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Un émouvant récit à vérités multiples sur la complexité de l'enfance

Publié le par Michel Monsay

Un émouvant récit à vérités multiples sur la complexité de l'enfance

Le grand cinéaste japonais Hirokazu Kore-eda, dont les œuvres sont régulièrement adorées dans ce blog, observateur sensible de l'enfance et de la famille, construit avec L'innocence un film troublant mêlant les points de vue, tel Akira Kurosawa dans Rashômon. Avec une potentielle affaire de harcèlement envisagée sous plusieurs angles, il signe une œuvre forte, à la fois sophistiquée et bouleversante. Multiples fausses pistes et faux-semblants dans un labyrinthe quasi kafkaïen, jusqu’à ce que se dessine dans la troisième partie le secret du récit, et peut-être le secret d’une œuvre et d’un cinéaste qui n’a cessé d’être travaillé par la question de la marge et du rejet. Ce que produit L’Innocence, dans ses ramifications, ses séquences rejouées plusieurs fois selon un angle différent, favorisant la récolte des pièces d’un grand puzzle incomplet, c’est un certain état de stupéfaction dû au surgissement de son mystère. Dans cette combustion lente se lisent les signaux d’une société bâillonnée et plus précisément la parole des enfants, personnages dont on sait l’importance dans la filmographie du cinéaste japonais, jamais tout à fait entendue. Il a le don de filmer des récits simples en apparence, mais complexes par leur richesse humaine. La délicatesse du cinéma de Hirokazu Kore-eda n’est plus à démontrer. Au fil du temps, son œuvre se nourrit de chacun de ses films, et s’enrichit de nouvelles strates. La finesse d’écriture et du regard n’empêche ni la frontalité, ni la dureté. Le monde décrit est toujours traversé par la violence, sociale ou comportementale. Mais la bienveillance prime inlassablement, dans la faculté d’accompagnement des personnages par le cinéaste, et dans l’écrin que leur réservent les récits. Justes dans leur distance, et complexes dans leur humanité. Le scénario de Sakamoto Yuji explore les méandres de l’enfance, dans toute sa part mystérieuse. L’opacité des motivations des protagonistes reste totale, et l’ambiguïté des rapports humains apparaît petit à petit, des gosses aux adultes. La subtilité narrative repose sur les points de vue successifs, répartis par chapitres, qui décalent chaque fois les jugements, pour finalement laisser la complexité l’emporter. Le spectacle de L'Innocence, c’est la maîtrise absolue de son auteur, d’une puissance discrète mais qui abasourdit.

Publié dans Films

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À vomir !

Publié le par Michel Monsay

À vomir !

Outre le fait qu'elle n'a rien à faire à la Culture, Dati arrive bardée de casseroles au ministère, notamment deux embarrassantes affaires judiciaires, dont une lui vaut une mise en examen ! Ça doit être un critère pour Macron dans le recrutement de ses ministres, en plus des manœuvres politiciennes des plus écœurantes ... Un gouvernement qui ne fait pas la fierté de la France ! Rarement voire jamais, un Président n'avait à ce point déçu ! Il n'y a plus de mots ...

Publié dans Chroniques

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Justine Triet rend réellement fière la France !

Publié le par Michel Monsay

Justine Triet rend réellement fière la France !

Palme d’or au Festival de Cannes et incontestablement l'un des tous meilleurs films de 2023, Anatomie d’une chute, adoré dans ces colonnes, continue d’enchaîner les récompenses à l’étranger. La réalisatrice et scénariste Justine Triet et l’équipe du long métrage français sont repartis avec deux Golden Globes : « meilleur scénario », arraché face à des poids lourds comme Barbie et Oppenheimer, et « meilleur film de langue étrangère ». Récompenses méritées pour ce film de procès magistral, sur la chute mystérieuse d’un homme depuis un étage de sa maison alpine. De bon augure pour les Oscars ? S’il n’est pas éligible dans la catégorie du meilleur film international (la commission de sélection du CNC lui ayant préféré La Passion de Dodin Bouffant pour représenter la France, un pur scandale), il a en revanche toutes les chances de concourir pour les Oscars du meilleur film, de la meilleure actrice et du meilleur scénario.

