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livres

A découvrir de toute urgence

Publié le par michelmonsay

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Il est l’un des plus grands écrivains espagnols et pourtant Jaume Cabré demeurait jusqu’à présent assez méconnu en France. Ce catalan de 66 ans a mis huit ans pour écrire Confiteor et nous offrir ainsi un roman inoubliable, un de ceux qui marque à jamais une vie de lecteur. Epoustouflant de richesse narrative, de liberté de style, de virtuosité à passer d’un personnage à l’autre ou d’une époque à l’autre sans jamais nous embrouiller, ce chef-d’œuvre se laisse dévorer avec une délectation ressentie tout au long des 772 pages que l’on aurait bien prolongée. Au-delà de la passionnante histoire d’un savant barcelonais, tout à la fois drôle, poignante, intelligente mais aussi d’une simplicité et d’une fluidité étonnante, l’auteur remonte le temps pour aller à la source d’objets de collection appartenant au père du narrateur, comme un très ancien parchemin, un violon ou un tableau. Dans cette exploration sur cinq siècles où Jaume Cabré redonne vie à des personnages broyés par l’Inquisition, le franquisme et l’enfer des camps de concentration, le mal ressort comme une constante dans l’Histoire de l’humanité. Le romancier démontre également très judicieusement les multiples conséquences de nos actes, tant sur un plan personnel que collectif. Un homme de 62 ans qui sent la mort approcher, entreprend d’écrire ses mémoires en s’adressant à la femme de sa vie. Il commence par prendre conscience qu’il a toujours été seul et n’a jamais pu compter humainement sur ses parents, qui ne voyaient en lui qu’un enfant surdoué pouvant faire leur fierté. Le narrateur démarre son récit dans le bureau de son père, véritable caverne d’Ali-Baba où enfant il s’émerveillait devant les nouvelles acquisitions de son antiquaire de père, et espionnait les conversations des grands, caché derrière un canapé. En découvrant ce roman phare de 2013, on ressent une grande humanité et un impressionnant talent de conteur chez Jaume Cabré, mais surtout on est très vite happé par cette écriture si inventive et les nombreuses histoires qui s’enchevêtrent si bien et nous fascinent toutes autant les unes que les autres.

 

 Confiteor – Un roman de Jaume Cabré – Actes Sud – 772 pages – 26 €.

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Un roman très cinématographique

Publié le par michelmonsay

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Originaire du Pays Basque auquel elle reste très attachée et qui est souvent présent dans ses romans, Marie Darrieussecq a depuis plus d’une quinzaine d’années pris une place importante dans la littérature française. A 44 ans, l’écrivain délaisse quelque peu son style plutôt provocant pour nous offrir ce qui est peut-être son plus beau roman, dans une veine plus romantique tout en interrogeant et en faisant voler en éclats les stéréotypes racistes. Avec une très belle langue faite de phrases courtes et percutantes, elle nous plonge dans le vertige de la passion et de l’attente de l’autre. Ses descriptions sont à la fois délicieuses, troublantes voire poignantes. En arrière-plan nous découvrons Hollywood, ses soirées privées et ses villas grandioses. Les protagonistes côtoient entre autres George Clooney ou le réalisateur Steven Soderbergh, le premier ayant un rôle à part entière tout au long de cette histoire. Autre élément important, qui est à l’opposé de la capitale du cinéma et de ses paillettes, l’Afrique, où l’auteur nous emmène au cœur de la forêt équatoriale, sur un fleuve et dans un village perdu. Solange est française, Kouhouesso est canadien d’origine camerounaise, et ils sont tous deux acteurs de rôles secondaires à Hollywood. Ils se rencontrent dans une soirée chez George. Elle est tout de suite subjuguée par le magnétisme et la beauté de cet inconnu. Cet homme porte en lui un grand projet au Congo, ce qui le rend encore plus attirant mais partiellement disponible. Ce très beau roman teinté d’une certaine nostalgie explore merveilleusement le problème de l’altérité et le miracle de l’hétérosexualité, où un homme et une femme qui sont à la base si différents sur nombre de sujets, arrivent à construire tant bien que mal une relation.

