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Puissante tragédie sur fond d'amour filial, de racisme et de mafia

Publié le par Michel Monsay

Puissante tragédie sur fond d'amour filial, de racisme et de mafia

Avec des best-sellers comme Mystic River, Gone Baby Gone ou encore Shutter Island, tous adaptés au cinéma, Dennis Lehane est un géant du polar contemporain qui a depuis longtemps prouvé son talent à construire de sombres drames se jouant la plupart du temps à Boston, dans des milieux semblables à celui où il a grandi. Il en est de même dans son dernier roman, Le silence, où il reproduit des personnages dont les propos ne sont en fait que le reflet fidèle d’une époque pas si lointaine qui l'a marqué. D’une écriture teintée d’ironie, Dennis Lehane dénonce entre les lignes les préjugés raciaux, l’implantation sournoise de la drogue dans les quartiers populaires du nord-est des États-Unis, les injustices érigées par un système de classes et l’étrange logique d’une violence qui ne connaît pas de limites. C'est une peinture très sombre de l'Amérique des années 70, une Amérique où la ségrégation ne veut pas mourir. Mélange de roman noir et de drame social sur fond d’Histoire, Le silence, avec son écriture fluide, phrases courtes et percutantes, déconstruit la fabrique de la haine et désigne les profiteurs mafieux grâce à son héroïne, une mère-courage qui met à mal un système qui dévore ses propres enfants, un personnage fabuleux, d’une détermination qui fait penser aux grandes tragédies grecques. Ce roman est ainsi d’abord un portrait de femme d’une rare puissance, une femme plutôt antipathique dans les premières pages mais qui va évoluer au fil du roman. C'est aussi le portrait pas très reluisant de la communauté irlandaise de Boston, dont Dennis Lehane est issu. En plus de son épaisseur sociale, c’est une méditation bouleversante sur la difficulté d'être parent : l’incapacité, malgré l’amour, à protéger ses enfants des griffes du monde. Le talent de Dennis Lehane tient à la fois dans la finesse de l'écriture, la qualité de l’intrigue, les dialogues cousus main, sa sensibilité et son sens aigu du romanesque. Comme Raymond Carver, il peut vous foudroyer en quelques mots, mais sans jamais délaisser ses personnages qui ont une épaisseur, une humanité rare. Sans bons sentiments, sans fausse bonne conscience, en prenant pleinement acte des contradictions de tous les discours politiques ou humanistes, même les plus vertueux, Dennis Lehane dresse un portrait terrifiant, non pas seulement des Etats-Unis des années 70, mais bien de notre monde actuel, où monte à nouveau la peur et la haine de l’autre, et la tentation exploitée par la droite et l’extrême droite du repli sur soi, sur des valeurs que l’on pense établies et qui ne sont finalement que des mensonges. Le Silence est un véritable cri d’alerte face à la haine qui monte dans nos sociétés, qu’il faut absolument lire et faire lire autour de soi.

Publié dans Livres

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l'Afrique dans toute sa majesté

