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Passionnant portrait du pionnier du jazz moderne et trompettiste de génie

Publié le par Michel Monsay

Passionnant portrait du pionnier du jazz moderne et trompettiste de génie
Passionnant portrait du pionnier du jazz moderne et trompettiste de génie

S'il existe pléthore de documentaires sur le trompettiste-compositeur visionnaire et innovateur, le film du documentariste Stanley Nelson Jr. est particulièrement réussi pour évoquer celui dont le fil conducteur de son existence a toujours été sa détermination sans failles à casser les codes, à se renouveler continuellement et à vivre intensément sa vie comme il le souhaitait. Un portait sans concession de la légende du jazz disparue en septembre 1991 à l’âge de 65 ans,  qui bien que devenu une icône culturelle a souffert toute sa vie du racisme. Sur le rythme d'une partition jazz, les images d'archives se succèdent, des vidéos de concerts, des séances d’enregistrement, et la voix off déclame quelques extraits de l'autobiographie de Miles Davis. Les témoignages se succèdent avec émotion, ceux des musiciens bien sûr, comme Jimmy Cobb, Ron Carter, Carlos Santana, Herbie Hancock, The Roots, Wayne Shorter, Quincy Jones, ou le pianiste René Urtreger et Juliette Gréco qui reviennent sur la relation de Miles Davis avec la France. Il y a aussi ceux des proches comme sa femme Frances Taylor ou son fils Erin qui n'éludent pas les démons de l'homme impénétrable, parfois taciturne, irascible ou violent, rongé par les persécutions et ses addictions. Le film évoque parfaitement le parcours musical de celui qui n’écoutait jamais ses anciens disques et qui a bouleversé à jamais les codes de la musique, du be-bop au cool, jusqu'au jazz-fusion. Cette quête absolue d'un nouveau son est parfaitement illustrée dans la bande originale de ce documentaire. Né à l’ère du swing, compagnon de Charlie Parker lors de la révolution bop, parrain du cool, leader de deux quintets mythiques, rénovateur de l’orchestre élargi aux côtés de Gil Evans, initiateur d'un jazz fusion plus électrique, enfin star chic du funk, Miles a beaucoup inventé, anticipé, évolué, muté. Avec lui, le jazz s’est invité sur les scènes des festivals rock et les podiums de la haute couture. Supérieurement intelligent, le trompettiste sut en outre séduire et maintenir à distance le milieu dans lequel il évoluait, un monde tenu par les Blancs où le moindre faux pas, et souvent il en fallait moins que ça, pouvait valoir à un Noir tel que lui les pires ennuis. Malgré cela, il parvint à devenir une star, une icône. La musique de Miles Davis trouble et troublera toujours par sa très pure beauté.

Miles Davis, birth of the cool est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

Publié dans replay

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Quelques dessins bien sentis

Publié le par Michel Monsay

Quelques dessins bien sentis
Quelques dessins bien sentis
Quelques dessins bien sentis
Quelques dessins bien sentis
Quelques dessins bien sentis
Quelques dessins bien sentis

Publié dans Chroniques

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À la fois violent et sensible, ce film fascine par la justesse de sa mise en scène et de ses comédiens non professionnels

Publié le par Michel Monsay

À la fois violent et sensible, ce film fascine par la justesse de sa mise en scène et de ses comédiens non professionnels

