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Dans la lignée de Fleabag, voici une autre comédie piquante au regard féminin

Publié le par Michel Monsay

Dans la lignée de Fleabag, voici une autre comédie piquante au regard féminin

Comédie romantique américaine d’une grande originalité, cette minisérie est une jolie surprise aussi improbable que drôle et touchante. Elle met en scène une femme mariée qui change de vie et de partenaire chaque fois qu’elle a un orgasme. Il y a dans Slip un regard résolument féministe sur ce que la vie peut offrir quand on est une femme. Faire de l’orgasme féminin le point de départ d’un voyage intérieur est une des belles idées de la série, qui en tire une réflexion stimulante sur les liens entre la libido et l’énergie vitale, entre la jouissance et l’intimité. La performance de la comédienne principale Zoe Lister-Jones est un régal de bout en bout, y compris lorsqu'elle chante, et passe par tous les registres. C’est d’autant plus impressionnant, qu’elle est également créatrice, scénariste et réalisatrice de cette fiction en sept épisodes. Loin des autofictions complaisantes, Slip se détache aussi par son parti pris comique et l’inventivité de la mise en scène. Jamais moralisatrice, Zoe Lister-Jones, qui mixe astucieusement le fantastique et la comédie romantique, signe une minisérie enlevée sur la quête d’identité à travers le prisme de la sexualité.

Slip est à voir ici pour 10,99 € un mois d'abonnement sans engagement sur OCS, ou mieux en profitant des 7 jours offerts et en résiliant avant la fin des 7 jours.

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Derrière le génie, l’histoire d’un couple puissamment uni malgré les crises

Publié le par Michel Monsay

Derrière le génie, l’histoire d’un couple puissamment uni malgré les crises

Longtemps, Bradley Cooper s'est rêvé chef d'orchestre. Enfant, il jouait à diriger des symphonies et espérait recevoir une baguette pour Noël. Devenu réalisateur, le voici qui s'offre Maestro, un film d'une grande ambition esthétique et narrative. Il y raconte le chef d'orchestre, pédagogue et compositeur Leonard Bernstein, auteur, entre autres, de la partition du chef-d'œuvre West Side Story. Loin d'un biopic conventionnel, ce qui passionne le cinéaste comédien chez le maestro, c'est la question de la tension qu'inflige le génie à la vie privée. Bradley Cooper ne laisse jamais sa profonde admiration pour Bernstein affadir sa vision du personnage. Son Lenny est à la fois un monstre capable de blesser sciemment ceux qu'il aime, un charmeur irrésistible et un génie musical. Il y a du Clint Eastwood chez Bradley Cooper. Comme son illustre aîné, qui l'a dirigé dans American Sniper et dans La mule, l'acteur révèle, la quarantaine venue, sa vraie nature : celle d'un metteur en scène. Dans une époque où le cinéma américain, obstinément tourné vers un public adolescent, tend à simplifier les enjeux, Bradley Cooper ose les rendre plus subtils, plus complexes. 2023 avait commencé fort avec Tár de Todd Field, biopic imaginaire d'une cheffe d'orchestre monstrueuse jouée à la perfection par Cate Blanchett, l'année s'achève avec Maestro, un autre film musical majeur. Interprété avec rage et talent de manière impressionnante par le réalisateur lui-même, le film vaut aussi par la performance de l'excellente Carey Mulligan toute en délicatesse et en émotion. Fort du triomphe de son coup d’essai, A star is born, Bradley Cooper a eu les mains bien plus libres pour ce Maestro, et cela se voit clairement. Le film vient  prolonger sa réflexion sur le couple, l’art et la célébrité, dans un schéma plus ingénieux, et explore les compromis d’une vie consacrée à faire grandir la musique, et d’un mariage hanté par l’homosexualité du chef d’orchestre. L’orientation sexuelle de Bernstein ne vient en rien invalider l’amour entre Felicia et lui, mais le confirme, le renforce, le met à l’épreuve. Maestro s’inspire du paysage intérieur de Bernstein. C’est un film qui, comme le musicien lui-même, va là où il veut, laisse de côté ce qui lui chante, se laisse guider par son plaisir, et nous permet de rentrer dans l’intimité de Bernstein comme si nous étions cachés derrière la porte. Un grand moment d’émotion, musclé, lyrique, théâtral et subtil à la fois.

