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Au cœur d'un volcan en ébullition

Publié le par Michel Monsay

Au cœur d'un volcan en ébullition

En un impressionnant plan-­séquence unique d’une heure trente caméra portée, conjuguant prouesse technique, qualité d’écriture et jeu inspiré des comédiens, l'excellent Stephen Graham en tête, pour son premier long métrage, le britannique Philip Barantini raconte comme jamais le stress qui règne dans la cuisine d'un restaurant. Cet univers qu'il connaît très bien pour y avoir travaillé 12 ans, du bas de l'échelle jusqu'à chef de cuisine, il a voulu le retranscrire de manière hyper réaliste, et ce tour de force technique rend le récit diablement efficace et plonge le spectateur, sans aucun répit et en temps réel, au cœur du service d’un vendredi soir dans un restaurant londonien à la mode. Dans l’histoire des films de restaurant, il y aura un avant et un après "The chef", tant le portrait de ce milieu révèle sa cruauté en dépeignant la faillite d’un système à flux tendu et en donnant à voir un condensé des problèmes sociaux que l'on y rencontre : surmenage, alcoolisme, racisme, sexisme, humiliations hiérarchiques, finances à la dérive. Trente-sept acteurs et une centaine de figurants à chorégraphier sur un plateau à 360 degrés, des assistants à la réalisation déguisés en serveurs avec une oreillette, et au final quatre prises complètes seulement ont été tournées, la troisième était la bonne, sans montage ni raccords. L'incroyable dispositif choisi par le réalisateur a fait vivre une expérience à nulle autre pareil à toute l'équipe de tournage, notamment les comédiens, mais aussi au spectateur accroché à son fauteuil, à la fois admiratif d'une telle performance et témoin d'un manège de haute volée suspendu au-dessus d’un précipice, comme la métaphore réaliste d’une époque survoltée dont le restaurant de ce film, arène symbolique, sert de sidérant révélateur.

Publié dans Films

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La grâce de Noureev et l'esprit Charlie

Publié le par Michel Monsay

L'immense danseur photographié par Richard Avedon, et deux dessins qui témoignent de l'esprit toujours bien vivant et pertinent de Charlie

La grâce de Noureev et l'esprit Charlie
La grâce de Noureev et l'esprit Charlie
La grâce de Noureev et l'esprit Charlie

Publié dans Chroniques

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La nouvelle perle du jazz vocal

Publié le par Michel Monsay

La nouvelle perle du jazz vocal
La nouvelle perle du jazz vocal

Cette jeune chanteuse franco-taïwanaise de 32 ans, qui vient de sortir un très beau deuxième album en septembre dernier, était sur la scène du Sunside le 4 février et a enchanté le public par le timbre chatoyant, suave et les modulations de sa voix, qui rappelle l’esprit et le souffle des grandes dames du jazz. Outre ses qualités vocales, Estelle Perrault s'affirme également comme auteure et compositrice en signant six des huit morceaux de son dernier disque dans un bel équilibre entre classicisme et modernité mélodique. Entourée de quatre excellents musiciens, piano, contrebasse, batterie et saxophone lors du concert au Sunside (trompette sur l'album), elle nous offre un jazz plein de swing, de groove et de sensibilité. Estelle Perrault a grandi entre Taïwan, le Canada anglophone et la France. Forte de ces trois cultures, c’est à travers un parcours atypique, elle a notamment fait des études de droit, qu’elle a forgé cette identité singulière que l’on retrouve dans son interprétation musicale, dont le style est influencé par Ella Fitzgerald et Billie Holiday. Dans sa musique et son chant, Estelle Perrault fait preuve d’une sincérité et d'un naturel aussi touchant qu’évident, comme si elle se trouvait toujours exactement où il faut, comme il faut. Impossible de ne pas succomber.

En attendant son prochain concert, il y a son album "Dare that dream" qui comporte deux reprises qu'elle interprète divinement ci-dessous.

Publié dans Disques, Spectacles

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Une insolite romance virevoltante et vintage

Publié le par Michel Monsay

Une insolite romance virevoltante et vintage

Avec une collection impressionnante de chefs-d'œuvre à son actif, dont on avait plus qu'adoré le dernier en date, "Phantom thread", Paul Thomas Anderson est l'un des cinéastes dont on guette avec impatience le nouveau film. Chaque fois il nous cueille, tant par sa capacité à se renouveler, à inventer un style, un monde propre à chaque film, on ne saurait trouver dans "Licorice Pizza", personnages, ton et décors plus différents que dans "Phantom thread" ou "Magnolia" voire "The master", mais surtout pas sa virtuosité que l'on apprécie à la fois dans la mise en scène, les plans-séquence, les travellings, la direction d'acteurs. Avec cette comédie romantique situé en 1973 dans la banlieue de Los Angeles et ses formidables interprètes, il nous embarque dans un chassé-croisé amoureux traversé par une énergie juvénile, un vent de liberté et un charme certain, dont on ressort l’âme enjouée. Les deux jeunes comédiens apportent une innocence, une fraîcheur et un naturel qui contribuent pleinement à cette vitalité, leur physique atypique et l'absence de maquillage leur confère un profil loin des canons de l'industrie hollywoodienne, qui les rend plus touchants. En arrière-plan, il y a en contrepoint de l'insouciance des deux jeunes à qui tout semble possible, la gueule de bois de l’ère Nixon et du choc pétrolier que le cinéaste dépeint ironiquement. La bande originale est un pur régal avec notamment David Bowie et les Doors. Ce film, enthousiasmant à bien des égards, dresse une vision tendre et légère du Los Angeles des années 70, et déploie une grande originalité tant sur le fond que sur la forme pour nous faire croire à une histoire improbable, qui peu à peu nous apparaît évidente.

