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Une drôle de série policière qui ne laisse pas de glace

Publié le par Michel Monsay

Une drôle de série policière qui ne laisse pas de glace

Douze ans après le film Poupoupidou, Jean-Paul Rouve retrouve son rôle d'écrivain de polar à Mouthe en Franche-Comté, la commune la plus froide de France, ainsi que le réalisateur Gérald Hustache-Mathieu, dans cette minisérie polar esthétique et décalée, dans laquelle un assassin met de l'art dans ses meurtres. Cette fiction rebat les cartes du polar et en détourne les motifs habituels en y injectant une dose d’humour et de folie douce. Ludique et bourré d’idées, ce jeu de piste très cinématographique comporte de nombreuses références, dans les images et dans le ton, à la fois à Twin Peaks de David Lynch et Fargo des frères Coen. Polar Park trouve son propre souffle grâce à une intrigue efficace et des personnages drôles et mélancoliques. Jean-Paul Rouve, lunaire mais grave, et Guillaume Gouix, psychorigide mais sensible, forment un duo savoureux, entouré de très bons seconds rôles, comme Olivier Rabourdin ou Soliane Moisset. Mention particulière à India Hair, cette comédienne aux yeux d’un bleu profond et au visage poupon, ponctué par deux fossettes et un sourire timide, qui prête à son personnage tragi-comique une énergie incomparable, mélange d’une authenticité touchante et d’une cocasserie. La délicatesse des dialogues et la fantaisie des situations finissent de faire de Polar Park un bel exemple de polar télé capable de sortir des clous, et de nous surprendre agréablement dans l'avalanche de séries policières souvent médiocres dont toutes les chaînes et plateformes nous abreuvent.

Polar park est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

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Le poison de la corruption en Iran

Publié le par Michel Monsay

Le poison de la corruption en Iran

Mohammad Rasoulof est un cinéaste courageux, après avoir été emprisonné puis assigné à résidence dans son pays depuis octobre 2017 et la sortie d'Un homme intègre, il continue à tourner en Iran des films qui sont des charges implacables contre le régime. Ce sixième long-métrage de fiction est un terrible constat de la terreur sourde que fait peser l’état iranien à tous les échelons de la hiérarchie. Le cinéaste entretient, par sa mise en scène chirurgicale, une tension permanente. Le film devient vite un cauchemar éveillé pour son personnage principal, où dès qu'il pense avoir résolu un problème, il doit faire face à une nouvelle catastrophe, plus dramatique encore. Tourné sans l’aval des autorités, puis interdit en Iran, Un homme intègre ne laisse entrer que peu de lumière, que ce soit à l’image ou dans la vie de son protagoniste, dont le désir de vivre s’oppose à un système qui n’est pas tant fait pour la préservation de l’ordre religieux que pour celle d’une hiérarchie sociale rigide. Insensiblement d’abord, puis avec une énergie de plus en plus évidente, Mohammad Rasoulof accélère le rythme de son film pour amener le héros au bord d’un choix aussi inévitable que cruel : restera-t-il un homme intègre, affrontera-t-il ses ennemis sur leur terrain ? Dans la forme, la réponse qu’apporte le scénario est d’une ­grande habileté. Sur le fond, elle n’incite guère à l’optimisme. Avec ce film, on a affaire à un crime parfait concernant le contournement de la censure. En présentant un scénario édulcoré aux autorités, en tournant loin dans la campagne au nord de Téhéran, en rassemblant un financement totalement indépendant, Mohammad Rassoulof réussit un film très politique qui dénonce la corruption, la persécution de minorités religieuses, la censure des enseignants, sans rien retrancher à l’ambition cinématographique.

Un homme intègre est à voir ci-dessous ou sur le replay d'Arte.

