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Élégance, mélancolie et humour

Publié le par Michel Monsay

Élégance, mélancolie et humour

À travers les yeux d'une jeune Grecque, le romancier anglais nous fait revivre le tournage tourmenté de Fedora (1978), film testament de Billy Wilder, signant l'acte de décès d'un certain glamour hollywoodien. Un vrai-faux biopic palpitant, portrait en plan large d'un génie du septième art empruntant son boulevard du crépuscule. Construit en flash-back, Mr Wilder et moi est un roman nostalgique, mais bouillant de vie, qui réveille les fantômes dorés et noirs du XXe siècle. Car Billy Wilder n'est pas seulement ce faiseur de rêves pétri d'ironie, héraut d'une élégance vieux style. Issu d'une famille juive autrichienne, c'est aussi l'Européen, traumatisé par le nazisme qui l'a contraint à s'exiler en Amérique, l'adulte orphelin qui n'a jamais retrouvé la trace de sa mère, probablement morte dans un camp de concentration, toute cette partie tragique est relatée sur le mode d'un scénario de film. Jonathan Coe utilise superbement tous les artifices de l'écriture pour rendre le plus bel hommage qui soit à son maître en écriture avec un roman digne d'un film de Billy Wilder par sa compassion pour ses personnages, son ironie délicate, son dosage parfait entre humour et mélancolie. Chroniqueur tendrement caustique de la société britannique dans ses romans, Jonathan Coe est sans doute le plus cinéphile des écrivains anglais. Roman d’apprentissage autant qu’hommage à ce maître du cinéma, Mr Wilder et moi a cette saveur aigre-douce si caractéristique des œuvres de Jonathan Coe, tendre mais mélancolique et âpre. Jolie leçon de vie et aphorismes dignes du cinéaste donnent aux pages de ce livre un charme irrésistible. Il y a aussi une grâce comme directement héritée de l’âge d’or hollywoodien. Avec ce roman lumineux et délicat, tellement élégant dans sa manière d’évoquer le vieillissement des êtres et l’impermanence du monde, on comprend pourquoi Billy Wilder et Jonathan Coe placent la comédie au-dessus de tout, comme un baume réparateur qui nous permet de supporter la tristesse et l’absurdité du monde.

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Journée exceptionnelle avec cinq superbes médailles d'or

Publié le par Michel Monsay

Journée exceptionnelle avec cinq superbes médailles d'or

Les athlètes paralympiques français continuent de nous éblouir avec déjà 34 médailles en cinq jours de compétition, et hier cinq nouveaux champions paralympiques :

Jules Ribstein (37 ans) a été sacré dans la catégorie PTS2 en triathlon. C'est la première fois de sa carrière qu'il est champion paralympique (et la première fois qu'il dispute les Jeux, sa catégorie ne figurant pas au programme auparavant), lui qui compte à son palmarès quatre titres mondiaux (en 2019, 2021, 2022 et 2023) et deux autres européens (2019, 2021). Après les 750 m de natation, Ribstein était deuxième au classement provisoire derrière l'Américain Mark Barr. Mais le Strasbourgeois a profité de la transition pour prendre la tête de son épreuve. Lors des 20 km de cyclisme, il a réussi à conserver la première place avec près d'une minute d'avance sur le Belge Wim de Paepe. Enfin, sur les 5 km de course de pied, après avoir dû ralentir son effort au début pour effectuer un réglage au niveau de sa prothèse, Ribstein n'a pas été inquiété. Il s'est imposé en 1h05'47'' devant les Américains Mohamed Lahna et Mark Barr.

