotique propre à ce désert de Sonora, désolé, désespéré, et pourtant magnifique. De sa voix délicate, Brian Lopez aborde notamment le sort tragique des nombreux migrants morts dans le désert le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Avec ses mélodies cinématographiques et ses arrangements remarquables, l'artiste nous plonge dans un récit musical romantique qui fait un bien fou, où les ballades hors du temps s'élèvent avec douceur sur les échos sudistes, psychédéliques, soul, country ou rock.

Ci-dessous trois superbes chansons de l'album Tidal :

Publié dans Disques

Partager cet article
Repost0

Voix et odyssée musicale splendides sur des textes à la beauté profonde

Publié le par Michel Monsay

Voix et odyssée musicale splendides sur des textes à la beauté profonde

Clara Ysé, talentueuse auteure, compositrice, interprète, est la nouvelle pépite de la chanson française, dont le bouleversant premier album Océano Nox est sorti en septembre. Musicienne et chanteuse depuis l’enfance, cette ancienne étudiante en Philosophie est également écrivaine, dont le premier roman Mise à feu est sorti en 2021. Dans ce superbe album on entend parfaitement tout le travail émotionnel, la catharsis et le don de Clara Ysé pour transformer ses poèmes en envolées oniriques, sur des musiques inspirées par des artistes autant issus de la musique orientale, baroque que géorgienne, rap ou électronique. Inclassable, Clara Ysé l’est indéniablement. D'abord sa magnifique voix puissante de soprano, laisse entendre les accents lyriques que l’apprentissage du chant classique, entamé à 8 ans, a forgés. Puis on note l’élégance des mots articulés, sans que rien ne sonne anachronique. Les syllabes se déposent sur des mélodies entraînantes, parfois épiques, ou hypnotiques. Les orchestrations en appellent aux cordes et aux cuivres autant qu’aux synthés et à l’électro pour habiller des textes forts, simples et directs. L'album est hanté par le drame qu'a vécu Clara Ysé en 2017, lorsque sa mère Anne Dufourmantelle, philosophe, romancière et psychanalyste, est morte dans des circonstances tragiques en portant secours au fils d’une de ses amies âgé de 10 ans, qui était en train de se noyer. Au cours de ce sauvetage, elle a succombé à un arrêt cardiaque à 53 ans. Clara Ysé embrase tout sur son passage par la force et l’étendue de son timbre de voix pénétrant. Elle trouble aussi par sa fragilité soudaine, son souffle vulnérable, à la manière de Barbara. La passion coule dans ses vers. C’est dense, organique, rugueux, sensuel. Une grande artiste est née.

Ci-dessous quatre chansons de l'un des plus beaux albums de l'année :

Publié dans Disques

Partager cet article
Repost0

Une pop mélancolique et envoûtante

Publié le par Michel Monsay

Une pop mélancolique et envoûtante

Huit ans après The Magic Whip, le quatuor londonien a mis en boîte un grand disque dont le cœur se nourrit de l’errance et de la réflexion sur le temps qui passe. Un retour aux fondamentaux, voilà le premier sentiment qui vient à l’écoute du neuvième album de Blur. The Ballad of Darren opère un recentrage sur l’écriture : une instrumentation élégamment sobre et sans artifices électroniques flagrants, le tout mis en valeur par une production chaleureuse, voire organique, et un savoir-faire dans la composition. Il n’échappe pas non plus que les dix morceaux de ce disque concis sont infusées d’une certaine mélancolie. Dès les premiers couplets de The Ballad, les paroles de Damon Albarn exhalent le vague à l’âme d’un quinquagénaire qui prend conscience du caractère éphémère de la vie et de ceux qui ne reviendront plus. Le génial et ultra-prolifique Damon Albarn enchaîne les projets avec une frénésie hallucinante qui ne le laisse jamais au repos : Gorillaz (dont on avait adoré le dernier album il y a quelques mois), Blur, Mali Music, The Good, The Bad and the Queen, albums solos, opéras etc.), et chaque fois il nous impressionne par la qualité de ses créations quel que soit le style de musique. La réussite de cet album réside dans le mélange d'une pop à la fois cérébrale, inventive, spontanée, et d’une grande délicatesse, des textes teintés d’une langueur envoûtante, et bien sûr Damon Albarn, qui a parfois des accents à la Bowie, dont il est indéniablement le plus talentueux héritier, et a rarement aussi bien chanté.

Ci-dessous, quatre formidables extraits de The ballad of Darren, dont trois en concert :

Publié dans Disques

Partager cet article
Repost0

l'Afrique dans toute sa majesté

Publié le par Michel Monsay

l'Afrique dans toute sa majesté

Disparu de la sphère musicale pendant des décennies à tel point que certains le croyaient mort, le chanteur Malan Mané signe un premier album solo à 66 ans. Il a été marin pêcheur, s’est rêvé footballeur, est devenu l’une des voix de l’indépendance bissau-guinéenne au sein du groupe Super Mama Djombo, puis a totalement disparu des radars. Il a même été sans-papiers à Montreuil et exercé mille petits boulots, a subi une opération à cœur ouvert, jusqu’à ce que le destin le rattrape… Malan Mané est un survivant dont cet album scelle aujourd’hui une vie de gloire et de galères. À travers sa voix, miraculeusement préservée, la griserie de ses mélodies vives et sinueuses, c’est tout le Super Mama Djombo qui ressuscite. De ce groupe mythique fondé dans les années soixante, qui brava le colon portugais et fit triompher jusqu’à l’étranger l’idéal révolutionnaire du leader indépendantiste Amilcar Cabral, surnommé le Lion, assassiné en 1973 avant même d’avoir vu son pays se libérer, le chanteur reprend l’esprit libertaire, la vocation rassembleuse et les rythmiques galopantes. Fidju di Lion (fils de lion), accouché après plusieurs années de gestation et d’incertitudes a été enregistré en 2022 à Lisbonne, là même où le Super Mama Djombo avait enregistré 43 ans plus tôt. Avec en prime, deux des vétérans de l’orchestre originel : Adriano Fonseca Tundu le guitariste de légende, et Armando Vaz Pereira le percussionniste, auxquels se sont ajoutés Sadjo Cassama, fidèle compagnon à la guitare rythmique, et leurs cadets Tony Pereira à la batterie et Samba Emballo à la basse. Chaloupant entre guitares sinueuses, mélancolie et rythmes rieurs, ce très bel album raconte les fruits et les enseignements de ces décennies de silence et d’exil, en rendant hommage à son pays natal autant qu'en conspuant ses luttes fratricides, entre rythmiques euphorisantes et ballades émouvantes.

Publié dans Disques

Partager cet article
Repost0

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>