Maestro est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub ou 13,49 € sans pub, un mois sans engagement.

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Les terrifiants dessous de la cyberguerre

Publié le par Michel Monsay

Les terrifiants dessous de la cyberguerre

En six épisodes addictifs, cette minisérie à la John Le Carré mais version 2.0 montre le nouveau visage de l’espionnage. Guerre virale de la désinformation, sites internet bidons, fake News, manipulation des images… La paranoïa est désormais poussée à son extrême, gangrénant de l’intérieur la sécurité intérieure des démocraties. Parmi les nombreuses qualités de cette série, signalons le personnage principal Saara interprétée avec une belle intensité par Hannah Khalique-Brown, l'ensemble de la distribution est d'ailleurs impeccable avec notamment Mark Rylance, qui avait obtenu un Oscar pour Le pont des espions, et Simon Pegg, un des personnages centraux de Mission impossible. Le personnage de Saara est d'autant plus intéressant que c'est une anti héroïne, femme de l’ombre indienne, musulmane, introvertie et geek silencieuse, clairement engagée dans les renbseignements britanniques pour des questions de diversité. Autre qualité de la série : sa mise en scène, qui plutôt que de filmer des écrans d’ordinateur, convertit les colonnes de chiffres en autant de labyrinthes et dédales mentaux dans lesquels s’égare Saara. Donnant ainsi naissance à des séquences visuelles ludiques, où Saara évolue dans des tunnels, bâtisses et autres décors, reposant sur de faux raccords et images manquantes qui distordent de notre logique et exacerbent notre curiosité. Peter Kosminsky, l'un des plus grands réalisateurs de la télévision britannique, auteur de remarquables séries et téléfilms, a enquêté trois ans pour lever le voile sur ces conflits qui se déroulent par claviers interposés. Comme dans Le Serment (2011), sa série sur la responsabilité anglaise dans le conflit israélo-palestinien, ou The State (2017), centrée sur des adolescents britanniques qui partent faire le djihad en Syrie, c’est à travers le regard de la jeune génération que l’ex-reporter et documentariste questionne la possibilité d’un monde meilleur dans The Undeclared War. Une fois encore le créateur anglais s’empare de la fiction pour ausculter le monde et constater le chaos géopolitique contemporain. The undeclared war alerte ainsi sur cette guerre de l’information qui sévit, et sur les réseaux sociaux qui peuvent être détournés pour influencer les opinions publiques, en se livrant au passage à une prédiction malheureusement réaliste aussi sombre que frappante.

The undeclared war est à voir ici en choisissant l'offre Canal + séries  à 6,99 €, un mois sans engagement.

