Etonnant parcours d’un homme insatiable
C’est indéniablement l’un des romans dont on a le plus parlé ces derniers mois, couronné par le prix Femina, celui du roman Fnac, il était également très bien placé sur les listes de tous autres prix et vient d’ailleurs de recevoir en décembre le prix des prix littéraires. A sa lecture, on comprend l’enthousiasme provoqué par cette passionnante épopée d’un homme hors du commun, commencée sous le second empire et terminée durant la seconde guerre mondiale. Patrick Deville, auteur de 55 ans, lui-même voyageur infatigable, ne pouvait qu’être attiré par la vie bouillonnante d’Alexandre Yersin, précurseur dans tellement de domaines, touche à tout de génie, explorateur courageux, médecin bactériologiste surdoué qui ne se voyait pas rester toute sa carrière derrière la paillasse d’un laboratoire, même aux côtés du grand Pasteur. Très bien construit, d’une écriture sobre et vive, ce roman biographique met en lumière l’importante richesse scientifique de cette époque rythmée par des découvertes fondamentales, avec en arrière-fond la colonisation et les guerres. C’est justement le 31 mai 1940 à Paris que choisit le romancier pour démarrer son récit, lorsque Yersin embarque à bord du dernier vol que la compagnie Air France proposera avant plusieurs années. Le vieil homme de 77 ans retourne dans le paradis qu’il s’est construit en Indochine française, actuel Vietnam, où il vit principalement depuis près de 50 ans. Puis l’auteur nous replonge à la source de son histoire dans le canton de Vaud, où Yersin né suisse et orphelin de père n’est pas encore français. Il déroule ensuite avec intelligence le fil d’une vie à l’extraordinaire richesse, d’un homme qui voulait tout connaître, tout étudier, tout expérimenter sans jamais s’endormir sur ses lauriers.
Peste & choléra – Un roman de Patrick Deville – Seuil – 220 pages – 18 €.