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Prodigieux Léon Marchand

Publié le par Michel Monsay

Prodigieux Léon Marchand
Prodigieux Léon Marchand

L'an dernier à Budapest, Léon Marchand avait frôlé le record du monde du 400 m 4 nages détenu par Michael Phelps. Il l'a battu ce dimanche en finale des Mondiaux de Fukuoka (Japon) et s'offre un troisième titre mondial, son deuxième de suite sur cette épreuve. Le Toulousain de 21 ans a effacé des tablettes le nageur le plus médaillé de tous les temps avec un chrono de 4'2''50. Le précédent record était de 4'3''84 pour Phelps, présent au bord du bassin pour admirer la performance.

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D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité

Publié le par Michel Monsay

D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité

Le musée d'Orsay réunit et confronte deux artistes essentiels de la fin du XIXe siècle : Manet et Degas. Une relation complexe entre émulation, rivalité, influence ou domination de l'un sur l'autre. Cette superbe exposition permet de comprendre l’un à partir de l’autre, en examinant aussi bien leurs ressemblances que leurs différences, voire leurs divergences. Chez Manet (1832-1883) et Degas (1834-1917), les analogies ne manquent pas, des sujets aux options stylistiques, des lieux où ils exposèrent à ceux où ils se croisèrent, des marchands aux collectionneurs sur lesquels s’appuyèrent leurs carrières indépendantes. C'est un mano a mano spectaculaire et subtil entre les deux plus grands peintres français de leur époque. La qualité des œuvres réunies, l’intelligence de l’accrochage, ses effets-miroirs édifiants sans être appuyés, la façon dont la confrontation des tableaux lève le rideau sur la biographie, la psychologie, la sociologie, la politique de ces hommes et de leur temps, tout alimente l’œil en les éclairant l’un par l’autre. L’un aimait briller, l’autre préférait l’intimité de son atelier. Malgré bien des différences et une fâcherie devenu fameuse, les deux artistes ont cultivé une amitié solide, dont les antagonismes fréquents sont la marque de fabrique. Sans cette rivalité permanente, ces deux peintres ne seraient peut-être pas si immensément célèbres. Provenant, entre autres, des collections du musée d’Orsay, mais aussi de la National Gallery de Londres et du Metropolitan Museum of Art de New York, qui a coorganisé l’exposition et où elle se tiendra à l’automne, deux cents œuvres, des peintures toutes plus belles les unes que les autres, des dessins, des gravures, des pastels, des lettres et des carnets, racontent et montrent, de façon thématique et chronologique, comment cette émulation a poussé les deux maîtres toujours plus loin dans leurs recherches artistiques. Comment l’un et l’autre, sous leurs allures de grands bourgeois qu’ils étaient, ont cherché à révolutionner la peinture en la faisant sortir du cadre convenu pour montrer la vie comme elle est. Comment ils ont inventé la modernité dans la seconde moitié du XIXᵉ siècle. Manet et Degas, dont on emboîte le pas salle après salle avec ravissement, partagent les mêmes cercles sociaux, les mêmes loisirs, la même ville, la même ambition artistique : restituer la vie moderne. En commun aussi, les deux ont le goût de la grande peinture, Degas, qui vénère Ingres, ne lâche pas son amour de la ligne pure, Manet, nourri à Delacroix et Géricault, aspire au réalisme et à la couleur. S’il est impossible de citer la multitude de chefs-d’œuvre réunis, ni de sortir un vainqueur de cette confrontation, où selon les thèmes on préfère Manet et selon d'autres, Degas, une chose est sûre, le visiteur se régale.

Manet/Degas est à voir au musée d'Orsay jusqu'à demain, dimanche 23 juillet.