C'est un petit événement qui s'est produit, ce lundi aau Parc des Expositions de Paris. À l'heure de la rentrée des classes, une para-athlète a offert un sacré coup de projecteur à sa discipline, Aurélie Aubert (27 ans) a remporté le titre paralympique de boccia, en dominant la Singapourienne Yee Ting Jeralyn Tan en finale (5-4). Face à la numéro deux mondiale, la Normande atteinte d'une paralysie cérébrale due à un manque d'oxygène à la naissance a réussi le match parfait. Aurélie Aubert a mené de bout en bout (2-0, 5-0 et 5-3), faisant preuve autant d'audace que de stratégie pour s'imposer au terme des quatre manches réglementaires en l'espace de 45 minutes. Depuis l'apparition de ce sport aux Jeux Paralympiques en 1984, réservé aux athlètes en situation de handicap et apparenté à une forme de pétanque en intérieur, aucun Français n'était jamais monté sur le podium. Ce triomphe inattendu va non seulement permettre à l'actuelle 16e mondiale, qui a débuté la pratique à l'âge de 12 ans, de faire un bond au classement, mais il va surtout faire parler de la boccia.

Invincible depuis plus de cinq ans, Alexis Hanquinquant a écrasé sa catégorie lundi pour s'adjuger un deuxième titre paralympique. Le porte-drapeau français confirme que sa personnalité et sa mentalité de vainqueur dépassent largement le cadre du para-triathlon. Une course dominée du début à la fin. Grand favori du triathlon dans la catégorie PTS4, Alexis Hanquinquant a parfaitement assumé son statut en remportant la médaille d'or dans les rues parisiennes, lors des Jeux paralympiques de Paris, lundi 2 septembre. Dès le départ en natation, le Français de 38 ans a pris les devants et est ressorti en tête avant de poursuivre en cyclisme, où il a creusé son écart. Sur la course à pied, le triathlète a conservé son avance, lui permettant de décrocher cette nouvelle médaille d’or. Avec les Invalides en arrière-plan, Alexis Hanquinquant a franchi la ligne d’arrivée en 58'01 sur le pont Alexandre-III, loin devant l’Américain Carson Clough (1'00"47) et l’Espagnol Nil Riudavets Victory (1'01"10).

Dans un remake de la finale des Jeux de Tokyo, qui l'avait sacré pour la première fois champion paralympique, le badiste Lucas Mazur a, une nouvelle fois, maîtrisé l'Indien Suhas Lalinakere Yathiraj. Il lui a fallu deux petits sets lundi pour l'emporter en finale des Jeux de Paris et se parer d'or en badminton SL4. La catégorie SL4 est réservée aux athlètes debout, ayant un handicap touchant un membre inférieur, mais pouvant courir. Concernant Lucas Mazur, c'est la cheville droite qui est atteinte, depuis un AVC à l'âge de trois ans. Le natif du Loiret de 26 ans a vécu une journée hors normes, puisqu'il l'a lancée en empochant la médaille de bronze lors du double mixte en compagnie de Faustine Noël. La paire française s'est imposée en deux manches (21-14, 21-16) contre la doublette thaïlandaise. Et en début de soirée, Mazur était déjà de retour sur le terrain, cette fois-ci pour jouer l'or. Il a lancé son match de la meilleure des manières en infligeant d'entrée un 7-0 à son adversaire. Dans une Arena La Chapelle très copieusement garnie, Mazur a emmené le public dans son sillage, haranguant la foule qui ne demandait qu'à s'enflammer. Il a ensuite géré son avance avant une deuxième manche plus accrochée, marquée par des échanges plus longs, mais qui tournaient inexorablement à son avantage. Cette deuxième médaille d'or a un goût de revanche pour Mazur, qui avait dû se contenter du bronze aux Mondiaux en Thaïlande en février.