Publié dans Chroniques

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L'actualité vue différemment

Publié le par Michel Monsay

L'actualité vue différemment
L'actualité vue différemment

D'abord un hommage à Charlie neuf ans après l'horreur du 7 janvier 2015, puis un dessin très bien vu de Chappatte sur l'élection américaine à venir. Enfin, deux Unes de Libération, toujours aussi pertinentes : Le non événement du remplacement de la Première Ministre, comme si ça allait changer quelque chose ... Macron nous prend vraiment pour des imbéciles ! J'adore le titre de l'autre : La convergence des brutes, c'est tout à fait ça, la frontière entre la droite et l'extrême droite n'existe plus ! Pour finir, quelques dessins sur le non événement !

L'actualité vue différemment
L'actualité vue différemment
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L'actualité vue différemment
L'actualité vue différemment
L'actualité vue différemment

Publié dans Chroniques

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Une rencontre décisive entre un peintre et son marchand

Publié le par Michel Monsay

Une rencontre décisive entre un peintre et son marchand

Bien que petite en taille, l’exposition du musée de l’Orangerie à Paris, consacrée à Amedeo Modigliani (1884-1920) et son marchand Paul Guillaume (1891-1934) est l'occasion de découvrir cette relation fructueuse et quelques très belles œuvres peu montrées en France venues souvent de collections privées. Pendant vingt ans, le galeriste défend l’artiste italien contre vents et marées, lui présente le tout-Paris littéraire et artistique et lui montre sa collection d’œuvres d’art premier qui va l’inspirer. Si les débuts de Modigliani à Paris sont marqués par ses liens avec le médecin et collectionneur Paul Alexandre de 1904 à 1914, la suite de sa carrière est marquée par l’aide que Paul Guillaume lui apporte jusqu’à sa mort et même au-delà, en France et aux États-Unis, et malgré la concurrence d’un autre galeriste Léopold Zborowski. La rencontre avec Paul Guillaume a lieu par l’entremise du poète Max Jacob, dont le beau portrait figure parmi les vingt-deux tableaux et huit sculptures que comporte l'exposition, ainsi que des photos, masques africains et documents d'archive. Dans la galerie de portraits présentés à l'Orangerie, les traits sont allongés comme dans les masques africains que le marchand chérissait tant. On réalise que la collaboration entre Amedeo Modigliani et son marchand Paul Guillaume fut décisive, apportant au peintre une relative sécurité financière. Elle coïncide aussi avec l’affirmation de son style, porté par l’influence des arts dits archaïques. Paul Guillaume ne cessera de l’encourager à produire de la peinture, elle se vend a priori plus facilement, et l’artiste, qui pratiquait alors la sculpture et empruntait aux formes épurées de Brancusi, entre véritablement en peinture à ce moment-là. C’est ce formidable tournant, la naissance d’un peintre, que le musée révèle aussi dans cette exposition, dans laquelle sont exposés quelques magnifiques portraits, reconnaissables entre mille, qui ont fait la signature du peintre, contribuant à l’ériger en légende.