Publié le par Michel Monsay

l'Afrique dans toute sa majesté

Disparu de la sphère musicale pendant des décennies à tel point que certains le croyaient mort, le chanteur Malan Mané signe un premier album solo à 66 ans. Il a été marin pêcheur, s’est rêvé footballeur, est devenu l’une des voix de l’indépendance bissau-guinéenne au sein du groupe Super Mama Djombo, puis a totalement disparu des radars. Il a même été sans-papiers à Montreuil et exercé mille petits boulots, a subi une opération à cœur ouvert, jusqu’à ce que le destin le rattrape… Malan Mané est un survivant dont cet album scelle aujourd’hui une vie de gloire et de galères. À travers sa voix, miraculeusement préservée, la griserie de ses mélodies vives et sinueuses, c’est tout le Super Mama Djombo qui ressuscite. De ce groupe mythique fondé dans les années soixante, qui brava le colon portugais et fit triompher jusqu’à l’étranger l’idéal révolutionnaire du leader indépendantiste Amilcar Cabral, surnommé le Lion, assassiné en 1973 avant même d’avoir vu son pays se libérer, le chanteur reprend l’esprit libertaire, la vocation rassembleuse et les rythmiques galopantes. Fidju di Lion (fils de lion), accouché après plusieurs années de gestation et d’incertitudes a été enregistré en 2022 à Lisbonne, là même où le Super Mama Djombo avait enregistré 43 ans plus tôt. Avec en prime, deux des vétérans de l’orchestre originel : Adriano Fonseca Tundu le guitariste de légende, et Armando Vaz Pereira le percussionniste, auxquels se sont ajoutés Sadjo Cassama, fidèle compagnon à la guitare rythmique, et leurs cadets Tony Pereira à la batterie et Samba Emballo à la basse. Chaloupant entre guitares sinueuses, mélancolie et rythmes rieurs, ce très bel album raconte les fruits et les enseignements de ces décennies de silence et d’exil, en rendant hommage à son pays natal autant qu'en conspuant ses luttes fratricides, entre rythmiques euphorisantes et ballades émouvantes.

Publié dans Disques

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Mélancolique et ensorcelant hommage au cinéma

Publié le par Michel Monsay

Mélancolique et ensorcelant hommage au cinéma

On ferme les yeux des défunts. On les ferme aussi pour dormir. Pour se protéger. Ou pour mieux voir ce qu’il y a au fond de soi. Tout cet éventail des possibles s’offre à nous dans ce film dont la splendeur sombre n’a d’égale que sa simplicité, signant le grand retour, à 83 ans, de Victor Erice, cinéaste espagnol extrêmement rare, auteur de quatre films en 50 ans. Vertigineux exercice de funambule autour de la disparition et de la mémoire, d’une maîtrise formelle impressionnante, Fermer les yeux semble délivrer ce message : l’existence pourrait bien constituer un apprentissage de la disparition finale. Et le cinéma pourrait bien receler un fabuleux contre-pouvoir, celui de la faire apparaître et ré-apparaître à volonté. Bouclant la boucle magistralement initiée par Victor Erice avec L’Esprit de la ruche en 1973, l’un des plus grands films sur l’enfance, Fermer les yeux signe l’un des plus grands films sur la vieillesse et le temps. Ode magnifique au cinéma, il nous livre l’œuvre crépusculaire et testamentaire d’un artiste aussi discret que radical. Il y a dans ce film une sagesse, une mélancolie et une pureté du regard qui renvoient aux origines du 7e art, à son pouvoir et à une émotion primitive de spectateur. Ce superbe film interroge aussi en filigrane : que restera-t-il des époques que nous avons traversées, des amitiés que nous avons nouées, des amours que nous avons semées, des succès, des échecs… Il restera des images. Ces images que nous voyons sur les écrans, dans les albums... ou celles que nous imaginons en fermant les yeux. Or l'intrigue de Fermer les yeux se déroule en 2012, et malheureusement aujourd'hui les images sont appelées à devenir une denrée jetable bon marché. Les cadres qui leur servaient d'écrin disparaissent, on les trimballe au fond de nos poches, on les fait glisser du doigt machinalement sur des écrans de téléphone… Victor Erice, lui, aura mis trente ans à ciseler un film de cinéma, dont l'histoire apparaît comme une mise en abyme de la vie du cinéaste. Trois décennies pour nous dire combien toutes les images sont précieuses, qu'elles sont notre héritage et qu'il faut en prendre soin, avant de fermer les yeux.

Publié dans Films

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Impressionnant aveugement amoureux

