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Une série ambitieuse et saisissante

Publié le par Michel Monsay

Une série ambitieuse et saisissante

Masters of the Air raconte l'histoire de héros méconnus dont l'effort a été essentiel dans la victoire des forces alliées durant la Seconde guerre mondiale, dans une approche réaliste et impressionnante, notamment dans les scènes de combat aérien. Il s'agit d'une poignée de jeunes soldats de l'US Air Force, plus particulièrement de l'unité surnommée "The Bloody 100th", celle qui a compté le plus de décès dans ses effectifs lors du conflit. Les équipages sont appelés pour mener des missions dangereuses en bombardant des bases nazies. Certains sont capturés, d'autres tués mais tous ceux qui échappent à la mort doivent remonter dans leur avion jour après jour, au péril de leur vie. Masters of the Air rend hommage à ces héros dont les livres d'histoire ne parlent pas. Cette plongée au cœur de l'horreur de la guerre nous ouvre les yeux et force l'admiration, nous rappelant le prix fort payé par toute une génération, la plupart d'entre eux ont tout juste la vingtaine et n'ont jamais quitté leur patelin, et les blessures, visibles ou non, qu'ils ont ramenées du conflit. Après avoir suivi les parachutistes de la Easy Company du débarquement jusqu’à la capitulation de l’Allemagne nazie dans Band of Brothers (2001), les marines dans l’enfer des combats jusqu’en Asie dans The Pacific (2010), le tandem de producteurs Steven Spielberg et Tom Hanks nous embarque cette fois aux côtés des membres de la 8ᵉ Air Force américaine au-dessus de l'Allemagne nazie pour de furieux combats aériens. Grâce à d'incroyables effets spéciaux et une réalisation confiée pour 4 épisodes sur les 9 à Cary Joji Fukunaga (True Detective, Mourir peut attendre…), la reconstitution est saisissante et les scènes d’action vertigineuses. La série vaut aussi par sa capacité à se déployer pour embrasser la totalité de la complexité d’un tel conflit. Passant des forces armées aux services de renseignement, des nuages à la boue d’un camp de prisonniers, des trains de la France occupée à un centre de repos pour soldats traumatisés, la série prend des allures de grande fresque hantée par la mort, devenue un risque comme un autre. Souvent implacable, comme lorsqu’elle confronte ses héros à leurs dommages collatéraux sur le sol allemand, Masters of the Air n’oublie pas de contrebalancer ses élans épiques en revenant à l’essentiel : la fragilité de ces hommes (et quelques rares femmes) percutés par le fracas du monde. Chaque personnage est inspiré d'un soldat ayant réellement existé, ce qui donne une dimension encore plus humaine et puissante à la série, qui fait œuvre de mémoire à partir des souvenirs des derniers survivants.

Masters of the air est à voir ici sur Apple TV pour 9,99 € un mois d'abonnement sans engagement.

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Thriller intense qui brise une omerta de l'Église catholique irlandaise

Publié le par Michel Monsay

Thriller intense qui brise une omerta de l'Église catholique irlandaise

Cette poignante minisérie s’empare du scandale des blanchisseries Madeleine, où des milliers de jeunes femmes irlandaises, jugées immorales par la société, ont travaillé comme des esclaves dans les blanchisseries de couvents catholiques entre 1922 et 1996, et se sont vues arracher leur bébé. Joe Murtagh aurait pu se contenter de la puissante dramaturgie de ces faits, qui ont inspiré en 2002 l'excellent film de Peter Mullan, The Magdalene Sisters, Lion d'or à Venise. Mais le créateur de The woman in the wall a choisi de rompre avec les codes classiques des séries historiques. En collant d’emblée à la peau et aux réminiscences du personnage central, Lorna, bouleversante héroïne à la frontière de la folie, il captive instantanément. Puis il déploie, épisode après épisode, le cauchemar éveillé de la jeune femme. En parallèle, il tisse une double intrigue, renvoyant en miroir la trajectoire personnelle de l'inspecteur chargé d’élucider la mort d’un prêtre, à celle de Lorna. La réalisation stylisée, avec des accents gothiques, voire horrifiques par moments, sert de luxueux écrin à Ruth Wilson, intense et émouvante, que l'on avait déjà appréciée dans The Affair ou Luther, et à la finesse d'interprétation de Daryl McCormack qui joue l'inspecteur, dans cette troublante minisérie en six épisodes.