Après Lucas Mazur, sacré un peu plus tôt en SL4, le badiste français Charles Noakes a raflé à son tour l'or paralympique lundi grâce à son succès en deux manches (21-19, 21-13) face au Britannique Krysten Coombs en finale SH6. Charles Noakes est apparu au milieu de l'Arène et c'est comme s'il n'y avait jamais eu de panne électrique dans l'enceinte située Porte de la Chapelle. Les oreilles du badiste tricolore ont dû bourdonner devant la clameur qui accompagnait son entrée, malgré une bonne heure de retard, pour la finale de la catégorie SH6 des Jeux de Paris face au Britannique Krysten Coombs. L'affaire avait pourtant bien mal commencé. Crispé, fautif de plusieurs erreurs d'appréciation, Noakes concédait un 6-2. On le voyait alors fermer les yeux, prendre le temps d'une, de deux grandes inspirations, avant de hausser le ton. Il maîtrisait mieux son engagement et la longueur de ses frappes, poussant son adversaire vers des échanges plus longs. De quoi rattraper progressivement son retard, non sans manquer de puiser dans la force donnée par la foule. S'engageait alors un chassé-croisé étouffant. Noakes basculait pour la première fois en tête à mi-manche, et, après avoir laissé filer deux balles de sets déposait une merveille de coup droit court croisé sur la ligne extérieure pour s'en emparer. Un point dont on mesurait pleinement les conséquences dans les minutes qui suivaient. Le Français, décomplexé, prenait l'ascendant sur un Coombs sonné. S'appliquait à ne jamais desserrer l'étreinte, réduisant considérablement ses fautes directes, pour finir d'essorer son adversaire tandis que partaient en tribunes des « qui ne saute pas n'est pas Français ». Au bout de 41 minutes de combat, il pouvait se joindre à la fête, arracher son maillot, se laisser tomber sur le sol pour savourer pleinement sa première médaille paralympique.

Journée exceptionnelle avec cinq superbes médailles d'or
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Journée exceptionnelle avec cinq superbes médailles d'or
Journée exceptionnelle avec cinq superbes médailles d'or

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Quatre magnifiques performances

Publié le par Michel Monsay

Quatre magnifiques performances
Quatre magnifiques performances

Dans la continuité des Jeux olympiques, les Jeux paralympiques sont un vrai succès, de par l'affluence et l’enthousiasme des spectateurs dans les tribunes, mais surtout par les performances exceptionnelles des athlètes, que que soit leur handicap. Une découverte pour beaucoup, qui ne peut que laisser admiratif. Les athlètes français sont au rendez-vous depuis le début des épreuves, et ce week-end quatre d'entre eux sont devenus champions paralympiques.

Le paracycliste sur piste Jérôme Foulon a remporté de main de maître la poursuite en catégorie C5, samedi 31 août, comme à Tokyo en 2021. Le Français a dominé en finale l'Ukrainien Yegor Dementyev, et avec un nouveau temps canon. Après avoir déjà mis une claque à son propre record du monde, le Breton a réussi une nouvelle prestation de très haut niveau. Impressionnant, en tête quasiment de bout en bout de cette poursuite, Dorian Foulon n'a laissé aucune chance à son adversaire ukrainien qu'il a finalement devancé de plus d'une seconde et demie. Né avec un pied bot, le français a sa cheville gauche bloquée et sa jambe ne dispose pas de l’intégralité de sa puissance. Le cycliste de 26 ans a survolé la journée jusqu'à la finale pour s'adjuger une deuxième titre paralympique.

Énorme performance de la nageuse tricolore Émeline Pierre (24 ans), sacrée championne paralympique de la finale du 100 m nage libre en catégorie S10 des Jeux de Paris, dimanche. Elle devance la recordwoman du monde et paralympique, la Canadienne Aurélie Rivard, et l'Italienne Alessia Scortechini. Pourtant, c'est sur les tapis de gym qu'Emeline Pierre était destinée à briller étant plus jeune. Mais à la suite d'une chute à la poutre à l'âge de 13 ans, entraînant une luxation du coude et une fracture du cubitus, elle est victime d'une erreur médicale lors de son opération et n'a jamais retrouvé l'usage complet de son bras, malgré deux opérations successives pour améliorer son manque de mobilité allant de l'épaule au poignet. Un handicap qui la contraint à se tourner vers la natation, qu'elle pratiquait déjà en parallèle de la gymnastique. Pour ses deuxièmes Jeux paralympiques, arrivée en outsider elle crée l'exploit en remportant la médaille d'or.

