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Toujours dans le même sens, c'est scandaleux !

Publié le par Michel Monsay

Toujours dans le même sens, c'est scandaleux !

Les députés de la majorité présidentielle ont déposé un amendement au projet de loi de finances pour 2024. Ce dernier exonère d’impôt notamment la FIFA, richissime instante dirigeante du football avec un chiffre d'affaires de 7 milliards d'euros, qui dispose d’une annexe à Paris et pourrait y installer son siège. Concrètement, ces organisations pourront ne plus payer d’impôts en France dès l’année prochaine, en étant exonérées de l’impôt sur les sociétés, de cotisation foncière des entreprises, ainsi que de CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises). Les salariés de ces structures auront également droit à un régime particulier puisqu’ils ne paieront pas l’impôt sur le revenu pendant cinq ans. Un cadeau fiscal d’ampleur. Les cadeaux fiscaux à la FIFA, les cadeaux fiscaux aux raffineries pour TOTAL... et le contrôle des chômeurs, le contrôle des malades, les contrôle des bénéficiaires du RSA... C'est proprement scandaleux de la part de Macron qui avait affirmé que la lutte contre la fraude fiscale serait la grande cause nationale du quinquennat !

Publié dans Chroniques

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Un film d'animation drôle, irrévérencieux et haut en couleurs

Publié le par Michel Monsay

Un film d'animation drôle, irrévérencieux et haut en couleurs

On sourit souvent en regardant Linda veut du poulet !. Le film se déroule de nos jours, dans une petite cité ordinaire, un jour de grève générale. Il ne s'agit pas de combattre un monstre ou d'évoluer dans un monde fantastique, mais simplement de trouver... un poulet ! Les personnages du film d'animation de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach sont finement dépeints et portés par des dialogues bien sentis, joués notamment par les excellentes Clotilde Hesme et Laetitia Dosch mais aussi Estéban et son irrésistible diction nonchalante. L'univers graphique sensuel et chatoyant de Sébastien Laudenbach fait merveille, qui après La Jeune Fille sans mains en 2016 le consacre comme l’un des plus talentueux cinéastes d’animation européens : ses coups de crayon voluptueux mus par la couleur, tout comme le passage sur fond noir dans certaines séquences sont de jolies trouvailles esthétiques, et on s'étonne constamment que des traits aussi abstraits et minimalistes soient si puissamment réalistes. Avec des dialogues rafraîchissants, des situations irrévérencieuses, ce film parle de l’enfance comme un enfant le ferait, sans mièvrerie, sans emphase, avec moquerie, insolence et poésie. En juin, au Festival international du film d’animation d’Annecy, le plus important au monde, Linda veut du poulet !, œuvre française à petit budget, a raflé, au nez et à la barbe de productions européennes, américaines ou japonaises de grande envergure, la principale distinction au palmarès, le Cristal d’Or du long-métrage. C’est un film qui disjoncte, avec un sens aigu de l’absurde et du burlesque, empruntant des sentiers multiples, passant du sérieux au merveilleux, avec un humour parfois teinté de mélancolie, pour parler à cette enfance enfouie en chacun de nous. Un film qui ne reste jamais vraiment au même endroit, comme s’il avait la bougeotte, comme un enfant turbulent, de ceux qu’on met au coin parce qu’ils dérangent la classe. Derrière cette cocasse équipée sauvage, se glisse un récit social empreint d’amour, de chagrin, mais aussi d’une grande solidarité.

