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Une comédie musicale tendre, déjantée et mélancolique

Publié le par Michel Monsay

Une comédie musicale tendre, déjantée et mélancolique

Les frères inclassables du cinéma français, Jean-Marie et Arnaud Larrieu, de "Peindre ou faire l'amour" à "21 nuits avec Pattie", fidèles à leur patte fantaisiste, mettent en scène, pour leur septième film,  une comédie musicale drôle et attachante à la nonchalance poétique, dont les chansons sont écrites par la fine fleur des auteurs-compositeurs français : Dominique A, Jeanne Cherhal, Etienne Daho, Philippe Katerine, et Bertrand Belin, qui pour la première fois fait l'acteur et s'en sort merveilleusement bien. Les frères Larrieu enchantent leur ville natale, Lourdes, d’un charme de guinguette qui donne envie de croire aux miracles. Le regard pétillant, les réalisateurs s’amusent de l’aspect gentiment désuet de cette ville de pèlerinage et multiplient les clins d’œil vers la bigoterie organisée. On peut penser à Jacques Demy sur plusieurs aspects, notamment pour le romanesque provincial, mais ici ce sont les comédiens qui chantent eux-mêmes et de ce fait cela est moins léché, mais plus naturel et plus touchant. Chapeau à eux de s'être prêté au jeu, et derrière l'excellent Mathieu Amalric, complice de longue date des cinéastes, chacun des comédiens apporte sa dinguerie comme l'indispensable Denis Lavant, ou son émotion à l'image de la lumineuse Mélanie Thierry et l'étonnante Josiane Balasko. Les faux- semblants, les mensonges qu’on préfère s’inventer pour fuir une réalité trop morose sont au pouvoir dans cette comédie touchée par la grâce qui nous enchante autant qu'elle nous émeut, et dont on apprécie le ton et la saveur.

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Une œuvre puissante et dérangeante

Publié le par Michel Monsay

Une œuvre puissante et dérangeante

Le cinéaste belge de 46 ans, Joachim Lafosse, a l'habitude de porter à l'écran les difficultés des couples, voire même leur désintégration, que ce soit dans "A perdre la raison", avec Emilie Dequenne et Tahar Rahim, ou "L'économie du couple" avec Bérénice Béjo et Cédric Kahn. Dans "Les intranquilles", on retrouve cette atmosphère suffocante qui existaient déjà dans les deux films précités et que le réalisateur parvient à créer ici avec des plans très serrés sur les visages, en suivant les personnages caméra à l'épaule dans un mouvement perpétuel, en les isolant de leur environnement, pour être au plus près du malaise qui va s'installer au fil de l'intrigue. Joachim Lafosse excelle dans ce cinéma de la destruction. Dès les premières minutes de son long-métrage, il installe une tension qui ne quittera plus le récit jusqu’à la fin. L'histoire qu'il nous raconte agit telle une déflagration, grâce à une mise en scène à la fois frontale et pudique et l'interprétation exceptionnelle de Damien Bonnard et Leïla Bekhti. Mélodrame à la beauté sans apprêts et à la sensibilité à vif, « Les Intranquilles » avancent comme une chorégraphie de regards déchirante, où Joachim Lafosse épouse le point de vue inquiet, puis perdu du personnage féminin. Puisant dans son histoire personnelle, son père était bipolaire, Joachim Lafosse signe un drame rigoureux et d’une grande sobriété, qui à la fois bouleverse et met mal à l'aise devant la complexité de cette maladie.