La collection est enfin complète pour Marie Patouillet. Après deux médailles de bronze aux Jeux de Tokyo, l'argent sur le contre-la-montre jeudi, la pistarde tricolore a décroché l'or en finale de la poursuite individuelle (catégorie C5), dimanche 1er septembre. A 36 ans, Marie Patouillet s'est imposée au terme des trois kilomètres face à sa camarade d'équipe de France Heïdi Gaugain (19 ans). Dans un vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines (Yvelines) surchauffé et plein à craquer, la cycliste, qui souffre d’une agénésie de naissance – une malformation orthopédique du pied gauche – a bouclé les derniers tours de piste de sa carrière de pistarde. Pourtant favorite avec ses deux titres mondiaux sur cette distance, la benjamine des Bleus du cyclisme sur piste n'a pas réussi à rééditer sa performance des qualifications. Marie Patouillet et Heïdi Gaugain ont ainsi offert à la France son premier doublé des Paralympiques. Entraînée par Grégory Baugé, quadruple médaillé olympique, Marie Patouillet s'est constitué un riche palmarès, désormais garni de quatre médailles paralympiques et dix breloques mondiales.

Le quintuple champion du monde français Tanguy De la Forest a décroché sa deuxième médaille aux Jeux Paralympiques de Paris ce dimanche en finale du tir à la carabine à air couché à 10 m en catégorie SH2. Il s'impose devant le Brésilien Alexandre Augusto et la Japonaise Mika Mizuta. Tanguy De la Forest aura dû patienter six éditions pour rapporter des Jeux ses premières médailles paralympiques. Après avoir brisé la malédiction et une disette de vingt années en prenant l'argent vendredi en tir à la carabine debout à 10 m SH2, le quintuple champion du monde a récolté ce dimanche le sacre olympique au tir à la carabine à air couché 10 m SH2 en réalisant une finale incroyable de sang-froid. Dès les premiers tirs, le Breton a mis la pression sur ses concurrents avec une excellente première manche. Un duel s'est ensuite installé avec le Brésilien Alexandre Augusto Galgani. Les deux tireurs se sont échangé la première place jusqu’à ce que Tanguy de La Forest enchaîne les tirs parfaits avec un score de 10.9 réussi à trois reprises sur les six derniers tirs. Avec 255,4 points, le quintuple champion du monde s'offre cette médaille d’or est historique pour le tir français, les Tricolores ne s’étaient plus installés sur la plus haute marche depuis Londres, en 2012.

 

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Deux grands champions

Publié le par Michel Monsay

Deux grands champions
Deux grands champions

À 22 ans, Ugo Didier a décroché le titre paralympique du 400 m nage libre au bout d'une course que l'étudiant ingénieur a construit à la perfection pour coiffer au poteau l'Italien Simone Barlaam. Après un départ prudent, le Français a fait une remontée spectaculaire. Dans la dernière ligne droite, à 50 mètres de l'arrivée, il a doublé son adversaire italien. Devant sa télévision, Léon Marchand, la star des Jeux olympiques, n'a rien manqué de l'exploit. Il a écrit sur les réseaux sociaux : "Ugo Didier, trop fort". Les deux nageurs ont pour points communs de tous les deux venir de Toulouse et de vouloir marquer l'histoire des Jeux.

Déjà sacré sur la distance à Tokyo en 2021, Alexandre Léauté a décroché, vendredi, sa cinquième médaille paralympique en carrière, sa première sur ces Jeux de Paris 2024. Il a tenu son rang, et avec la manière. Le cycliste français, grand favori à sa succession sur la poursuite individuelle en catégorie C2, a remporté la médaille d'or, vendredi 30 août, face au Belge Ewoud Vromant. Son adversaire, battu de plus de deux secondes, n'a rien pu faire face au coureur breton de 23 ans, auteur d'un nouveau chrono canon (3'26''015) lors de cette ultime course de 3 000 m, après avoir déjà effacé son propre record du monde (3'24"298) quelques heures plus tôt en qualifications.

