Les athlètes paralympiques français continuent de nous éblouir avec déjà 34 médailles en cinq jours de compétition, et hier cinq nouveaux champions paralympiques :
Jules Ribstein (37 ans) a été sacré dans la catégorie PTS2 en triathlon. C'est la première fois de sa carrière qu'il est champion paralympique (et la première fois qu'il dispute les Jeux, sa catégorie ne figurant pas au programme auparavant), lui qui compte à son palmarès quatre titres mondiaux (en 2019, 2021, 2022 et 2023) et deux autres européens (2019, 2021). Après les 750 m de natation, Ribstein était deuxième au classement provisoire derrière l'Américain Mark Barr. Mais le Strasbourgeois a profité de la transition pour prendre la tête de son épreuve. Lors des 20 km de cyclisme, il a réussi à conserver la première place avec près d'une minute d'avance sur le Belge Wim de Paepe. Enfin, sur les 5 km de course de pied, après avoir dû ralentir son effort au début pour effectuer un réglage au niveau de sa prothèse, Ribstein n'a pas été inquiété. Il s'est imposé en 1h05'47'' devant les Américains Mohamed Lahna et Mark Barr.
C'est un petit événement qui s'est produit, ce lundi aau Parc des Expositions de Paris. À l'heure de la rentrée des classes, une para-athlète a offert un sacré coup de projecteur à sa discipline, Aurélie Aubert (27 ans) a remporté le titre paralympique de boccia, en dominant la Singapourienne Yee Ting Jeralyn Tan en finale (5-4). Face à la numéro deux mondiale, la Normande atteinte d'une paralysie cérébrale due à un manque d'oxygène à la naissance a réussi le match parfait. Aurélie Aubert a mené de bout en bout (2-0, 5-0 et 5-3), faisant preuve autant d'audace que de stratégie pour s'imposer au terme des quatre manches réglementaires en l'espace de 45 minutes. Depuis l'apparition de ce sport aux Jeux Paralympiques en 1984, réservé aux athlètes en situation de handicap et apparenté à une forme de pétanque en intérieur, aucun Français n'était jamais monté sur le podium. Ce triomphe inattendu va non seulement permettre à l'actuelle 16e mondiale, qui a débuté la pratique à l'âge de 12 ans, de faire un bond au classement, mais il va surtout faire parler de la boccia.
Invincible depuis plus de cinq ans, Alexis Hanquinquant a écrasé sa catégorie lundi pour s'adjuger un deuxième titre paralympique. Le porte-drapeau français confirme que sa personnalité et sa mentalité de vainqueur dépassent largement le cadre du para-triathlon. Une course dominée du début à la fin. Grand favori du triathlon dans la catégorie PTS4, Alexis Hanquinquant a parfaitement assumé son statut en remportant la médaille d'or dans les rues parisiennes, lors des Jeux paralympiques de Paris, lundi 2 septembre. Dès le départ en natation, le Français de 38 ans a pris les devants et est ressorti en tête avant de poursuivre en cyclisme, où il a creusé son écart. Sur la course à pied, le triathlète a conservé son avance, lui permettant de décrocher cette nouvelle médaille d’or. Avec les Invalides en arrière-plan, Alexis Hanquinquant a franchi la ligne d’arrivée en 58'01 sur le pont Alexandre-III, loin devant l’Américain Carson Clough (1'00"47) et l’Espagnol Nil Riudavets Victory (1'01"10).
Dans un remake de la finale des Jeux de Tokyo, qui l'avait sacré pour la première fois champion paralympique, le badiste Lucas Mazur a, une nouvelle fois, maîtrisé l'Indien Suhas Lalinakere Yathiraj. Il lui a fallu deux petits sets lundi pour l'emporter en finale des Jeux de Paris et se parer d'or en badminton SL4. La catégorie SL4 est réservée aux athlètes debout, ayant un handicap touchant un membre inférieur, mais pouvant courir. Concernant Lucas Mazur, c'est la cheville droite qui est atteinte, depuis un AVC à l'âge de trois ans. Le natif du Loiret de 26 ans a vécu une journée hors normes, puisqu'il l'a lancée en empochant la médaille de bronze lors du double mixte en compagnie de Faustine Noël. La paire française s'est imposée en deux manches (21-14, 21-16) contre la doublette thaïlandaise. Et en début de soirée, Mazur était déjà de retour sur le terrain, cette fois-ci pour jouer l'or. Il a lancé son match de la meilleure des manières en infligeant d'entrée un 7-0 à son adversaire. Dans une Arena La Chapelle très copieusement garnie, Mazur a emmené le public dans son sillage, haranguant la foule qui ne demandait qu'à s'enflammer. Il a ensuite géré son avance avant une deuxième manche plus accrochée, marquée par des échanges plus longs, mais qui tournaient inexorablement à son avantage. Cette deuxième médaille d'or a un goût de revanche pour Mazur, qui avait dû se contenter du bronze aux Mondiaux en Thaïlande en février.
Après Lucas Mazur, sacré un peu plus tôt en SL4, le badiste français Charles Noakes a raflé à son tour l'or paralympique lundi grâce à son succès en deux manches (21-19, 21-13) face au Britannique Krysten Coombs en finale SH6. Charles Noakes est apparu au milieu de l'Arène et c'est comme s'il n'y avait jamais eu de panne électrique dans l'enceinte située Porte de la Chapelle. Les oreilles du badiste tricolore ont dû bourdonner devant la clameur qui accompagnait son entrée, malgré une bonne heure de retard, pour la finale de la catégorie SH6 des Jeux de Paris face au Britannique Krysten Coombs. L'affaire avait pourtant bien mal commencé. Crispé, fautif de plusieurs erreurs d'appréciation, Noakes concédait un 6-2. On le voyait alors fermer les yeux, prendre le temps d'une, de deux grandes inspirations, avant de hausser le ton. Il maîtrisait mieux son engagement et la longueur de ses frappes, poussant son adversaire vers des échanges plus longs. De quoi rattraper progressivement son retard, non sans manquer de puiser dans la force donnée par la foule. S'engageait alors un chassé-croisé étouffant. Noakes basculait pour la première fois en tête à mi-manche, et, après avoir laissé filer deux balles de sets déposait une merveille de coup droit court croisé sur la ligne extérieure pour s'en emparer. Un point dont on mesurait pleinement les conséquences dans les minutes qui suivaient. Le Français, décomplexé, prenait l'ascendant sur un Coombs sonné. S'appliquait à ne jamais desserrer l'étreinte, réduisant considérablement ses fautes directes, pour finir d'essorer son adversaire tandis que partaient en tribunes des « qui ne saute pas n'est pas Français ». Au bout de 41 minutes de combat, il pouvait se joindre à la fête, arracher son maillot, se laisser tomber sur le sol pour savourer pleinement sa première médaille paralympique.