D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
D'un chef-d'œuvre à l'autre pour un dialogue fondateur de la modernité
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Une comédie douce-amère sur les désillusions face à un monde en mutation

Publié le par Michel Monsay

Une comédie douce-amère sur les désillusions face à un monde en mutation

Dans son nouveau film, Nanni Moretti filme et joue son alter ego avec humour et causticité. Les légendaires obsessions morales du cinéaste italien sont là mais la drôlerie se révèle plus généreuse et rafraîchissante. Nanni Moretti, 69 ans, dans la peau de Giovanni, cinéaste grincheux et désabusé, limite misanthrope, qui feint d’être dépassé avec une modestie sans doute fausse. Le réalisateur italien a bien conscience de penser que c’était mieux avant, mais il s’en amuse avec un mélange assez audacieux d’ironie acide et de mélancolie à prendre au premier degré. Ce Giovanni a de faux airs de Woody Allen avec ses antidépresseurs, ses monologues et son monde qui s’écroule autour de lui comme un château de cartes. Mais ce que raconte Nanni Moretti, ce n’est pas seulement la crise d’un homme mûr. C’est celle du cinéma, à qui le réalisateur adresse une poignante déclaration d’amour à l’heure où, en Italie, les salles obscures peinent à retrouver la lumière après la crise du Covid. L'acteur et réalisateur campe un metteur en scène bougon et insupportable, affligé par ses proches qui le désespèrent, par son pays qui a oublié son passé, et par un univers des images où prospèrent les apôtres du formatage. Le constat est amer, voire pire, mais Moretti refuse l'apitoiement et la complaisance. Comme à ses plus belles heures il préfère en rire (jaune), notamment dans deux scènes hilarantes : l'une où il interrompt le tournage d'un confrère réalisateur décervelé et parle merveilleusement, en invoquant Tu ne tueras point de Kieslowski, de la violence au cinéma, de sa nécessité et de sa morale, l'autre où il s'engueule avec les représentants de Netflix. Le cinéaste entraîne le spectateur dans un récit buissonnier où les chansons de variété italiennes châtient la morosité et où le pouvoir utopique du cinéma contredit la litanie accablante de la triste réalité. Entouré de ses fidèles et merveilleux acteurs que sont Margherita Buy et Silvio Orlando, et avec un humour qui, plus que jamais, sert d'antidote à la désespérance, Nanni Moretti, dans ce Vers un avenir radieux qui prend parfois des allures de testament, signe un nouveau chapitre inspiré de son grand roman personnel et national avec cette foi sans faille dans le cinéma, qui a le pouvoir de réparer les blessures d’amour, de changer le cours de l’histoire, ou de faire marcher des éléphants en plein cœur de Rome. 

Publié dans Films

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Une captivante idée du grand spectacle

Publié le par Michel Monsay

Une captivante idée du grand spectacle

Sans doute ce qu'il y a de mieux cette année en matière de blockbuster hollywoodien, Mission : impossible - Dead reckoning, comme les six autres films de la franchise, est mené tambour battant et saupoudré de scènes d’action ahurissantes, avec un héros à l’ancienne qui se frotte à son époque dans un univers 2.0. Après le carton au box-office l'an dernier de Top Gun : Maverick, Tom Cruise a plus que jamais le vent en poupe. Par ailleurs, on ne dira jamais assez à quel point la saga Mission : Impossible est à part dans le paysage hollywoodien. Elle s'est démarquée par la diversité de cinéastes à sa tête (De Palma, Woo, Abrams, Bird, McQuarrie), et par leur manière d’avoir dynamité les acquis de la série originelle des années 60. Chacun y a apporté son style, ainsi que son bagage cinéphile, de sorte à faire de ce socle d’espionnage et d’action un retour boosté aux hormones aux classiques du suspense, de Fritz Lang à Hitchcock. Il y a d’ailleurs un paradoxe amusant à voir les films se reposer autant sur des gadgets et autres machines à masques, pour mieux les rendre hors-service le moment venu. La technologie est bien utile pour l’imaginaire de la franchise et certaines de ses idées situationnelles, mais le corps actant de Tom Cruise prédomine toujours dans le sauvetage de situations désespérées. Cette tension permanente entre classicisme et modernité est à la fois fascinante, et bien utile à la légende que se façonne la star. À soixante et un ans, Tom Cruise s’impose en dernier dinosaure d’un cinéma de divertissement exigeant et artisanal, où la quasi absence d’effets visuels numériques met en avant la vérité d’une performance physique sans artifices, et de cascades à l’ancienne. L'apologie du risque comme paramètre nécessaire à l’équation créative fait de chaque Mission : Impossible un acte de résistance. Presque partout ailleurs, Hollywood a abdiqué. Les actionnaires ont pris le contrôle des grands studios et s’illustrent, avant toute chose, par leur aversion au risque. C’est le règne des fonds verts où l’essentiel des scènes se joue en post-production, derrière un ordinateur. Le degré zéro de l’initiative, de la nouveauté. Non pas que Mission : Impossible soit dénué d’effets spéciaux numériques, mais il revendique encore la promesse d'Hollywood : montrer ce qu’on ne verra nulle part ailleurs, et élever la cascade à l’état d’art incandescent. Ce septième volet de Mission : Impossible, qui met en valeur de beaux personnages féminins et n'est pas dénué d'humour, réussit une nouvelle fois son pari de nous offrir un pur spectacle de cinéma hyper-spectaculaire, hyper-physique, sans oublier d’être séduisant, et nous donne rendez-vous dans un an pour la suite.