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Mort de la grande Gena Rowlands, actrice flamboyante et muse de John Cassavetes

Publié le par Michel Monsay

Mort de la grande Gena Rowlands, actrice flamboyante et muse de John Cassavetes
Mort de la grande Gena Rowlands, actrice flamboyante et muse de John Cassavetes
Mort de la grande Gena Rowlands, actrice flamboyante et muse de John Cassavetes
Mort de la grande Gena Rowlands, actrice flamboyante et muse de John Cassavetes
Mort de la grande Gena Rowlands, actrice flamboyante et muse de John Cassavetes
Mort de la grande Gena Rowlands, actrice flamboyante et muse de John Cassavetes
Mort de la grande Gena Rowlands, actrice flamboyante et muse de John Cassavetes
Mort de la grande Gena Rowlands, actrice flamboyante et muse de John Cassavetes
Mort de la grande Gena Rowlands, actrice flamboyante et muse de John Cassavetes

Loin des stéréotypes de Hollywood, Gena Rowlands a interprété avec une intensité rare devant la caméra de son mari, John Cassavetes, de Woody Allen ou de Jim Jarmusch, des femmes sur le fil du rasoir. Son lumineux visage, où toute la gamme des émotions pouvait défiler en un éclair, cadré dans Faces (1968), en plans serrés, noir et blanc, restera à jamais gravé dans nos mémoires. Magnifiée à l’écran par John Cassavetes, Gena Rowlands a incarné avec lui la folle liberté d’un cinéma américain indépendant. Elle continuera à tourner longtemps après le décès de celui-ci, en 1989, à 59 ans. Atteinte depuis cinq ans de la maladie d’Alzheimer, l’actrice s’est éteinte le 14 août chez elle, à Indian Wells, en Californie, à 94 ans. C’est par admiration pour Bette Davis qu’elle racontait avoir pris des cours de théâtre dès l’adolescence. Née en 1930 dans le Wisconsin, Virginia Rowlands a une mère peintre et un père banquier. Inscrite à l’université, cette impulsive abandonne tout pour rejoindre New York et l’American Academy of Dramatic Arts, dont elle sort diplômée à 22 ans. Elle débute sur les planches, jouant des pièces du répertoire et, l’été, du théâtre plus expérimental, dans Greenwich Village. À l’issue d’une représentation, elle rencontre l’acteur John Cassavetes, formé dans la même Academy qu’elle. Coup de foudre. Ils se marient quatre mois plus tard, en 1954. Après quelques rôles à la télévision, en 1956, l’actrice fait son unique prestation à Broadway dans Au milieu de la nuit, qui reste à l’affiche dix-huit mois. Le New York Times salue sa performance. Et la Metro-Goldwyn-Mayer engage cette blonde incendiaire pour tourner dans L’amour coûte cher, de José Ferrer. Gena finance ainsi le premier long-métrage de John, devenu cinéaste : Shadows (1959), où elle fait de la figuration. Tourné en noir et blanc, avec une large part d’improvisation laissée aux acteurs, ce film expérimental vaut à Cassavetes un prix à la Mostra de Venise. Alors appelé par Hollywood, il tourne Un enfant attend (1963), avec Burt Lancaster, Judy Garland et un premier vrai rôle pour Gena. Six autres suivront, dont le sublime Faces (1968), filmé avec peu de moyens et des acteurs bénévoles (dont le fidèle Seymour Cassel), la nuit, dans la propre maison du couple à Beverly Hills. L’actrice, qui incarne une jeune prostituée, y crève l’écran. « Donnez-lui n’importe quoi et elle saura toujours être créative. Elle n’essaie pas de faire la différence, elle EST différente », salue John. Il lui propose alors de jouer, au théâtre, une mère au foyer qui bascule dans la démence. Elle refuse, jugeant le rôle « trop intense émotionnellement pour être joué tous les soirs ». Mais accepte sa version réécrite pour le cinéma. Une femme sous influence, dans lequel elle est franchement impressionnante, lui vaut une nomination aux Oscars et un Golden Globe de la meilleure actrice en 1975. Suit Opening Night (1977), où Gena Rowlands incarne à nouveau une femme au bord de la folie, aux côtés de Peter Falk et de Ben Gazzara, deux autres amis du couple. Et la voici couronnée d’un Ours d’argent à Berlin. Dans Gloria, toujours sous la caméra de Cassavetes, la flamboyante quinquagénaire campe une ancienne call-girl en cavale avec un enfant. Suit Love Streams (1984), où le réalisateur, déjà atteint d’une cirrhose, se filme avec elle, frère et sœur à la dérive. Un « torrent d’amour », selon la traduction française, en hommage à sa compagne d’une vie tumultueuse (Ours d’or à Berlin). Choisie par Woody Allen pour incarner Une autre femme (1988), une quinquagénaire en crise, Gena Rowlands poursuivra sa carrière après la mort de John Cassavetes, jetant sa belle énergie dans la télévision comme dans le cinéma, notamment sous la caméra de son fils, Nick. En l’invitant à jouer dans son Night on Earth (1991), des saynètes tournées en taxis de nuit, Jim Jarmusch paie sa dette au couple mythique du cinéma indépendant américain. 