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Étonnant film noir à redécouvrir

Publié le par Michel Monsay

Étonnant film noir à redécouvrir

Tout est osé pour l’époque dans ce polar dur et tendre qui s’ouvre sur le visage en sueur d’un batteur de jazz noir dont le solo enflamme un cabaret du 8ᵉ arrondissement. Gilles Grangier était particulièrement fier de cette histoire d’amour sans eau de rose, dans laquelle Jean Gabin est un flic fatigué qui tombe amoureux d’une toxico de la moitié de son âge. Ça va vite entre eux : à peine l’a-t-il rencontrée, pour l’interroger sur la mort de son ex-amant, qu’au mépris de toute éthique il la suit à l’hôtel et couche avec elle. « Vous l’embarquez ? » s’étonne le gérant du club, qui les voit partir ensemble. « C’est elle qui m’embarque », répond Gabin. On est loin du cinéma de papa, classique et puritain, même si Gilles Grangier a été méprisé par les jeunes insolents de la Nouvelle Vague… Qui dit toxicomanie dit dealer, et là c’est le pompon, car la morphine est fournie par une pharmacienne apparemment respectable, la grande Danielle Darrieux. Son affrontement final avec Gabin est une merveille d’acidité, dialoguée par Michel Audiard. Dans cette perle du film noir, dixit Bertrand Tavernier, les bourgeoises sont bien plus toxiques que les malfrats. Ce qui passionne Gilles Grangier, ici comme dans ses meilleurs films, c’est d’abord et avant tout l’observation d’un monde aujourd’hui disparu. En ce sens, Le Désordre et la nuit constitue pour nous un documentaire attendri sur les clubs, le milieu, ou le Paris des années 50, peuplé de gens que le cinéaste regarde avec empathie, à hauteur d’homme. On sent que Gilles Grangier a mis tout son solide métier (cadrages impeccables, travellings fluides, lisibilité constante) à créer une atmosphère, celle d’un Paris nocturne dévoyé. Ce beau film noir, mélange de cynisme et de tendresse, a un charme indéniable, et Jean Gabin, qui est très bien, sans rien du cabotin qu’il deviendra par la suite, sert de révélateur au milieu interlope qu’il traverse tout au long de l'intrigue.

Le désordre et la nuit est à voir ici pour 2,99 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

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Une comédie romantique moderne

Publié le par Michel Monsay

Une comédie romantique moderne

Avec beaucoup d'humour et de finesse, cette piquante série israélienne raconte les déboires amoureux de Dana et Murray, deux trentenaires très attachantes. L'une est une brillante gynécologue, l'autre est une scénariste-enseignante au culot sans limites. Ce duo antinomique et pourtant inséparable, joué par la sublime Rotem Sela et Naomi Levov, toutes deux très justes, est le portrait de deux femmes résolument modernes, qui ont des difficultés à s'accomplir sur le terrain sentimental et ne cessent de s'interroger sur leurs vies, leurs célibats et leurs aspirations. Truffée d’idées et de situations bien senties au service d’un regard sensible et mélancolique, cette série s’inscrit dans la grande épidémie de solitude provoquée pardoxalement par l’application de rencontres Tinder et autres réseaux sociaux. La caméra, réaliste et modeste sert très bien l’humour tendre et corrosif de la série. Dana & Murray offre un miroir réjouissant des questionnements d’une génération.

Dana & Murray est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

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Absurde, burlesque, provocateur et finalement touchant

Publié le par Michel Monsay

Absurde, burlesque, provocateur et finalement touchant

L’humoriste maître de l’absurde est de retour sur scène et il a des choses à dire. Avec 2 mariages et 1 enterrement, son nouveau one-man-show, capté ici au Cirque Royal de Bruxelles, Arnaud Tsamere revient sur les quatre dernières années, mouvementées, de sa vie. « Comment faire rire quand on tombe lentement dans la dépression ? » se demande-t-il aujourd’hui, à 48 ans, engoncé dans ses angoisses et ses peines après ses deux divorces et la perte de son père. On le suit dans ses nouvelles passions, censées le sortir de son mal-être, et dans les explications, paperboard à l’appui, de ses différents échecs amoureux. Arnaud Tsamere repousse comme jamais les limites de son humour, flirtant toujours plus avec une hystérie jouissive. Il traite de la dépression sans jamais omettre la difficulté du sujet et s’attaque aussi aux mariages et aux enterrements. Le mélange est audacieux, détonnant, mais Arnaud Tsamere utilise des situations vécues pour dédramatiser les choses tout en apportant une véritable sincérité. Il se sert autant de son texte que de son corps dans l’espace pour créer le rire et les émotions. En quelques secondes, il est capable de convoquer une énergie exceptionnelle pour donner vie à son personnage et habiter véritablement son interprétation. Coécrit et mis en scène par son collègue et ami Jérémy Ferrari, et son appétence développée pour l’humour noir et le cynisme, ce spectacle rythmé et loufoque se révèle comme une véritable renaissance, aussi drôle que touchante, poétique et désespérément absurde.