Publié dans Films

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Poignant thriller social sur le désir de maternité

Publié le par Michel Monsay

Poignant thriller social sur le désir de maternité

Ce premier long-métrage de Léopold Legrand aborde la délicate question du désir d'enfant, et de la parentalité. Du bien au mal. Du monde des nantis à celui des pauvres gens. Du respect de la loi à la loi du désir (d’enfant). Passer de l’autre côté. Traverser les frontières si ténues jusqu’au point de non-retour. La force du scénario est de toujours transgresser les limites sans que jamais on refuse d’y croire. Parce qu’il n’y a aucune malice et à peine de calcul dans la proposition, que d’aucuns jugeraient indécente. Il y a toute la détresse et l’humanité du monde. La mise en scène, au plus près des personnages, nous entraîne dans leur tête : on y est, on y croit. Il faut dire que ce qui, sur le papier, pouvait sembler à la limite du jouable est ici interprété par un éblouissant quatuor d’acteurs, avec une mention spéciale pour Judith Chemla et Sara Giraudeau, toutes deux bouleversantes. Sans jugement moral, le film explore toute la palette de sentiments qui traversent les deux couples, lancés dans une folle entreprise. Orfèvrerie d’écriture, le premier long métrage de Léopold Legrand réussit à traiter un thème particulièrement délicat avec une précision psychologique qui évite le mélo. Thriller social et intime, le film explore chaque motivation, chaque hésitation autour de l’arrangement, et d’abord celles des deux femmes, devenues étrangement complices. Léopold Legrand, lui-même sensibilisé par son histoire personnelle à ces questions d'abandon et d'adoption, évite l'écueil de la caricature sur un sujet qui pourrait l'y précipiter, avec une mise en scène sans gras, sans pathos ni misérabilisme, qui sert au mieux l'intensité du propos.

Le sixième enfant est à voir ici pour 4,99 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