 

 Il faut beaucoup aimer les hommes – Un roman de Marie Darrieussecq – P.O.L. – 312 pages – 18 €.

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Un acte lourd de conséquences

Publié le par michelmonsay

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Lorsqu’un écrivain de la stature de Richard Ford, l’un des tous meilleurs américains, publie chose assez rare un nouveau roman, il est fortement conseillé de se le procurer dare-dare et de bien prendre le temps de le savourer. A 69 ans, l’ancien lauréat du Prix Pulitzer nous offre, avec un talent remarquable pour décrire autant les personnages que l’environnement dans lequel ils évoluent, une histoire troublante faite de solitude et de vies gâchées par un acte stupide perpétré en dépit du bon sens. La peinture des petites villes de la ruralité américaine et canadienne, de la nature dans toute sa beauté et sa rudesse, mais surtout l’incroyable sens des détails physiques et psychologiques dont l’auteur habille tous ses protagonistes, même les secondaires, contribuent à donner au roman une force qui enfle au fil des pages, à travers une construction rétrospective très originale et une fluidité qui accentue le plaisir de lecture. Le narrateur, un professeur de littérature de 66 ans, va nous raconter à la première personne les quelques mois qui ont bouleversé son existence et celle de sa famille alors qu’il avait 15 ans dans une petite ville du Montana. Il démarre son récit en nous annonçant que ses parents ont commis un hold-up et qu’un peu plus tard dans sa vie il y eu des meurtres. Une fois le décor planté, nous allons faire connaissance en amont des faits avec le père, la mère et la sœur jumelle de ce gamin de 15 ans qui formaient une famille ordinaire, et dont personne n’aurait pu imaginer que les parents puissent dévaliser une banque. L’écrivain ausculte au plus profond des êtres le douloureux apprentissage de la vie que va vivre ce jeune adolescent, se révélant plus aguerri qu’il n’y paraît, en nous livrant un magnifique roman sans fioritures ni concessions, d’une vérité parfois brutale mais avec une plume laissant entrevoir une belle humanité.

 

 Canada – Un roman de Richard Ford – Editions de l’Olivier – 476 pages – 22,50 €.

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Fascinante plongée au cœur du Japon

Publié le par michelmonsay

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Comme chaque fin d’été la rentrée littéraire nous propose un nombre impressionnant de romans français et étrangers, 555 cette année, chiffre qui est pourtant en retrait par rapport aux précédents millésimes. D’ores et déjà, le 5ème roman de Thomas B. Reverdy, écrivain français de 39 ans, est l’une des petites merveilles qui va illuminer cet événement culturel, et ce serait étonnant qu’il ne soit pas récompensé par l’un des fameux prix tant convoités. D’une admirable écriture à la fois poétique, subtile, sensible et souvent très réaliste, le romancier explore le phénomène des évaporés, assez fréquent au Japon, où des personnes disparaissent du jour au lendemain, comme un suicide social, même si parfois il s’agit simplement de sauver sa peau. Construit de nombreux chapitres assez courts, tout en maîtrise et en fluidité, ce roman passionnant est aussi un portrait sans concession du Japon un an après le tsunami et la catastrophe de Fukushima, mais aussi le Japon des yakuzas, des travailleurs pauvres, où l’on en apprend beaucoup sur ce pays finalement assez secret et méconnu. Un homme proche de la soixantaine, après avoir écrit une lettre d’adieu à sa femme et avoir laissé sur la table d’entrée de son domicile de Kyoto, ses clés, son portable et son portefeuille, embarque dans une camionnette avec deux déménageurs qu’il a embauchés pour la nuit en emportant trois cartons et une valise, et s’évapore. Après avoir fait connaissance avec les 3 autres personnages importants de cet envoûtant polar existentiel, qui chacun à sa manière cherche à redonner un sens à sa vie, l’auteur en mêlant habilement les genres nous offre un superbe moment de littérature. Rarement un occidental n’a aussi bien raconté le Japon.

