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Touchante autobiographie de l'égérie du cinéma d'auteur

Publié le par Michel Monsay

Touchante autobiographie de l'égérie du cinéma d'auteur

Ce récit autobiographique, qui a reçu le Prix Médicis de l'essai en 2019, ressemble à une marelle. Il prend la forme d’un de ces jeux de mémoire à la Georges Perec, où une évocation, un rappel, un lieu, un nom, en font surgir d’autres par enchaînement, par association. Bulle Ogier disperse les pièces d'un puzzle mémoriel qui nous révèle les origines mêmes de son prénom, né du surnom que donnait son oncle à sa mère, enceinte et fille-mère. Après un passage chez Gabrielle Chanel, elle débute une carrière dont le principe directeur est la liberté sans entraves, et qui se construit par la rencontre avec des réalisateurs et metteurs en scène qui forment autant de cercles unis par l'amitié. Elle travaille ainsi avec Fassbinder, Barbet Schroeder (son mari pour la vie), Alain Tanner, Werner Schroeter, Luis Buñuel, Marguerite Duras, Jacques Rivette, Manoel de Oliveira, Jean-Louis Barrault, Luc Bondy, Patrice Chéreau... Ils sont tous évoqués avec l'aide et sous la plume subtile d'Anne Diatkine, journaliste à Libération et amie de la comédienne, mais le livre va fouiller bien plus profond que sa carrière et nous raconte avec humour et pudeur des souvenirs cocasses et d'autres beaucoup plus sombres. Si rien n’est escamoté, les deux viols dont elle fut victime, la mort tragique de sa fille Pascale la veille de ses 26 ans, ces notes graves sont jouées sans gravité, avec une forme d’élégance, où la mélancolie, les décennies d’insomnie, la culpabilité sont dites sans jamais peser. Jusqu’au bout, Bulle Ogier garde le cap sur la légèreté.

Publié dans Livres

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Un drame social à travers les yeux d'un enfant

Publié le par Michel Monsay

Un drame social à travers les yeux d'un enfant

Avec beaucoup de soin et de justesse, le cinéaste Jérôme Bonnell, dont on avait beaucoup aimé notamment "Le temps de l'aventure" avec déjà Emmanuelle Devos, s’essaie à la série avec un polar rural attachant filmé à travers les yeux d’un enfant, témoin de la violence des adultes. En l’occurrence plutôt une minisérie, puisqu'il n'y a que trois épisodes,  qui est à la fois originale, étrange et intrigante, en mêlant habilement thriller, drame intimiste et récit initiatique relevé par une touche de comédie. En reprenant certains codes du suspense criminel en huis clos, où tout le monde peut être suspect, Jérôme Bonnell brosse un portrait inquiétant d’une communauté en crise économique et émotionnelle. Dans ce thriller pas comme les autres, baigné de lumière, le ressenti l'emporte sur l'action, le cinéaste explore à nouveau finement l'intime, et on le ressent dans l'épaisseur des personnages qui ne sont jamais limités à une seule note, mais aussi dans le talent des comédiens y compris le jeune garçon à les interpréter, tous très bien dirigés par le réalisateur. Même si l'on est loin ici des serial killers machiavéliques que l'on retrouve dans beaucoup de séries policières, le suspense n'en est pas moins bien mené, on découvre que derrière la douceur du lieu se cachent bien des secrets, les fausses pistes ne manquent pas et l'inquiétude sourd progressivement. Au-delà de l'intrigue, l’histoire se joue aussi sur les routes qui serpentent entre les champs de tournesol, dans le salon où le jeune garçon de 10 ans boit des grenadines en écoutant et espionnant les adultes, et qui derrière son regard immense vit ses premiers émois et contemple, tour à tour fasciné et terrifié ce qu'il découvre. Une minisérie qui prend son temps sans jamais nous ennuyer, dont la délicatesse de l'écriture et la construction scénaristique en font une une troublante chronique rurale tissée de douceur et de cruauté mêlées.

A louer ici sur Canal Vod pour 4,99 € les trois épisodes.

Publié dans replay

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Vibrant hommage à une actrice lumineuse