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Déracinement et des ailes

Publié le par Michel Monsay

Déracinement et des ailes

En 2021, Lina Soualem présentait son premier documentaire poignant, Leur Algérie, centré sur les parents de son père, l’acteur Zinedine Soualem. Deux ans plus tard, la réalisatrice de 33 ans s’attaque au côté maternel et choisit de partir d’un récit individuel fort pour raconter une histoire collective. C’est d’ailleurs la première fois que sa mère, Hiam Abbass, apparaît dans un film documentaire. L’actrice palestinienne à la carrière internationale, qui a notamment tourné pour Cédric Klapisch, Jim Jarmusch, Steven Spielberg ou encore Denis Villeneuve, est devenue aussi une figure familière du petit écran, entre l'excellente minisérie Oussekine (sur Disney+), Succession ou Tout va bien. Depuis trente ans, elle jongle entre films palestiniens, européens et américains. Une carrière lancée après avoir quitté, un peu avant ses vingt-cinq ans, sa Palestine natale et son village de Deir Hanna, où elle est née en 1960. Lina Soualem entraîne sa mère dans un voyage sur les lieux perdus de son enfance, près du lac de Tibériade, et dans la mémoire familiale. Peu à peu, au fil de questions assez directes et d’approches subtiles faites de poèmes et de scènes jouées, elle cerne la force déployée par sa mère pour s’affranchir de la tradition patriarcale et assumer son choix de liberté. Revenir à Deir Hanna, c’est aussi mettre en lumière les figures féminines de la lignée, elles aussi marquées par le déracinement. Um Ali, l’arrière-grand mère, a été expulsée de son village natal lors de la Nakba, (« catastrophe » en arabe, qui désigne l’exode forcé de sept cent mille Palestiniens lors de la création d’Israël). Nemat, la grand-mère, est devenue institutrice, malgré les obstacles dressés par la guerre. Entrelacement d’images du présent, de films familiaux, d’archives historiques, Bye bye Tibériade navigue entre le récit intime et l’histoire, ravivant les douleurs mais aussi la capacité de résistance de quatre générations de femmes palestiniennes. Son regard tendre embrasse le chagrin comme les moments de drôlerie, et compose une méditation émouvante sur la liberté d’être soi, la transmission et la puissance des héritages.

Bye bye Tibériade est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

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Entre thriller apocalyptique et huis clos étouffant

Publié le par Michel Monsay

Entre thriller apocalyptique et huis clos étouffant

Troublant, terrifiant par moments, Le Monde après nous questionne notre rapport aux outils de communication modernes, à la nature et surtout aux autres. Créateur des séries Mr. Robot et Homecoming, Sam Esmail signe ici un long-métrage dont la structure en chapitres du scénario, sa mise en scène sinueuse tissée de longs plans, distillent leur angoisse, ce sentiment de glissement inéluctable. Dans le corpus des représentations de la fin des temps, Le Monde après nous a l'originalité de ne pas s'apparenter au film catastrophe. Le monstre, dans ce film, c’est l’inconnu, et le danger est d'autant plus pesant qu'il est invisible. Pour les personnages comme les spectateurs, ne pas savoir ce qui va se produire la scène suivante, si les protagonistes vivent une crise intime ou mondiale, c’est ce qui crée de l’angoisse. Le film explore l'impact de la technologie sur les relations humaines, la façon dont on est hyperconnectés et paradoxalement totalement déconnectés les uns des autres, et comment dans ces moments où on aurait besoin de rester ensemble, on perd notre humanité. Sam Esmail réussit, grâce à sa maitrise du cadre et son audace visuelle entre des zooms, travellings, effets de torsion et de rotation, jeux sur le hors-champ, à créer une tension durable. Le Monde après nous est un récit de mise en garde, dépourvu de trajectoire de héros ou de leçon de morale. Il décrit la situation dans laquelle se trouve le monde, la direction qu'il pourrait prendre et ses possibles conséquences. À signaler que le film est produit par la société du couple Obama. L'ancien président en personne se serait montré très impliqué dans l'écriture du projet. Comme Adam McKay l'avait fait avec Don't Look Up, Sam Esmail signe avec Le Monde après nous le portrait d'une civilisation occidentale au bord du précipice : Addictions numériques, tensions raciales, misanthropie, peur de l'effondrement ou d'un chaos provoqué par des États voyous, nouvelles armes encore inconnues,... La fiction semble plus proche que jamais du réel dans Le Monde après nous, et venant d'un thriller apocalyptique, ça n'a rien de rassurant. Impossible de voir ce film très bien fait et interprété, notamment par l'excellent Mahershala Ali doublement oscarisé pour Green book et Moonlight, sans songer à l'état d'un monde qui se décompose toujours un peu plus sous nos yeux sans que personne ne trouve bon de réagir.

Le monde après nous est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub ou 13,49 € sans pub, un mois sans engagement.