 

 

Les évaporés – Un roman de Thomas B. Reverdy – Flammarion – 300 pages – 19 €.

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Le poids du passé et la douleur de l’absence

Publié le par michelmonsay

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Moins médiatique et moins connu en France que certains de ses collègues, à 64 ans Graham Swift est pourtant considéré Outre-manche comme l’un des tous meilleurs romanciers britanniques. Lauréat du prestigieux Booker Prize en 1996, l’écrivain continue de s’attacher à des personnages ordinaires, dont il explore le passé tel un orfèvre à la recherche des pensées les plus secrètes, des actes manqués, pour mieux cerner leur personnalité et comprendre les choix de leur vie. S’ajoute toujours en toile de fond des événements marquants de l’Histoire anglaise et une peinture minutieuse des paysages. Dans ce nouveau roman, il dissèque les conséquences désastreuses des crises sanitaires sur les éleveurs anglais, avec la disparition d’un monde où les fermes ont été transformées en maisons de campagne pour des citadins, et évoque également la guerre contre le terrorisme en Irak. Au-delà de ces arrière-plans assez présents, les deux principaux protagonistes de cette histoire où l’absence des êtres et les non-dits accumulés se font cruellement sentir, sont un homme et une femme mariés qui se connaissent depuis l’enfance, dont les pères étaient éleveurs de vaches laitières. Le livre démarre alors que Jack et Ellie viennent de se disputer et qu’elle est partie en claquant la porte de la villa qu’ils habitent sur l’île de Wight, où ils possèdent et gèrent un terrain de caravaning. La folie qui s’est emparée de leurs esprits renvoie Jack au souvenir douloureux de la crise de la vache folle, qui avait provoqué l’abattage de 65 bêtes et la faillite de la ferme familiale. Le romancier va ainsi replonger dans le passé récent et plus lointain de ses personnages, où peu à peu nous allons faire connaissance avec les différents membres de leur famille, et découvrir pourquoi ces deux natifs de la campagne du Devon sont venus vivre sur une île, et pourquoi Jack attend sa femme avec un fusil chargé qu’il a posé sur le lit.

 

J’aimerais tellement que tu sois là – Un roman de Graham Swift – Gallimard – 402 pages – 23,90 €.

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Au cœur du mensonge

Publié le par michelmonsay

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Elle est sans conteste l’un de nos plus grands écrivains, lauréate du Prix Goncourt pour « Trois femmes puissantes » qui a connu également un énorme succès auprès du public, lauréate aussi du Prix Femina pour « Rosie Carpe », Marie NDiaye est en plus la seule femme vivante à avoir une de ses pièces de théâtre, « Papa doit manger », au répertoire de la Comédie Française. A 45 ans, elle sort un 21ème écrit qui est son 10ème roman, où l’on retrouve toute l’étendue de son talent. À la fois dans la qualité de l’écriture, raffinée, avec des phrases d’une impressionnante beauté, mais aussi dans son style où se mêle judicieusement réalisme, romanesque, poésie et une touche de fantastique. Enfin, dans sa construction narrative toute en fluidité, parsemée de ruptures et reposant sur un rythme envoûtant. Même si trois femmes sont également au centre de son nouveau roman, à l’inverse du précédent, elles se montrent plutôt impuissantes, notamment dans la capacité à être heureuse. Cette dérangeante histoire de famille ausculte à la perfection les dégâts provoqués par le mensonge, en naviguant entre honte, culpabilité, rapports ambivalents, poids des origines, difficiles filiations, incapacité à bien connaître et comprendre l’autre. Une fois par mois, une femme retrouve son identité originelle en allant rendre visite en cachette à sa mère, qui ne connaît rien de l’autre identité de sa fille ni de la vie qu’elle mène avec son mari et leur enfant. Cette entente tacite entre les deux femmes repose sur un amour inconditionnel de la mère pour sa fille, qui de son côté aime sa mère mais a honte depuis son enfance de ce qu’elle est, une femme de ménage noire sans considération d’autrui, alors qu’elle, a la peau claire de son père absent depuis toujours. Sur cette base pour le moins troublante, la romancière élabore un douloureux portrait de famille éblouissant de maîtrise, à travers trois générations de femmes tiraillées entre amour, cruauté, faux-semblants et culpabilité.