Publié dans Films

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Quand Disney avait du génie

Publié le par Michel Monsay

Quand Disney avait du génie

À l’occasion de son centenaire, Disney ressuscite 28 courts métrages de son âge d’or après les avoir restaurés, dont certains sont de purs bijoux. Parmi eux, fourmillant d’idées visuelles, La Danse macabre (1929) met en scène quatre squelettes aux os élastiques dans un cimetière, se déhanchant entre autre sur La Marche des Trolls, d’Edvard Grieg. Un exemple de ces géniales idées : l’un des squelettes soustrait à son camarade ses deux fémurs, qu’il transforme en maillets pour jouer du xylophone sur sa colonne vertébrale, sa cage thoracique et son crâne. Au croisement du folklore européen (les danses macabres médiévales) et mexicain (le Jour des morts), ce chef-d’œuvre bouleversera des futurs piliers de l’animation du XXᵉ siècle et annonce aussi l’univers gothique de Tim Burton. Dans un autre registre, Dingo fait de la gymnastique (1949), l’un des courts métrages les plus connus du chien maladroit, visible dans Qui veut la peau de Roger Rabbit, reste un monument d’humour à base d’haltères, de barre fixe et d’extenseurs de fitness. Issu de la même série, Dingo fait de la natation (1961) constitue l'un des deniers joyaux de l’âge d’or du cartoon. L’animation se révèle d’une fluidité tentaculaire, à l’image de la pieuvre qui perturbe Dingo durant sa course de ski nautique. Son camarade Mickey figure, lui, dans le foisonnant Bâtissons (1933), autour d’un gratte-ciel en construction, avec des acrobaties sur poutrelles qui évoquent celles de Laurel et Hardy dans Vive la liberté (1929). Pour finir, Pluto a des envies (1940) prend d’abord une trame de dessin animé classique : le chien cherche à voler un os dans la gamelle de son voisin Butch le bouledogue. L’idée géniale du réalisateur consiste à prolonger la course-poursuite au cœur d’une fête foraine, plus précisément dans un palais des glaces, plein de miroirs qui défient les lois de l’optique. Les transformations successives de Pluto (crocodile, chameau, kangourou) s’accompagnent de déformations plus absurdes les unes que les autres. Soit l’essence même du cartoon.

Les 5 courts métrages en question sont à voir ici pour 8,99 € sur Disney +, un mois d'abonnement sans engagement. Sinon, deux d'entre eux sont visibles ci-dessous dans une qualité moyenne :

Quand Disney avait du génie
Quand Disney avait du génie
Quand Disney avait du génie
Quand Disney avait du génie

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Puissant retour à la vie

Publié le par Michel Monsay

Puissant retour à la vie

Somewhere Boy est un drame effrayant sur la séquestration d’un enfant par un père maltraitant et gravement dépressif, sa renaissance et sa quête anxieuse de vérité. Ni violence sexuelle ni violence physique, non, mais des années de ­maltraitance psychique noyée dans la solitude, l'amour indéfectible, la relation de dépendance, le mensonge et la manipulation. Pourtant, cette série aux huit courts épisodes est étrangement lumineuse, aussi souvent drôle qu’elle est terrifiante. Le jeune personnage central aidé par son cousin, pas plus à l’aise en société que lui, va lentement s’ouvrir et comprendre la violence de ce qu’il a vécu. Un étrange récit initiatique qui mêle émotion, absurde et poésie, profitant des réactions inattendues de son héros inadapté. Une série émouvante en forme de fable morale sur la découverte de soi, du libre arbitre et de cette prise de conscience douloureuse mais salutaire de la toxicité paternelle. Un récit sur la dualité tragique de nos sentiments à l’égard de nos parents, très justement porté par Lewis Gribben qui, dans le rôle principal, est d'abord troublant pour devenir de plus en plus touchant. Nouvelle perle originale venue d’Outre-Manche, Somewhere Boy tourné dans les beaux paysages du Pays de Galles, dont le terrible postulat de départ aurait pu donner une série glauque et sombre, propose au contraire une progressive mise en lumière de ses personnages, jusqu’au final, rempli d’espoir et de délicatesse. Une gageure hautement réussie.

Somewhere boy est à voir ici pour 6,99 € en s’abonnant pour un mois sans engagement à Canal + Séries et profiter ainsi des nombreuses autres séries.