Publié dans Films

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Vice champion olympique à 41 ans, chapeau !

Publié le par Michel Monsay

Vice champion olympique à 41 ans, chapeau !
Vice champion olympique à 41 ans, chapeau !

Quelle performance de Yohan Clarey sur l'épreuve reine des Jeux Olympiques, la descente, il sort à 41 ans la course de sa vie pour obtenir la médaille d'argent.

A voir ci-dessous :

Publié dans Chroniques

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Touchante autobiographie de l'égérie du cinéma d'auteur

Publié le par Michel Monsay

Touchante autobiographie de l'égérie du cinéma d'auteur

Ce récit autobiographique, qui a reçu le Prix Médicis de l'essai en 2019, ressemble à une marelle. Il prend la forme d’un de ces jeux de mémoire à la Georges Perec, où une évocation, un rappel, un lieu, un nom, en font surgir d’autres par enchaînement, par association. Bulle Ogier disperse les pièces d'un puzzle mémoriel qui nous révèle les origines mêmes de son prénom, né du surnom que donnait son oncle à sa mère, enceinte et fille-mère. Après un passage chez Gabrielle Chanel, elle débute une carrière dont le principe directeur est la liberté sans entraves, et qui se construit par la rencontre avec des réalisateurs et metteurs en scène qui forment autant de cercles unis par l'amitié. Elle travaille ainsi avec Fassbinder, Barbet Schroeder (son mari pour la vie), Alain Tanner, Werner Schroeter, Luis Buñuel, Marguerite Duras, Jacques Rivette, Manoel de Oliveira, Jean-Louis Barrault, Luc Bondy, Patrice Chéreau... Ils sont tous évoqués avec l'aide et sous la plume subtile d'Anne Diatkine, journaliste à Libération et amie de la comédienne, mais le livre va fouiller bien plus profond que sa carrière et nous raconte avec humour et pudeur des souvenirs cocasses et d'autres beaucoup plus sombres. Si rien n’est escamoté, les deux viols dont elle fut victime, la mort tragique de sa fille Pascale la veille de ses 26 ans, ces notes graves sont jouées sans gravité, avec une forme d’élégance, où la mélancolie, les décennies d’insomnie, la culpabilité sont dites sans jamais peser. Jusqu’au bout, Bulle Ogier garde le cap sur la légèreté.

Publié dans Livres

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Un drame social à travers les yeux d'un enfant

Publié le par Michel Monsay

Un drame social à travers les yeux d'un enfant

Avec beaucoup de soin et de justesse, le cinéaste Jérôme Bonnell, dont on avait beaucoup aimé notamment "Le temps de l'aventure" avec déjà Emmanuelle Devos, s’essaie à la série avec un polar rural attachant filmé à travers les yeux d’un enfant, témoin de la violence des adultes. En l’occurrence plutôt une minisérie, puisqu'il n'y a que trois épisodes,  qui est à la fois originale, étrange et intrigante, en mêlant habilement thriller, drame intimiste et récit initiatique relevé par une touche de comédie. En reprenant certains codes du suspense criminel en huis clos, où tout le monde peut être suspect, Jérôme Bonnell brosse un portrait inquiétant d’une communauté en crise économique et émotionnelle. Dans ce thriller pas comme les autres, baigné de lumière, le ressenti l'emporte sur l'action, le cinéaste explore à nouveau finement l'intime, et on le ressent dans l'épaisseur des personnages qui ne sont jamais limités à une seule note, mais aussi dans le talent des comédiens y compris le jeune garçon à les interpréter, tous très bien dirigés par le réalisateur. Même si l'on est loin ici des serial killers machiavéliques que l'on retrouve dans beaucoup de séries policières, le suspense n'en est pas moins bien mené, on découvre que derrière la douceur du lieu se cachent bien des secrets, les fausses pistes ne manquent pas et l'inquiétude sourd progressivement. Au-delà de l'intrigue, l’histoire se joue aussi sur les routes qui serpentent entre les champs de tournesol, dans le salon où le jeune garçon de 10 ans boit des grenadines en écoutant et espionnant les adultes, et qui derrière son regard immense vit ses premiers émois et contemple, tour à tour fasciné et terrifié ce qu'il découvre. Une minisérie qui prend son temps sans jamais nous ennuyer, dont la délicatesse de l'écriture et la construction scénaristique en font une une troublante chronique rurale tissée de douceur et de cruauté mêlées.