The woman in the wall est à voir ici pour 7,99 €, un mois d'abonnement sans engagement à Paramount +.

La bande-annonce ci-dessous est en anglais avec sous-titres anglais mais en regardant la minisérie sur Paramount + les sous-titres sont en français.

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Une réinvention flamboyante de l’univers de Dickens

Publié le par Michel Monsay

Une réinvention flamboyante de l’univers de Dickens

Dans le classique de Charles Dickens Oliver Twist, Jack Dawkins était l'apprenti pickpocket le plus doué de la bande d'enfants voleurs du redoutable Fagin. Jusqu'à ce qu'il tombe aux mains de la police pour une modeste tabatière. Après avoir livré un vibrant réquisitoire contre une justice de classe, le gamin des rues du Londres victorien était expédié dans une colonie pénitentiaire en Australie, et le roman n'en faisait plus mention. Un vide dans lequel s'engouffre avec malice cette série qui imagine les péripéties du filou à l'âge adulte. Après être passé par la marine, Jack Dawkins est désormais un chirurgien très doué qui ampute, recoud, remet en place les fractures dans un XIXe siècle qui ne connaît ni l'asepsie ni l'anesthésie. Il excelle dans l’exercice grâce à ses mains habiles, aussi utiles équipées d’un scalpel que pour détrousser les passants dans sa jeunesse. Ni noble, ni lucrative, la chirurgie est loin de bénéficier de la considération dont elle dispose aujourd’hui. Au point de contraindre le héros à mener une double vie pour boucler ses fins de mois, d'autant qu'il a gardé un vice pour le jeu et se retrouve endetté après quelques parties de cartes. L'une des réussites de la série en huit épisodes est le personnage de la fille du gouverneur, rebelle et avant-gardiste, passionnée par la science, qui ambitionne d'être chirurgienne mais sa condition de femme l'en empêche. En filigrane émerge un état des lieux édifiant de la pratique de la médecine en 1850. Spectacle comme un autre : les curieux payent pour assister à une intervention sanglante. Les paris sur l'issue et la rapidité de la procédure sont ouverts. Le Renard, prince des voleurs, dont le titre n'est pas très heureux et surtout pas en cohérence avec le contenu de la série, rappelle aussi le statut de bagne à ciel ouvert de l'Australie, terre d'exil des criminels et des damnés britanniques. Elle permet également de faire un sort à l’image misérabiliste trop souvent associée à Charles Dickens, en rappelant combien son œuvre sociale est aussi traversée par un humour redoutable. Cette série australienne s’empare des motifs de l'auteur britannique, comme son horreur pour les injustices de la société victorienne, en empruntant un virage pop réjouissant. Rythmée, vive, dialoguée avec esprit et composée avec fantaisie, elle offre un terrain de jeu merveilleux à une troupe de comédiens qui se démène avec un bonheur manifeste et communicatif.

Le renard : prince des voleurs est à voir ici sur Disney + pour 5,99 € avec pub ou 8,99 € sans pub, un mois sans engagement.

Ci-dessous la bande-annonce en anglais, mais sur Disney + on peut voir la série en VO sous-titrée.

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Suite de la palpitante série dans les arcanes de la mafia japonaise

Publié le par Michel Monsay

Suite de la palpitante série dans les arcanes de la mafia japonaise

La deuxième saison, qui prolonge et achève le récit de la première dans le Tokyo interlope des années 1990, sur les pas d’un reporter américain travaillant pour un grand quotidien japonais, confirme son geste et cette narration en balancier peu commune entre ceux qui enquêtent (les journalistes, les policiers) et ceux qui guerroient, les yakuzas eux-mêmes. Avec en ligne rouge l’ascension d’un oyabun (chef de gang) particulièrement puissant et infiltré dans les sphères financières et politiques, Tokyo Vice voit large en enroulant à la trame principale une matière énorme sur la société japonaise de cette époque qui sourd derrière le voile, des rituels des bars à hôtesse jusqu’aux formes très particulières de corruption qui la minent. Portée par un casting d’autant plus remarquable que cette deuxième saison lui permet d’approfondir et affiner ses incarnations (Ansel Elgort, Ken Watanabe, Rachel Keller, Rinko Kikuchi,...), Tokyo Vice se concentre davantage sur ses protagonistes, leurs doutes, leurs failles, leurs moteurs, y compris ses personnages secondaires. Tout au long des 10 épisodes, on entend plus souvent le japonais que l’anglais, notamment dans la bouche des étrangers, et l’une des qualités de la série est de rendre cet ancrage local extrêmement naturel, surtout pour les deux comédiens américains, Ansel Elgort et Rachel Keller. Cette cohérence témoigne d’une exigence au-dessus de la moyenne, qui se confirme dans tous les aspects de cette passionnante série.