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Autopsie d'une ignominie

Publié le par Michel Monsay

Autopsie d'une ignominie

Avec cette quête littéraire pour faire le récit de l'inceste dont elle a été victime de la part de son beau-père quand elle était enfant, Neige Sinno a reçu le Prix littéraire du Monde et son livre figure dans la première sélection de presque tous les prix littéraires de l'automne, dont le Prix Goncourt. Triste tigre est un livre d'une grande justesse dans lequel Neige Sinno creuse sa langue pour chercher la vérité, comme s'il y avait une lutte entre elle et le silence. C’est un texte qui déborde de ses pages par ses questions, sa profondeur et ses peurs. Elle nous parle à cœur ouvert et dissèque ce qui lui est arrivé à la manière d'un chirurgien ne sachant pas exactement ce qu'il cherche. Elle s'attaque donc au sujet par toutes sortes d'angles, sous forme de chapitres courts, qui s'enchaînent et composent un tableau s'affinant au fil du récit. Elle fait la description des faits, des lieux, des mots, évoque les zones grises de la mémoire, la sidération, la dissociation. Elle convoque des textes d'auteurs, Nabokov, Virginia Woolf, Emmanuel Carrère, Camille Kouchner, Claude Ponti…, fait appel aux sciences sociales, aux avis d'experts, pour dire par exemple en quoi le viol est d'avantage une question de pouvoir que de sexe. Au-delà du témoignage, c'est la forme-même, son expression, le choix des mots, le rythme, la couleur du texte, qui ouvre une porte sur l'indicible. C'est toute la force de ce livre, qui partant de l'idée que ce sujet, par nature, échappe à toute tentative d'en rendre compte par la narration, parvient à donner une forme à ce qui n'en a pas, pour le rendre intelligible par tous. Un livre qui échappe à la loi du genre, un livre hybride et inclassable mais qui tient résolument plus de l’essai, de la réflexion éthique, voire métaphysique, que de l’autobiographie. Un ouvrage puissant, réflexif et méditatif, impressionnant de maîtrise, d’intelligence et d’honnêteté, et au climat changeant : douceur, tourment, apaisement, colère.

Publié dans Livres

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Belles découvertes

Publié le par Michel Monsay

Belles découvertes

À l'occasion des portes ouvertes des ateliers d'artistes à Montreuil ce week-end, voici quelques belles surprises découvertes dans l'ancienne usine Chapal qui accueille aujourd'hui, et depuis 25 ans pour les premiers, une soixantaine d'artistes dans un lieu intelligemment reconverti au charme certain. Parmi eux, le sculpteur Aleksandar Petrovic avec ses superbes œuvres lumineuses, baroques et impressionnantes, assemblages de métal, de verre et de lumières qu'il recycle pour créer des vaisseaux spatiaux dignes de la Guerre des étoiles.

Ci-dessous quelques œuvres d'Alexsandar Petrovic et d'autres artistes :

Belles découvertes
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Belles découvertes
Belles découvertes
Belles découvertes
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Belles découvertes
Belles découvertes
Belles découvertes
Belles découvertes
Belles découvertes
Belles découvertes

Publié dans Expos

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Fable humaniste et émouvante

Publié le par Michel Monsay

Fable humaniste et émouvante

Adaptation fidèle du film japonais d’Akira Kurosawa, dont l’intrigue originelle est ici transposée dans le Londres des années 1950 par le Prix Nobel de littérature Kazuo Ishiguro, Vivre devient un film tout en émotion et en pudeur. Sans fausse note, le film d’Oliver Hermanus livre une réflexion sur le sens de la vie d’une délicieuse mélancolie. On pense à cette marée de chapeaux melon, comme sortis d’une toile de Magritte, qui s’égrènent de la Gare de Waterloo jusqu’aux couloirs du County Hall où, dans une architecture d’un gris mélancolique, tout le monde s’incline en silence et presque au ralenti devant un supérieur hiérarchique. Une Angleterre immuable, presque kafkaïenne, où les heures meurent entre piles de formulaires et distance entre des êtres corsetés par le tweed et la pudeur. Déchirant d’émotion retenue, tout en nuance, en délicatesse et en flegme britannique, l'acteur Bill Nighy exprime grâce à son génie minimaliste tous les sentiments qui palpitent derrière le masque austère de son personnage. Fascinante est sa capacité à provoquer un torrent d’émotions avec une infime lueur d’enfance retrouvée sur son visage, ou un minuscule rire qui fait tressauter ses épaules de grand héron décharné. Parler de la mort au cinéma est peu aisé. Le risque de ce type de sujet est de sombrer dans le mélodrame sirupeux. Le cinéaste Oliver Hermanus fait tout le contraire. Il offre une œuvre à la fois profonde, bouleversante, et légère. En réalité, le film ne traite pas de la mort directement. Il aborde le sujet par son antagonisme : la vie. C’est aussi une histoire qui témoigne de la transmission, de l’exemplarité, qui sont les ciments mêmes de la vie en société où les plus jeunes prennent la suite de leurs aînés. Avec un vrai sens du cadre et de la photo, Oliver Hermanus, rafraîchit le classique de Kurosawa sans perdre toute la réflexion existentielle et les petits comportements qui caractérisent au quotidien la comédie humaine.