 

 Ladivine – Un roman de Marie NDiaye – Gallimard – 403 pages – 21,50 €.

 

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Touchantes tranches de vie d’un siècle à l’autre

Publié le par michelmonsay

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A la mort de son père, l’écrivain et académicien Bertrand Poirot-Delpech, Julie Wolkenstein a découvert l’existence de son arrière grand-mère Adèle, par le biais d’un document d’une douzaine de pages qui retraçait la vie très romanesque de cette femme, pour laquelle la romancière a très vite éprouvé une grande tendresse. Maitre de conférences à l’université de Caen, l’arrière petite-fille d’Adèle publie à 44 ans son sixième roman. Dans ce récit très attachant, elle nous conte l’histoire de sa bisaïeule en mêlant habilement fiction et réalité, mais aussi en soulignant leurs ressemblances, avec en premier lieu cet amour inconditionnel pour la côte normande à Saint-Pair près de Granville. Cela démarre un 11 septembre, c’est la guerre, mais il s’agit ici de l’année 1870. Adèle a 10 ans, le siège de Paris est imminent et son père l’envoie au bord de la mer avec sa sœur et une cousine accompagnée par ses parents. Après plus de 11 heures de train dans une ambiance d’exode, ils arrivent de nuit à Granville puis une voiture à cheval les emmène à Saint-Pair, où Adèle entend d’abord le vacarme et entrevoit pour la première fois la mer. C’est une grande marée d’équinoxe qui les accueille, dont les vagues viennent se fracasser sur les vitres de la pension de famille où ils logent. Malgré un contexte effrayant pour une fille de son âge, Adèle a le coup de foudre pour cet endroit, qui va devenir un élément central de sa vie. Par petites touches, nous pénétrons dans l’univers de cette femme indépendante plutôt têtue et indisciplinée pour l’époque, mais aussi dans celui de la romancière, pour découvrir une passionnante histoire de famille avec ses secrets, ses drames, ses bonheurs et se rendre compte à la fin, de l’impressionnant pouvoir de la fiction.

 

 Adèle et moi - Un roman de Julie Wolkenstein – P.O.L. – 595 pages – 22 €.

 

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Etonnant parcours d’un homme insatiable

Publié le par michelmonsay

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C’est indéniablement l’un des romans dont on a le plus parlé ces derniers mois, couronné par le prix Femina, celui du roman Fnac, il était également très bien placé sur les listes de tous autres prix et vient d’ailleurs de recevoir en décembre le prix des prix littéraires. A sa lecture, on comprend l’enthousiasme provoqué par cette passionnante épopée d’un homme hors du commun, commencée sous le second empire et terminée durant la seconde guerre mondiale. Patrick Deville, auteur de 55 ans, lui-même voyageur infatigable, ne pouvait qu’être attiré par la vie bouillonnante d’Alexandre Yersin, précurseur dans tellement de domaines, touche à tout de génie, explorateur courageux, médecin bactériologiste surdoué qui ne se voyait pas rester toute sa carrière derrière la paillasse d’un laboratoire, même aux côtés du grand Pasteur. Très bien construit, d’une écriture sobre et vive, ce roman biographique met en lumière l’importante richesse scientifique de cette époque rythmée par des découvertes fondamentales, avec en arrière-fond la colonisation et les guerres. C’est justement le 31 mai 1940 à Paris que choisit le romancier pour démarrer son récit, lorsque Yersin embarque à bord du dernier vol que la compagnie Air France proposera avant plusieurs années. Le vieil homme de 77 ans retourne dans le paradis qu’il s’est construit en Indochine française, actuel Vietnam, où il vit principalement depuis près de 50 ans. Puis l’auteur nous replonge à la source de son histoire dans le canton de Vaud, où Yersin né suisse et orphelin de père n’est pas encore français. Il déroule ensuite avec intelligence le fil d’une vie à l’extraordinaire richesse, d’un homme qui voulait tout connaître, tout étudier, tout expérimenter sans jamais s’endormir sur ses lauriers.