Tokyo Vice saison 2 est à voir ici pour 6,99 € en s'abonnant à Canal + Séries, un mois sans engagement.

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L'enfer, c'est les autres

Publié le par Michel Monsay

L'enfer, c'est les autres

D'emblée, on est happé par cette histoire de citadins venus à la campagne, chercher un nouveau départ et dont l'enthousiasme tourne court, avec l'arrivée de voisins aussi envahissants que grossiers dans la maison mitoyenne. Sur quel terreau prospère la violence de classe ? Entre mépris impossible à contenir des uns et agressivité latente des autres, la cohabitation fait ici l’objet d’une observation minutieuse, doublée d’un thriller nuancé. Sandrine Veysset refait parler d'elle près de 30 ans après le très beau Y aura-t-il de la neige à Noël,  César du meilleur premier film, en mettant en scène avec finesse, la singularité des êtres sous le masque social, et, avec l’aide de Virginie Despentes à l’écriture, elle passe habilement entre les mailles du cliché. Lentement, la tension monte et maintient jusqu’au bout un suspense psychologique où le pire semble toujours sur le point d’être évité. Les comédiens participent à la réussite de ce thriller rural, notamment Jonathan Zaccaï et surtout Yannick Choirat, plus vrai que nature en beauf railleur voire malveillant.

Les malvenus est voir ici ou sur le replay de France Tv.

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Une bête de scène charismatique inventeur du rock’n’roll

Publié le par Michel Monsay

Une bête de scène charismatique inventeur du rock’n’roll

Noir, homosexuel, extraverti, Little Richard connut un succès précoce mais une reconnaissance tardive dans l’Amérique de la ségrégation, du refus de la différence, du poids du religieux. Dans une approche chronologique, cet émouvant documentaire privilégie l’étude de la personnalité du chanteur, pianiste et auteur-compositeur aux nombreux succès à la fin des années 1950 (Tutti Frutti, Long Tall Sally, Rip It Up, Lucille, Good Golly Miss Molly, Jenny Jenny…), à travers de courts extraits de concerts, d’émissions de télévision, et de témoignages d’artistes ou de proches, de journalistes et musicologues. Qui se cache derrière ce personnage excessif, flamboyant, précurseur, tout droit sorti d’un cartoon dynamité à la cocaïne ? Né le 5 décembre 1932, à Macon, dans l’état de Géorgie, Richard Wayne Penniman, dit Little Richard, est élevé dans une famille de douze enfants. Son père, maçon et pasteur rigoriste, qui ne voit pas de problèmes à tenir un night-club et à vendre de l’alcool de contrebande, le chasse quand il s’aperçoit que l’adolescent aime se travestir, se maquiller. Son homosexualité, Little Richard va tour à tour la revendiquer puis la rejeter. Enfant noir, il subit le racisme. Artiste noir, il laisse passer, entre des blagues, la peine et la colère de n’avoir été reconnu que trop tardivement comme l’un des grands créateurs du rock’n’roll, mettant cela sur le compte de la couleur de sa peau. Et même si la jeunesse, sans distinction, l’a fêté dans les années 1950, que de nombreux artistes blancs le révèrent et reconnaissent son influence (les Beatles, les Rolling Stones, Tom Jones, David Bowie…), il dira en recevant une récompense honorifique lors de la cérémonie des American Music Awards en 1997 : « Il en aura fallu du temps. » De la rock star, Little Richard a tout inventé. Le premier, il a occupé la scène entière, hurlé comme un animal, grimpé sur son piano et retiré sa chemise. Le premier, il s’est jeté dans la foule, lui a tout offert avec jubilation. Cela dès les années 1950, quand un seul mouvement de bassin du blanc Elvis Presley (qui d'ailleurs s’appropriera les chansons de Little Richard) suffisait à choquer la prude Amérique. Ce documentaire fait habilement dériver l’hagiographie rock vers l’histoire sociale. Par-delà ses tourments intimes, en s’ouvrant sur son homosexualité dans des shows télévisés où le sujet demeurait tabou, Little Richard a incarné un modèle androgyne pour de nombreux Afro-Américains homos ou queers. Il lui fallut pour cela faire preuve d’un immense courage dans une Amérique où puritanisme et domination masculine faisaient bon ménage. Sans faire l’impasse sur les contradictions de Little Richard, la réalisatrice américaine Lisa Cortes rend un bel hommage à ce pionnier du rock si extravagant, si attachant et si magnétique.