Amedeo Modigliani, un peintre et son marchand est à voir jusqu'au 15 janvier au Musée de l’Orangerie

Une rencontre décisive entre un peintre et son marchand
Une rencontre décisive entre un peintre et son marchand
Une rencontre décisive entre un peintre et son marchand
Une rencontre décisive entre un peintre et son marchand
Une rencontre décisive entre un peintre et son marchand
Une rencontre décisive entre un peintre et son marchand
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Une rencontre décisive entre un peintre et son marchand

Publié dans Expos

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Dans la lignée de Fleabag, voici une autre comédie piquante au regard féminin

Publié le par Michel Monsay

Dans la lignée de Fleabag, voici une autre comédie piquante au regard féminin

Comédie romantique américaine d’une grande originalité, cette minisérie est une jolie surprise aussi improbable que drôle et touchante. Elle met en scène une femme mariée qui change de vie et de partenaire chaque fois qu’elle a un orgasme. Il y a dans Slip un regard résolument féministe sur ce que la vie peut offrir quand on est une femme. Faire de l’orgasme féminin le point de départ d’un voyage intérieur est une des belles idées de la série, qui en tire une réflexion stimulante sur les liens entre la libido et l’énergie vitale, entre la jouissance et l’intimité. La performance de la comédienne principale Zoe Lister-Jones est un régal de bout en bout, y compris lorsqu'elle chante, et passe par tous les registres. C’est d’autant plus impressionnant, qu’elle est également créatrice, scénariste et réalisatrice de cette fiction en sept épisodes. Loin des autofictions complaisantes, Slip se détache aussi par son parti pris comique et l’inventivité de la mise en scène. Jamais moralisatrice, Zoe Lister-Jones, qui mixe astucieusement le fantastique et la comédie romantique, signe une minisérie enlevée sur la quête d’identité à travers le prisme de la sexualité.

Slip est à voir ici pour 10,99 € un mois d'abonnement sans engagement sur OCS, ou mieux en profitant des 7 jours offerts et en résiliant avant la fin des 7 jours.

Publié dans replay

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Derrière le génie, l’histoire d’un couple puissamment uni malgré les crises

Publié le par Michel Monsay

Derrière le génie, l’histoire d’un couple puissamment uni malgré les crises

Longtemps, Bradley Cooper s'est rêvé chef d'orchestre. Enfant, il jouait à diriger des symphonies et espérait recevoir une baguette pour Noël. Devenu réalisateur, le voici qui s'offre Maestro, un film d'une grande ambition esthétique et narrative. Il y raconte le chef d'orchestre, pédagogue et compositeur Leonard Bernstein, auteur, entre autres, de la partition du chef-d'œuvre West Side Story. Loin d'un biopic conventionnel, ce qui passionne le cinéaste comédien chez le maestro, c'est la question de la tension qu'inflige le génie à la vie privée. Bradley Cooper ne laisse jamais sa profonde admiration pour Bernstein affadir sa vision du personnage. Son Lenny est à la fois un monstre capable de blesser sciemment ceux qu'il aime, un charmeur irrésistible et un génie musical. Il y a du Clint Eastwood chez Bradley Cooper. Comme son illustre aîné, qui l'a dirigé dans American Sniper et dans La mule, l'acteur révèle, la quarantaine venue, sa vraie nature : celle d'un metteur en scène. Dans une époque où le cinéma américain, obstinément tourné vers un public adolescent, tend à simplifier les enjeux, Bradley Cooper ose les rendre plus subtils, plus complexes. 2023 avait commencé fort avec Tár de Todd Field, biopic imaginaire d'une cheffe d'orchestre monstrueuse jouée à la perfection par Cate Blanchett, l'année s'achève avec Maestro, un autre film musical majeur. Interprété avec rage et talent de manière impressionnante par le réalisateur lui-même, le film vaut aussi par la performance de l'excellente Carey Mulligan toute en délicatesse et en émotion. Fort du triomphe de son coup d’essai, A star is born, Bradley Cooper a eu les mains bien plus libres pour ce Maestro, et cela se voit clairement. Le film vient  prolonger sa réflexion sur le couple, l’art et la célébrité, dans un schéma plus ingénieux, et explore les compromis d’une vie consacrée à faire grandir la musique, et d’un mariage hanté par l’homosexualité du chef d’orchestre. L’orientation sexuelle de Bernstein ne vient en rien invalider l’amour entre Felicia et lui, mais le confirme, le renforce, le met à l’épreuve. Maestro s’inspire du paysage intérieur de Bernstein. C’est un film qui, comme le musicien lui-même, va là où il veut, laisse de côté ce qui lui chante, se laisse guider par son plaisir, et nous permet de rentrer dans l’intimité de Bernstein comme si nous étions cachés derrière la porte. Un grand moment d’émotion, musclé, lyrique, théâtral et subtil à la fois.