Une force archaïque très puissante traverse ce brillant premier-long métrage et nous tient en haleine, mobilisés, de sa séquence inaugurale à son générique de fin. Julien Colonna, fils d'une légende du banditisme corse, Jean-Jérôme Colonna, nous saisit par la force de son récit autour d’un chef de clan et de sa fille adolescente. De son rythme effréné à l’interprétation farouche de ses comédiens, le Royaume est un très grand film de cavale. Sa puissante originalité consiste à mêler l'histoire intime des rapports père-adolescente à une ample fresque, qui évite les pièges du film à thèse sur le problème corse. Son style allie l'hyperréalisme du portrait de milieu avec l'élégie tragique de certains westerns crépusculaires et pose la question de la masculinité toxique au sein d'un groupe social. Rugueux et bouleversant, le film s’éloigne des clichés et des traditionnels films de gangsters. À hauteur d’adolescente, l’intrigue n’a pas la sacralisation habituelle de ces criminels, le romantisme suranné d’une vie de péchés. Non, ici, ce sont avant tout des individus traqués, terrifiés à l’idée que chaque trajet pourrait être le dernier, obligés de regarder en permanence par-dessus leur épaule. Peu importe les raisons qui les ont emmenés sur cette voie, ils le savent, la sortie a régulièrement lieu les pieds devant. Le chef de clan n’est pas un héros pour ce qu’il fait, mais pour ce qu’il est, ce qu’il représente dans les yeux de cette gamine ayant grandi loin d’une figure qu’elle aimerait tant plus côtoyer. Saveriu Santucci, acteur non professionnel qui l'incarne prodigieusement, livre une prestation d’une aura et d’un charisme rares, transformant la fiction en un témoignage naturaliste déchirant. Sa fille dans le film est interprétée par Ghjuvanna Benedetti, également non professionnelle, à la présence intense et magnétique. Par une maîtrise aussi bien formelle que scénaristique, le scénario est coécrit avec Jeanne Herry, réalisatrice des excellents Pupille et Je verrai toujours vos visages, Julien Colonna filme avec élégance les silences, les regards, les visages filmés en gros plan et les corps qui traversent Le Royaume. Avec un refus intransigeant de l'exotisme de pacotille, du sensationnalisme et de l'héroïsation, il accompagne la balade sauvage de ses deux fugitifs qui, le temps de quelques jours et nuits trop brefs, s'inventent un royaume dont ils sont les seuls à connaître les codes. Récit initiatique, héritage, valeurs de la famille, les croyances et la vengeance, la complexité d'un territoire et des personnages puissants, il y a toute la Corse dans ce superbe film. 

Publié dans Films

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L’élégance de la mise en scène et la lumineuse présence des trois comédiennes

Publié le par Michel Monsay

L’élégance de la mise en scène et la lumineuse présence des trois comédiennes

Rarement Emmanuel Mouret, dont le propos sur l’amour et les relations humaines est devenu de plus en plus juste au fil du temps, aura été aussi pertinent et drôle qu’avec ce Trois Amies, triple portrait de femmes, liées par une forte amitié, que les usures et les élans de l’amour pourraient cependant mettre en danger. Il est depuis une vingtaine d'années, une des valeurs sûres du cinéma français dont on guette chaque nouveau film avec gourmandise, ce blog peut en témoigner avec Chronique d'une liaison passagère, Caprice, Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait et bien d'autres. Habitué du film choral, mêlant dans ses scénarios à la remarquable finesse d’écriture, les destins amoureux et intimes de multiples personnages, Emmanuel Mouret concocte ici un conte moderne qui évoque la douleur des séparations. Qu’elles aillent ou non jusqu’au bout, le cinéaste fait du pathétique un élément comique et crée un doux décalage autour de la notion d’amitié, qui s’avère ici toujours enracinée et stable, malgré quelques mensonges, secrets et autres trahisons. Avec ce ton léger qui le caractérise, il parvient à nous faire aimer ses personnages, dans leurs excès, leurs contradictions, leurs inquiétudes voire leur générosité. Tous capables de dialoguer de manière quasi sereine, malgré la complexité des situations, ils nous apparaissent dans des interactions des plus naturelles, offrant ainsi de jolies variations sur la conception du couple et de l’amour. Portée par ses trois formidables actrices, Sara Forestier, India Hair et Camille Cottin, sans oublier Vincent Macaigne et Damien Bonnard très touchants,  la magie opère offrant de beaux moments d’émotion, lorsqu’il s’agit d’évoquer la culpabilité, la déception, ou encore le renoncement, voire le sacrifice. Faisant preuve d’un cinéma toujours aussi généreux et cocasse, Emmanuel Mouret, nous offre avec Trois Amies, une nouvelle partition haut de gamme parsemée de nuances mélancoliques.

Publié dans Films

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Le batteur de génie Roy Haines a définitivement rangé ses baguettes