Publié le par Michel Monsay

Impressionnant aveugement amoureux

Un récit percuté par l’histoire géopolitique du XXIe siècle naissant. Par petites touches pudiques, il dessine, entre certitudes sentimentales et doutes vertigineux, le désarroi puis la détresse de son héroïne, sans jamais forcer le trait psychologique ni appuyer son coup de théâtre final. C’est le portrait impénétrable de quelqu’un qui ne change pas au côté de quelqu’un qui se transforme. Au fil d’un scénario habilement tissé, qui évolue de la comédie romantique au drame psychologique à suspense, la jeune réalisatrice allemande Anne Zohra Berrached ­raconte cinq années de la vie d’un couple où l’amour est confronté, mais aussi résiste, aux secrets, aux non-dits et au déni. La force de Ce qui reste est de s’en tenir exclusivement au point de vue de son héroïne et à son attitude ambiguë vis-à-vis de son compagnon : meurtrie par la radicalisation progressive de celui-ci, la jeune scientifique se révèle incapable de regarder toute la réalité en face, convaincue d’un retour possible au bonheur malgré tout. Cette chronique sensible de l’aveuglement amoureux, mise en scène avec une grande sensualité, doit aussi à ses comédiens, Roger Azar, séduisant par son opacité, et, surtout, Canan Kir, touchante jusque dans les contradictions de son personnage.

Ce qui reste est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

Publié dans replay

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Le portrait sensible d'un artiste qui nous manque énormément

Publié le par Michel Monsay

Le portrait sensible d'un artiste qui nous manque énormément

Derrière l’énergie solaire de Douce France (en 1986) et de Ya Rayah (en 1993), la personnalité radieuse de Rachid Taha éclaire ce portrait poignant d’un artiste mort prématurément voilà exactement cinq ans à six jours de ses 60 ans. Thierry Guedj signe un beau documentaire sur cet autodidacte, chanteur engagé et libre-penseur, qui a exporté sa musique dans le monde entier. Dans un film nourri d’archives originales et d’entretiens de proches, Thierry Guedj, qui a déjà signé les portraits de Prince et de Claude Nougaro, revient sur le parcours atypique de Rachid Taha. Débarqué de son Algérie natale à 10 ans à Sainte-Marie-aux-Mines, en Alsace, ce fils d’ouvrier découvre la littérature à l’adolescence, en faisant du porte-à-porte pour vendre des livres. Quelques années plus tard, alors qu’il travaille à l’usine Therm’x de Rillieux-la-Pape, dans la banlieue lyonnaise, il rencontre les frères Amini. Ensemble, ils fondent Carte de Séjour, un groupe de rock aux influences métissées. Boycottée par les radios car jugée trop arabisante, leur musique, qui parle aux jeunes des quartiers populaires, s’impose dans les circuits underground et les réseaux associatifs. Jusqu’à ce qu’une reprise un brin ironique de Douce France de Charles Trenet ne les fasse connaître du grand public, dans un pays où exclusion et violences racistes explosent. De la grande Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 à l’énergie black-blanc-beur de la Coupe du Monde 1998, Rachid Taha va produire la bande originale d’une France aux prises avec la montée du FN, et devenir une icône pour la jeunesse issue de l’immigration. Mais des pentes de la Croix-Rousse au boulevard Barbès, puis à Londres où il s’associe avec le producteur Steve Hillage (il en résultera six albums dans lesquels il n’hésite pas à aller fureter du côté de la musique électro), l’artiste refusera toujours d’être enfermé dans le rôle de porte-parole d’une communauté, préférant aller faire résonner ses morceaux aux quatre coins du monde pour y trouver la reconnaissance qu’il méritait ô combien en tant que musicien. Ce documentaire d’une grande tendresse nous installe à ses côtés, comme assis à sa table, savourant son sens de la repartie et son appétit pour la vie. Son charisme éclate autant sur scène que lors d'interviews où il est naturellement sans forcer le trait le porte-voix de l’antiracisme. Si tout le monde connait le fabuleux Ya Rayah, le répertoire de Rachid Taha regorge de sublimes chansons dans lesquelles il a merveilleusement marié le rock, l'électro et la musique orientale, que l'on a toujours un bonheur infini à découvrir ou redécouvrir sur les dix albums qu'il a enregistrés durant sa carrière.

Rachid Taha, rockeur sans frontières est à voir ici ou sur le replay de France 5.