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Une lettre d’amour au cinéma d’une grande beauté

Publié le par Michel Monsay

Une lettre d’amour au cinéma d’une grande beauté

Ode à une salle de cinéma et aux liens qui sauvent, portrait d’une femme éteinte qui va se rallumer, Empire of Light célèbre la magie. Celle qui s’offre à nous si on veut bien la regarder. Dans une lumière bleutée à l’extérieur, mordorée à l’intérieur, le chef-opérateur Roger Deakins, complice de Sam Mendes depuis Jarhead (2005), enveloppe magnifiquement ses cadres en cinémascope d’ambiances feutrées, qui révèlent autant les lieux que les êtres. Empire of light est le premier scénario que le cinéaste d’American Beauty, Les Noces rebelles, Skyfall et 1917, a écrit seul sans coauteur. C'est aussi son projet le plus personnel, où il rend hommage à sa mère et aux films qui l’ont nourri, lui, adolescent. Amour des personnages, tendresse pour une époque révolue, fascination pour la salle de cinéma, temple et refuge destiné à ceux qui ont besoin de s’évader, à ceux qui n’ont nulle part où aller, Empire of Light est aussi une ode aux laissés-pour-compte dans l’Angleterre impitoyable de Thatcher. Où la vie s’échappe, où la pauvreté se cherche des boucs émissaires et où le racisme ambiant donne la nausée. Le cinéma, la salle et les films, agit comme un baume avec son faisceau lumineux ouvrant tout grand nos yeux. Empire of Light rompt avec la frénésie du mouvement des précédents films du cinéaste pour retrouver le cadre, en apparence plus calme, d’une cité balnéaire anglaise au début des années 1980. Cette même ville de bord de mer magnifiée par les toiles de Turner, le maître de la lumière. Au cœur du film, un imposant bâtiment art déco posé sur le front de mer de Margate, dans le sud-est de l’Angleterre. Avec son hall majestueux, son escalier central et ses grandes baies vitrées donnant sur la mer, le cinéma L’Empire apparaît comme une de ces reliques des temps glorieux du 7e art. Il l’est aussi symboliquement, à la fois comme décor central de l’intrigue, et seul moyen d’échapper à la réalité extérieure. Sam Mendes s’adresse à un monde en train de disparaître. Nostalgie, regret et admiration s’y mêlent. Il s'est entouré pour mener à bien son projet d'une distribution impeccable, à la tête de laquelle l'exceptionnelle Olivia Colman, mais associer cet adjectif à son nom tourne de plus en plus au pléonasme. Abordant de très nombreux thèmes comme la maladie mentale, l’amitié, le désir, la différence, le racisme…, Empire of Light est d’abord et avant tout un émouvant cri d’amour à la salle de cinéma que l'on partage pleinement avec le cinéaste.

Empire of light est à voir ici pour 3,99 € en location.

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Une série trépidante et romanesque

Publié le par Michel Monsay

Une série trépidante et romanesque

L’ancien journaliste d’investigation israélien Moshe Zonder chapeaute cette très bonne série à suspense qui offre une plongée dans l’Iran contemporain. Ne pouvant y tourner, il a multiplié les sources afin de s’approcher au mieux de la réalité du pays. À tel point que pour trouver l’une des images les plus justes de l’Iran aujourd’hui, et de sa jeunesse actuellement dans la rue, il faut regarder une série venue d’Israël, l’ennemi juré du régime des mollahs. Comme Hatufim, qui a inspiré Homeland, et Fauda, deux séries à succès, Téhéran aborde frontalement le contexte géopolitique de la région. Si l’action se déroule sur le sol iranien, le tournage ne pouvait s’y tenir, pour des raisons évidentes. C’est donc à Athènes que Moshe Zonder a travaillé avec des acteurs israéliens d’origine iranienne et des Iraniens expatriés en Grèce. Il présente dans cette série une vision nouvelle, notamment de la jeunesse occidentalisée, à rebours de tous les clichés sur l’Iran, fruit d’un long travail. Si, dans Téhéran, le contexte géopolitique est central, son véritable sujet est la famille et l’identité, un aspect privilégié par le créateur de la série, dont les parents, survivants de la Shoah, ont quitté la Pologne pour Israël. Téhéran raconte en filigrane le besoin de certains israéliens d’origine iranienne de renouer avec leurs racines. Dès le départ, Téhéran se distingue par son rythme et sa tension qui se confirment tout au long des deux saisons de huit épisodes. En plus de tous les ingrédients d'une grande série d'espionnage, Téhéran brosse aussi le portrait d'une jeunesse insoumise et capture les fractures d'une société désenchantée sous pression, gangrenée par la corruption et les passe-droits. Quelque part entre Homeland et Le Bureau des légendes, Téhéran déploie une intrigue machiavélique et brille autant par l’élégance de sa photographie que par son montage au cordeau. La série n’oublie jamais de donner un visage humain à ses personnages les plus cruels, les plus sombres. C’est toute sa force : éviter l’écueil du manichéisme. Si la série se distingue par sa réalisation virtuose, menée tambour battant, et une distribution impeccable, la complexité de son récit fascine. Il déploie intelligemment une intrigue tentaculaire mêlant quête identitaire, tragédies migratoires et enjeux géopolitiques, sur fond de divisions profondes de la société iranienne.