Elle lui doit tout. Mais, sans elle, il ne serait rien. Gena Rowlands et John Cassavetes ont tourné ensemble, à l’écart de Hollywood qui ne les aimait pas, ni ne les aidait, des films magnifiques que ne cessent de célébrer de jeunes cinéphiles émerveillés. Des rôles écrits pour elle, qu’elle seule pouvait, savait magnifier jusqu’à les rendre terrifiants d’audace et de douleur. Une immense actrice s'en est allée et nous reviennent en mémoire ses inoubliables prestations.

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Un réalisme magique à l’amérindienne, léger et profond à la fois

Publié le par Michel Monsay

Un réalisme magique à l’amérindienne, léger et profond à la fois

En bientôt quarante ans d’écriture et une vingtaine de romans, Louise Erdrich est devenue, pour les Amérindiens, ce que Toni Morrison est aux Afro-Américains : une voix magistrale, récompensée, sinon par le Nobel, par tous les grands prix littéraires, dont le National Book Award, un prix Pulitzer, et en France par le Prix Femina étranger en 2023 pour La sentence. Une voix qui, sans exotisme ni clichés, aura fait entrer l’imaginaire autochtone dans le temple d’une littérature qui ne s’en souciait guère. Ce nouveau roman de Louise Erdrich tient autant du conte merveilleux que de la peinture historique, sociologique, voire ethnologique. À travers l'histoire de Tookie, la romancière nous plonge au cœur de la culture, de l'âme, de l'esprit, et des souffrances d'un peuple dévasté par la colonisation. Délicieuse originalité de ce livre : l’auteure américaine s’est amusée à s’y mettre en scène. N’attendez ni journal intime ni autofiction, ce n’est pas le genre de la maison. Son amour illimité pour la littérature l’a poussée, voilà déjà vingt-deux ans, à ouvrir une librairie indépendante à Minneapolis, la ville où elle réside. C’est dans le décor inchangé de cette librairie que se déroule La Sentence. La Louise en question s’est infiltrée dans la fiction pour y jouer son propre rôle, farceuse figurante cachée au milieu de personnages rocambolesques dont elle a le secret. La romancière inscrit dans son récit l'actualité récente. La crise sanitaire. L'assassinat par un policier de George Floyd et le mouvement Black lives matter. Deux événements que l'on voit à travers les yeux de Tookie, et du petit monde qui l'entoure. Grâce à cet extraordinaire tissage narratif, et à une écriture d'une vivacité éblouissante, Louise Erdrich parvient à offrir un roman d'une profondeur sans limites, qui ouvre une multitude de champs de rêveries, de manières de penser, de résister, ou de se révolter. La Sentence démontre une nouvelle fois le formidable talent de conteuse de Louise Erdrich et son art d’ouvrir des tiroirs à triple fond, pour aborder les questions les plus sensibles sans se départir de son vif humour.