Maestro est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub ou 13,49 € sans pub, un mois sans engagement.

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Les terrifiants dessous de la cyberguerre

Publié le par Michel Monsay

Les terrifiants dessous de la cyberguerre

En six épisodes addictifs, cette minisérie à la John Le Carré mais version 2.0 montre le nouveau visage de l’espionnage. Guerre virale de la désinformation, sites internet bidons, fake News, manipulation des images… La paranoïa est désormais poussée à son extrême, gangrénant de l’intérieur la sécurité intérieure des démocraties. Parmi les nombreuses qualités de cette série, signalons le personnage principal Saara interprétée avec une belle intensité par Hannah Khalique-Brown, l'ensemble de la distribution est d'ailleurs impeccable avec notamment Mark Rylance, qui avait obtenu un Oscar pour Le pont des espions, et Simon Pegg, un des personnages centraux de Mission impossible. Le personnage de Saara est d'autant plus intéressant que c'est une anti héroïne, femme de l’ombre indienne, musulmane, introvertie et geek silencieuse, clairement engagée dans les renbseignements britanniques pour des questions de diversité. Autre qualité de la série : sa mise en scène, qui plutôt que de filmer des écrans d’ordinateur, convertit les colonnes de chiffres en autant de labyrinthes et dédales mentaux dans lesquels s’égare Saara. Donnant ainsi naissance à des séquences visuelles ludiques, où Saara évolue dans des tunnels, bâtisses et autres décors, reposant sur de faux raccords et images manquantes qui distordent de notre logique et exacerbent notre curiosité. Peter Kosminsky, l'un des plus grands réalisateurs de la télévision britannique, auteur de remarquables séries et téléfilms, a enquêté trois ans pour lever le voile sur ces conflits qui se déroulent par claviers interposés. Comme dans Le Serment (2011), sa série sur la responsabilité anglaise dans le conflit israélo-palestinien, ou The State (2017), centrée sur des adolescents britanniques qui partent faire le djihad en Syrie, c’est à travers le regard de la jeune génération que l’ex-reporter et documentariste questionne la possibilité d’un monde meilleur dans The Undeclared War. Une fois encore le créateur anglais s’empare de la fiction pour ausculter le monde et constater le chaos géopolitique contemporain. The undeclared war alerte ainsi sur cette guerre de l’information qui sévit, et sur les réseaux sociaux qui peuvent être détournés pour influencer les opinions publiques, en se livrant au passage à une prédiction malheureusement réaliste aussi sombre que frappante.

The undeclared war est à voir ici en choisissant l'offre Canal + séries  à 6,99 €, un mois sans engagement.

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Une délicieuse fantaise décalée pour incarner la grâce du désespoir