Arnaud Tsamère - 2 mariages et un enterrement est à voir ici pour 3,99 € en location.

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Hallucinante escroquerie

Publié le par Michel Monsay

Hallucinante escroquerie

Parmi les superlatifs qui fleurissent pour qualifier l’arnaque à la taxe carbone, on ne peut s’empêcher de penser que le titre d’« escroquerie du siècle » avait tout pour stimuler l’imaginaire de Xavier Giannoli, dont l’œuvre est peuplée de troublants affabulateurs, et qui aime saisir une époque dans ses moments de bascule. Après son éblouissante adaptation d’Illusions perdues, le cinéaste a choisi, pour sa première série, de raconter, en s’inspirant librement de l’enquête du journaliste de Mediapart Fabrice Arfi, comment de petits escrocs de Belleville ont su profiter, à la fin des années 2000, des failles d’un système financier, censé lutter contre la pollution, pour détourner l’argent public. Le résultat est un déploiement captivant en douze épisodes : à la fois enquête sous tension, réflexion indignée sur un ultralibéralisme sans scrupules, et peinture fervente des passions humaines. En mettant en scène cette fraude d’une ampleur inégalée, le réalisateur s’attelle à un défi : illustrer un marché dématérialisé. Heureusement, la galerie de personnages impliqués se prête à imager l’affaire, ces escrocs sont l’expression ultime de tout ce qu’il y a de dégénéré dans les sociétés modernes, cette obsession du consumérisme, du luxe comme la preuve d’une réussite. C’est à la fois totalement obscène et enfantin, tout en étant un matériau extraordinaire pour un cinéaste. La série, aussi froide et clinique lorsqu’elle suit les enquêteurs dans leur travail de fourmi que colorée quand elle emmène le spectateur dans l’entourage des escrocs, repose autant sur un scénario très détaillé que sur le jeu de ses acteurs. À la sobriété de Vincent Lindon, répondent la folie furieuse de Ramzy ou la théâtralité de Niels Schneider, tous trois excellents, sans oublier les rôles secondaires très bien incarnés par André Marcon, Judith Chemla, Yvan Attal,... Xavier Giannoli met parfaitement en scène cette vaste comédie humaine, tournée dans plusieurs pays, avec l'ampleur, la démesure dont on le sait capable, portée par une bande originale addictive d'une lumineuse noirceur du compositeur de musique électronique Rone.

D'argent et de sang est à voir ici pour 6,99 €, un mois d'abonnement sans engagement à Canal+ séries. (Offre tout en bas de la page des offres).

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Drôle, méchant, tendu, et finalement émouvant

Publié le par Michel Monsay

Drôle, méchant, tendu, et finalement émouvant

À chaque film, Quentin Dupieux, qui ne fait rien comme personne et enchaîne les projets sans s'arrêter, réinitialise son style, cherche ailleurs et propose une tout autre expérience que les précédentes. Yannick embarque le cinéaste du côté du réalisme social. Enfin, à sa manière, bien sûr. Inattendue, déroutante, joueuse et au fil de l'intrigue, assez touchante. Le film crée une tension, un malaise dont on ne sait jamais s’il va accoucher d’un gag ou d’un drame. C’est toute la force de Dupieux de réussir ainsi à faire tanguer son huis clos entre toutes les émotions. On rit mais soudain la phrase suivante glace. On s’inquiète et le plan d’après nous emmène ailleurs. Il offre surtout un rôle monstrueux à Raphaël Quenard, étonnant acteur gouailleur, à la diction traînante, gaucherie de sociopathe et regards d’enfant, avec sa façon d’être toujours au bord du pétage de plomb ou de la blessure profonde. Dès qu'il apparaît, plus moyen de lui échapper, ou d'échapper au sentiment de malaise qu'il est capable d'installer en deux regards agités et trois mots bruts de décoffrage. Il donne au film une profondeur sociale, une étrangeté rare qui sans cesse nous fait changer de place. Face à lui, Pio Marmaï en acteur narcissique un brin pathétique n'est pas en reste. Jamais le film ne jubile de son petit théâtre cruel, au contraire, il émerge de la situation et de ces personnages épuisés une tristesse infinie, une émotion qui surprend, déroute et révèle la part sombre et humaine du cinéma de Quentin Dupieux. On retrouve néanmoins le ton Dupieux, une appétence pour le bizarre, les inadaptés, les situations incongrues, l’humour potache et la transgression des règles de bienséance. Le cinéaste convoque une émotion non filtrée dont il est peu coutumier, et figure de façon limpide l'opposition entre mépris de classe et vanité du petit monde de la prétendue culture et sentiment d’abandon politique, d’être mal représenté, de ne pas être reconnu d'une partie de la population. Yannick est une sorte de mise en abyme acide et tendre, sans doute le meilleur film avec Au poste ! et Incroyable mais vrai de ce cinéaste si singulier à la précieuse irrévérence.