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La masterclass de l'équipe de France de volley-ball et d'Althéa Laurin au taekwando

Publié le par Michel Monsay

La masterclass de l'équipe de France de volley-ball et d'Althéa Laurin au taekwando

Aussi dominateurs qu'en demi-finales face à l'Italie, les Bleus ont dominé la Pologne en finale (25-19, 25-20, 25-23) pour conserver leur titre olympique, une première depuis les années 1980. Une performance irréelle dans une ambiance de feu. Deux fois 3-0 face aux champions du monde italiens puis aux champions d'Europe polonais, en demies et en finale des Jeux Olympiques de Paris, pour réussir un doublé qui n'avait été accompli qu'à l'époque de la Guerre Froide, par l'URSS (1964 et 1968) et les États-Unis (1984-1988). Il y a tant de propositions irréelles dans cette première phrase qu'on pourrait croire à un rêve, un espoir impossible. Earvin Ngapeth et les Bleus en ont fait une réalité en atteignant un niveau exceptionnel et euphorisant en cette fin de semaine dans un hangar parisien transformé en arène brûlante, l'endroit où il fallait être au cœur de JO eux-mêmes mémorables. Tokyo ne devait être qu'une parenthèse enchantée, un drôle d'exploit d'un groupe de potes partis garnir, à l'autre bout du monde, un palmarès olympique vierge comme une feuille blanche pour le volley-ball français. Avec ce doublé, ils entrent définitivement dans l'histoire du sport français.

À seulement 22 ans, Althéa Laurin a marqué l'histoire de sa discipline et de son pays à la fin d'une soirée qu'elle n'est pas près d'oublier. Ce samedi, dans l'écrin du Grand Palais, la Française a permis à la France de remporter une seizième médaille d'or et battre son record de médailles d'or, qui datait d'Atlanta, et elle a par la même occasion remporté le tout premier titre olympique de l'histoire du taekwondo français. C'est peu dire que la médaillée de bronze à Tokyo y a mis la manière, surclassant ses adversaires les unes après les autres, ne concédant aucun round, pas même en finale contre l'Ouzbèke Svetlana Osipova, vice-championne du monde des + de 72kg. Bravo à cette jeune championne, sans oublier les autres athlètes français médaillés hier, la France au soir de l'avant-dernier jour totalise 62 médailles, chapeau !

La masterclass de l'équipe de France de volley-ball et d'Althéa Laurin au taekwando
La masterclass de l'équipe de France de volley-ball et d'Althéa Laurin au taekwando
La masterclass de l'équipe de France de volley-ball et d'Althéa Laurin au taekwando
La masterclass de l'équipe de France de volley-ball et d'Althéa Laurin au taekwando
La masterclass de l'équipe de France de volley-ball et d'Althéa Laurin au taekwando
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Superbe performance de Benjamin Thomas