Little Richard - I am everything est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

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Touchante chronique d’un amour au temps de la pandémie

Publié le par Michel Monsay

Touchante chronique d’un amour au temps de la pandémie

Cinéaste de la délicatesse, Jérôme Bonnell, à qui l'on doit déjà de très beaux films comme Le temps de l'aventure ou À trois on y va ou la minisérie Les hautes herbes, signe un huis clos amoureux, vibrant d'émotions, de sensibilité et de charme, une comédie délicate, à la fois légère et dramatique, drôle et troublante. Il filme avec la précision et la finesse qu’on lui connaît cette romance à huis clos, sensuelle et singulière, à l’issue pleine de surprises. Une variation emballante sur la fragilité du sentiment amoureux et la magie de l’imprévu, portée par un tandem de comédiens en état de grâce, la lumineuse révélation Amel Charif et Marco Pauly, qui nous avait épaté dans Patients. Jérôme Bonnell a commencé à écrire son scénario dans l'état de sidération du premier confinement. De là, sans doute, la justesse de l'arrière-plan, son aspect aberrant, surréaliste même : la gestion de la crise par les politiques, son rendu anxiogène par les médias, les masques, les files d'attente devant les magasins et les pénuries de différents produits, les applaudissements le soir à 20h pour le personnel de santé dont tout le monde se fout aujoud'hui, à commencer par le gouvernement, la notion du temps qui disparaît… toutes ces situations improbables que l'on a tous vécues. La grâce des visages et des corps de ces amants de la pandémie de Covid-19, l’élégance de la mise en scène font d’À la joie un moment intense et doux, qui regarde en face aussi bien le désir que la douleur.

À la joie est à voir ici ou en allant sur le replay d'Arte.

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Passionnante minisérie policière, existentielle et poétique

Publié le par Michel Monsay

Passionnante minisérie policière, existentielle et poétique

Brit Marling et Zal Batmanglij, scénaristes, réalisateurs et même actrice pour la première, se saisissent de leur anxiété face au monde avec une énergie poétique. Des étendues glacées où délire un mégalo des algorithmes à la poussière chaude de l’Ouest américain où sévit un tueur de femmes, capitalisme et patriarcat sont dans le viseur. Pourtant aucun reste de didactisme ne survit à l’imaginaire grand ouvert des deux scénaristes, qui laisse leurs visions offertes à l’interprétation et les questions sans réponse univoque. Comment protéger nos enfants ? Faut-il se déconnecter ? L’IA est-elle un danger ou une solution ? Si la série s’empare de ces sujets brûlants avec acuité, c’est sans se départir d’une grâce rêveuse, reliant chaque idée à sa pelote d’émotions versatiles, qui l’empêche de se figer dans le marbre. Cette fluidité circule aussi entre les deux principaux protagonistes, touchant binôme égalitaire, où chacun porte sa part mouvante de masculin et de féminin. Cette passionnante minisérie s'interroge également sur l'emprise, les violences faites aux femmes, l'écoanxiété, l'innocence perdue des premiers combats militants, notre dépendance à la technologie qui isole autant qu'elle ouvre des milliers d'horizons. Sur le papier, Un meurtre au bout du monde ressemble à une histoire telle qu’Agatha Christie l’a théorisée au fil de ses romans, mais les scénaristes en ont fait une œuvre bien plus complexe qui s'intéresse autant à l'enquête que mène l'héroïne qu'à tous les sujets abordés. D'autant que tout au long des sept épisodes, deux récits s’enchevêtrent, l'un s'étant déroulé quelques années avant l'autre, soulignant l’opposition entre deux types d'approche de la technologie : celle des hackers, collaborative, qui permet de réparer le passé, et celle des milliardaires égocentriques à la Elon Musk, dont la mégalomanie n’a d’égale que l’absence de vision. Ce sont deux perceptions du monde qui s’affrontent et entre les deux, la série choisit sans sourciller le camp de l’humanisme.

Un meurtre au bout du monde est à voir ici sur Disney + pour 5,99 € avec pub un mois sans engagement ou 8,99 € sans pub.