Yannick est à voir ici pour 4 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

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Une nuit étoilée

Publié le par Michel Monsay

Une nuit étoilée

Aucune chanson n’avait réuni une telle pléiade de stars, et aucune ne s’y est risquée depuis. A l’approche du 40anniversaire de We Are the World, single caritatif qui devait s’écouler à plus de 20 millions d’exemplaires et récolter 63 millions de dollars après sa sortie, le 7 mars 1985, ce documentaire nous plonge au cœur de sa genèse et son enregistrement. The Greatest Night in Pop s’avère passionnant et évite généralement ce que laisse redouter son titre ronflant : l’exercice d’autocongratulation. Les 47 artistes, ainsi que les techniciens, qui ont enregistré ce 45 tour, donnèrent bénévolement le meilleur d'eux-mêmes avec acharnement durant toute une nuit jusqu'à l'aube, dirigés d'une main de fer par Quincy Jones. La nuit en question est celle du 28 janvier 1985, choisi par les initiateurs, dont Harry Belafonte, pour avoir le plus de monde sur place, vu que l'enregistrement a eu lieu après la cérémonie des American Music Awards à Los Angeles. Parmi les 47, il y avait Michael Jackson, Tina Turner, Bob Dylan, Bruce Springsteen, Stevie Wonder, Ray Charles, Lionel Ritchie, Paul Simon, Diana Ross, Huey Lewis, pour ne citer qu'eux. Quincy Jones, dans le rôle du stratège auquel il incombe de mettre en boîte un hymne en un temps record, en fin tacticien, demande à chaque superstar de « laisser son ego à l’extérieur », comme précisé sur une pancarte à l’entrée du studio. Calquée sur le Band Aid formé par Bob Geldof en Grande-Bretagne quelques mois plus tôt, l'initiative USA For Africa sera lancée en décembre 1984 par l'artiste engagé Harry Belafonte, horrifié par la vision des populations affamées lors d'un voyage en Éthiopie. Son objectif : réunir l'Olympe du micro pour enregistrer une chanson-tube au profit de la lutte contre la famine en Afrique subsaharienne. Qu’elle semble lointaine en 2024, cette nation américaine de 1985. Du moins celle qui fut donnée à voir lors de la parenthèse We Are the World. À l’heure où le communautarisme renvoie chacun à son périmètre identitaire aux États-Unis, We Are the World a montré comment des artistes noirs et blancs se donnaient alors la main pour une cause universelle : sauver des vies grâce à la musique. Ce documentaire, gavé d'archives sonores et visuelles, est rythmé par une succession de courtes séquences à classer au panthéon de l’histoire de la musique, comme la session solo de Michael Jackson et sa voix cristalline, la touchante séance d’autographes improvisée entre des artistes qui s’admirent, l’hommage a cappella à l’acteur-chanteur Harry Belafonte, initiateur de ce projet fou, ou encore ces plans sur Bob Dylan, tétanisé et incapable de sortir un son au milieu de ce grand raout, avant de retrouver finalement le sourire et son timbre grâce au soutien comique de Stevie Wonder, ou l'improvisation de Ray Charles au piano, et bien d'autres moments incroyables.

The greatest night in pop est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub ou 13,49 € sans pub, un mois sans engagement.