Publié dans replay

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L'espoir toujours vivant malgré la violence de la répression

Publié le par Michel Monsay

L'espoir toujours vivant malgré la violence de la répression

Superbe Une de Libération qui rappelle qu'en Iran, un an après le soulèvement, la mobilisation est bien là. En effet, le 16 septembre 2022, la jeune Mahsa Jina Amini mourait sous la torture de la police iranienne. Le soulèvement que cet événement a suscité mobilise depuis des mois femmes et hommes d’Iran dans une révolution inédite pour la liberté. À l’approche de l’anniversaire du 16 septembre, le régime a accentué la pression et emprisonné d’innombrables artistes, intellectuels, proches et parents de victimes, pour tenter d’éviter des manifestations. Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, il va y avoir l’anniversaire des nombreux morts lors de manifestations ou d’exécutions : chaque commémoration peut donner lieu à des rassemblements. Du fait de cette répression, la situation semble plus calme : les rues ne sont plus remplies de manifestants, mais la mobilisation est bien là, plus discrète. Des réunions privées, des tags sur les murs, des actes de désobéissance civile comme le fait de sortir sans voile pour les femmes ou en short pour les hommes, ou encore de brûler des images du guide suprême. Partout, le risque de la dénonciation existe, et les miliciens en civil peuvent intervenir à tout moment. Mais, désormais, quand ils s’en prennent à une femme non voilée par exemple, des gens s’interposent, des attroupements se forment, des passants s’en mêlent : on le voit très souvent sur les vidéos postées sur les réseaux sociaux. D’ailleurs, le régime a développé une vidéosurveillance massive car la dénonciation n’est plus aussi productive qu’avant. Des artistes, des sportifs soutiennent publiquement ces gestes, des militants morts ou vivants deviennent des icônes, comme Sepideh Qoliyan, militante arrêtée et jugée plusieurs fois, qui a craché sur le juge. Sur place, le feu couve sous la cendre, et à la moindre étincelle tout peut s’embraser de nouveau. Notamment parce qu’au-delà de la soif de liberté, la situation économique est épouvantable, l’inflation galope, et même des gens qui n’étaient pas particulièrement contestataires, aujourd’hui, n’en peuvent plus. Plus personne ne croit à la poursuite de ce régime, et de nombreux jeunes essaient de quitter l’Iran non seulement pour être libres, mais aussi simplement pour avoir un avenir. C’est la différence entre les générations : les anciens opposants se sont exilés parce qu’ils étaient menacés de mort ; aujourd’hui, en Iran, tout le monde a une raison de partir. À l'occasion de cet anniversaire, Sous la direction de l'excellente Marjane Satrapi, écrivains et illustrateurs s’associent pour raconter l’Iran, son histoire, son peuple dans un roman graphique rassemblant 192 planches dessinées, et soutenir la révolution en cours. Des femmes se promènent désormais tête nue en ville, trop nombreuses pour que le régime les arrête toutes. L’histoire est en mouvement. “Femme ! Vie ! Liberté !” est sans doute loin d’être fini.

L'espoir toujours vivant malgré la violence de la répression
L'espoir toujours vivant malgré la violence de la répression
L'espoir toujours vivant malgré la violence de la répression

Publié dans Chroniques

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Une belle rencontre

Publié le par Michel Monsay

Une belle rencontre

Quand l'un des plus grands joueurs de l'histoire du football rencontre l'un des plus grands joueurs du rugby actuel, cela donne un moment très touchant où l'humilité de ces deux champions d'exception impressionne.