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Un suspense de haut vol

Publié le par Michel Monsay

Un suspense de haut vol

Entre thriller paranoïaque et film d'enquête, "Boîte noire" happe le regard et l’ouïe dès les premières images pour ne plus nous lâcher. Il rappelle "Le chant du loup", où là aussi le personnage central, doté d'une oreille exceptionnelle, parvenait à décrypter des sons qui échappaient aux autres. On peut penser également aux polars anxiogènes et paranos des années 70, comme "Conversation secrète" de Coppola ou "Blow out" de Brian De Palma. En nous plongeant au cœur du BEA, le bureau d'enquêtes et d'analyses de l’aviation civile qui intervient dès le moindre incident mais aussi en cas de catastrophe aérienne, le réalisateur Yann Gozlan s'appuie sur un scénario très documenté et bien construit pour entretenir un suspense haletant aux ressorts multiples. Propulsé dans un univers mystérieux et méconnu car ultra spécialisé dont le grand public se retrouve toujours exclu de fait, le spectateur se passionne immédiatement pour ce qu'il découvre à l'écran. D'autant que la réalisation, la photographie, le réalisme de l'intrigue, les lieux parfois lugubres où se déroule l'action du film contribuent à créer une tension permanente, sans parler du pouvoir d'incarnation des comédiens, à la tête desquels Pierre Niney est à nouveau impeccable. Au-delà des énormes enjeux économiques dans cet univers de l'aéronautique que le film met en lumière, il y est aussi question de la montée en puissance de l’intelligence artificielle, de l’automatisation des vols, des menaces de piratage informatique, sans oublier les causes potentielles d'un crash : erreur humaine, défaillance technique ou acte terroriste. De quoi vous dégouter de prendre l'avion ! Malheureusement toutes ces pistes font écho à des catastrophes survenues, et le film possède tous les ingrédients pour justement brouiller les pistes et nous passionner pour cette quête de vérité très efficace.

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D'une beauté et d'une ambition rares

Publié le par Michel Monsay

D'une beauté et d'une ambition rares

On avait laissé l'excellent cinéaste québécois Denis Villeneuve il y a quatre ans avec le très réussi "Blade runner 2049", qui avait suivi un autre film emballant : "Premier contact" en 2016. Ces deux œuvres étaient déjà encrés dans l'univers de la science-fiction, genre que le réalisateur est en train de totalement révolutionner, si l'on y ajoute ce formidable "Dune", en y apportant sa virtuosité et sa sensibilité. Le talent de ce réalisateur de 53 ans nous été apparu au préalable dans plusieurs thrillers, comme "Sicario", dont la précision de la mise en scène et de la direction d'acteurs faisaient merveille, de même qu'une fascinante atmosphère sombre dans laquelle baignaient ses films, voilà pourquoi l'adaptation du fameux roman de Frank Herbert par Denis Villeneuve était tant attendue. On peut tout de suite dire que le résultat est largement à la hauteur de l'attente, on y retrouve tout ce qui fait la force du langage cinématographique du réalisateur, qui se sert de cette histoire futuriste pour nous tendre un miroir sur notre monde actuel, notamment d'un point de vue écologique et politique. Entre le roman de Herbert et le cinéma de Villeneuve, les passerelles thématiques abondent : La place des femmes dans une société patriarcale, la spécificité d’un langage, l’expérience du temps, les conflits de générations ou même, d’un pur point de vue de mise en scène, la confrontation dans un même cadre d’un humain à son environnement. Ne refusant jamais le spectacle et ses images iconiques lorsque le réclame la dramaturgie, Villeneuve réussit toujours à replacer l’humain au cœur de la mécanique. Un crédo passant par une incarnation visuelle naturaliste, parfois jusqu’au dépouillement. Loin de toute fantasmagorie, sans refuser pour autant une certaine étrangeté, de splendides gros plans sur des visages, voire une certaine luxuriance (le travail du chef opérateur est impressionnant, certaines séquences s'apparentant à des tableaux de maître), Dune crée une quotidienneté par laquelle le monde de Herbert se fait palpable, organique, plus proche que jamais de nous. D’autant que sa pertinence thématique, sur les enjeux écologiques de la surexploitation des ressources et les mécanismes de la colonisation, ajoute à ce sentiment de proximité et de contemporanéité. Dune, monumental d’ambition et d’ampleur, parvient alors à une illusion troublante d’intimité, notamment dans ce duo mère-fils, que Thimotée Chalamet et Rebecca Ferguson rehaussent avec brio, d'ailleurs tous les acteurs sont irréprochables. Dans la droite continuité de sa filmographie, Denis Villeneuve extirpe du roman un traitement inédit, bien supérieure à la version de David Lynch, continuant la réalisation sensorielle qu’il avait déjà expérimentée dans Premier contact et plus encore avec Blade Runner 2049 avec qui Dune partage nombre de similitudes à travers son apparente épure, l’absence de pyrotechnie inutile et la vision singulière d’un cinéaste décidément parmi l’un des plus admirables de sa génération. Ce projet de mise en scène se prolonge au sein du découpage technique, précis, minimaliste et anticonformiste. Le cinéaste ne fait jamais retomber la tension et nous entraîne dans un monde âpre, sublimé par une esthétique stupéfiante de maîtrise, que l'on admire dans les cadrages, l’architecture des décors et l’agencement méticuleux des éléments graphiques. Dune est l’accomplissement d’un cinéaste esthète qui n’aura de cesse de surprendre, parasitant chaque genre appréhendé, du drame psychologique à la science-fiction, avec une imagerie frappante et un regard passionné, il parvient à concilier grosse production et vision d'auteur.