Publié le par Michel Monsay

Le batteur de génie Roy Haines a définitivement rangé ses baguettes

Témoin privilégié de l'histoire du jazz et de la révolution be-bop, Roy Haines a joué avec tous les plus grands. Le géant de la batterie moderne, à la carrière exceptionnelle par sa qualité et sa longévité, s’est éteint le 12 novembre 2024 à l'âge de 99 ans. Des musiciens qui pouvaient se targuer d’avoir joué avec Duke Ellington, Louis Armstrong, Charlie Parker, Billie Holiday et Lester Young, il était le dernier survivant. Roy Haynes fut en outre l’un des inventeurs de la batterie moderne et un leader débordant d’énergie dont la carrière aura duré 70 ans. Né à Boston en 1925, Roy Haynes apprend la batterie en autodidacte, prenant pour modèle le père de tous les percussionnistes de son temps, « Papa » Jo Jones, alors membre de l’orchestre de Count Basie. Dès le début des années 1940, il se fait remarquer et adouber par des batteurs à peine plus âgés que lui mais déjà renommés, Max Roach et Art Blakey. En 1945, il débarque à New York et intègre le big band de Luis Russell avant d’être engagé par Lester Young. Il s’avère si bon qu’à la fin de la décennie Charlie Parker en personne lui propose d’occuper le poste laissé vacant par Max Roach. Il devient ainsi un membre régulier des groupes de « Bird », le genre de promotion qui vous fait entrer pour toujours dans la grande histoire du jazz. Un cliché célèbre, pris à New York en 1953, le montre en train de jouer avec Charlie Parker, Thelonious Monk et Charles Mingus, excusez du peu. Cette activité prestigieuse ne l’empêche pas d’accompagner aussi Bud Powell, Stan Getz et Miles Davis, puis de prendre place dans l’orchestre de Sarah Vaughan. Un tel parcours, auprès de tels monstres sacrés, comblerait les rêves de n’importe quel musicien. Roy Haynes l’a accompli en moins de dix ans, avant d’atteindre la trentaine. Et il lui reste beaucoup, beaucoup à faire. Au cours des années 1950, Roy Haynes, loin de ralentir le rythme de ses engagements, continue d’être employé par les plus grands : Sonny Rollins, John Coltrane, Thelonious Monk, Lee Konitz… Homme simple et peu porté sur l’introspection, doté d’un solide bon sens et d’une personnalité radieuse, il traverse son temps avec l’imperturbabilité d’un personnage de conte de fées. Il ne fume pas, ne consomme pas de drogues, ne boit pas avec excès, ne subit pas la misère, le désespoir ou la violence. Derrière sa bonne humeur, c’est un être discipliné qui a le souci d’arriver à l’heure aux concerts et préfère prendre soin de sa famille que nourrir sa légende d’excentricités. Tous les musiciens avec lesquels Roy Haines a joué savent pouvoir compter sur son oreille extraordinaire, son swing véloce et tendu, sa technique précise, sa spontanéité baguettes en main avec lesquelles il fait parler sa batterie. Salué à l’unanimité pour son style unique, Roy Haynes a encore quelques chapitres de l’histoire du jazz à écrire. Il va d’abord faire partie du trio tout en muscles et en élasticité de Chick Corea avec Miroslav Vitous à la contrebasse, puis rejoindre Michel Petrucciani et Pat Metheny dans de nouvelles formules à trois. Sa puissance et son jeu très mélodique en font un accompagnateur hors pair, toujours capable de stimuler les improvisateurs les plus expérimentés.  À 80, puis à 90 ans, il continue de jouer, vieillard embelli par les années, toujours doté d’une sagesse et d’un humour exempts d’amertume. À l’approche de son centenaire, n’ayant guère perdu que ses cheveux, il restait d’une fraîcheur d’esprit incroyable, avouant tranquillement bénir chaque nouveau lever de soleil. Sa carrière, monumentale, et qui ne peut qu’inspirer un respect sans réserve, il la résuma un jour en trois mots désarmants : « Depuis mon adolescence jusqu’à aujourd’hui, j’ai simplement aimé jouer. » Merci Monsieur Haynes de nous avoir fait profiter de votre talent durant sept décennies et 1500 concerts.

Regardez l'impressionnant solo qu'il effectue ci-dessous lors d'un concert avec Stan Getz, puis une prestation à 80 ans où il n'a rien perdu de son swing.

Publié dans Chroniques

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Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock

Publié le par Michel Monsay

Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock

En se concentrant sur les premières années de sa carrière, de 1934 à 1947, l'exposition consacrée à Jackson Pollock au Musée Picasso explore tout le parcours artistique et intellectuel du peintre à ses débuts. Influencé par le maître espagnol, il sera comme lui un artiste expérimentateur. Sont réunies une quarantaine de ses peintures et de nombreux dessins, ce qui est remarquable car la difficulté d’obtenir le prêt de ses œuvres est directement proportionnelle à sa célébrité et à sa valeur financière, très hautes toutes deux, puisque Jackson Pollock a été hissé au rang de héros américain. Né dans les plaines du Wyoming, au nord-ouest des États-Unis, il a grandi aux environs de Los Angeles. En 1930, il rejoint son frère aîné Charles, artiste peintre lui aussi, à New York. Plusieurs galeries y exposent les œuvres de Picasso. En 1939, une grande rétrospective est organisée au MoMA, le musée d'art moderne de New York, portant sur ses quarante premières années de création. On sait que Jackson Pollock est allé la voir à plusieurs reprises. La première partie de l’exposition qui lui est consacrée au Musée Picasso montre des dessins et tableaux, reprenant le motif du masque, du cheval ou du taureau, dont le mimétisme avec ceux de Picasso est troublant. Une série de dessins réalisés par l’artiste américain, atteint de troubles bipolaires et alcoolique, destinés à son psychanalyste comme support thérapeutique, constituent un autre témoignage étonnant de l’influence du grand Pablo. Le propos de l’exposition est de montrer comment Jackson Pollock s’en extrait peu à peu, jusqu’à devenir le peintre des drippings, ces fameuses chorégraphies de lignes de couleurs projetées sur la toile placée au sol. Il n’y a pas que Picasso qui a influencé Jackson Pollock, également l'art natif américain, les muralistes mexicains, Thomas Benton, peintre réaliste américain dont il a été l’élève, mais aussi des surréalistes. Cette belle exposition nous permet de suivre le cheminement d’un artiste sur le fil du rasoir, vacillant entre deux mondes, celui des arts amérindiens et celui des avant-gardes européennes, un aspect méconnu et très intéressant de l'œuvre du peintre américain.