Publié le par Michel Monsay

Une délicieuse fantaise décalée pour incarner la grâce du désespoir

Après un premier film et une série remarqués, Perdrix et Sous contrôle, Erwan Le Duc mêle ici très habilement le drame et la fantaisie autour de la relation entre un jeune père solo et sa fille, et du moment délicat où cette dernière envisage de quitter leur foyer. Il peaufine son style tragi-comique dans une évocation subtile et intense de cet amour filial inconditionnel, comme rarement vu au cinéma. Nahuel Pérez Biscayart, qui nous avait déjà conquis dans 120 battements par minute et Au revoir là-haut, interprète le père avec grâce. Puissant dans sa manière de bouger comme s’il dansait, insufflant de la poésie à son jeu, il invente un monde autour de lui et demeure sous certains aspects enfantin. Face à lui, Céleste Brunnquell, que l'on avait adorée dans En thérapie et Les éblouis, marie magnifiquement la rugosité et la douceur. Derrière son attitude désinvolte, son personnage fait preuve d’une étonnante maturité. Le tandem fonctionne sur le contraste. Leurs envies divergentes et leurs avis complémentaires sur les études, l’amour, le travail et le quotidien créent un mélange de discorde et d’harmonie, et donnent lieu à des scènes drolatiques ou émouvantes. Par leurs contraires, chacun peut bousculer l’autre et le faire avancer. Comme une inversion des rôles, les jeunes dans ce film sont des êtres de parole et de sagesse à travers des dialogues très écrits. L’amour sous toutes ses formes est en filigrane le sujet du film, comme celui que le père éprouve toujours pour la mère de sa fille 17 ans après, mais souhaite-t-il la revoir par amour, ou pour sa fille à qui il veut redonner une mère ? Erwan Le Duc aime changer de registre, mélanger la romance et le burlesque, aborder avec légèreté des sujets graves. Le film demeure imprévisible, chute et rebondit constamment avec un sens de l’absurde et du gag visuel, comme cette équipe de foot au complet qui sort d’une voiture. Mais La fille de son père est aussi bouleversant dans sa manière de connecter chaque situation à l’émotion d’un père aux faux airs de clown triste. Le charme irrésistible de cette odyssée familiale et sentimentale repose sur la finesse de l’écriture et de la mise en scène d'Erwan Le Duc, tout autant que sur le talent de ses interprètes.

Publié dans Films

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Parfait mélange de satire, d'émotion et de mélancolie

Publié le par Michel Monsay

Parfait mélange de satire, d'émotion et de mélancolie

Paru en 2017, ce magnifique roman de Jay McInerney, l'un des plus grands écrivains américains contemporains, est le dernier en date d'un auteur qui se fait rare. Bien que Les jours enfuis puisse très bien se lire sans avoir lu les deux précédents romans de cette trilogie composée de Trente ans et des poussières en 1992 et La belle vie en 2006, Jay McInerney continue d'explorer le mariage à travers le couple Calloway, en fin scrutateur des choses humaines en ce qu'elles ont de plus intime, de plus évanescent, de plus instable, de plus insaisissable et précieux. Avec une égale empathie pour l'un et l'autre des deux personnages centraux, il sonde de l'intérieur l'énigme du lien conjugal, le mettant à l'épreuve pour en éprouver les faiblesses, mais aussi dans l'espoir de déclencher ses capacités de résistance, sa nostalgie de la stabilité. Jay McInerney, admirateur de Raymond Carver et ami de Bret Easton Ellis, parle toujours avec lucidité de la trahison, du désir, de la mélancolie dans un New York aux multiples visages. Ses personnages jouent avec le feu et se promènent sur la ligne de crête. Son style léger ne l'empêche pas de rendre compte du mélange des émotions et des sentiments dans un affleurement de scènes puissantes et poignantes. Le ton est à la fois satirique et romantique. Les descriptions psychologiques sont plus nombreuses que dans ces précédents ouvrages, pour cerner les agissements d'un couple au bord de l'effondrement. Les Jours enfuis interrogent avec acuité ce que l'on perd, ce que l'on sauve au milieu du torrent de sa vie, mais aussi les erreurs, les fautes et les sentiments qui demeurent. Jay McInerney saisit une nouvelle fois les mutations profondes d’une époque à travers son couple iconique. Après la frénésie et le désenchantement du New-York des années 80, puis le 11-Septembre, cette fois il est question de la faillite financière de 2008 et l'élection de Barack Obama. Cette formidable comédie humaine et sociale, peuplée de nombreux personnages secondaires très bien sentis, contient tout le talent de ce grand romancier, également anthropologue de sa ville, en nous passionnant de la première à la dernière page.

Publié dans Livres

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