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Une profonde tristesse

Publié le par Michel Monsay

Une profonde tristesse
Une profonde tristesse

Tellement attachante et radieuse dans l’expression d’une fragilité conquérante, Jane Birkin avait conquis une place à part dans le cœur des Français. En témoigne l’émotion créée par l’annonce du décès de la comédienne et chanteuse ce dimanche à 76 ans. Jamais elle ne s’est départie de cette simplicité bohème et de cette classe naturelle qui donne tant d’éclat aux multiples projets artistiques auxquels elle a participé, un peu dans son pays natal, l'Angleterre et la plupart du temps en France. Enfant fragile, lolita à pygmalion, mère bohème, actrice accomplie, chanteuse affirmée ou femme militante, son accent british et son couple avec Serge Gainsbourg dans les années 1970 ont marqué les imaginaires. À la fois actrice et mère, muse et militante, chanteuse et sex-symbol, Jane Birkin a traversé les époques avec un panache qui l’a érigée au rang d’icône. Enfant du babyboom, elle tient de sa mère, l’actrice anglaise Judy Campbell, sa passion pour la comédie. Si, à la vingtaine, elle enchaîne les petits rôles dans le Swinging London des années 1960, c’est plus tard, à Paris, fraîchement divorcée d’un John Barry infidèle, qu’elle connaît le succès. En 1968, à la faveur d’une rencontre avec Serge Gainsbourg sur le tournage de Slogan, la jeune Jane scelle son destin. Ensemble, ils incarnent un couple mythique. Elle lui inspire de nombreuses sublimes chansons autant pour lui que pour elle qui resteront à jamais au répertoire, il l’amène à faire de sa silhouette de "demi-garçon", quolibet de ses jeunes années, un modèle de féminité. Mais quand Gainsbourg laisse place à Gainsbarre, son double destructeur, Jane Birkin s’émancipe. Dans les années 1980, elle passe des comédies populaires au cinéma d’auteur. Dirigée par Agnès Varda, Jacques Rivette, Bertrand Tavernier, Régis Wargnier ou encore Jacques Doillon, elle laisse filtrer une mélancolie à fleur de peau. Sur les planches, dirigée par Patrice Chéreau notamment, en chanson, d'un côté de la caméra ou de l'autre, sur le pavé, Jane cumule les batailles (pour les droits civiques, l'écologie, contre le sida,…) ou auprès d'Amnesty international en infatigable exploratrice de la liberté. Comme vient de l'écrire si joliment Étienne Daho : « Inimaginable de vivre dans un monde sans ta lumière »

Comment ne pas être bouleversé en revoyant Jane Birkin dans quatre clips musicaux ci-dessous, tirés de son magnifique dernier album écrit avec Étienne Daho et Jean-Louis Piérot, paru fin 2020 ? Autre vidéo très touchante et témoignage de l'inlassable engagement de cette femme d’une humanité et d’une bienveillance unique : Il y a cinq mois, Jane Birkin apportait son soutien au peuple birman.

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Magnifique consécration du nouveau génie du tennis

Publié le par Michel Monsay

Magnifique consécration du nouveau génie du tennis
Magnifique consécration du nouveau génie du tennis

Au terme d'une superbe finale de 4h42 qui a tenu toutes ses promesses, Carlos Alcaraz a pris le dessus sur Novak Djokovic en cinq sets (1-6, 7-6 [6], 6-1, 3-6, 6-4), dimanche, en finale de Wimbledon. L'Espagnol de 20 ans, s'est adjugé son deuxième Grand Chelem après l'US Open 2022. Le numéro 1 mondial, mal embarqué dans la première manche, s'est sublimé pour écarter Djokovic, pourtant vainqueur des quatre dernières éditions et invaincu sur le gazon londonien depuis 2017.  Ce qu'il a fait ce dimanche sur le Centre Court, à savoir remporter à 20 ans le tournoi le plus prestigieux du monde face au meilleur joueur de l'histoire, a fortiori maître des lieux, a valeur d'adoubement. Surtout qu'il l'a fait avec la manière, à l'issue d'un match dantesque qui a enfin tenu toutes ses promesses, après la frustration de la demi-finale de Roland-Garros et les crampes de stress d'Alcaraz. Considéré comme large favori pour sa 9e finale sur la gazon londonien, Djokovic déroule dans le premier set face à un Alcaraz timoré. 6-1, et une finale déjà pliée ? Pas vraiment. L’Espagnol se libère dans la deuxième manche et commencent alors des échanges exceptionnels, qui ont rappelé par moment l’affrontement épique entre Nadal et Federer, en finale ici même il y a 15 ans, en 2008. Après une lutte féroce, Alcaraz égalise à un set partout au tie-break, mettant fin à une série de 15 victoires consécutives pour Djokovic dans les jeux décisifs. La suite est du même tonneau : les deux hommes se renvoient coups pour coups. Au milieu du troisième set, un jeu hallucinant de 26 minutes permet à Alcaraz de mettre la main sur la troisième manche. Mais Djokovic reste Djokovic et revient à deux manches partout dans la foulée. Et c’est donc (comment pouvait-il en être autrement ?) après un dernier set de haute volée qu’Alcaraz s’est imposé, en conservant jusqu’au bout un break réalisé très tôt dans la manche. Pour l’Espagnol, le résultat est immense. La manière, elle, est déjà dans la légende. Carlos Alcaraz, possède tous les coups du tennis à la perfection, une science de la défense et du déplacement phénoménale, il est aussi capable de s'adapter à toutes les surfaces grâce à une intelligence de jeu hors du commun. Le futur ressemble à un gamin de 20 ans au sourire d'ange. Qui s'en plaindra ?