Publié le par Michel Monsay

Vibrant hommage à une actrice lumineuse

Ce portrait en forme de lettre, d’une mère, Nadine Trintignant, adressée à sa fille Marie, morte il y a dix-huit ans, tuée sous les coups de Bertrand Cantat, est bouleversant car il met en lumière le magnétisme et le talent de Marie Trintignant, les séquences sordides des JT rapportant son assassinat restent heureusement hors champ. Impossible d'oublier cet été 2003 et cette terrible nouvelle annonçant la mort de Marie Trintignant à 41 ans, actrice tant aimée, de "Série noire" d'Alain Corneau à "Comme elle respire" de Pierre Salvadori en passant par "Betty" ou "Une affaire de femmes de Claude Chabrol, assassinée par le leader charismatique du plus grand groupe de rock français, Noir Désir, que l'on aimait tout autant mais qui par ce geste inqualifiable est redescendu tout en bas de notre estime, et comme Nadine Trintignant, on ne lui pardonnera jamais. Ce très beau documentaire n'est en aucun cas un règlement de compte, mais plutôt une ode à Marie qui revient sur son parcours, rendu presque invisible par sa disparition tragique. Extraits de films, de pièces de théâtre, coulisses de tournages, archives familiales, la complicité avec Jean-Louis, de nombreuses interviews,  où Marie Trintignant est si belle, si désarmante de naturel, que l'on ressent un double sentiment, à la fois un bonheur infini de la revoir et de découvrir des images inconnues, mais aussi une grande tristesse.

A voir ici ou sur l'application Arte de votre télé ou ci-dessous.

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Une réflexion sensible et très réaliste sur la fin de vie

Publié le par Michel Monsay

Une réflexion sensible et très réaliste sur la fin de vie
Une réflexion sensible et très réaliste sur la fin de vie
Une réflexion sensible et très réaliste sur la fin de vie
Une réflexion sensible et très réaliste sur la fin de vie
Une réflexion sensible et très réaliste sur la fin de vie

Directeur associé du National theatre de Londres et artiste associé du théâtre de l'Odéon, le dramaturge et metteur en scène anglais de 36 ans, Alexander Zeldin, présente sa première pièce en français après une trilogie très remarquée sur les inégalités sociales. Pour cette nouvelle création, il s'est largement inspiré de son histoire personnelle et un peu du roman de James Agee, "Une mort dans la famille", pour évoquer une période marquante de son adolescence, lorsqu'à 15 ans son père meurt, et sa grand-mère emménage dans la maison familiale avant qu'elle ne soit placée dans un Ehpad un an plus tard. Il souhaitait ainsi aborder la fin de vie et la mort dans une fiction théâtrale, sujet tabou dans notre société, et comme il l'explique : « Refuser de regarder la mort, c’est refuser de voir certaines choses de la vie ». A son habitude, Alexander Zeldin s'est renseigné sur le terrain, en partant à la rencontre d'infirmières, aides-soignantes ou auxiliaires de vie dans des Ehpad d'Île-de-France afin de décrire fidèlement la réalité. A l'image de Maurice Pialat, Abdellatif Kechiche ou Ken Loach, auquel il est souvent comparé, ce qui nous fascine chez Alexander Zeldin est cette capacité à recréer minutieusement le réel, sans filtre, et de ce fait nous bouleverser par cette justesse dérangeante dans un premier temps mais qui s'avère très touchante au fil de la pièce. En mêlant acteurs professionnels, tous excellents, et des amateurs qui leur donnent parfaitement le change dans des rôles secondaires, il confirme sa pratique artistique en créant une alchimie inhabituelle qui évite les habitudes de jeu et apporte fraîcheur et vérité. Le théâtre d'Alexander Zeldin a un rôle primordial à jouer dans notre compréhension du monde, par sa puissance il nous questionne sur des sujets que l'on veut éluder, ne pas regarder en face, et parvient à nous les faire ressentir comme naturels, à nous émouvoir, et dans cette pièce à nous aider à affronter la mort, la vieillesse et comprendre ce que cela peut nous apprendre sur la vie.

"Une mort dans la famille" est à voir au théâtre de l'Odéon Berthier jusqu'au 20 février.

Publié dans Théâtre

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Lumière du soir sur le style Renaissance italienne

Publié le par Michel Monsay

De la terrasse de la superbe villa Ephrussi de Rothschild, un bout de Méditerranée.

Lumière du soir sur le style Renaissance italienne

Publié dans Photos

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Aussi navrant que ça !

Publié le par Michel Monsay

Aussi navrant que ça !

Se sont-ils concertés pour rivaliser de bêtise et d'égo pitoyable à ce point-là ? Le spectacle qu'ils donnent est pathétique, et une fois de plus privera la gauche et les écologistes d'un candidat au deuxième tour. Nous sommes devenus la risée de la classe politique, bravo à vous et surtout ne changez rien ... Ou plutôt s'il vous reste une once d'intelligence, mettez-vous d'accord autour d'une candidature unique, vous avez tous à peu près les mêmes valeurs et les mêmes projets, en faisant un petit effort vous devriez y arriver ! L'espoir fait vivre ...