Vivre est à voir ici pour 4,99 € en location ou sur une plateforme de VOD.

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L'art du faire du neuf avec du vieux

Publié le par Michel Monsay

L'art du faire du neuf avec du vieux

Les reprises musicales peuvent offrir un souffle nouveau à des titres déjà célèbres. C'est le cas du groupe américain Pomplamoose, dont les reprises sont un pur régal avec des prises de son en direct et des clips filmés en studo, un mixage impeccable et une petite esthétique rétro. Ce sont des reprises, mais le groupe a indéniablement sa signature. La fraîcheur insouciante et le plaisir joyeux qui émanent depuis 2009 des vidéos du duo Pomplamoose n’est que la face apparente d’un travail rigoureux et sans relâche. Le couple formé par les talentueux Nataly Dawn et Jack Conte, entouré d'excellents musiciens, a voulu se donner les moyens de son indépendance. Pomplamoose n'a ni maison de disque ni studio. Depuis sa création, en juin 2008, le jeune duo américain utilise Internet comme outil de distribution et de promotion de sa musique. Et, chose rare, il en vit. L'irrésistible Nataly Dawn a grandi en France, et chante de sa très jolie voix aussi bien en anglais évidemment qu'en français sans accent. À écouter leurs très nombreuses reprises, ils parviennent chaque fois à créer quelque chose de nouveau, que ce soit avec Brassens, Django Reinhardt, Daft Punk ou Françoise Hardy pour ne citer qu'eux. On en redemande.

Voici quatre superbes reprises de Pomplamoose, plus une de Scary Pockets, un autre groupe de Jack Conte :

Publié dans Chroniques

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Le courage récompensé

Publié le par Michel Monsay

Le courage récompensé

La militante et journaliste iranienne de 51 ans, Narges Mohammadi, a reçu le prix Nobel de la paix ce 6 octobre, alors qu’elle se trouve derrière les barreaux en Iran, où elle est injustement incarcérée depuis 2021 en raison de ses activités militantes en faveur des droits humains et son combat contre l'oppression des femmes. Depuis des années, elle déploie toute son énergie pour attirer l’attention sur la situation désastreuse des droits humains en Iran. Même depuis sa cellule, elle a condamné la répression sanglante des manifestations d’ampleur nationale, appelé à abolir la peine de mort et à interdire le placement à l’isolement, et dénoncé les violences sexuelles infligées aux manifestantes en détention. Dans une démarche cruelle illustrant l’inhumanité au cœur des méthodes visant à réprimer les voix critiques, les autorités iraniennes soumettent Narges Mohammadi depuis des années à des violations des droits humains : torture, menaces de mort et privation de soins médicaux spécialisés notamment. Elles vont jusqu’à l’empêcher de voir ses deux enfants. Malgré l’immense prix à payer, les manœuvres incessantes pour la réduire au silence et la perspective d’une vie derrière les barreaux, Narges Mohammadi continue avec courage de réclamer le changement pour toutes les femmes, tous les hommes et tous les enfants d’Iran. La reconnaissance que lui accorde le comité du prix Nobel adresse un message clair aux autorités iraniennes : la répression contre les détracteurs et les défenseurs des droits humains pacifiques ne passera pas inaperçue. La communauté internationale doit redoubler d’efforts et se mobiliser pour la libération immédiate et inconditionnelle de Narges Mohammadi, et celle de toutes les femmes et de tous les hommes injustement incarcérés pour avoir exercé sans violence leurs droits fondamentaux, notamment dans le sillage du mouvement ” Femme, Vie, Liberté ” de 2022. Narges Mohammadi a reçu au parloir de la sinistre prison d’Evin à Téhéran la visite de sa sœur, et elle lui a dicté le message suivant : «Je n’arrêterai jamais de lutter pour l’instauration de la démocratie, de la liberté et de l’égalité. Il est certain que le prix Nobel de la paix va me rendre plus résistante, plus déterminée, plus optimiste et plus enthousiaste sur cette voie, et il va accélérer mon pas. Je resterai en Iran, je continuerai ma lutte civique pour les opprimés et contre nos institutions répressives, même si je dois passer le reste de ma vie en prison. Aux côtés de toutes les mères courageuses d’Iran, je continuerai à me battre contre les incessantes discriminations, tyrannies et oppressions sexistes par ce gouvernement religieux répressif jusqu’à la libération des femmes.»