Publié le par Michel Monsay

Superbe performance de Benjamin Thomas

La France a décroché une 53e médaille aux JO de Paris 2024 grâce à Benjamin Thomas, en or jeudi sur l'omnium au vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines. Vainqueur du scratch, la première des quatre épreuves de l'omnium, 11e de la course tempo, Benjamin Thomas est revenu sur le podium provisoire après la course à élimination, dont il a pris la 2e place. Puis, au terme des 100 tours de la course aux points, et malgré une chute à 25 tours de l'arrivée, il s'est montré calme, solide, rapide et tactique, ne lâchant jamais ses deux principaux adversaires pour la médaille d'or et prenant deux tours au peloton, assurant rapidement une médaille qu'il a transformée en or dans les derniers sprints intermédiaires. L’omnium est la compétition qui sacre le plus complet et le plus malin des pistards, sur quatre courses qui s’enchaînent en trois heures, exigeant des qualités de patience, d’endurance, de vitesse pure et de récupération. Benjamin Thomas répond à tous ces critères, il a d'ailleurs plusieurs titres de champion du monde, et au bout du suspense, il a remporté hier la médaille d'or, la première pour la piste française depuis Florian Rousseau en 2000. Bravo également aux basketteurs français et aux handballeuses, qualifiés pour la finale des Jeux, ainsi que les volleyeurs et les footballeurs.

Superbe performance de Benjamin Thomas
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Prodigieux Kauli Vaast, le tube de l'été

Publié le par Michel Monsay

Prodigieux Kauli Vaast, le tube de l'été

Pour le prodige tahitien, qui a rapporté à la France sa 13e médaille d'or, c'est un sacre à la maison, lui qui a grandi tout près du mythique spot et sa célèbre vague, classée parmi les plus dangereuses du monde. A 22 ans, Kauli Vaast a signé le plus grand succès de sa jeune carrière devant les siens après avoir dû passer par les repêchages. En finale, il n'a pas perdu de temps avec une première vague parfaite, un incroyable et très long tube noté 9.50 sur 10, avant d'obtenir 8.17 pour sa seconde tentative. Il s'agit de la première médaille d'or de l'histoire du surf français.

Ci-dessous quelques photos de son exploit et la vidéo :

Prodigieux Kauli Vaast, le tube de l'été
Prodigieux Kauli Vaast, le tube de l'été
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Prodigieux Kauli Vaast, le tube de l'été

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Exceptionnel !

Publié le par Michel Monsay

Exceptionnel !
Exceptionnel !

Étant absent, je n'ai pas pu rendre hommage comme il se doit à ces deux sportifs d'exception que sont Léon Marchand, qui vendredi a remporté le 200 m 4 nages et un quatrième titre olympique à 22 ans. Il a impressionné le monde entier durant cette première semaine des Jeux, et quoiqu'il arrive il en restera le héros en ayant écrit l'une des plus belles pages du sport. Reste à savoir comment ce prodige de la natation va vivre son changement de statut. Ce timide qui se soigne va être au centre de toutes les sollicitations. En tout cas, il nous a apporté un bonheur infini chaque fois qu'il plongeait dans le bassin olympique. L'autre sportif d'exception est évidemment Teddy Riner, qui, vendredi également, a remporté un troisième titre olympique individuel à 35 ans, après ceux de 2012 à Londres et 2016 à Rio, et samedi un deuxième titre olympique par équipes après celui de Tokyo en 2021. Du jamais vu ! Ajouté à cela les 11 titres de champion du mode, il est désormais le plus grand judoka de l'histoire. Après son magnifique ippon en finale individuelle contre le coréen, le lendemain dans une finale par équipes asphyxiante contre le Japon, il apporté la victoire au golden score de façon magistrale. Pour compléter cette journée historique, Joris Daudet est devenu champion olympique de BMX , qui plus est Sylvain André et Romain Mahieu complètent le podium pour un triplé historique pour le sport français. Dès le départ de la finale, Joris Daudet prend la tête du parcours de 400 mètres au Vélodrome national de Saint-Quentin-En-Yvelines. Les bosses et les virages s'enchaînent, sans aucune faute technique. Légende de son sport, Joris Daudet était poursuivi par la malchance lors des trois Jeux olympiques auxquels il avait participé, depuis vendredi il a dominé cette épreuve de tout son talent. Bravo également aux autres médaillés français, qui avec 46 médailles, sans compter les finales de surf à Tahiti  la nuit dernière, ont d'ores et déjà battu le record établi en 2008 à Pékin avec 43 médailles.

Exceptionnel !
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