Téhéran est à voir ici sur Apple Tv pour 9,99 € un mois sans engagement ou alors avec l'essai gratuit de 7 jours.

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Il a incarné la jeunesse rageuse, fauchée en plein élan des années sida

Publié le par Michel Monsay

Il a incarné la jeunesse rageuse, fauchée en plein élan des années sida

5 mars 1993, la mort de Cyril Collard, fauché par le sida à seulement 35 ans, suscite une très vive émotion. Quelques mois plus tôt, le grand public l’a découvert avec son premier long-métrage, Les nuits fauves. Un film coup de poing qui raconte l’histoire d’un garçon bisexuel et séropositif qui tente de continuer à vivre et à aimer. Une histoire très largement autobiographique. À sa sortie, fin 1992, le film a été un événement, vu par 3 millions de spectateurs en salles et salué par quatre César. Audacieux, libre, cash, parfois cru, il touche au cœur la jeunesse des années sida. Cyril Collard balaye les tabous, ne s’interdit rien, parle de liberté, de sexe vite consommé comme de passion dévorante. Chez lui, rien n’est lisse : ni les émotions ni la manière de les filmer. Il bouscule le cinéma français de l’époque, qui ressemble trop selon lui à un cinéma de bureau. Trente ans après sa mort, Cyril Collard À la vie, à l’amour entend faire redécouvrir le destin d’un artiste saisissant. Le documentaire, réalisé par Caroline Halazy, explore cette trajectoire fulgurante et aujourd’hui méconnue, qui a mené à un film culte pour toute une génération. L’histoire d’un fils de famille bourgeoise qui plaque brutalement ses brillantes études pour se lancer à corps perdu dans la création artistique. Écrivain, musicien, chanteur, cinéaste,  Cyril Collard est tout cela à la fois. Il cherche, explore, crée. Assistant de Maurice Pialat, il en devient le disciple, captant le réel dans toute sa brutalité, même quand cela dérange. Proche de Rachid Taha, il réalise le clip de la chanson Douce France, le titre phare du groupe Carte de séjour. Il est fasciné par le voyage, les pays du Sud, et notamment l’Afrique du Nord. Dans son œuvre, Cyril Collard dénonce à sa manière, viscérale, les crimes racistes et la montée de l’extrême droite. Les nuits fauves s’impose comme la première œuvre grand public à parler du sida. Un film en avance sur son temps. Non seulement par sa manière de briser le tabou de cette maladie que le public tenait alors à distance, mais aussi par ce choix assumé de donner à voir la marginalité, des personnages anticonformistes, des comportements dérangeants. La force de ce portrait doit beaucoup à la figure charismatique du cinéaste, mi-ange mi-démon, qui se dévoile sans fard au gré d’archives télé, lui qui fut l’un des premiers à évoquer sa séropositivité dans les médias. Trente ans après, Les nuits fauves conserve sa vigueur désespérée, et ce documentaire rend un bel hommage à son auteur

Cyril Collard, À la vie, à l'amour est à voir ici ou sur le replay de France Tv.