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Un polar social iranien impressionnant

Publié le par Michel Monsay

Un polar social iranien impressionnant

Souvent les grands polars disent beaucoup de la société, du contexte dans lequel ils s'inscrivent. Là, c'est plus que le cas, à travers le démantèlement de ce trafic de drogue, tout nous est donné à ressentir et à voir de la société iranienne actuelle, surtout urbaine : la pauvreté, la corruption, la débrouille, le système D, comment s'organise le trafic de drogue... Le réalisateur Saeed Roustayi, dont c'est le deuxième film, dévoile un monde inconnu, insoupçonné, inédit au cinéma, celui d’une société iranienne rongée par la corruption et ravagée par les drogues dures. Il filme magistralement ce fléau, qui a vu passer en quelques années le nombre de toxicomanes de 1 million à 6,5 millions, et ce malgré le risque de peine de mort. Très documenté pour être au plus près de la réalité, le film a dû faire face à la censure mais a tenu bon pour n'apporter que de petites modifications à la marge, résultat : "La loi de Téhéran" est le film non comique le plus rentable de l'histoire du cinéma iranien. Le cinéaste dresse une vision de la société iranienne moderne sans concession ni manichéisme : La question de la peine de mort, de la protection de l’enfance, de la nécessaire humanisation des prisons est posée, obligeant le spectateur occidental à relativiser les critiques récurrentes contre ses propres institutions. L’Iran est un pays au bord du gouffre, où la meilleure façon de survivre est de se fondre dans le silence des foules anonymes. Rarement on aura vu une confrontation intime, humaine, psychologique et policière portée à un tel niveau d'incandescence, grâce à une mise en scène aussi étouffante que stupéfiante, une maîtrise scénaristique et deux comédiens magnétiques. On connaissait du cinéma iranien, Abbas Kiarostami, Jafar Panahi, ou Asghar Farhadi, il faudra compter désormais sur Saeed Roustayi qui, à 32 ans, dans un autre registre nous offre ici un grand moment de cinéma, et devrait nous en proposer bien d'autres à l’avenir vu le talent dont il fait preuve de la première à la dernière image de son film. Sorti depuis le 28 juillet, "La loi de Téhéran", chose assez rare vu le nombre de films qui sortent chaque semaine, est encore à l'affiche, profitez-en avant qu'il ne disparaisse, vous ne serez pas déçu du voyage.

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Troublante résonnance entre la vie et le théâtre

Publié le par Michel Monsay

Troublante résonnance entre la vie et le théâtre

Le cinéaste japonais de 42 ans, Ryusuke Hamaguchi, dont on avait déjà adoré Senses et Asako, a émerveillé le Festival de Cannes cette année avec son nouveau film, dont beaucoup le voyait remporter la Palme d'or et qui a dû se contenter du Prix du scénario. Autour du deuil, de la création artistique, de la parole et de l’écoute, mais aussi de la langue de Tchekhov, "Drive my car" fait naître des moments de cinéma d’une grâce absolue. Imprégné d’une douce mélancolie, ce film d'une richesse et d'une délicatesse infinies a aussi quelque chose à la fois d'aérien et de profond, et impressionne par son art de la suggestion et de la subtilité. En adaptant une nouvelle de Murakami, Hamaguchi, cinéaste du mouvement et de l'intime, de la perte et de la disparition, filme les mots comme les silences de ses personnages pour en faire merveilleusement ressortir leurs contradictions, leur pudeur et leur mystère. Admirablement mis en scène, construit et monté, le cinéma de Hamaguchi est poétique, sensoriel et on ne peut plus essentiel, on s'en imprègne sans modération et même après les trois heures que dure ce film remarquable on en redemande.