 

 Peste & choléra – Un roman de Patrick Deville – Seuil – 220 pages – 18 €.

 

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Voyage onirique et mélancolique dans le temps

Publié le par michelmonsay

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Pour son 27e roman, celui qui est considéré comme l’un des plus grands écrivains français ne décevra pas ses nombreux admirateurs, puisqu’il revisite à nouveau le Paris du milieu des années 1960 avec le même style poétique et fascinant. A 67 ans, Patrick Modiano n’en finit pas de se replonger, et qui s’en plaindrait, dans cette époque chaotique de sa vie où il puise une source romanesque inépuisable. Entre présent, passé et rêves, il tisse en en allant et revenant habilement de l’un à l’autre, une magnifique toile pour tenter de démêler les mystères d’une intrigue et d’un amour que le narrateur a vécu près d’un demi-siècle auparavant. Les mots de l’écrivain ont l’étonnante capacité de recréer des atmosphères, de faire revivre une foule de détails qui nous renvoient dans le passé comme avec une machine à explorer le temps. Paris, admirablement mis en relief, est un personnage à part entière, parfois lugubre, désert ou bien festif et convivial. Le narrateur de ce roman aime marcher dans la capitale, autant aujourd’hui qu’il y a près de 50 ans, à l’affût d’une brèche dans le temps pour constater les évolutions et les dégradations des quartiers autrefois fréquentés. Un écrivain qui pourrait être un double de Modiano, se replonge avec l’aide d’un carnet de notes et ses souvenirs dans une courte période de sa vie, où âgé de 20 ans il avait côtoyé quelques personnages énigmatiques qui l’ont durablement marqué, avec en clair-obscur l’affaire Ben Barka. Parmi eux, une jeune femme rencontrée à la cafétéria de la Cité universitaire, que le narrateur ressuscite avec émoi afin d’éviter que l’oubli ne l’efface de sa mémoire. Avec une fluidité structurelle et une très belle écriture, ce roman épuré à l’envoûtante mélancolie et aux ambiances de vieux polar, explore le temps comme pour réparer et comprendre le passé.

 

L’Herbe des nuits – Un roman de Patrick Modiano – Gallimard – 178 pages – 16,90 €.

 

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Le hasard et la fragilité d’une existence

Publié le par michelmonsay

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Difficile d’accepter que Némésis soit le dernier livre de Philip Roth, comme il l’a annoncé. A 79 ans, l’immense écrivain américain que l’on donne chaque année favori pour recevoir le Prix Nobel de littérature et qui malheureusement ne l’a toujours pas, nous offre ici l’un de ses tous meilleurs romans, d’une noirceur troublante. Toute la puissance et la créativité romanesque de l’auteur sont réunies dans cette histoire qu’il construit remarquablement, en continuant d’explorer la condition humaine avec lucidité et sans concessions. Hasard, malchance, injustice, responsabilité, sont quelques uns des thèmes centraux auxquels sont confrontés les personnages de ce roman poignant. A Newark au début de l’été 1944 sous une chaleur étouffante, des cas de polio se déclarent dans quasiment toute la ville, mis à part le quartier juif de Weequahic. Les enfants de ce quartier qui n’ont pas eu la chance de partir en vacances se retrouvent sur le terrain de jeu, dont le jeune directeur de 23 ans, un robuste prof d’éducation physique qui n’est pas à la guerre pour cause de mauvaise vue, fait l’admiration de tous. Cet homme invincible au sens du devoir et des responsabilités très prononcé, aussi bien auprès des enfants dont il s’occupe que vis-à-vis de ses proches, va se retrouver confronté aux dégâts et aux conséquences que vont provoquer les premiers cas de polio dans son quartier. On ressort abasourdi par la force dramatique de ce roman dont nous ne sommes pas prêts d’oublier les personnages et leurs destins tragiques.

 

 Némésis – Un roman de Philip Roth – Gallimard – 226 pages – 18,90 €.

 

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