Ci-dessous deux photos de Carlos Alcaraz et un résumé de la finale :

Magnifique consécration du nouveau génie du tennis
Magnifique consécration du nouveau génie du tennis

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Un bouleversant docu-fiction qui dénoue les fils de l’oppression

Publié le par Michel Monsay

Un bouleversant docu-fiction qui dénoue les fils de l’oppression

Par un procédé original, entre documentaire et fiction, la cinéaste tunisienne, Kaouther Ben Hania invente une forme : celle du documentaire impossible, et qui n’a d’autre moyen pour déterrer la vérité et libérer la parole qu’un faux projet de fiction. Si elle mêle ici les deux, le parcours de la cinéaste de 45 ans oscille du documentaire à la fiction depuis le début de sa carrière. Dans la deuxième catégorie, on avait été impressionné par le puissant thriller féministe en 2017, La belle et la meute autour de l'impunité du viol. Les filles d'Olfa était en compétition officielle au dernier Festival de Cannes, une première depuis 1970 pour un film tunisien. La cinéaste aborde le sujet de l'engagement de deux jeunes femmes au sein du groupe islamiste Daesh, qui va bouleverser une famille monoparentale unie, au sein de la Tunisie post-Ben Ali. Dès les premières minutes du film, la caméra traduit cette absence comme un tabou à exorciser. Pour ce faire, Kaouther Ben Hania a demandé l’aide d’actrices professionnelles pour incarner les deux jeunes femmes, et ainsi recréer des souvenirs. Olfa, la mère, a même droit à sa propre doublure, dans le cadre de scènes trop douloureuses à revivre. S'installe alors entre la réalisatrice, ses actrices et la famille, un dispositif hors du commun, où le manque des disparues le dispute à la rébellion et à l'espoir, tout en interrogeant une société tunisienne partagée entre islam et laïcité. D’emblée une catharsis se met en place, et l’objectif que s’est fixé Kaouther Ben Hania de faire de l’acte filmique une thérapie, voire un salut, prend corps. Dans ce sixième long métrage, elle démontre de plus un art du cadre et des harmonies colorées d’une élégance et d'une beauté visuelle remarquables. Entre dispositif théâtral, thérapie de groupe et psychanalyse familiale, Les filles d’Olfa, ausculte deux générations de Tunisiennes, leurs silences coupables et non-dits douloureux, le machisme délétère, qu’Olfa reproduit en croyant protéger ses filles, les vertus et effets pervers de la révolution arabe, les ravages de l’islamisme radical. Le film raconte à la fois les jeans déchirés et les voiles, mais c'est surtout une réflexion bouleversante sur les relations mère filles au sein d’une société patriarcale réprimant chaque forme de liberté. Derrière son indépendance revendiquée, Olfa reste le produit d’un système oppressif, qui semble synthétiser les paradoxes de la société tunisienne. De quoi rendre cette magnifique introspection familiale encore plus troublante et sublime.