Publié dans Chroniques

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Une voix sublime

Publié le par Michel Monsay

Une voix sublime

On la connaît moins qu’Aretha Franklin ou Nina Simone, pourtant Roberta Flack, dotée d’une musicalité rare, d’une voix exceptionnelle et d’une personnalité rayonnante, mérite sa place au premier rang des chanteuses soul. Née en 1937, elle grandit en Virginie sous l’aile d’une mère organiste à l’église. Son talent précoce au piano devrait lui ouvrir une carrière de concertiste mais l’époque est encore à la ségrégation, alors la jeune femme se contente de donner des cours. Elle joue aussi des standards dans un bar de Washington où le pianiste jazz Les McCann la repère en 1968, l’amenant à signer chez Atlantic. Son talent éclate sur trois albums immaculés mais sa carrière ne décolle qu’en 1972, quand Clint Eastwood tombe sous le charme de sa voix avec le morceau The First Time Ever I Saw Your Face, qu'il intègre dans son premier film de réalisateur, Un frisson dans la nuit. La consécration vient ensuite avec le tube universel auquel on l’associe forcément, Killing me softly with his song, parfait exemple d’un morceau transcendé par son interprète. Défiant les barrières sociales avec un mariage mixte, engagée dans la lutte pour les droits civiques au soutien d’Angela Davis, voyageant au Ghana pour le fameux festival Soul To Soul (le « Woodstock noir », en 1971), traumatisée par le suicide de son partenaire musical Donny Hathaway, Roberta Flack a eu un parcours tout sauf lisse. Arte vient de proposer un documentaire lui rendant hommage, mais trop parlé et pas assez chanté, quel dommage. En attendant un autre documentaire qui mettra plus en valeur la voix magnifique de cette grande dame de la soul, le mieux est d'écouter ses premiers albums, vous tomberez instantanément sous le charme comme Clint.

Publié dans Chroniques

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Un bijou de délicatesse et de sensibilité

Publié le par Michel Monsay

Un bijou de délicatesse et de sensibilité

Certains films débarquent sans prévenir et ravagent le cœur. Cette année encore, la Semaine de la Critique au Festival de Cannes a rempli sa mission de débusquer la perle rare. Elle s’appelle Àma Gloria, de Marie Amachoukeli, qui avait cosigné avec Claire Burger et Samuel Theis, Party Girl, sélectionné en 2014 dans la catégorie Un certain regard et lauréat mérité de la Caméra d’or. Voici donc le premier long métrage en solo de cette cinéaste au talent fou, qui met en scène magistralement la tendre et bouleversante relation entre une petite fille de 6 ans et la nounou capverdienne qui l’élève. Pour saisir les gestes tendres et la complicité mais aussi la moindre émotion sur les visages, Marie Amachoukeli a fait le judicieux choix du gros plan, et ce qui contribue à nous immerger encore plus dans cette émouvante histoire. Le film est entrecoupé de magnifiques séquences animées qui rivalisent de poésie et de beauté, à travers des touches impressionnistes pensées comme des respirations pour raconter l'indicible, les sentiments mélangés et l'inconnu, tout ce qui échappe un peu à la jeune héroïne. Il en ressort une œuvre délicate et pudique, un récit tout en retenue qui oscille entre des moments de bonheur et de complicité intenses et des séquences de mélancolie absolue. Un film qui rend hommage à toutes ces nounous originaires de l'étranger contraintes d'abandonner leurs enfants au pays pour aller s'occuper de ceux des riches. C'est aussi un merveilleux, déchirant et profond récit d’apprentissage. Les gestes y sont plus parlants que les mots. Les paroles des chansons douces, en français ou en créole capverdien, semblent universelles. Les liens du cœur l’emportent sur les liens du sang. Et les visages sont les plus beaux paysages de ce voyage en terre inconnue. II faut saluer les qualités d’écriture du film, qui montre sans démontrer les dégâts de l’émigration, qui oblige des femmes à partir pendant des années pour gagner la vie de leur famille. Femmes qui, à leur retour, sont considérées comme des étrangères par leurs propres enfants. Nous sommes vite subjugués par la douceur de la mise en scène, qui ne tombe jamais ni dans l’excès de sentiments ni dans le misérabilisme, et par ses deux interprètes : Ilça Moreno, réellement nounou dans la vie et la jeune Louise Mauroy-Panzani, bouleversante et déjà si mûre pour son âge. A contre-courant de notre époque, ce film bienveillant, solaire, avec un sens de l'épure et une pudeur rares, sans un éclat de voix ni une scène de trop, est à l'évidence un des gros coups de cœur de la rentrée.

Publié dans Films

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Lumière sur la dernière œuvre de Christo

Publié le par Michel Monsay

Lumière sur la dernière œuvre de Christo

Publié dans Photos

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