Jackson Pollock, les premières années est à voir au Musée Picasso jusqu'au 19 janvier.

Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
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Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
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Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock

Publié dans Expos

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Benjamin Millepied pose sa danse sur la sublime voix de Jeff Buckley

Publié le par Michel Monsay

Benjamin Millepied pose sa danse sur la sublime voix de Jeff Buckley

Avec Grace, son spectacle le plus ambitieux à ce jour, le chorégraphe Benjamin Millepied, ancien directeur de la danse de l'Opéra de Paris, a créé les tableaux de son spectacle au plus près des chansons de Jeff Buckley. De ses années américaines au New York City Ballet, Benjamin Millepied a gardé en mémoire que la danse est une expression de la musique. Danseur choyé alors, il y a interprété des chorégraphies de Jerome Robbins et Twyla Tharp, traits d'union entre le ballet et la comédie musicale. Grace, Jeff Buckley Dances, sa nouvelle création, est riche de ces accords parfaits. S'appropriant le répertoire du prodige rock américain mort à l'âge de 30 ans en 1997, et tellement regretté depuis, le chorégraphe réussit son pari. Un peu plus qu'une biographie dansée ou un simple show rock, Grace met en mouvement les émotions du chanteur à travers ses propres mots dits en scène, et surtout ses magnifiques compositions chantées avec cette voix miraculeuse, mais aussi des reprises, comme la chanson du film Bagdad café ou bien sûr le célèbre Hallelujah de Leonard Cohen. On retrouve toute la palette gestuelle de Benjamin Millepied, des portés efficaces, des corps en extension, des pas de deux sensibles, mais comme augmentée de courses ou de tours en l'air. Avec des parois mobiles et quelques meubles en guise de décor, le spectateur navigue à vue entre une chambre d'ado, un studio d'enregistrement ou un rêve éveillé. La caméra virtuose d'Olivier Simola filme en live les interprètes, détaillant ici un visage, là une envolée. Dans le très beau final, Loup Marcault-Derouard, qui incarne Jeff Buckley, est seul face au monde. Ce soliste venu du Ballet de l'Opéra de Paris fait des étincelles, fort et doux à la fois. D'ailleurs, l'idée n'est pas tant d'incarner Jeff Buckley, ses fêlures et ses démons, mais plutôt de donner à voir l'humain dans toute sa complexité. D'Ulysse Zangs à Eva Galmel, ou David Adrien Freeland et Caroline Osmont, également de l'Opéra de Paris, Benjamin Millepied a réuni une troupe de danseurs à la belle unité. Certains se révèlent même doués au chant, à l'image de Oumrata Konan dans un magnifique gospel électrique. Les danseurs tournent, virevoltent, se frôlent et se confrontent, en duo, solo ou ballet dans un spectacle d’une douceur infinie, d’une poésie absolue, qui berce autant qu’il électrise, qui envoûte autant qu’il transperce, où chaque détail célèbre le talent immense d’un chanteur à la voix inimitable et à la vie bien trop courte. Et une chose est absolument certaine, on ressort de là touché par la grâce.