Publié dans Chroniques

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Un film qui fera date

Publié le par Michel Monsay

Un film qui fera date

Il y a neuf ans on découvrait Thomas Cailley avec l'excellent Les Combattants, César du meilleur premier film. Le cinéaste signe aujourd'hui une ambitieuse fable fantastique sur notre part d’animalité, la transmission et les liens du sang. Un objet hybride fascinant qui donne chair à des réflexions sur l’urgence écologique, la frontière ténue entre l’humain et les autres vivants. Il est rare, en France, d’assumer le genre fantastique et les effets spéciaux. Surtout quand on évolue dans la catégorie cinéma d’auteur. Dans ce conte initiatique, il est question de la mutation à l’adolescence, de différence, d’intolérance, de défiance envers ce qui ne nous ressemble pas, mais surtout de la part animale en chacune et chacun que l’Homme a niée au fil des siècles. C’est un sujet crucial, car en développant une position de surplomb face au monde animal et à la nature en général, l’humanité a foncé droit dans le mur et en subit aujourd’hui les conséquences. Le Règne animal, remarquablement scénarisée et réalisée, aux antipodes d'un cinéma de genre ne misant que sur l'hémoglobine, les surenchères grand guignol et les monstres effrayants, dépeint avec un art subtil du décalage un monde qui, au cœur de chaque séquence, rappelle le nôtre. Un monde affecté par des crises sanitaires et écologiques dont les conséquences sur l'ordre social sont tout sauf anodines et où prospèrent des idéologies paranoïaques, ultra-sécuritaires, complotistes. Profondément atypique dans le paysage du cinéma français, Le Règne animal étonne avec sa hauteur de vue, sa poésie noire et, ce qui ne gâche rien vu le contexte, son sens de l'humour. Thomas Cailley, autre atout majeur, ne sacrifie jamais les singularités de ses personnages sur l'autel du grand spectacle et de la fiction hypnotique. Le cinéaste maîtrise de bout en bout les enjeux intimes de son histoire, et dépeint avec sensibilité et profondeur les relations émouvantes entre un père et un fils qui, malgré les entraves et les différences qui les affligent, apprennent progressivement à mieux se comprendre et à mieux s'aimer. Libre à chacun de naviguer à sa guise dans cette fable aussi ample, drôle, qu’inquiétante et émouvante, car le réalisateur n’assène aucune leçon. Avec ses comédiens, tous épatants, avec une mention spéciale à Romain Duris et Paul Kircher, et son équipe technique de choc qui fait des merveilles autant au niveau de l'image que du son, mais aussi du maquillage et des effets spéciaux en refusant l'intelligence artificielle et le tournage en studio, Thomas Cailley, en n'esquivant aucune difficulté et en embrassant plusieurs genres, nous offre un film en tout point éblouissant. Pareil cinéma populaire, traversé par un souffle romanesque connecté au contemporain, adossé à l’épaisseur existentielle de ses personnages, crédible dans ses effets spéciaux, naturel dans son mélange des genres,  donnera on l'espère des idées à l’industrie cinématographique. Le Règne animal, mine de rien, est un passeport pour l’avenir (de la salle, du cinéma, de l’espèce). Dernier point, espérons qu'il ne faille pas attendre neuf ans pour voir le prochain film de Thomas Cailley.

Publié dans Films

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