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Sous la dictature, une œuvre tout en finesse à hauteur d’enfant

Publié le par Michel Monsay

Sous la dictature, une œuvre tout en finesse à hauteur d’enfant

Encensé par le public cannois de la Quinzaine des Réalisateurs 2012, Enfance clandestine livre une vision poético-réaliste du militantisme péroniste argentin. Inspiré de sa propre histoire, le premier long-métrage de Benjamin Avila tranche par son authenticité. Ce n'est pas un pur récit autobiographique, mais une fiction mue par le désir de mettre en scène le mélange de peur, d'exaltation et d'innocence dans lequel a baigné l'auteur. Nous sommes en 1979, et Juan, 12 ans, revient avec ses parents à Buenos Aires après des années d’exil. Situation a priori banale, sauf que les parents de Juan militent activement dans un réseau de résistance au régime militaire. Le danger est une latence permanente, mais malgré tout, la famille continue de vivre. Le cinéaste prend de front la dernière dictature militaire et, par la distanciation du point de vue, confronte la résistance des péronistes à l’enchantement enfantin. Un parti pris intelligent qui permet d’éviter un énième pamphlet sur le sujet, et qui, par le jeu du détournement, délaisse la guérilla hors champ pour mieux nous conter l’intimité. Pris dans les filets de la pré-adolescence, Enfance clandestine plonge au cœur d’une métamorphose, celle d’un enfant sur le point de devenir grand, et de sa naïveté, le cinéaste tire une poésie touchante. Recentrée sur les visages, Enfance clandestine est une œuvre teintée d’une double beauté : celle d’une image délicatement nerveuse et celle d’un tableau subtilement nuancé. C'est une histoire simple, parfaitement incarnée qui sous le vernis d’un voyage initiatique aborde la complexité d’une guérilla longue de presque dix ans. Comment vivre normalement dans une société anormale ? Comment aimer et protéger ses enfants quand on vit dans la mire des fusils d’une junte ? Comment concilier la vie intime et le combat politique ? Questions éternelles, universelles, auxquelles ce beau film apporte non pas des réponses définitives et univoques, mais ses propres réponses, guidées par la mémoire du réalisateur.

Enfance clandestine est à voir ici pour 2,99 € en location.

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Un malicieux mélange des genres contre les stéréotypes

Publié le par Michel Monsay

Un malicieux mélange des genres contre les stéréotypes

Une poursuite effrénée et aérienne avec des combats façon Tigre et Dragon dans un monde céleste : la scène inaugurale de la série Américain de Chine est déstabilisante. Avec un titre pareil, on s’attendait plutôt à une chronique sociale sur les immigrés asiatiques aux États-Unis. La force de cette fiction, adaptée d’un roman graphique, c’est qu’elle est aussi ça : un mélange des genres inattendu et réussi. Cette série se révèle touchante en tant que chronique adolescente aux discrets accents de comédie dramatique sociale quand elle pointe du doigt, avec beaucoup de délicatesse, les discriminations raciales subies par son jeune héros et sa famille, mais Américain de Chine trempe aussi dans la pop culture, versant manga, kung-fu et légendes ancestrales avec des scènes de combat dignes des meilleurs films du genre. La série ne s’interdit ni les excès ni la parodie cinématographique, et les huit épisodes qui la composent sont parsemés de traits d’humour bien sentis, avec aussi une réflexion sur la place donnée aux comédiens asiatiques dans l’industrie hollywoodienne. Américain de Chine est un cocktail détonnant où un lycéen en mal d’émancipation et d'intégration doit se confronter aux puissances divines chinoises. La réussite de cette série, outre la pertinence du tableau implacable du racisme ordinaire, vient du télescopage du destin de ce jeune homme avec l'univers fantastique, qui l'a tant fait rêver dans les bandes dessinées de son adolescence.

Américain de Chine est à voir ici pour 8,99 € sur Disney+, un mois d'abonnement sans engagement, cela permet de voir aussi les nombreuses séries intéressantes de la plateforme, y compris Tout va bien chroniqué samedi dans ces colonnes.

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