Un film sensoriel sur l’apprentissage du collectif face à une catastrophe climatique
De décors fabuleux (forêts immenses, ville semi-engloutie d’une beauté saisissante, sculptures géantes abandonnées au beau milieu des paysages, montagnes et perspectives vertigineuses) en rencontres fantastiques (entre autres, une inoubliable et étrange baleine à crêtes), Flow offre une ode hypnotique à la nature, dans sa toute-puissance ambiguë, création et destruction. Mais aussi une fable touchante sur le rapport à l’autre, le bonheur et la nécessité d’apprendre à vivre ensemble. Le réalisateur letton Gints Zilbalodis, artiste surdoué d’à peine 30 ans, après un premier film en 2020, Ailleurs, entièrement créé en solitaire, de l’animation à la musique originale devant un simple ordinateur, collabore désormais avec une équipe de jeunes animateurs, entre la France, la Lettonie et la Belgique. On retrouve ici sa passion pour les univers oniriques somptueusement inquiétants et l’influence de l'immense Hayao Miyazaki. Œuvre sans paroles, Flow n’est pas muet pour autant. Voyage bruissant, il est porté par une bande-son à la fois épique et contemplative. Il faut saluer la restitution très réaliste des mouvements des animaux. On admirera aussi le niveau de détail avec lequel sont représentés les feuillages ou les prairies fleuries, chaque brise de vent permettant le mouvement de secteurs entiers, sans parler de l'inexorable montée des eaux qui submerge tout sur son passage. Gints Zilbalodis se place dans une optique diamétralement opposée à celle qui règle normalement les rapports entre animation et animaux, à savoir un anthropomorphisme simplificateur qui s’échine à gommer les différences entre eux et les humains. Il nous fait ressentir la course, les chocs, chutes, sauts, contacts de l’animal à travers des mouvements de caméra avant, arrière, circulaire ou aérienne. Le cinéaste letton signe un film d'animation impressionnant, où mis à part le pelage des bêtes le reste est sublime et, à travers ces animaux, un portrait de notre humanité.