Interview de Jean-Luc Mélenchon sur l'agriculture et la ruralité

Publié le par Michel Monsay

Interview de Jean-Luc Mélenchon sur l'agriculture et la ruralité

Après avoir été membre du parti socialiste et ministre de l'enseignement professionnel du gouvernement de Lionel Jospin, Jean-Luc Mélenchon est député européen depuis 2009, et se présente à 65 ans pour la deuxième fois à l'élection présidentielle, cette fois hors cadre des partis, sous la bannière de la France insoumise, mouvement qu'il a fondé en 2016.

 

Quelles sont vos propositions pour que l’agriculture et l’agroalimentaire redeviennent un enjeu stratégique au niveau français et européen ?

Jean-Luc Mélenchon - Mais ils sont un enjeu stratégique pour la France ! Ils fournissent l’essentiel de notre alimentation et l’agriculture est au cœur de la nécessaire transition écologique de notre économie. Je propose un nouveau pacte entre les paysans et l’ensemble de la société : d’un côté vous vous engagez dans la transition écologique de vos systèmes de production, afin d’offrir des produits de qualité à toutes et à tous, de garantir un environnement sain et de contribuer à la lutte contre le changement climatique ; de l’autre la société reconnait votre droit à une juste rémunération du travail, à des conditions de vie dignes et à tous les moyens nécessaires pour vous accompagner dans cette transition. Le libéralisme vous a entrainé dans une course folle au productivisme, au détriment de la qualité des aliments, de l’environnement, de votre propre santé et parfois de votre vie, alors que seule une minorité profite de ce système. Je vous propose de libérer la paysannerie et la société de cet enfer du libéralisme et du productivisme.

 

Aujourd’hui l’agriculteur n’est pas correctement rémunéré dans la chaîne de production et sa situation est très fragile. Que proposez-vous pour une répartition plus équitable de la valeur afin que les paysans continuent de vivre dignement de leur métier ?

J-L.M. - Les prix agricoles sont la clé de voûte de la rémunération du travail paysan. Dans des marchés dérégulés, la majorité des paysans ne vivront jamais dignement de leur métier, les prix seront toujours tirés vers le bas, en plus d’une grande instabilité d’une année sur l’autre. Tous ceux qui prétendent que la contractualisation va résoudre le problème des prix mentent aux paysans. La contractualisation entre éleveurs et industriels laitiers, même si elle incluait une clause sur les prix, ne pourra jamais garantir de façon durable des prix rémunérateurs si, dans le même temps, la grande distribution peut acheter ailleurs son lait moins cher. Je propose, selon les secteurs de production, trois mesures principales pour garantir des prix rémunérateurs et stables : la réintroduction de mécanismes de régulation des marchés au moyen de limitations de production, la fixation de prix minimums aux producteurs ou de coefficients multiplicateurs maximums et l’introduction de taxes aux frontières chaque fois que nécessaire. Ceci est incompatible avec les règles libérales de l’Union européenne. C’est pourquoi, nous sortirons des actuels traités européens de libre-échange.

 

La ruralité est essentielle dans notre pays et pour l’agriculture. Quel est votre projet pour redynamiser les territoires ruraux, notamment par rapport aux services publics, à l’accès aux nouvelles technologies, aux emplois, au foncier ?

J-L.M. - Mon projet est aussi de redonner de la vie à nombre de territoires ruraux aujourd’hui abandonnés par l’Etat. L’agriculture paysanne et écologique que je défends jouera un rôle déterminant dans cette revitalisation. Pour cela, elle sera soutenue par une politique de prix agricoles, une politique foncière pour l’installation de jeunes et une politique de soutien à la transition écologique. Il s’agit de stopper l’hémorragie de la population agricole et de créer 300.000 emplois. Mais mon projet est aussi de rétablir une égalité réelle entre citoyens en matière d’accès aux services publics. C’est pourquoi, la réinstallation de nombre d'entre eux (écoles, poste, santé, transports, etc.) constitue une autre priorité en milieu rural.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article