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Le génial Preljocaj transcende les corps par la danse

Publié le par Michel Monsay

Le génial Preljocaj transcende les corps par la danse

« Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé ». Les mots de Groucho Marx résonnent parfaitement dans la bouche du chorégraphe Angelin Preljocaj. Après 50 créations qui ont révolutionné le monde de la danse, il a décidé que la prochaine serait écrite pour des séniors. Fin 2022, il a donc fait passer des annonces sur les réseaux sociaux à la recherche de danseurs amateurs de plus de 65 ans. Sa femme, la documentariste Valérie Müller a suivi cette entreprise artistique et humaine délicate. Son regard empathique, sa caméra tranquillement immersive enveloppent et soutiennent les confidences et les évolutions de ces danseurs tardifs, des auditions aux représentations. Entre les moments de doute, les blessures et les grandes joies, La force de l’âge permet aussi de déconstruire certaines idées reçues sur la vieillesse. Au départ, ils sont plus de trois cents à venir passer ce casting hors norme. Seuls huit d’entre eux seront sélectionnés, dont la plus jeune a 67 ans et la plus âgée 79. Ils ont le cœur qui bat. Certains ont déjà dansé, d'autres en ont toujours rêvé et se disent que ce pourrait être enfin l'occasion. Ce documentaire semble plus fort encore que la pièce elle-même, Birthday Party, dont la première eut lieu en février 2023, car on y voit les meilleurs moments de cette aventure, et le chemin pas si facile parcouru par tous ces interprètes courageux. Ils parlent sans détour de l’âge qui vient, de leurs désirs toujours vivaces mais aussi de leurs angoisses, avec sagesse ou inquiétude, et un bel appétit de vivre toujours. L'ambiance est belle dans les studios durant les répétitions. À un moment, Preljocaj passe un enregistrement de Simone de Beauvoir qui explique qu'on traite les vieux comme des parias, en les empêchant de travailler si bien qu'ils meurent d'ennui. Pas question pour le chorégraphe de montrer « des vieux qui dansent ». Son spectacle doit avant tout bousculer les spectateurs par la beauté et l'émotion de la danse. L’âge des interprètes, même s’il est au cœur de sa nouvelle création, n’étant finalement qu’un paramètre comme un autre. Pari réussi pour Preljocaj mais aussi pour Valérie Müller, à qui l'on doit aussi le documentaire Danser sa peine, cet autre ambitieux projet du chorégraphe qu'il a monté en 2019 avec des femmes incarcérées. En donnant la parole aux huit interprètes, dont l'ancienne chanteuse Elli Medeiros, et en filmant sans filtre leurs corps dansants et vieillissants, La force de l'âge porte un regard essentiel sur la vieillesse, que bien souvent, on ne veut ni voir ni entendre, et qui peut pourtant se révéler pleine de grâce.

La force de l'âge est à voir ici ou sur le replay de France Tv.

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Thriller fascinant dans la tête d'un tueur à gages

Publié le par Michel Monsay

Thriller fascinant dans la tête d'un tueur à gages

David Fincher réussit un film subtil et troublant, où excelle Michael Fassbender en génie du crime insensible et compulsif. Avec la promesse d’efficacité de son titre, The killer prend quelque peu le spectateur à contre-courant en s'affirmant comme un film d’auteur, échappant à l’étiquetage facile, et volontiers plus complexe qu'il n'y paraît. Tour à tour reptile et félin, ce tueur sans nom est un enfant du Samouraï joué par Alain Delon pour Jean-Pierre Melville, du Killer hong-kongais de John Woo ou encore du driver que filmait Nicolas Winding Refn dans Drive. Autant de corps blindés, de cerveaux mécaniques, de pros pour qui l'expression d'une quelconque humanité ouvrirait une faille dangereuse. Lumière glacée, cadrages très précis, montage carré et sans écueil… la mise en scène de David Fincher épouse avec classe et sobriété l'esprit mathématique de son personnage, avec aussi une fascination pour le geste méthodique et la solitude monacale de son tueur. À pas silencieux, l'ange de la mort infiltre toutes les strates de notre société, et à travers cet ouvrier indépendant du crime, le cinéaste nous raconte le monde d'aujourd'hui et son rapport au travail, son film étant comme le témoignage fascinant de l'ubérisation du meurtre. Avec ce thriller épuré à l’efficacité redoutable, millimétré comme son personnage principal à la voix off introspective déroutante, adaptation d’une bande-dessinée française, on peut voir une sorte d'autoportrait de David Fincher, connu pour ses obsessions, sa précision et sa cérébralité.

The killer est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub ou 13,49 € sans pub, un mois sans engagement.

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