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Savoureux rapports de classe dans le New-York de la fin du XIXe

Publié le par Michel Monsay

Savoureux rapports de classe dans le New-York de la fin du XIXe

Le créateur de  Downton Abbey et Gosford Park, Julian Fellowes, offre une savoureuse chronique des rivalités entre nouveaux riches et vieille élite dans le New York de 1880. Cette série explore la période dorée de l’après-Guerre de Sécession, l’explosion économique, bancaire et démographique des États-Unis. Les fortunes des magnats de l’acier, du commerce et de la spéculation grossissent aussi vite qu’elles fondent au soleil. Dans The Gilded Age, on retrouve les mêmes ingrédients qui ont fait le succès de Downton Abbey, la polyphonie entre l’étage des maîtres et celui de la domesticité, la lecture de la grande histoire à travers les tribulations des privilégiés, mais aussi quelques innovations comme cet arc narratif qui met aux prises une jeune fille de bonne famille désargentée et une jeune intellectuelle afro-américaine. Julian Fellowes s'attaque aussi au mythe de l'autodidacte américain. Il fait une radioscopie de la naissance du capitalisme, et cela donne à la série une épaisseur et une densité qui en fait une fresque passionnante. La production de cette série n’a pas lésiné sur les moyens : un casting étincelant avec Carrie Coon, Morgan Spector, Cynthia Nixon, Christine Baranski, tous quatre stars des séries américaines, et les jeunes Louisa Jacobson (fille de Meryl Strrep), Denée Benton, des décors et costumes impressionnants, un scénario vif et acéré dont les personnages de fiction et les péripéties sont inspirés de personnes et de faits bien réels. Ajouté à cela, des dialogues piquants et plein d'humour, des protagonistes qui ne sont jamais totalement ce qu'ils laissent à croire, une réalisation élégante, qui montrent à merveille la vacuité de ce petit monde bourgeois et aristocrate autocentré, ultraconservateur et bien loin des préoccupations du monde qui l’entoure. Passionné par les rapports de classe, Julian Fellowes s'en donne ici à cœur joie. A sa mise en parallèle coutumière du monde des maîtres et des serviteurs, s'ajoutent donc la confrontation entre anciens et nouveaux riches ainsi qu'entre Blancs et Noirs.

The Gilded age est à voir ici sur OCS pour 10,99 €, un mois sans engagement, sachant qu'il y a 7 jours offerts et que l'on peut résilier du coup sans rien payer avant la fin des 7 jours.

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Un monstre sacré de la littérature vient de s'éteindre

Publié le par Michel Monsay

Un monstre sacré de la littérature vient de s'éteindre

L'auteur franco-tchèque Milan Kundera est mort à l'âge de 94 ans, a annoncé la télévision publique du pays, mercredi 12 juillet. Une information confirmée par son éditeur français Gallimard à franceinfo. "Romancier du réel", Milan Kundera avait notamment écrit L'Insoutenable Légèreté de l'être en 1984. Il avait également obtenu le grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 2001. Ancien communiste, Milan Kundera s'était progressivement brouillé avec les autorités tchécoslovaques et avait décidé de vivre en exil après l'écrasement du mouvement réformateur du Printemps de Prague par les armées dirigées par l'Union soviétique en 1968. Milan Kundera vivait à Paris et avait obtenu la nationalité française en 1981. Romancier poète, enseignant en cinéma, traduit dans plus d’une quarantaine de langues et de nombreuses fois récompensé, Milan Kundera laisse une œuvre considérable, teintée d'un certain humour. Dans son dernier roman, La Fête de l'insignifiance (2014), un de ses personnages avouait se méfier des chiffres qui renvoient à "la honte de vieillir". Peintre sarcastique de la condition humaine, il n'appartenait pas à l'Académie française, n'avait pas reçu le Nobel de littérature, des honneurs qu'il aurait amplement mérités, mais fut bien l'un des plus grands auteurs de ces dernières années, entré de son vivant dans la Pléiade (en 2011). D'une grande discrétion, son dernier passage à la télévision remontait à 1984, sa dernière interview à un journaliste à 1986.

Milan Kundera et sa femme que j'ai photographiés en 2016 à l'occasion de la réception d'Alain Finkielkraut à l'Académie française.

Publié dans Chroniques, Photos

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