A louer ici sur Canal Vod pour 4,99 € les trois épisodes.

Publié dans replay

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Vibrant hommage à une actrice lumineuse

Publié le par Michel Monsay

Vibrant hommage à une actrice lumineuse

Ce portrait en forme de lettre, d’une mère, Nadine Trintignant, adressée à sa fille Marie, morte il y a dix-huit ans, tuée sous les coups de Bertrand Cantat, est bouleversant car il met en lumière le magnétisme et le talent de Marie Trintignant, les séquences sordides des JT rapportant son assassinat restent heureusement hors champ. Impossible d'oublier cet été 2003 et cette terrible nouvelle annonçant la mort de Marie Trintignant à 41 ans, actrice tant aimée, de "Série noire" d'Alain Corneau à "Comme elle respire" de Pierre Salvadori en passant par "Betty" ou "Une affaire de femmes de Claude Chabrol, assassinée par le leader charismatique du plus grand groupe de rock français, Noir Désir, que l'on aimait tout autant mais qui par ce geste inqualifiable est redescendu tout en bas de notre estime, et comme Nadine Trintignant, on ne lui pardonnera jamais. Ce très beau documentaire n'est en aucun cas un règlement de compte, mais plutôt une ode à Marie qui revient sur son parcours, rendu presque invisible par sa disparition tragique. Extraits de films, de pièces de théâtre, coulisses de tournages, archives familiales, la complicité avec Jean-Louis, de nombreuses interviews,  où Marie Trintignant est si belle, si désarmante de naturel, que l'on ressent un double sentiment, à la fois un bonheur infini de la revoir et de découvrir des images inconnues, mais aussi une grande tristesse.

A voir ici ou sur l'application Arte de votre télé ou ci-dessous.

Publié dans replay

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Une réflexion sensible et très réaliste sur la fin de vie

Publié le par Michel Monsay

Une réflexion sensible et très réaliste sur la fin de vie
Une réflexion sensible et très réaliste sur la fin de vie
Une réflexion sensible et très réaliste sur la fin de vie
Une réflexion sensible et très réaliste sur la fin de vie
Une réflexion sensible et très réaliste sur la fin de vie

Directeur associé du National theatre de Londres et artiste associé du théâtre de l'Odéon, le dramaturge et metteur en scène anglais de 36 ans, Alexander Zeldin, présente sa première pièce en français après une trilogie très remarquée sur les inégalités sociales. Pour cette nouvelle création, il s'est largement inspiré de son histoire personnelle et un peu du roman de James Agee, "Une mort dans la famille", pour évoquer une période marquante de son adolescence, lorsqu'à 15 ans son père meurt, et sa grand-mère emménage dans la maison familiale avant qu'elle ne soit placée dans un Ehpad un an plus tard. Il souhaitait ainsi aborder la fin de vie et la mort dans une fiction théâtrale, sujet tabou dans notre société, et comme il l'explique : « Refuser de regarder la mort, c’est refuser de voir certaines choses de la vie ». A son habitude, Alexander Zeldin s'est renseigné sur le terrain, en partant à la rencontre d'infirmières, aides-soignantes ou auxiliaires de vie dans des Ehpad d'Île-de-France afin de décrire fidèlement la réalité. A l'image de Maurice Pialat, Abdellatif Kechiche ou Ken Loach, auquel il est souvent comparé, ce qui nous fascine chez Alexander Zeldin est cette capacité à recréer minutieusement le réel, sans filtre, et de ce fait nous bouleverser par cette justesse dérangeante dans un premier temps mais qui s'avère très touchante au fil de la pièce. En mêlant acteurs professionnels, tous excellents, et des amateurs qui leur donnent parfaitement le change dans des rôles secondaires, il confirme sa pratique artistique en créant une alchimie inhabituelle qui évite les habitudes de jeu et apporte fraîcheur et vérité. Le théâtre d'Alexander Zeldin a un rôle primordial à jouer dans notre compréhension du monde, par sa puissance il nous questionne sur des sujets que l'on veut éluder, ne pas regarder en face, et parvient à nous les faire ressentir comme naturels, à nous émouvoir, et dans cette pièce à nous aider à affronter la mort, la vieillesse et comprendre ce que cela peut nous apprendre sur la vie.

"Une mort dans la famille" est à voir au théâtre de l'Odéon Berthier jusqu'au 20 février.

Publié dans Théâtre

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Lumière du soir sur le style Renaissance italienne

Publié le par Michel Monsay

De la terrasse de la superbe villa Ephrussi de Rothschild, un bout de Méditerranée.

Lumière du soir sur le style Renaissance italienne

Publié dans Photos

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