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Savoureuse comédie au doux parfum de libertinage

Publié le par Michel Monsay

Savoureuse comédie au doux parfum de libertinage

Le deuxième long métrage de Michel Deville, qui date de 1962, est libre, inventif et joyeux. Tout le Deville des débuts, si proche de Marivaux, se retrouve ici : une gaieté naturelle alliée à une sensibilité discrète, une écriture élégante, aisée, subtile, une impeccable direction d'acteurs. Tout le film est construit autour des manigances d'une jolie demoiselle, sublime Marina Vlady, solaire, épanouie, sensuelle, qui pétille de vie, de charme et d'humour, dont le plus grand plaisir est de vivre en équilibre sur des échafaudages de mensonges. La mise en scène est parfaitement accordée au sujet, fluide, légère, fertile en inventions cocasses, en détails savoureux et d'une infaillible justesse de ton. Plus encore qu'à Marivaux, à qui il a souvent été comparé, Michel Deville fait penser ici au Musset des Caprices de Marianne par son mélange de frivolité et de relative gravité dans sa deuxième partie. Le film suit donc les aventures de Juliette, menteuse obsessionnelle, et de sa sœur Sophie (Macha Méril), fausse ingénue, qui, toutes deux, badinent trop avec l'amour. La caméra virevoltante papillonne avec grâce autour des deux sœurs. Tous les acteurs ont l'air de beaucoup s'amuser, et le spectateur avec. Coécrit avec Nina Companeez, Adorable menteuse est un bel exemple de film ludique, rafraîchissant, et de cinéma qui fait vivre une jeunesse un peu libertine, un peu cruelle, dont les manières affranchies laissent toute sa place au désir féminin.

Adorable menteuse est à voir ici pour 2,99 € en location.

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Admirable minisérie à la précision documentaire et à la grande inventivité narrative

Publié le par Michel Monsay

Admirable minisérie à la précision documentaire et à la grande inventivité narrative

L'excellent réalisateur Jean-Xavier de Lestrade, oscarisé pour le documentaire Un coupable idéal et à qui l'on doit plus récemment les remarquables séries de fiction Lætitia et Jeux d'influence, frappe une nouvelle fois un grand coup avec cette minisérie autour de l'affaire du "Violeur de la Sambre". Six épisodes, six points de vue sur 30 années pour raconter un fiasco policier à une époque où les agressions sexuelles n'étaient pas prises au sérieux. L'une des forces de Sambre est de raconter chaque épisode à une époque différente, du point de vue d’un personnage différent ayant un statut distinct des cinq autres. Grâce à la rigueur, à la conscience sociale, à l’empathie dont témoigne Jean-Xavier de Lestrade et Alice Géraud la coscénariste auteure du livre-enquête Sambre, le fait divers glauque devient fait de société, terrifiant mais éclairant. Sambre est aussi réparatrice : en filmant les victimes longuement, sans artifice, Jean-Xavier de Lestrade rend impossible de les ignorer. Cette fiction unique, en son genre, propose pour la première fois un regard glaçant sur la "culture" du viol en France sur trois décennies. Servie par une réalisation à la fois sobre et percutante, elle rend la parole et restitue leur dignité à ces femmes brisées qui en ont été tragiquement privées, tout en évitant l'écueil d'un discours manichéen. On découvre avec effarement la trompeuse banalité du plus grand violeur en série de France, gentil père de famille, entraîneur au club de foot, ouvrier apprécié de ses collègues. Sambre aiguise un sentiment de colère face aux négligences qui ont conduit à son impunité. Portée par la justesse et le talent de toute une distribution haut de gamme d'Alix Poisson à Olivier Gourmet, y compris les rôles secondaires, la mise en scène, pudique et sensible, rend justice aux victimes et aux lanceuses d’alerte qui ont tenté de dessiller le regard d’une société trop longtemps aveugle. Sambre choisit dès ses premières images de ne pas s’inscrire dans les codes de la série policière. Ici, aucun mystère, pas de crime à élucider, car le coupable est connu dès le début. Cette admirable minisérie tient soigneusement à distance le pathos et le voyeurisme trop souvent associés aux violences exercées contre les femmes. Plutôt que les actes, elle montre les conséquences. Les corps meurtris des victimes, leur visage sidéré, les traces que le viol imprime sur le quotidien, le couple, la famille. L’effroi, la honte, le silence. Jean-Xavier de Lestrade est définitivement l'un des tous meilleurs réalisateurs de série et de documentaire.

Sambre est à voir ici ou sur le replay de France Tv.

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