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Une œuvre poignante et puissante

Publié le par Michel Monsay

Une œuvre poignante et puissante

Réalisateur d'excellents documentaires et fictions, comme "Le Dernier Roi d’Écosse" ou "Jeux de pouvoir", Kevin Macdonald, cinéaste écossais de 53 ans, même quand il choisit de tourner dans la seconde catégorie, garde toujours un pied dans le réel. Ici encore, il adapte une histoire vraie, celle de Mohamedou Ould Slahi, Mauritanien arrêté chez lui en 2001, deux mois après les attentats du 11 septembre. Le film livre une exploration précise de Guantanamo, bout de terre improbable avec ses iguanes, ses salles de torture et ses spots de surf pour GI en week-end. Ce solide film-dossier restera comme un témoignage important du début du XXIe siècle. D'une époque où l'on avait aménagé un bout d'île destiné à échapper aux droits humains et desservi par un aéroport où l'on vendait des casquettes et des mugs en souvenir de l'enfer sur terre. Ce thriller juridique et politique est un plaidoyer implacable contre les outrances américaines à Guantanamo. En parallèle, comme dans son "Dernier Roi d’Ecosse", Kevin MacDonald s’attarde sur le rapport entre le détenu, remarquablement interprété par Tahar Rahim, et son avocate déterminée, impeccable Jodie Foster, dernier lien d’humanité dans un dossier honteux pour une grande démocratie, prête à tout pour se venger en ne laissant aucune place à la nuance, et peu importe si elle se trompe.

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Opéra pop sombre et virtuose

Publié le par Michel Monsay

Opéra pop sombre et virtuose

En trente-sept ans de carrière, Leos Carax n'a réalisé que six longs-métrages. A la mémoire de nos rétines, ils laissent beaucoup d'instants musicaux, comme celui où Denis Lavant court à perdre haleine dans « Mauvais Sang » sur l'air de « Modern Love » de David Bowie. Il n'est donc pas surprenant que le cinéaste nous propose aujourd'hui un drame musical. A la fois stupéfiant et inventif dans sa réalisation avec ses cadrages et ses plans-séquences admirables, mais aussi dans sa mise en scène audacieuse, d’autant qu’elle fut compliquée par les enregistrements vocaux et musicaux, les acteurs chantant en direct sur le plateau de tournage, le cinéaste vient de remporter justement le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes. Il filme les corps tournoyants s’enlacer, se rencontrer avec une délicatesse portée par la douceur de la lumière parfaitement soignée de Caroline Champetier. Elle illumine des comédiens dont l’engagement est total et qui parviennent à jouer, à chanter avec naturel et intensité, notamment Adam Driver dont le jeu et la présence impressionnent. Leos Carax a quelque chose de Lewis Carroll. Rentrer dans son cinéma revient à suivre le lapin blanc d’Alice et plonger dans le terrier, son film est un feu d’artifice qui fait feu de tout bois, et qui se consume devant nous. L’étincelle, c’est d’abord celle des Sparks, groupe iconoclaste rock qui offre à Carax une anti-comédie musicale. Le lyrisme est fou, il domine tout, survient n’importe quand, n’importe où et surtout mélange l’intime et le récit, le personnage et son commentaire, le réel et l’imaginaire. Dans les mains d’un cinéaste comme Carax, ce lyrisme devient une façon de déconstruire le cinéma, de toucher à l’émotion brute et de bousculer l’œil et le cœur du spectateur. Le film nous aspire, nous entraîne dans sa noirceur et nous perd volontairement comme dans un songe qui se révèlerait être un cauchemar. Avec "Annette", Carax filme la mise à mort de la poésie, la laideur du cynisme, la cruauté d’un monde où tout n’est qu’image. D'une richesse plastique infinie, ce film explore l'âme brisée d'un artiste et amant raté, avec une intelligence et une énergie folles.