Publié dans Chroniques

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Prodigieux Nadal

Publié le par Michel Monsay

Prodigieux Nadal
Prodigieux Nadal

En remportant hier en Australie son 21ème tournoi du Grand chelem, ce qui constitue un nouveau record, après avoir été mené deux sets à zéro puis trois jeux à deux dans le troisième set et zéro quarante sur son service, Rafael Nadal entre encore un peu plus dans l'histoire du sport et démontre à l'issue de ce match exceptionnel qu'il est l'un des plus grands joueurs de tous les temps si ce n'est le plus grand. Bravo également à Medvedev pour cette finale de 5h24 qui restera dans les mémoires où les deux joueurs nous ont proposé une démonstration tant sur le plan physique que technique et mental. Dans quatre mois Roland Garros, le tournoi qu'a remporté treize fois Rafael Nadal, on se met à rêver d'un 22ème titre majeur ... Quel fabuleux champion.

 

Publié dans Chroniques

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Une famille presque comme les autres

Publié le par Michel Monsay

Une famille presque comme les autres

En matière de séries, les israéliens ont déjà prouvé leur savoir-faire. Rappelons que "Homeland" et "En thérapie", pour ne citer qu'elles, sont l'adaptation de séries israéliennes. Depuis sa sortie sur Netflix, "Les Shtisel : une famille à Jérusalem" connaît un succès retentissant à travers le monde. Sur trois saisons, la série nous entraîne dans la vie quotidienne d'une famille juive ultra-orthodoxe, et tend à casser l'image d'austérité souvent associée à cette communauté, sans pour autant en faire un portrait idéalisé, loin s'en faut. Au fil des épisodes, on s'aperçoit qu'il s'agit avant tout de femmes et d'hommes animés des mêmes passions, chagrins et lubies que tout autre humain. Les personnages, particulièrement bien écrits, sont autant horripilants par leurs convictions et comportements rétrogrades, austères et sectaires que touchants par leur difficulté à vivre en accord avec leurs sentiments. Les comédiens sont tous d'une étonnante justesse. Très proche de la réalité, cette série nous fait pénétrer dans un monde inconnu, et malgré la réticence que l'on peut avoir envers ces ultra religieux, contre toute attente, elle est parfois désopilante, en plus d’être sensible, mélancolique et profonde. Elle excelle dans la radioscopie des sentiments, s’attachant à dépeindre des thèmes universels : l’amour, la fourberie, la culpabilité, la quête d’idéalisme,... Sans courses-poursuites ni coups de feu, sans meurtre à élucider, cette comédie humaine douce-amère chez les juifs ultra-orthodoxes installe au fil des épisodes un charme délicat et une vraie originalité dans le paysage des séries, qui expliquent son succès international.

A voir sur Netflix.

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Magnifique spot de Steve McQueen

Publié le par Michel Monsay

Magnifique spot de Steve McQueen

En 2018 le cinéaste Steve McQueen, à qui l'on doit notamment le bouleversant "Twelve years a slave", Oscar du meilleur film en 2014, réalisait ce sublime spot publicitaire pour Bleu de Chanel. Il succèdait à Martin Scorsese et James Gray, excusez du peu, et pourtant c'est le spot de Steve McQueen qui est le plus beau des trois, avec en plus une musique de David Bowie. Gaspar Ulliel y est magnétique.

Publié dans Chroniques

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Le facétieux poète et dramaturge René de Obaldia s'en est allé à 103 ans

Publié le par Michel Monsay

Le facétieux poète et dramaturge René de Obaldia s'en est allé à 103 ans

Doyen d'âge de l'Académie française, René de Obaldia était l'un des auteurs les plus joués dans le monde, ses pièces ont été traduites dans une trentaine de langues, dont la plus connue, "Du vent dans les branches de sassafras" a été créée en 1965 avec Michel Simon dans le rôle principal, puis repris plus tard par Jean Marais, et plus récemment par François Berléand. René de Obaldia, c'était avant tout l'humour et la fantaisie dont il faisait preuve au quotidien et que l'on retrouve dans son théâtre, ses poèmes et ses romans. Il était un homme plein de vie, alerte, éloquent, moqueur et séducteur. Sa vie fut un roman. Ce cousin de Michèle Morgan est né en 1918, à Hongkong, d’un père panaméen et d’une mère française, élevé par une nourrice chinoise, a été fait prisonnier pendant la Seconde guerre mondiale et enfermé pendant quatre ans par les Allemands dans un stalag de Silésie, il a également été le parolier de Luis Mariano et le partenaire fugace de Louis Jouvet au cinéma entre autre. L'homme était exquis, d'une politesse hors d'âge, mais pouvait être aussi extrêmement mordant et caustique. Son sourire, sa bienveillance et sa simplicité m'ont toujours touché chaque fois que je le croisais à l'Académie française.

Quelques photos prises à l'Académie française pour ses 100 ans.

Le facétieux poète et dramaturge René de Obaldia s'en est allé à 103 ans
Le facétieux poète et dramaturge René de Obaldia s'en est allé à 103 ans
Le facétieux poète et dramaturge René de Obaldia s'en est allé à 103 ans

Publié dans Chroniques

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