Un drame social à travers les yeux d'un enfant
Avec beaucoup de soin et de justesse, le cinéaste Jérôme Bonnell, dont on avait beaucoup aimé notamment "Le temps de l'aventure" avec déjà Emmanuelle Devos, s’essaie à la série avec un polar rural attachant filmé à travers les yeux d’un enfant, témoin de la violence des adultes. En l’occurrence plutôt une minisérie, puisqu'il n'y a que trois épisodes, qui est à la fois originale, étrange et intrigante, en mêlant habilement thriller, drame intimiste et récit initiatique relevé par une touche de comédie. En reprenant certains codes du suspense criminel en huis clos, où tout le monde peut être suspect, Jérôme Bonnell brosse un portrait inquiétant d’une communauté en crise économique et émotionnelle. Dans ce thriller pas comme les autres, baigné de lumière, le ressenti l'emporte sur l'action, le cinéaste explore à nouveau finement l'intime, et on le ressent dans l'épaisseur des personnages qui ne sont jamais limités à une seule note, mais aussi dans le talent des comédiens y compris le jeune garçon à les interpréter, tous très bien dirigés par le réalisateur. Même si l'on est loin ici des serial killers machiavéliques que l'on retrouve dans beaucoup de séries policières, le suspense n'en est pas moins bien mené, on découvre que derrière la douceur du lieu se cachent bien des secrets, les fausses pistes ne manquent pas et l'inquiétude sourd progressivement. Au-delà de l'intrigue, l’histoire se joue aussi sur les routes qui serpentent entre les champs de tournesol, dans le salon où le jeune garçon de 10 ans boit des grenadines en écoutant et espionnant les adultes, et qui derrière son regard immense vit ses premiers émois et contemple, tour à tour fasciné et terrifié ce qu'il découvre. Une minisérie qui prend son temps sans jamais nous ennuyer, dont la délicatesse de l'écriture et la construction scénaristique en font une une troublante chronique rurale tissée de douceur et de cruauté mêlées.
A louer ici sur Canal Vod pour 4,99 € les trois épisodes.