Grace, Jeff Buckley Dances est à voir aux Nuits de Fourvière à Lyon les 17 et 18 juin prochain. Les représentations du spectacle sont malheureusement terminées à la Seine musicale. Voici un extrait filmé du spectacle avant sa création à Paris :

Publié dans Spectacles

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Fable écologique d'anticipation au très beau graphisme

Publié le par Michel Monsay

Fable écologique d'anticipation au très beau graphisme
Fable écologique d'anticipation au très beau graphisme

Le Robot Sauvage poursuit le réjouissant retour en grâce de Dreamworks aux sommets de l'animation américaine. Pour mémoire, cette société créée par Steven Spielberg pour la production de films d'animation, qui depuis est devenue indépendante, a damé le pion de Disney et Pixar les deux géants américains dès son premier essai avec Fourmiz en 1998, et ce durant de nombreuses années avec Shrek, Madagascar, Kung-fu Panda, ... mais cette réussite s'est essoufflée. Avec Le robot sauvage, Dreamworks retrouve enfin de l’ardeur et pousse dans ses retranchements les techniques d’animation 3D et 2D qu'il mêle astucieusement. Réalisé par Chris Sanders, ancien animateur de Disney, ce long-métrage très touchant suit l'histoire de Rozzum 7134, un robot qui a fait naufrage après un typhon sur une île luxuriante mais déserte d'humains et de technologie. Riche en couleurs vives et en superbes contrastes, le travail sur l'animation tend à faire de chaque image un morceau de bravoure. Alors que les blockbusters d'animation, tels que Disney et Pixar peuvent les concevoir, favorisent aujourd'hui le photo-réalisme et l'accumulation d'effets spectaculaires dans l'espoir de garder le spectateur aux aguets, Le Robot Sauvage semble prôner un retour à un art plus délicat, proche de l'impressionnisme. Il choisit de faire transparaître par l'image les émotions traversées par ses personnages et comment leur expérience de la vie a le pouvoir de transformer le monde dans son ensemble. Au milieu de la cascade de suites et de films dérivés de franchises qui assomment régulièrement le cinéma d'animation, Le Robot Sauvage n'est pas qu'une extraordinaire anomalie, qui mérite d'être chérie et vue par le plus grand nombre, mais aussi un véritable soulagement qui émeut autant qu'il offre à espérer.

Publié dans Films

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Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société

Publié le par Michel Monsay

Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société

L'ex-directeur de l'Odéon, Stéphane Braunschweig, propose en guise d'au revoir une mise en scène choc de la pièce de Tchekhov. Dans un décor désolé, il pousse les feux tragiques et écologiques allumés par l'auteur russe avec la complicité d'une troupe habitée. Le metteur en scène et scénographe part en beauté avec cette relecture sombre et émouvante du chef-d’œuvre de Tchekhov. Le parti pris, audacieux, de remettre au centre de La mouette la pièce dans la pièce, cette œuvre avant-gardiste créée et donnée par le personnage de Konstantin Treplev avec la jeune Nina, est parfaitement tenu. En faisant de l'univers apocalyptique imaginé par le jeune écrivain maudit Treplev, le décor de La mouette, Stéphane Braunschweig décale habilement le propos. Exit l'ambiance datcha et samovar : les personnages se déchirent au sujet de l'amour et de l'art dans une atmosphère de fin du monde, sur les rives d'un lac asséché semé de quelques rochers blancs et d'une barque funèbre. Entre Konstantin, qui désespère d'inventer le futur de l'art, sa mère Arkadina, actrice vieillissante qui se raccroche à ses triomphes passés, Trigorine, l'amant de celle-ci, écrivain à succès en mal de génie, et Nina, la Mouette, dont le rêve de théâtre se transforme en cauchemar, la machine infernale est en marche. Les affres de la création mêlées aux frustrations amoureuses poussent la pièce vers une tragédie existentielle que la traduction tranchante d'André Markowicz et Françoise Morvan fait résonner avec le monde anxiogène d'aujourd'hui. Cultivant l'épure avec brio, Stéphane Braunschweig s'autorise quelques effets spectaculaires comme cette volée de mouettes tombant soudainement des cintres. Sa direction d'acteurs est très juste, les dix rôles sont finement distribués. Chloé Réjon incarne une Arkadina ardente et terrifiée, Denis Eyriey un Trigorine beau gosse, veule à souhait, Jules Sagot, le jeune geek du Bureau des légendes, un Konstantin au bord de l'implosion, et avec naturel, Eve Pereur se met dans la peau fragile de Nina, elle y est touchante surtout dans la deuxième partie. On a connu des Tchekhov plus contrastés offrant davantage de respirations comiques. Mais en mettant en relief la dimension écologique visionnaire de la pièce et en lui conférant une gravité nouvelle, Stéphane Braunschweig fait voler La Mouette très haut et donne aussi une dimension nouvelle à des rôles féminins.

La mouette est à voir au Théâtre de l'Odéon jusqu'au 22 décembre.

Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société
Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société
Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société
Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société
Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société

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Génial Raymond Devos

Publié le par Michel Monsay

Génial Raymond Devos

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