« Il y a des excès dans l’agriculture mais nous avons tous notre part de responsabilité »

Publié le par michelmonsay

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Autant comédien de cinéma et de théâtre qu’humoriste de one-man-show, Didier Bénureau est l’un des meilleurs comiques de sa génération. A 55 ans, son humour caustique n’en finit pas de caricaturer les travers de ses contemporains, en créant des personnages hauts en couleurs et irrésistibles.

 

Pouvez-vous nous parler du métier d’humoriste ?

Didier Bénureau - C’est une question de nature, j’ai d’abord joué de la guitare puis j’ai voulu devenir comédien mais l’humour m’a vite rattrapé. J’ai commencé à écrire des sketches, une  pièce comique et j’ai intégré le Théâtre de Bouvard en 85. Déjà à l’armée lors d’une journée portes ouvertes, alors que je n’avais rien demandé, on m’avait proposé d’être clown dans un spectacle pour enfants. L’humour est la façon la plus évidente pour moi de m’exprimer, en dénonçant la bêtise, les défauts de la nature humaine, les travers de la société. Je plante une situation, pose un personnage et m’amuse à m’en moquer, sans pour autant régler des comptes. Lorsque des gens pas visiblement d’accord avec ce que je pense, se marrent de ce que je leur propose, j’estime avoir atteint mon objectif. Dans mes sketches qui ont un aspect théâtral, il y a différents niveaux de lecture, certains vont rire uniquement sur une grosse blague, d’autres sur le personnage, le texte, la situation et les subtilités apportées par mon jeu. Le plus jubilatoire est d’être sur scène en train de jouer un texte que j’ai écrit, et se sentir en phase avec le public quand il rit aux situations qui moi-même me font rire.

 

Quel regard portez-vous sur le monde agricole ?

D.B. - Bien qu’élevé en région parisienne, j’ai passé toutes les vacances de mon enfance dans la maison familiale située dans un petit hameau près de Saintes, au milieu des champs, des vignes et des forêts. J’y retourne régulièrement et aujourd’hui encore nous avons des champs cultivés par un cousin, et je connais là-bas des viticulteurs qui vendent leur vin blanc pour la fabrication du Cognac. J’aime une agriculture raisonnée, je pense que la nature se respecte et suis attristé par le productivisme et les saloperies que l’on met dans les champs. Un paysan beauceron m’a dit texto : « Je n’ai pas besoin de la terre pour faire pousser mes céréales, elle n’est qu’un support, c’est tout ce que je mets dedans qui fait que ça pousse. Le consommateur à toujours vouloir payer moins cher, nous contraint de procéder comme cela pour s’en sortir. » C’est vrai qu’il y a des excès dans l’agriculture mais nous avons tous notre part de responsabilité en tant que consommateur. Cela dit, il y a une prise de conscience et une évolution en cours qui est toute à l’honneur des agriculteurs. J’ai vu des vignerons plus heureux et plus fiers de fabriquer des bons produits bien faits dans une agriculture raisonnée, que ce qu’ils faisaient auparavant.

 

De quoi est faite votre actualité ?

D.B. - Je tiens le rôle principal d’une comédie policière loufoque intitulée « Cassos » qui vient de sortir au cinéma. En octobre, il y aura la sortie DVD de mon dernier spectacle, « Indigne » distribué par France Télévision. Puis du 27 novembre au 1er décembre à la Cigale de Paris, je vais proposer un spectacle sous forme de best of de tout ce que j’ai fait depuis 15 ans, avec mes meilleurs sketches et des musiciens sur scène. Enfin en septembre 2013, je vais jouer au théâtre du Palais-Royal avec Michel Aumont et Claire Nadeau, une comédie que j’ai écrite intitulée « Mon beau-père est une princesse ».

 

Avez-vous un sketch sur le monde agricole ?

D.B. – J’en ai un qui s’appelle « Le paysan du 3ème millénaire » dont voici un extrait : Je nettoie mes 400 hectares de vigne avec du Zerox 3000, ça te tue tout, il n’y a plus une brindille. J’ai fait poser du lino qui imite la pelouse et pour aller dans la vigne, il faut mettre les patins. Ca te nettoie aussi la nappe phréatique, l’eau des rivières est toute bleutée et il faut voir les bestiaux qu’on y trouve. Les anguilles, les gardons, les carpes, tout ça c’est fini, aujourd’hui on y pêche la hyène ou le chenapan, ça te fait comme des sardines de 85 kilos … A mes poules, je leur donne des gélules rouges, elles me défèquent des gélules vertes que je donne aux canards, qui me défèquent des gélules jaunes que je donne aux cochons, qui me défèquent des petites limaces fluorescentes, je jette ça en terre et ça me donne des choux-raves de 50 kilos … A la coopérative dans leur laboratoire, ils font des mutations. Ils te fabriquent le poulet cochon, avec un gros cul de cochon et toute la viande du porc, et devant il y a un petit bec de poulet, ça te fait comme une grosse limace de 150 kilos nourri exclusivement à la bille fluo plastique. Tu peux couper la viande directement dessus, il ne sent rien le poulet cochon, et deux jours après ça repousse…

 

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