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A la fois troublant, bouleversant, juste, cruel et tendre

Publié le par Michel Monsay

A la fois troublant, bouleversant, juste, cruel et tendre

Avant d’être un film, « The Father » a d’abord connu une première vie au théâtre en 2012 avec Robert Hirsch et Isabelle Gelinas dans les rôles principaux. Succès critique et public immédiat, la pièce de Florian Zeller a obtenu trois Molières, et a été traduite en anglais et jouée au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Brésil, aux Pays-Bas, au Japon… Elle est même qualifiée de « meilleure pièce de l’année » par The Guardian. Florian Zeller se sort brillamment de l’exercice pour le moins périlleux de l'adaptation d'une pièce de théâtre au cinéma, en ne cherchant jamais à faire cinéma pour en prouver la valeur ajoutée. L’auteur utilise à merveille le huis clos qu’il s’est lui-même imposé, mêlant subtilement les effets théâtraux et cinématographiques pour nous faire ressentir la profonde désorientation dont est victime son personnage principal.  Cet appartement se transformant en un labyrinthe mental, qui devient un piège pour le protagoniste de cette histoire comme pour le spectateur, par la grâce d’un montage très subtil. L'une des forces du film est de nous placer dans la peau de cet homme, et c’est à travers ses yeux que l’on vit le récit. Un parti pris rehaussé par la prestation époustouflante d’Anthony Hopkins, oscarisé à juste titre, qui, d’une seconde à l’autre, passe de la colère aux larmes, se montre venimeux, puis soudain, démuni comme un enfant. La partition qu’il joue impressionne sans jamais écraser le film ou les autres comédiens, tous très justes dans leur interprétation, notamment l'excellente Olivia Colman. La performance d'Anthony Hopkins sert à merveille le travail du réalisateur, qui prend un plaisir manifeste à capter, dans de longs plans, les moindres nuances exprimées par le comédien. Un succès de plus pour le romancier, dramaturge et maintenant cinéaste français, Florian Zeller, qui réussit tout ce qu'il entreprend et dont le talent est évident à chaque plan de ce film poignant.

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La touchante difficulté de communiquer entre un père et son fils

Publié le par Michel Monsay

La touchante difficulté de communiquer entre un père et son fils

Pour raconter cette histoire simple qui échappe à chaque instant au misérabilisme, une histoire que Samir Guesmi définit joliment comme « une déclaration d'amour sans effusion », le comédien devenu cinéaste joue à merveille de la suggestion et de l'épure. En 1 h 20 et sans un plan de trop, sur fond de décors parisiens ordinaires remarquablement filmés, il met en scène une petite merveille de sensibilité, où les silences et les regards se substituent aux dialogues redondants et aux laborieuses explications de texte. On appréciait beaucoup l'acteur Samir Guesmi, après ce premier film bouleversant, on est désormais en droit d'attendre beaucoup du cinéaste. "Ibrahim" est aussi un film profondément social, qui donne à voir les petites gens et le Paris populaire comme rarement dans le cinéma français. Il adopte une mise en scène toute en retenue, en pudeur et en délicatesse pour raconter ces deux hommes qui ont tant de mal à dire leurs sentiments. L’un s’est trop endurci, l’autre est encore trop fragile, et cette vulnérabilité d’Ibrahim, derrière sa carapace d’ado, le nouveau venu Abdel Bendaher la fait vibrer à merveille. Touche aussi dans ce film, la volonté de montrer, sans grandiloquence, ce qui compte dans l’existence. De regarder en face le dénuement d’un quotidien matériellement difficile pour parler du soutien qui permet de tenir le coup, de l’affection qui change tout. Des choses que le cinéma ne raconte pas souvent, et rarement aussi bien.

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